dimanche 4 mai 2008

SAUT: 208


La chanson célèbre «On n'a pas tous les jours 20 ans», il faudra modifier le 20 pour 60...

C'est aujourd'hui qu'Om'A, la louve...
Om'A, la poétesse...
Om'A, la mère, la mère-grand et sa mère...
Om'A, la yogi en ski...
Om'A, la remueuse de terre, de fleurs...
Om'A, la bècheuse de mots, l'engagée, l'outaousaise...
Om'A, eh! bien oui, elle a 60 ans.



Un anniversaire qu'elle ne souhaite pas voir souligner en grandes pompes, mais croyait-elle vraiment qu'on puisse le passer sous silence? Comment imaginer du silence pour cette femme de mots, de paroles et de projets. De continuels projets.

En 60 mots - et peut-être un peu plus - te dire, ma chère OM'A toute mon affection, souligner bien modestement ce 4 mai (le quatre est si présent dans ton féminin quotidien, ton féminin mère, mère/ fille et petite-fille) de l'année de grâce 2008...

Je tiens d'abord à te citer (Éloïse, poste restante -Lettres à une enfant disparue):

. L'année vient juste de basculer et je la resasse en revivant ce premier cycle complet sans toi. À jamais finie la ronde des premières fois: première semaine, premier mois, premier printemps. Dis-moi, jusqu'à quand s'entête-t-on à comptabiliser l'absence, à mesurer le vide, à quantifier le manque? Dans quel but? Je sais qu'on fait la même chose avec le bonheur, fêtant les anniversaires et faisant que leur nombre ait des saveurs de victoire. Mais les grandes pertes, dis-moi, pourquoi s'acharner? Est-ce pour se prouver qu'on a survécu au pire, qu'on se rappelle encore, qu'on n'oubliera jamais? Ai-je vraiment besoin de mesurer ma peine et de faire le décompte des jours, pour savoir que ma vie ne reprendra jamais avec autant de souffle et d'innocence puisque tu m'as quittée? Loïse Lavallée,

J'ai cherché dans mes poètes et poétesses préférés afin d'y trouver ce passage, ces soixante mots qui sauraient mieux que moi te dire, te dire comme moi je te vois. Voici ce que j'ai trouvé et que je t'offre.

Le saut de l'ange (Denise Desautels)

Dans mes premiers rêves, un ange venait vers moi, avec une insoutenable douceur, la tête légèrement inclinée, les lèvres souriantes, sa main gauche tendue vers la mienne; puis il s'immobilisait à quelques pas de moi, tenait la pose jusqu'à la fin du rêve, guettant une audace, quelque compromission de ma part qui aurait trompé son attente.

Au fil des ans et de nuit en nuit, sa couleur pâlit, sa forme finit par s'effacer.
Un jour la scène devint noire. Aujourd'hui j'entre dans mes rêves, sans aucune protection contre les mots qui aboient dans le sommeil et s'imposent avec une implacable clarté.

*

L'air circule, bleu et presque trop léger, parmi les oeuvres et les gestes ordinaires.
Après on se déplace naturellement, quelques centimètres au-dessus du sol, comme si la lumière était innée, comme si vivre était enfin palpable.

Je reviens toi, ces deux extraits des Lettres...

. Je ne pensais pas, vois-tu, que la mort s'installait ainsi par étapes, par degrés, qu'elle pouvait prendre un temps interminable à creuser son trou. Loïse Lavallée


. J'ai pourtant peur de ne pas t'avoir suffisamment appréciée lorsque tu étais du même voyage que moi. Si seulement on savait avant la mort de l'autre ce qu'on découvre après. Ou bien est-ce le non-retour qui fait prendre à ce qu'on sait déjà des proportions qui coupent le souffle et les bras? Loïse Lavallée

Je te souhaite un beau soixantième; que cette année te permette d'achever ce que tu as entrepris et d'entreprendre les soixante... projets et plus que tu as en tête.

Affectueusement, Le Crapaud, qui te rappelle cette phrase de notre chère Hélène Grimaud - un concert bientôt, ensemble? - qui disait «j'ai compris que se souvenir, c'est aussi inventer. La mémoire est l'art magique de la composition.»



Au prochain saut!

l'oiseau

  L'OISEAU Un oiseau de proie patrouille sous les nuages effilochés plane aux abords du vent  oscille parfois puis se reprend agitant so...