mercredi 20 mars 2019

5 (CINQ) (CENT-CINQUANTE-CINQ) 55



Je m’étais pourtant juré de ne pas aborder ce sujet, en faisant même une résolution officielle pour l’année 2019. Et me voici tout près à m’y lancer. Quel en fut l’élément déclencheur? Beaucoup de choses, en fait. Court résumé avant de plonger...

Je parcours régulièrement le réseau social Facebook qui m’apparaît une des belles créations modernes afin de favoriser la communication, créer des liens entre des individus que l’on nomme "amis" et recevoir, souvent en temps réel, la température du monde. Sans entrer dans le sempiternel débat, sans réponse, à savoir que ce véhicule éloigne les gens de contacts plus personnels, plus intimes voire plus vrais, je qualifierai Facebook de la nouvelle ONU.

Il est exact de dire que l’on y trouve de tout et de rien. La nomenclature deviendrait exaspérante à citer, mais admettons que l’utilisation de ce medium sait s’adapter à chacun de ses membres.

Pour ceux qui y voient une atteinte sournoise à la vie privée, une utilisation perverse de données à des fins commerciales ou autres, il suffit de rappeler que l’on y vient librement et en s’abonnant, on se doit d’accepter les algorithmes qui le régissent.

Comme toute activité humaine, Facebook recèle des travers indéniables, mais lorsque l’on s’y adonne, un fait demeure, une forme de communication s’installe entre les amis et les différents groupes qui s’y créent.

L’essor de cette forme de mass-media est spectaculaire, tout comme ceux qui logent à la même enseigne. Facebook aura été, sans le vouloir ou même le souhaiter, le fossoyeur de bien des journaux publiés sur support papier, de bien des radios, des télévisions qui durent contaster à leur grand dam, le fait qu’ils ne pouvaient plus suivre le rythme effréné de la nouvelle publiée sur Facebook et reliée de façon exponentielle. Nous sommes entrés dans le monde de l’instant, de l’immédiat, du fugace.
  
Facebook est là pour rester alors que de plus en plus on cherche à en diminuer la portée prétextant la multitude de "fake news" (en français on utilise le mot "infox") qui y sont publiées, que des échanges parfois virulents sinon violents s'y retrouvent, des appels à la haine jouxtent la gentille image d’un chaton en train de s’amuser avec un immense doberman.

Ce que l’on reprochait à Internet se voit attribuer à Facebook: tout ne peut être vrai, exact, vérifiable. Il y a là une évidence, la même que lors d’une conversation entre deux amis confortablement installés dans un café. L’expression “j’ai lu ça sur Facebook’’ devient la jumelle de ‘’j’ai vu ça sur Internet”. Il faut souhaiter y voir un grand pas vers un certain scepticisme, essentiel dans la recherche de ce qui se rapproche le plus de la vérité... si la vérité existe !

On fait l’apologie de Facebook tout autant que l’on se livre à son improbation. Force est de constater qu’autant la génération des "boomers" fut celle de la télévision, celle qui avance dans le monde actuellement est celle de la technologie numérique. Si on écoute ce qui se répand quant à la surutilisation des portables, de tous ces appareils mûs par l’électronique, et cela en provenance de tout un chacun, on frise l’exagération, la démesure. On prophétise la fin de la communication alors qu’au contraire, à mon point de vue, cela la favorise. Il m'apparait faux de prétendre qu’en optant pour les échanges sociaux à partir de Facebook cela nous dirige droit vers un repli sur soi, croyant que pianoter sur un clavier coupe court à toute autre forme d’échanges.

Pour sûr, s’en remettre à Facebook comme seul et unique outil pour la fréquentation avec les autres peut s’avérer néfaste à long terme, même à moyen terme. Toutefois, les avantages me semblent plus importants que les dangers inhérents à cette pratique. J’admets que la qualité de la langue se détériore, que les raccourcis linguistiques possèdent leur propre grammaire et que le vocabulaire s’amenuise, mais quelle est la base même de la communication, sinon ce processus par lequel une personne (ou un groupe de personnes) émet un message et le transmet à une autre personne (ou groupe de personnes) qui le reçoit avec une marge d’erreurs possibles (due d’une part, au codage de la langue parlée ou écrite, langage gestuel ou autres signes et symboles par un émetteur, puis au décodage du message par un récepteur, d’autre part au véhicule ou canal de communication emprunté).

J’annonçais au début de ce billet m’être imposé un moratoire, mais que j’allais m’y soustraire; s’agissait-il de ne pas argumenter sur l’utilisation de Facebook ? Absolument pas. Je compte  approfondir, dans le second article, un sujet plus vaste, celui reposant sur les questions suivantes: que se passe-t-il dans notre monde, tout comme au Québec, depuis le 11 septembre 2011 ? Sommes-nous entrés dans plus de rigidité au niveau de la pensée ? Le clivage idéologique serait-il devenu une disposition générale ? Revenons-nous à l’époque de la gauche intransigeante, de la droite bêtement identitaire ? Doit-il exister une morale unique ? Le monde se rétrécie-t-il tout en s’élargissant ?

On verra...

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