vendredi 4 septembre 2009

Le trois cent deuxième saut

(grafitti espagnol)

Le crapaud discutait, en début de semaine, avec son ami écrivain Mario Cyr, celui pour qui l’écriture est un mode de vie, une façon de scruter le monde, d’occulter la réalité. Nous avons abordé une foule de sujets - je crois que nous traversions le parc Maisonneuve, lui à la recherche de graffitis au pochoir, moi m’assurant que cette dernière journée avec ma «botte», sans passer à l’histoire puisse au moins se faire une bonne place dans mon histoire – mais un sujet en particulier, celui des signes. Ce thème, récurrent dans ses romans, il me disait y croire de moins en moins.

Depuis, cela me «chicotte» l’esprit… Je suis retourné à mes notes de lecture, celles de VIEILLIR et des autres romans de Mario. Voici ce que j’y ai retrouvé…

« D’après ce que l’expérience m’a enseigné, et ce que j’ai retenu de ses enseignements, il y a dans le plus banal message à décoder, une suggestion, une invitation à adopter une attitude, une position qui, pour peu que nous l’adoptions, de fait, nous conduit à son tour dans le sens de l’accomplissement de nos vœux fervents et les plus intimes, pour peu qu’ils s’apparentent à ceux, impénétrables et imprécis, de notre âme. »

Je me demandais ce qui arrivait à ce banal message si on ne le décodait pas, si on ne se rendait pas disponible à le recevoir, allait-il se loger dans notre boîte à souvenirs?

Mario me dirait :
« Les souvenirs, c’est comme les larmes. Il suffit d’un mot pour les faire surgir. Les souvenirs, c’est comme les larmes. Quand ça coule, ça ne s’arrête pas. Les souvenirs, c’est comme les larmes. Il s’y mêle de multiples ingrédients, et ce n’est jamais tout à fait pur. »

Ou encore…
« La mémoire, c’est un tricot, dès qu’une maille file et qu’on tire sur le brin, tout vient, ça ne s’épuise plus. »

Je tiens tout de même à revenir aux signes, ces clins d’œil de l’inconscient … Il a beau ne plus y croire, le Mario, il a tout de même écrit, et je le cite :

« L’inconscient n’a aucune notion du temps, il le boude, le temps, le dépasse, le surplombe, le domine, le survole, ça n’existe même pas pour lui, le temps, il évolue, l’inconscient, sur un plan, une surface de l’univers qui lui est propre et où les passés se chevauchent, se renouvellent et s’éternisent, d’où l’acuité persistante de blessures du tout premier âge. »

Tout à fait complexe ces questions de signes, de souvenirs, de mémoire et d’inconscient surtout si ça se camoufle sous la couverture du temps. Vous savez le contentieux que le crapaud entretient avec celui-ci! Tel n’est pas mon propos, mais vous comprendrez que bifurquer vers la mort, la perte et le deuil, des sujets que Mario a si souvent touché et que ce merveilleux après-midi de soleil et de grands arbres éloignait de mon esprit, j’allais, une fois rentré à la maison, fouiller plus loin dans mes cahiers de lecture et découvrir ce qu’il en pense.

Sur la perte :
« Une perte, dès lors qu’elle est assumée, débouche sur un gain, une découverte, sans doute immatérielle mais réelle, c’est ce que je soutenais en substance, l’univers ne peut tolérer que les pertes ne soient compensés, sinon il s’écroulerait, quel est le gain? la découverte? »

Sur la mort :
« - Dites. C’est quoi la mort?
Cette vieille bouche, constamment asséchée, mâche à vide avant de répondre.
- Une longue insomnie qui vous arrache enfin au sommeil de la vie. »

« C’est sans doute dans la mort qu’on se rapproche le plus de soi. »

« Si la mort ne donne pas de droits, elle ne devrait pas non plus en retirer.»

Sur le deuil :
« Un deuil, tu seras d’accord avec moi, et par deuil j’entends assimilation de la perte, de n’importe quelle perte, un deuil consiste à fermer une porte, mais ça ne peut pas en rester là. »

« Aux deuils que suppose la vieillesse, deuil de la vitalité, de l’endurance, de la beauté et de l’apparence, du pouvoir de séduction… deuil des vanités, des ambitions, de l’orgueil. »

Nous nous sommes laissés au coin de Saint-Joseph et Charlemagne suite à une marche complètement vivifiante, sans avoir résolu quoi que ce soit, mais conscients – du moins de mon côté – qu’il y a encore de la place pour la réflexion, le questionnement et l’amitié… et cette question : quels signes cherche-t-il dans les graffitis à pochoir?

Voici quelques perles de mon ami Mario :

« C’est quand le dehors et le dedans se dissocient que s’affirme comme jamais le règne de la vérité.»

« Le merveilleux repose sur l’impossibilité.»

« C’est logique, au fond, de se perdre quand on s’est donné.»

« Le chagrin ne doit pas être avalé.»

« La confiance, c’est le hamac de l’amour.»

« Être la condition de survie de plus grand que soi, c’est pas ça que vous appelez l’amour?»

Au prochain saut

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