lundi 19 octobre 2009

Le trois cent cinquième saut



Le crapaud revient… et de loin! Je ne veux pas élaborer sur les événements des dernières semaines mais, et depuis quelques jours, je cherche une porte d’entrée vers la continuité de ces sauts qui m’ont toujours été des lieux importants.

Sans doute, n’y a-t-il rien de mieux que la continuité pour nous resituer et rien de mieux qu’en sortir pour se situer ailleurs, le crapaud replonge dans ses cahiers de lecture à la recherche de quelques citations… qu’il souhaite pertinentes.


. … ce que nous appelons liberté, c’est la possibilité de réaliser les actes qui nous gratifient, de réaliser notre projet, sans nous heurter au projet de l’autre. Mais l’acte gratifiant n’est pas libre.
Henri Laborit (Éloge de la fuite)

. On ne doit pas se tromper de mot, sans risquer de se tromper d’états d’âme et d’attitudes.
Paule Constant (Confidence pour confidence)

. … mais je fais confiance aux mots, qui finissent toujours par dire ce qu’ils ont à dire. Tournez cinq fois sur vous-même, les yeux fermés et, avant que de les ouvrir, un caillou que vous aurez lancé, vous ne saurez pas dans quelle direction il est parti, mais vous saurez qu’il aura bien fini par retomber sur terre. Ainsi sont les mots. Ils arrivent toujours, coûte que coûte, par se poser quelque part, et cela seul est important.
Gaétan Soucy (La petite fille qui aimait trop les allumettes)

. Cependant, lorsqu’on a cessé d’en vouloir aux faits, on devient tranquille comme une rivière.
Jean Bédard (La valse des immortels)

. On ne sait pas toujours pourquoi certains mots nous surprennent, pourquoi on devient tout à coup triste à les entendre, ces mots qu’on connaît par cœur pourtant et qui font lever tantôt des colombes, tantôt des corbeaux.
Robert Lalonde (Le vaste monde)

. Il nous arrive souvent, à nous autres humains, de croire à ce que nous désirons le plus fort.
Jostein Gaarder (Le petit frère tombé du ciel)

. Un rêve doit être inaccessible, il doit pourtant continuer de briller en nous, sans cela, il se perd, il finit par nous perdre aussi.
Marc Chabot (En finir avec soi – Les voix du suicide)

. … et une mère qui meurt, l’âge n’y fait rien, c’est une mère qui meurt, c’est le monde qui soudain se brise, et du coup on perd tout espoir de se voir offrir une seconde chance, on devient à ce moment véritablement une œuvre unique, numérotée, signée, et on découvre enfin que c’est sa vie que l’on joue, que toutes les ratures, tous les repentirs, les errata s’y inscrivent comme des balafres, qu’il n’y aura pas de mise au propre dans une vie future, pas de refonte, parce que la matrice n’est plus et qu’on devient soi-même l’original.
Jean Rouaud (Pour vos cadeaux)

. … être libres de faire une tentative ne garantit pas la réussite. La liberté qui consiste à choisir dans le domaine du possible n’est pas l’omnipotence qui serait de toujours réussir ce qu’on entreprend, même l’impossible.
Fernando Savater (Éthique à l’usage de mon fils)

. La seule liberté digne de ce nom est de travailler à notre propre avancement à notre gré, aussi longtemps que nous ne chercherons pas à priver les autres du leur ou à entraver leurs efforts pour l’obtenir. Chacun est le gardien naturel de sa propre santé, aussi bien physique que mentale et spirituelle. L’humanité gagnera davantage à laisser chaque homme vivre comme bon lui semble qu’à le contraindre à vivre comme bon semble aux autres.
John Stuart Mill

. Il n’est rien de plus lourd que la compassion (la télépathie des émotions). Même notre propre douleur n’est pas aussi lourde que la douleur co-ressentie avec un autre, pour un autre, à la place d’un autre, multipliée par l’imagination, prolongée dans des centaines d’échos.
Milan Kundera (L’insoutenable légèreté de l’être)

. Étant donné que c’est le corps qui l’éprouve et l’esprit qui l’endure, la douleur empiète sur deux entités que la science s’acharne depuis des siècles à isoler l’une de l’autre. Nous savons, nous qui souffrons, que la douleur éveille en nous l’écho d’une alliance originelle du corps et de l’esprit, laquelle remonte à des temps bien antérieurs à notre civilisation. Et que c’est cette interaction en double résonnance du somatique et du psychique qui rend la douleur si pénible à supporter. Une interaction qui pourtant, et c’est bien là le paradoxe, est pour nous une source d’espoir. Car si la douleur provient de la double connivence psychosomatique, il en résulte que nous sommes les seuls à détenir le pouvoir de dominer notre mal. Un pouvoir bien plus efficace que celui de n’importe quelle médecine.
E. Bogin


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