lundi 2 mai 2022

LE CHAPITRE - 9A -

                                                                            9A

 

C’est à lui de trouver la vérité. Mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois que l’esprit se sent dépassé par lui-même ; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur  tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher ? pas seulement : créer. Il est en face de quelque chose qui n’est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière.        

Marcel Proust

 

 

     Daniel Bloch s’était réveillé très tôt, en ce matin du 30 avril, avec cette phrase en tête. À la décharge de son auteur, il ne l’associait pas au goût dune petite madeleine trempée dans le thé, mais à la lettre reçue la veille de la part d’un illustre inconnu, ainsi qu’à la première traduction que proposerait Bao du document récupéré par la docteure Méghane dans le jardin du Mékong.

Il entreprendrait la journée de manière à être bien préparé pour la rencontre sur l’heure du midi, au restaurant OLÉ. Allongeant devant lui les lettres du grand-père, les divers documents remis par Bao, il se disait qu’elle n’a certainement pas pu s’endormir la nuit dernière, avant d’avoir traduit cette fameuse dernière.

Sur ce petit bureau aménagé dans la nouvelle chambre qu’il occupait seul, il plaçait, déplaçait, replaçait la paperasse, certain que s’en remettre à la logique ne ferait rien avancer, on l’avait prévenu. Des originaux, en possession de la professeure, il navait vu que les traductions. Elle lui avait toutefois assez bien décrit leur facture, le type d’écriture employé - ceci, il put le vérifier dans la voiture les ramenant de Mỹ Tho à la suite des funérailles de la veille, ayant jeté un oeil sur la missive - pour ne plus être certain dans quelle direction ses recherches devaient se diriger.

Première opération : découvrir la clé. Il usa de sa mémoire afin de trouver une route pouvant y mener. Comme le lui suggérait l’auteur anonyme des quelques lignes lues avant de s’endormir, on devait recourir à des systèmes d’expression spécifiques, souvent intemporels et fugaces, à la poésie... l’argot...

Concentrant son attention sur quelques mots et leurs similitudes, certains ressortaient : “système” revenait trois fois - vocaux et graphiques... abstraits... d’expression... ; deux fois pour le mot “langue”. Le plus intéressant se trouvait un peu plus loin dans le message, alors qu’il releva cette série de nominatifs pouvant s’apparenter : “ la portée “, “ hochez entre ciel et terre “, “ entre cieux et terres “, “ les graines “, “ la même nichée “, “ ils tombent sur terre “, “ chutent de leur nid “, “ savent voler “, “ leurs ailes “.

Une analogie émergea : tous dérivaient, plus ou moins, du monde des oiseaux. Ne sont-ils pas les seuls à pouvoir se transporter entre le ciel et la terre ? N’ont-ils pas l’habitude de hocher la tête ? Ceux de la même nichée ne se nourrissent-ils pas de graines, s’ils sont granivores ? Ne tombent-ils pas sur terre en chutant du nid ? S’ils savent voler, c’est que des ailes le permettent.

Daniel Bloch opta pour cette piste afin de formuler des prémisses. Le grand-père avait aussi emprunté cette avenue lorsqu’il écrivait Les mots envolés parviendront dans le bon nid, au bon moment. Porteurs de secrets, coltineurs de messages, annonciateurs d’avis, les mots seront estafette, courrier, agent de liaison et picoreront là  ils devront le faire. Plus loin, Tu te fieras au bon oiseau et la route te conduira vers le rubis.”  Ceci, “ L’aigle dans le nid de l’aigrette sera nourri comme s’il était de la famille.” Et finalement, “Ce jour-là, le chant de la colombe fera se taire le charivari des couleurs. “

S’agissait-il d’un rédacteur unique : les lettres dont on connaît l’auteur et ce nouvel anonyme ? On tomberait dans une logique conventionnelle, celle d’associer un texte A) d’un auteur au texte B) d’un autre, afin de découvrir des similitudes, ce qu’il évacua tout comme l’idée d’un leurre. Alors, il poussa plus loin, accréditant la thèse de deux individus différenciés, se connaissant possiblement et ayant puisé aux racines de la même veine, celle  se meuvent les oiseaux.

Retournant au contenu des documents les plus récents, il écarta les lettres écrites sur une période de quinze années, sachant qu’il y reviendrait à partir de ce qui semblait tout doucement prendre la consistance d’une clé.

Une idée surgit : pourquoi avoir donné le nom de Hermès à celui qui avait pour fonction de remettre les messages à la grand-mère du Mékong qui, à son tour, les acheminait à un certain homme venu de Saïgon, porteur d’un bracelet de jade au poignet gauche ? D’accord avec la concordance du messager, mais ce dieu que l’on qualifie du plus humain, du plus libéral de tous, n’est-il pas ce donneur de la connaissance, de la langue des victimes sacrificielles et le dieu des voleurs ?  

Quel lien non-logique pouvait-il établir entre d’une part les oiseaux et ce Hermès ? Pourquoi ne pas l’avoir appelé Mercure, son pendant romain ? N’est-il pas vénéré en raison du fait qu’il apporte la bonne fortune ? Ne porte-t-il pas des sandales reliées à des ailes ?

L’homme au sac de cuir, pour ne pas errer dans sa démarche et crédibiliser les éléments qu’il ramassait, vérifia dans son encyclopédie personnelle, téléchargée dans son ordinateur portable, cette histoire racontant la ruse du dieu, faisant marcher à reculons les vaches qu’il avait volées du troupeau d’Apollon. Y avait-il là un autre indice ?

En homme rigoureux, un scientifique pour qui l’exactitude est un dogme, tout ceci n’avait aucun sens logique. Il s’en amusa, se disant qu’il allait complètement dans la direction que, sans la lui indiquer, on l’avait incité à suivre. Il marchait à reculons.

Alors, la clé risquait de ne ressembler en rien à d’autres auxquelles il pourrait se référer, dont celles du type exigeant de les extirper d’un code alpha-numérique ou quoi que ce soit pouvant s’y rapprocher. Il devait survoler les mots, tirer sur leurs ailes. C’est alors qu’un déclic se fit. À n’en pas douter, cette correspondance était consignée à partir de la langue des oiseaux que certains nomment le langage de l’âme.

La docteure Méghane avait résumé ses premières impressions à la suite de la lecture par Bao du dernier envoi caché dans le jardin du Mékong, en utilisant le mot “ ésotérique “, ce à quoi il avait ajouté celui “ d’alchimique “.

Son esprit rebutait à cette possibilité : donner un sens autre à des mots ou des phrases, jouer sur les sonorités, utiliser certains jeux de mots ou recourir à une symbolique. Surtout pas, mais sans doute fallait-il explorer ce procédé de cryptographie. N’est-ce pas ici que la poésie et l’argot, dont fait mention le message de la veille, peuvent s’offrir comme des outils intéressants ? La poésie hermétique, celle du dieu Hermès ? Serait-il face une langue imaginaire, défiant toute logique ?

Une question supplémentaire et non négligeable s’imposait : est-il possible d’appliquer cette technique à la langue vietnamienne ? Plus encore, à la langue khmère dont sa collègue linguiste avait trouvé quelques éléments ? S’il utilisait le décodage, à partir de la langue des oiseaux, il savait pertinemment qu’il s’agirait d’une traduction des textes, est-ce qu’alors toute l’essence s’en serait évaporée ? Il devait réfléchir davantage à ce théorème.

Les mots sont porteurs de plusieurs sens, on peut tenir le même raisonnement pour les symboles. Si le code que ses collègues et lui cherchent à décrypter, n’était qu’une syntaxe de la langue des oiseaux, que tous les indices qu’ils s’employaient à découvrir, une fois assurés que le travail du grand-père y était encodé, cela pouvait-il les enliser dans du sur-place ? En fait, le génie de cette astuce serait de créer une illusion de compréhension, alors que dans les faits, il s’agirait d’un langage ne s’adressant qu’à des initiés sachant survoler les mots.

Le téléphone de sa chambre sonna. C’était la réception qui s’inquiétait de ne pas l’avoir vu descendre. Il commanda un café robusta et indiqua qu’il sortirait pour le lunch.

 

************

 

    La docteure Méghane, Thi et Bao furent conduits à l’étage  se trouve le salon Parra par une serveuse, car Monica, contrairement à son habitude, était absente lors de leur arrivée. Daniel Bloch excusait son retard par le fait qu’il se rendrait chez OLÉ à pieds.

- Tu as les traits tirés, demanda la professeure au jeune poète, dont le repos au cabinet de la docteure n’aura pas suffi à le ramener au même diapason que les autres.

- En effet, la nuit dernière a été pénible, au point que ce matin, j’ai saboté le boulot, m’étant endormi alors que je devais travailler.

- J’imagine que le café a dû fermer ses portes plus tard qu’à l’accoutumée. Son emplacement représente le meilleur endroit pour apprécier les feux d’artifice.

- La politique est claire, fermeture à minuit.

- Je ne veux pas être indiscrète.

- Docteure Méghane est au courant du type de nuit que j’ai vécue.

Sur ces mots, Daniel Bloch arriva, accompagné de Monica, un poupon dans les bras. La surprise coupa la conversation.

- Je vous présente Moïse, déclara la propriétaire du restaurant, dégageant l’enfant de ses langes.

Personne ne savait trop qui saluer d’abord.

- Nous sommes arrivés au même moment, dit le vieil homme s’assoyant tout à côté de Bao. Sous la table, il lui serra les doigts.

- Je reviens de l’hôpital avec Moïse. Les services sociaux me l’ont confié jusqu’à ce que l’on retrouve sa mère ou une famille pouvant l’accueillir.

Elle expliqua en long et en large l’histoire l’ayant amenée à devoir agir de la sorte. Les convives, à l’exception de Thi, se souvenaient de cette jeune fille enceinte, serveuse chez OLÉ. Sans porter de jugement, il était plausible de penser que la mère avait quitté son emploi pour fuir le scandale qui, inévitablement, lui tomberait dessus.

Par souci professionnel, la docteure Méghane se dirigea vers le nourrisson, y jetant un oeil médical. Elle avait, à quelques occasions, manifesté une rapidité d’observation et d’intervention ; personne ne se formalisa de la voir ausculter le bébé naissant.

- Vous m’excuserez de ne pouvoir m’occuper davantage de vous à midi, mon nouveau rôle de mère suppléante m’appelle. Lina, mon adjointe, verra à ce que ne manquiez de rien.

- Une simple question Monica, dit la professeure.

- Oui, allez-y.

- Comment votre mari voit-il cette situation plutôt... inhabituelle ?

- Il préfère les enfants aux animaux, dit-elle en riant.

On passa la commande et les échanges s’ensuivirent. La docteure Méghane expliqua les résultats des expertises toxicologiques qu’elle avait reçues et les premières conclusions qu’elle en tirait. Puis, Daniel Bloch exposa ce vers quoi il approfondira ses recherches, soit le langage des oiseaux. Chacun parut interloqué par ces mots, il se fit alors professeur l’espace de quelques minutes. À la suite, Bao prit la parole.

- Tu sais Daniel que notre amie de Kep-sur-Mer a été rapide à m’envoyer ses commentaires, une fois qu’elle ait pris le temps de regarder, comme je la connais maintenant un peu mieux, avec des yeux de tigre, la traduction de la dernière lettre. Elle m’a demandé de lui faire parvenir un document scanné. Quelques heures plus tard, voici ce qu’elle y voit. Pour ne pas dénaturer ses propos, je vous lis son message.

Cette lettre est assurément une finale. La clé, je la perçois entre les lignes. Le code utilisé n’a rien à voir avec tout ce qu’on peut imaginer. Il est de l’ordre de la symbolique. Parfois, on use de graphèmes assez singuliers afin de transcrire des phonèmes. La langue vietnamienne est assise sur le jeu des sons, des tonalités ; le khmer, pas du tout, mais les deux langues sont du même groupe. On a donc joué avec les deux, si je puis dire, pour favoriser l’éclosion de sens et de symboles nouveaux. Cela serait assez long et plutôt ennuyeux de décortiquer tout cela, toutefois, il faut explorer une avenue symbolique pour les décrypter.

J’émets une hypothèse : si on a utilisé, de manière cachée bien sûr, un amalgame de ces deux langues, afin que celui ou ceux qui recevront les messages, doit ou doivent les ramener dans une autre langue, plus moderne, afin de boucler la boucle, alors il faut chercher du côté des langues, disons ésotériques, pour mieux comprendre le tout. Le français m’apparaît tout indiqué pour cette opération. J’ajoute, en terminant, que mon ami Daniel Bloch, s’il n’y a pas déjà pensé, devrait s’intéresser à la langue des oiseaux, puisqu’elle est plus parlante que les deux autres et s’accommode très bien à ce genre de jargon. 

- Cela rejoint votre point de vue, monsieur Bloch, dit la docteure.

- Un point intéressant que propose Saverous Pou est la possibilité que le ou les récepteurs des lettres doivent tout ramener au français moderne.

- Cela m’amène à envisager un itinéraire, reprit Bao. Le grand-père écrit, associant au vietnamien quelques emprunts à la langue khmère, puis celui ou ceux qui reçoivent les lettres, les traduisent en français. Si j’ajoute à ce que notre amie cambodgienne énonce, nous devrons utiliser cette langue des oiseaux pour capter les messages.

- Un chemin s’ouvre, dit la docteure. Tout de même inimaginable que devoir employer un tel détour, d’user un tel stratagème. Est-ce que cela peut signifier que l’affaire revêt des allures de grande importance, maintenant encore, puisque ces militaires y sont toujours actifs.

- Tout à fait Docteure. Reste maintenant à savoir si les divers contenus ont porté les fruits espérés, si ce qui y était inscrit puis décodé permettait de faire bouger le tout dans la direction souhaitée. Une question me vient à l’esprit et je te l’adresse, Daniel.

- Je t’écoute Bao. Ce à quoi Saverous Pou réfère, relève-t-il de la sémiotique, une théorie des signes dans toutes leurs formes, leurs représentations et leurs manifestations ? 

- Tout à fait, ce qu’énonce notre amie linguiste de Kep-sur-Mer relève de cette science, mais il m’apparaît prioritaire de situer le contexte qui nous mènera au décodage. Le grand-père est affecté au Cambodge dès 1953, trois ans après son entrée dans l’armée du Sud-Vietnam de l’époque. On suppose qu’entre 1950 et 1953, il aura appris et perfectionné la cartographie, mais également la langue française. Lors de son arrivée au pouvoir au Cambodge, Norodom Sihanouk souhaite recruter des parlants français pouvant répondre aux besoins qu’il avait identifiés, dont celui de cartographier une partie du Mékong. Nous n’avons que très peu d’éléments sur les activités précises que le père de Thi effectuait et il est rappelé d’urgence à Saïgon en 1975, alors que les Khmers Rouges entrent dans Phnom Penh et que l’armée nord-vietnamienne libère Saïgon. Dans un même mois d’avril, à deux semaines d’intervalle, le régime change dans les deux pays, adoptant, de part et d’autre de la frontière, une administration communiste ; l’une d’obédience chinoise, la deuxième davantage soviétique. Je sais que je résume sommairement. On l’envoie dans un camp de rééducation comme tous ceux qui ont participé au gouvernement du Sud-Vietnam. Y restera jusqu’en 1979, puis assigné auprès de cette unité spéciale. Une question demeure : entre ces quatre années, aurait-il pu être en contact avec quelqu’un d’influent auprès du Parti communiste mis au courant de ses qualités de cartographe et certaines autres d’un type, disons plus littéraire ?

L’homme au sac de cuir fit une pause, le temps que Lina dépose sur la table quelques amuse-gueule.

- Ce fameux “ quelqu’un “ était sans doute assez puissant, peut-être même un collaborateur dans l’élaboration du code, pour devenir par la suite son intermédiaire. Notre grand-père et ce type ont chacun des rôles spécifiques dans la gérance de cette équipe en mission au Cambodge et probablement sous la responsabilité du ministère de l'Intérieur vietnamien. L’un envoie des informations, l’autre corrige le tir si cela s’avère nécessaire, les lui retourne, sans doute par le même canal emprunté pour leur arriver.

- Je vois, mais pourquoi ce groupe a-t-il existé quinze ans et pourquoi, plus de dix ans après, n’a-t-il pas entièrement disparu ? Demanda la docteur Méghane.

- Il nous faudra patiemment relire les lettres à partir de la piste que nous avons devant nous, afin de découvrir si une quête serait sous-jacente ou encore la conduite d’une expérience pharmacologique comme vous le mentionniez, docteure, lors de votre présentation des résultats de l’analyse toxicologique. Un autre détail, il est capital me semble-t-il, l’influence de la grand-mère qui recevait d’une main et transmettait de l’autre. Comment mesurer l’étendue de son importance reste à voir.

Thi écoutait. Il aimait entendre ce qui se disait au sujet de son père, le sublimant d’une certaine manière, mais ne souhaitait qu’une seule et unique chose, le rencontrer le plus rapidement possible. Il réalisait, par la même occasion, qu’on ne se méfiait pas de sa présence. Devait-il conclure qu’à partir de maintenant, il en était devenu un membre ? Afin de vérifier cela, il prit la parole.

- Si vous me le permettez, je dirai quelques mots. Docteure Méghane les a déjà reçus, m’écoutant avec beaucoup de compassion. Alors, je vais remplir la promesse faite aux membres de mon groupe et m’adresser à vous, à coeur ouvert.

Le jeune poète y alla d’explications qui précisaient comment les colonels se sont intéressés à lui, la missive reçue par le type sourd-muet, ainsi que les ramifications du groupe Janus. Son exposé entrecoupé par l’arrivée de leurs plats, dura une quinzaine de minutes. Plus il avançait, tenant compte des différents commentaires qui précédèrent sa prise de parole, il acheva ainsi.

- Si vous croyez que cela puisse être utile à l’avancement de la démarche, je verrai avec Lotus, le leader du groupe, celui qui a décortiqué les cinq proverbes utilisés par mon père dans le message qu’il m’a fait remettre par l’homme sourd-muet, s’il peut nous fournir son aide. Il a déjà fait un bout de chemin avec le peu d’éléments qu’il possède.

- Cela me semble réalisable, dit Bao, surtout que le texte auquel tu fais allusion est le plus récent qu’on possède ; la lettre déterrée date quand même de plus de dix ans.

- Jappuie, ma chère amie. S’adressant directement à Thi, Daniel Bloch ajouta, crois-tu que ton collègue accepterait de nous rencontrer ? Il vit des choses difficiles en ce moment, il n’a sans doute pas la tête à cela.

- Vous savez, monsieur Block, il possède une force de caractère souvent mise à rude épreuve et une intelligence subtile. Il a déjà manifesté son intention d’approfondir cette affaire qui touche, je devrais plutôt dire touchait, deux membres de Janus. Je peux me rendre au squat cet après-midi, l’y attendre puis l’inviter.

- De mon côté, cela va. Bao ? Docteure Méghane ?

La première annonça qu’il lui était impossible d’y être avant 20 heures, la deuxième s’excusa, des dossiers urgents l’en empêcheront.

- Alors, voici comment on peut s’organiser. Je serai au café vers 18 heures et nous entreprenons la conversation. Je t’attendrai, Bao. De toute manière, je ne quitterai pas tant que tu ne sois arrivée.

La docteure Méghane avait bien remarqué le changement dans le ton entre ses deux amis depuis leur retour du Cambodge, dont le tutoiement qui leur allait si bien. Cela l’amusa un peu, elle qui ne savait tout simplement pas rire. Thi n’avait rien vu, tellement il lui semblait évident que ces deux-là étaient faits pour être ensemble.

 

C’est étrange comme on se rassure

en faisant la conversation,

 

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