mercredi 9 janvier 2013

Colette

Colette Perroud-Giraud

 
Une semaine après le décès de ma grande amie Colette, je reprends le blogue. Je sais qu'un deuil comporte plusieurs étapes et ne peut se régler en sept jours. Ma première, ici à Saïgon, fut de vivre avec le gris et la pluie, ce qui n'est pas de coutume. Deuxième, aujourd'hui, sera de publier le texte que Marjolaine, la nièce de Colette a lu lors des obsèques de sa tante Coco. Je tenais à ce que ce soit elle qui le lise, d'abord parce que j'ai en mémoire sa voix, ses tonalités et j'ai tenté de placer les mots qui allaient avec cela. Aussi, en raison de la très profonde affection qu'elle lui a toujours vouée.

Les voix sont comme les couleurs de l'âme, elles ne peuvent trahir ce que nous sommes vraiment. Ici, au Vietnam, lorsque l'on élève la voix c'est que l'on a perdu la face, de sorte que très souvent nous percevons du feutré dans les conversations.

Merci Marjo. Je suis certain que tu as trouvé dans ce texte toute la sensibilité qui enveloppait la relation de près de 40 années entre les Québécois et Colette et le ton qui convenait pour la circonstance. J'aurais bien aimé y être pour t'entendre et serrer dans mes bras les membres des familles Perroud, TaTy, Saint-Pierre présents lors de la cérémonie d'adieu.

À la fin du texte, je vous offre deux (2) photos spéciales prises cette semaine lors de mes promenades dans Saïgon et qui pourraient suggérer que Colette se serait arrêtée un instant au Vietnam avant de partir.


Colette


Tu aimais les couleurs de l’automne québécois; la neige. Et cette année, juste pour toi, l’automne se sera fait généreux, fantaisiste et l’hiver emplit de neige nos champs et nos routes. Abondante de Montréal à Saint-Pie, de Farnham à Québec après un petit détour par les Laurentides. Le fleuve Saint-Laurent en est tout couvert, exactement comme tu aimais.


Tu aimais le Québec. D’une certaine façon tu nous l’auras appris, le connaissant d’est en ouest, du nord au sud. Ce Québec que tu chérissais, continuellement t’aura tiraillée entre deux appartenances. Et cet amour tu nous le disais avec des mots bien à toi, des mots aux accents uniques. Mélodieux. Inoubliables.


Tu nous aimais depuis près de 40 ans. Nous t’aimions aussi. De visite en visite, combien de fois avons-nous réalisé qu’elles nous étaient essentielles. Vivifiantes. Au Québec, la visite c’est la famille au loin ou encore des amis qui à l’occasion s’arrêtent. Toi, Colette, tu n’étais pas de la visite. Tu étais des nôtres; seras toujours des nôtres.


                                       
Tu nous aimais, t’enquérant à chaque appel téléphonique de chacun et chacune, pour ensuite nous donner les dernières nouvelles du Beaujolais. Tu te souvenais de celui-ci, de celle-là rappelant des souvenirs qui les concernaient personnellement. Ton amour pour les gens du Québec a toujours été un amour immensément profond, inconditionnel; un amour qui reposait en toi alors que tu séjournais en France… qui s’éveillait lorsque tu revenais chez nous, au Québec : chez toi.

Tu nous auras fait aimer la France. La connaître surtout. Combien de fois, on ne saurait le dire, tu nous as reçus, nous les Québécois, organisé un trajet, un séjour, un projet, nous faisant découvrir ces petites surprises qui pimentent un voyage, le rendant plus merveilleux encore.

Tu nous as fait connaître ta famille, avec qui nous partageons ton départ comme si nous en étions et que nous continuerons de porter dans notre cœur. Et René, cet homme qui aura, auprès de toi, connu ta grandeur d’âme, ta profondeur d’être. Cette famille qui, dans ces moments difficiles, saura se réconforter à la source de ton véritable héritage, celui de la générosité, de l’écoute, du partage et l’essentiel esprit de famille à préserver, à perpétuer.


Je parle de Colette au passé sachant très bien, ainsi que tous ses amis et toutes ses amies québécoises, que ce passé encore si présent à notre cœur et à notre esprit ne peut s’effacer, devenir poussières de temps mais demeurera une étoile qui brille en nous, celle que tu continueras à nourrir, à faire vivre.


Tu as choisi de partir en ce début d’année 2013. Nous respectons sans aucun jugement ta décision. La seule chose que l’on puisse dire c’est qu’elle nous blesse  intensément. Elle nous permet, aussi, de mieux saisir l’horreur de la souffrance que tu vivais, que tu t’acharnais à voir disparaître.


Tu as choisi de partir sur la pointe des pieds, tout doucement, sans aviser qui que ce soit; une courte lettre seulement, et voilà que nous comprenons mieux encore l’abîme dans lequel tu ne souhaitais pas tomber. Colette ne pouvait pas vivre en prison. Les chaînes ne sont pas pour elles. Elle était de la couleur de la liberté, de la passion de vivre. Jamais dépendante des autres, ne jamais souhaiter l’être ou le demeurer. Colette, partir beaucoup plus loin que le Québec et ne plus revenir sera ton dernier voyage. Dans tes bagages, une fois l’espoir déposé, ce voyage sera merveilleux et dans les messages que tu enverras, nous constaterons que tu es toujours ce que tu as été, une Colette heureuse et porteuse de joie.


Colette, CoCo pour les plus proches, au nom des Québécois et des Québécoises que tu as connus et t’ont connue, que tu as aimés et t’ont aimée, je souhaite pour ce dernier voyage que tu retrouves le bien-être qui nous assurera le réconfort de te savoir, enfin, bien. Là où tu es, ne sachant trop avec qui tu te retrouves, sache que tout ce que tu as semé, autant en France qu’au Québec, dans le cœur de ta famille française tout comme dans celui de ta famille québécoise, sache que ton empreinte restera à jamais marquée en nous.

Colette, nous t’avons aimée, nous t’aimons et nous t’aimerons.





 








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