lundi 14 avril 2008

SAUT: 205



Que diriez-vous, aujourd'hui, d'une autre série de citations. De toute façon, vous n'avez pas le choix... je vous l'offre avec tellement d'insistance... et vous comprendrez mieux à la fin de la lecture... N'allez pas tout de suite à la suite... Ligne par ligne...

. La nature animale, que les chimistes appellent le règne animal, se procure par instinct les trois moyens qui lui sont nécessaires pour se perpétuer. Ce sont trois véritables besoins. Elle doit se nourrir et, pour que ce ne soit pas une besogne, elle a la sensation qu'on appelle appétit; et elle a du plaisir à la satisfaire. En second lieu, elle doit conserver sa propre espèce par la génération et certainement elle ne s'acquitterait pas de ce devoir, quoi qu'en dise saint Augustin, si elle n'avait plaisir à l'exercer. Elle a, en troisième lieu, un penchant invincible à détruire son ennemi; et rien n'est mieux raisonné, car, en devoir de se conserver, elle doit haïr tout ce qui opère ou désire sa destruction. Ces trois sensations, faim, appétence au coït, haine qui tend à détruire l'ennemi, sont dans les brutes des satisfactions habituelles, dispensons-nous de les appeler plaisirs; ils ne peuvent l'être que par rapport à eux; ils n'y raisonnent pas dessus. Le seul homme susceptible du vrai plaisir car, doué de la faculté de raisonner, il le prévoit, il le cherche, il le compose et il y raisonne dessus après en avoir joui. L'homme est à la même condition des brutes lorsqu'il se livre à ces trois penchants sans que sa raison s'en mêle. Quand notre esprit y met du sien, ces trois satisfactions deviennent plaisir, plaisir, plaisir, sensation inexplicable qui nous fait savourer ce que l'on appelle bonheur, que nous ne pouvons non plus expliquer quoique nous le sentions. Casanova

. Il faut dire que j'ai commencé à écrire L'HÉRITAGE après le référendum de 1980. Or pour moi la question du référendum en était une de succession. Le référendum est une question d'héritage qui a mal tourné. Au départ de Lévesque, le PQ et Lévesque se sont arrangés finalement pour qu'il n'y ait pas de succession. La devise de Lévesque aurait pu être, après moi, le déluge, une autre tentation des pères québécois. Débrouillez-vous avec ce qui reste, d'où l'impossibilité d'instaurer une continuité et de laisser quoi que ce soit en héritage. C'est comme s'il y avait un refus de prendre toutes ses complaisances dans quelqu'un. Et dans la société québécoise, c'est rare que ça passe du père au fils aîné. Quand ça passe au fils aîné, c'est au corps défendant du père pour des questions de pouvoir, de domination, d'Oedipe mal réglé, donc le fils aîné n'a aucune chance alors que traditionnellement c'est lui devrait prendre la relève. Ici on dirait que les pères se battent contre l'aîné et quand ils sont à bout de forces, ils portent toute leur affection sur le cadet, le poteau de vieillesse, celui dont ils se sentent complices, peut-être parce qu'il n'est pas menaçant. Victor Lévy-Beaulieu

. Nous sommes d'un semblant de pays qui oublie tout, aussi bien la beauté que la colère, aussi bien l'espoir que la désespérance. Nous sommes d'un semblant de pays qui n'a jamais souffert que de lui-même par méconnaissance de la Loi, celle qui établit toute société en nation. À cause de ce manquement fondamental, tout ne fait que se recommencer, la mémoire s'oubliant dans la lâcheté. Victor Lévy-Beaulieu

. Vivre, c'est sentir dans son coeur et dans son corps la joie, le plaisir, la satisfaction, la fierté, le bonheur et aussi la tristesse, la peine, l'agressivité, la colère, la jalousie, la douleur. Vivre, c'est se donner le droit d'écouter et d'exprimer, de façon responsable, les émotions et les sentiments qui nous habitent. Le vécu d'un être humain constitue sa réalité. L'écouter, c'est le respecter et le libérer. Une éducation qui nie le vécu nie par le fait même la personne. Et l'émotion non écoutée et non libérée ne disparaît pas, mais se loge quelque part dans le corps et dans le psychisme pour se manifester un jour ou l'autre sous forme de maladie. Colette Portelance

. Je ne suis plus aussi jeune qu'autrefois et j'ai la nostalgie du temps qui passe. Je me sens un peu plus lourd, et peut-être plus triste que par le passé. Le rire surtout, ce vieux rire hyperbolique, ce rire incontrôlable qui nous prenait aux tripes, qui nous pliait en deux jusqu'aux larmes, ce rire-là s'est éteint. Mais... bien que rien ne puisse ramener son heure de gloire au jardin ni sa splendeur à la rose, je prétends être un heureux mortel après tout. Nous sommes un peu trop vieux pour la nostalgie des verts paradis, trop vieux aussi pour jouer les Werther. Si nous n'avons pas lavé notre esprit de toute cette camelote, de tous ces clichés immatures, je me demande comment nous pourrons vivre et mourir correctement. Robert Louis Stevenson

. La cuisine était éclairée. Il n'osait pas entrer. À ses pieds châtoyait la portière du frigo qui servait d'abreuvoir. Il poussa longuement son cri d'alarme, un cri presque muet, un cri mystérieux d'oiseau solitaire, aussi secret que la nudité du corps ou l'aveu d'un péché, le cri d'une bête en souffrance hurlant tout bas au néant. Il s'époumona plusieurs fois, jusqu'au vertige, et marcha d'un pas traînant vers la maison, hésitant à regarder sa chambre par le mélèze appuyé contre la façade. Yann Queffélec

. Dans la vie, l'essentiel est de porter sur tout des jugements a priori. Il apparaît, en effet, que les masses ont tort, et les individus toujours raison. Il faut se garder d'en déduire des règles de conduite: elles ne doivent pas avoir besoin d'être formulées pour qu'on les suive. Il y a seulement deux choses: c'est l'amour, de toutes les façons, avec des jolies filles, et la musique de la Nouvelle-Orléans ou de Duke Ellington. Le reste devrait disparaître, car le reste est laid, et les quelques pages de démonstration qui suivent tirent toute leur force du fait que l'histoire est entièrement vraie, puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre. Sa réalisation matérielle proprement dite consiste essentiellement en une projection de la réalité, en atmosphère biaise et chauffée, sur un plan de référence irrégulièrement ondulé et présentant de la distorsion. On le voit, c'est un procédé avouable, s'il en fut. Boris Vian

. Cette fameuse poésie que le public méprise ne sachant pas ce qu'elle est et qui est la seule chose qui le touche sans qu'il puisse dire comment ça se fait, il serait temps de reconnaître qu'elle est la base de toute vraie création dramatique et qu'elle ne peut bien agir que dans son entier. Dans son sens de déflagration et d'émotion entière, de communication religieuse, spasmodique avec la métaphysique agissante, c'est-à-dire avec l'esprit universel. Toute action qui n'aboutit pas à cela, qui ne vient pas de cela, qui ne retourne pas à cela, est une action tronquée et larvaire, une action d'eunuque et de lâche, d'impuissant, de châtré consenti. Antonin Artaud

. Le talent n'existe pas. Le talent, c'est avoir l'envie de faire quelque chose. Tout le restant, c'est de la sueur, c'est de la transpiration, c'est de la discipline. Je suis sûr de ça. L'art, moi, je ne sais pas ce que c'est. Les artistes, connais pas. Je crois qu'il y a des gens qui travaillent à quelque chose, avec une grande énergie. L'accident de la nature, je n'y crois pratiquement pas.

Jacques Brel

. Parler du futur, c'est user d'un langage à jamais en avance sur lui-même, à propos d'événements qui ne se sont pas encore produits, pour les assigner au passé, à un «déjà» éternellement retardataire; et dans cet espace entre le discours et l'acte s'ouvre une faille, et quiconque contemple un tel vide, ne fût-ce qu'un instant, est pris de vertige et se sent basculer dans l'abîme. Paul Auster

Vous ne vous doutiez pas que j'allais vous «citer» de si longues tirades... Parfois, il le faut et comme nous sommes un 14 avril... il le fallait... parce que le 14 avril, c'est la journée des citations géantes ... journée décrétée par le Crapaud Géant lui-même... Partagez la longue nouvelle!!!

Au prochain saut

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