lundi 13 mai 2013

Notes de voyage

Rangeant mon ordinateur portable, je découvre quelque part dans un dossier caché, ces quelques notes prises entre novembre'12 et mai'13, entre Montréal et Saïgon. Les voici accompagnées de quelques... annotations.

BREATH  de Vincent Christophers Gonzales, peintre philippin .

Les coquillages, de la porcelaine de mer
  
Dans la cueillette des coquillages, il y a comme une chasse à la beauté, à la qualité, à la quantité; ils sont légion et une fois délogés de leur élément naturel, se dégradent.


+ on vit au Nord, + on est loin de la mer, + on en cueille

Que font les coquillages une fois loin de la mer?

Du sel de mer cristallisé sur la plage a pris la forme de petites boules blanches déposées par un Petit Poucet aquatique

Le crapaud était étendu sur le dos, couché sur la plage, mort. Je l’ai retourné face à la mer qui au même moment déposait à mes pieds une porcelaine en forme de cœur avec imprimé dessus, un papillon. Cette porcelaine délavée par l’eau salée allait-elle être un signe quelconque? Je l'apporterai à Joane.

- Je me rappelle que ces notes furent prises sur la plage à Muiné.
 

Lune superbe sur la rivière Saïgon, elle trace une diagonale de lumière. La lune est pleine. Un halo la cintre. L’Indochine, tout en lumières de nuit, coupe cette ligne flottante et s’en va au loin, quelque part vers le port, du côté est.

Le Café Riverside est aussi beau et captivant le soir que le jour. S’ajoute à l’envoûtement, la lune qu’une étoile tout au-dessus d’elle semble retenir d’une corde invisible, d’un lacet imaginaire comme une marionnette

- Ce soir-là, j'ai pris conscience de l'importance de la lune dans la vie orientale. Elle influence le calendrier et une bonne partie des activités des gens.





De Nguyen Du :

A vécu au 16ième siècle;
Il était mandarin confucéen;
A pris sa retraite tôt, déçu par l’état des mœurs et de la politique;
Se mit à écrire s’inspirant de modèles chinois;
Il écrit de la fiction fantastique;
Auteur du fameux KIM-VAN-KIEU, livre mythique vietnamien.

. Le cri de regret des hirondelles
. «se mordre le nombril » = regrets tardifs
. La devise de la survie : «Le nombril doit rester collé au ventre.»
. Images poétiques symbolisant l’adieu et la mort :
)( la fleur se fane dans un autre pavillon
)( la cannelle tombe en plein ciel
)( la pivoine est flétrie
)( le saule est éploré dans la brume

. En rêve, on s’est cru papillon; au réveil on se demande ce qu’on est.

. La vertu est le fondement du bien et la richesse est le réservoir des conflits. Accumuler la vertu, c’est planter une jeune pousse qui croît grâce à des gouttes de rosée. Accumuler des richesses, c’est faire un grand feu qui finit par fondre la glace. La racine du bien et du mal est quelque chose qui pousse sans que l’on ait besoin de sarcler. La base du malheur et du bonheur est semblable à quelque chose qui se maintient sans qu’on ait besoin de soutenir. Cette interdépendance des deux adversités est à craindre et je vous prie de vous efforcer de toujours faire le bien.

. Les affaires du printemps  = l’amour
. la rencontre de l’or s’appuyant sur le jade  =  l’amour sexuel

. La vie humaine est comme la fleur de l’arbre qui s’épanouit et se fane à date fixe et dont l’évolution ne peut s’arrêter, même l’espace d’un instant.

. Bien que le lotus rouge ne puisse être souillé par la boue noire, un nuage proche peut cependant facilement obscurcir la lune blanche.

. Mais on a beau s’égarer sans retour et ne penser qu’aux plaisirs du moment, la volupté à son comble crée la tristesse, c’est la logique des choses dont on ne saurait s’étonner.

. … les choses futiles ne font qu’embrouiller l’esprit des gens.
. les 7 sentiments : la joie, la colère, la tristesse, la félicité, l’amour, la haine et le désir.

. Les déesses sont formées du souffle de l’Origine Mystérieuse de l’Essence du Un Véritable.   (est-ce pour cela que l’humain est binaire?)

. Le talent des autres, il faut le considérer comme le nôtre.

. la cage de poussières = le monde terrestre

. L’homme vertueux meurt souvent dans les guerres. Le méchant meurt sans blessures dans sa maison. La loi du ciel existe-t-elle vraiment?

. La poésie des Anciens a pour terreau la grandeur de l’inspiration, et comme fleur, la simplicité. Les paroles sont courtes, mais leur sens très long. Les phrases sont proches, mais l’intention, lointaine.

- L'importance de Nguyen Du dans la littérature vietnamienne est considérable et encore aujourd'hui son influence se manifeste toujours. Dans presque chaque ville du Vietnam que j'ai visitées, une rue, une école portent son nom.


DIGNITY,               Vincent Christophers Gonzales

Les pays ayant connu la guerre ont-ils tous la couleur rouge répandue sur leur sol?


Pourquoi n’y a-t-il pas de manque d’eau dans les pays tropicaux? Pourquoi on n’interdit pas l’arrosage ou le permet-on un jour sur deux selon que le numéro de porte soit pair ou impair, tout comme au Québec alors qu'une semaine sans pluie durant l'été nous assaille?

  
Je me suis toujours interrogé sur le pourquoi il nous est si facile de saluer les enfants et les vieillards? En terre hostile ou non. Moins menaçants? Plus aisé de lire dans leurs yeux? On reconnaît leur candeur. Ou tout simplement parce que les plus jeunes viennent de laisser le monde de l’inconnu pour celui qu’ils auront à connaître et les plus vieux parce qu’ils s’y dirigent.


Avez-vous remarqué que depuis les événements de New York en septembre 2001 nous assistons à la mise en place de mesures de sécurité un peu partout? Les nommer serait fastidieux. Les investissements faramineux de nos gouvernements dans ce domaine sont toujours légitimés par notre besoin de sécurité. Il me semble que depuis ce temps, nous sommes davantage anxieux, inquiets et peureux. Nos gouvernements, pour leur part, ont, et de loin, accrû leur pouvoir en renforçant leur contrôle sur la population. George Bush multiplié par Stephen Harper, cela nous donne une bien bizarre de société.

- Bien des gens me demandent si vivre quelques mois en pays socialiste, communiste, est bien différent que vivre sur notre terre de liberté? Je réponds toujours: non. 
Je reconnais au Vietnam les mêmes travers inhérents à la classe politique; 
les mêmes intérêts parfois fort égoïstes d'un gouvernement à la recherche du maximum de contrôle;
les mêmes indifférences aux véritables besoins des populations;
les mêmes candeurs dans les propos sur l'avenir économique du pays se voulant rassurants mais peu optimistes si la sécurité n'est pas maintenue;
les mêmes phobies hallucinantes sur le maintien de l'ordre établi;
les mêmes propos qu'ici mais à partir d'un autre régime.

Et je reconnais chez les gens tout comme ceux d'ici,  les mêmes véritables besoins: manger et boire... vivre heureux individuellement et collectivement... la paix et la sérénité dans les échanges avec le monde... aimer, et aimer encore. Enfin, tout ce à quoi les gouvernements (vietnamien et canadien) ne s'intéressent pas et ne s'appliquent pas à promouvoir. Je résumerai ces propos en disant qu'en pays communiste, les patrons, les maîtres, les possesseurs sont exactement de la même facture, de la même mouture, version copier-coller que dans un pays capitaliste.


Des touristes égarés, perdus dans leur carte, accrochés à leur appareil photo comparent le papier et le réel alors que des enfants leur offrent des peccadilles… Ils ne les écoutent pas ne comprenant pas la langue. Pas de photo à prendre ici, on dégage.


Une vieille affaire qui me tarabuste : alors que l’on atteint un certain âge, honorable, assez pour que vous puissiez dire quelque chose et votre interlocuteur cesse un court instant d’avoir l’esprit ailleurs... arrivé de peine et de misère à cet âge, serait-il possible que vous en veniez à la conclusion ou que vous ressentiez très fort l’idée que vous êtes la synthèse des agirs et non-agirs, des pensées et non-pensées ayant animé vos parents?


La pagode est ouverte / l’église est fermée


«banh chung» : gâteau carré de riz gluant, farci de viande et de pâte de haricots, qu’on sert à l’occasion du Têt.


À la propriétaire de la Libraire française de Saïgon qui me demande pourquoi je me procure des livres d'occasion, je réponds qu’ainsi je m'assure que ce livre a un deuxième lecteur, deux à avoir lu ce livre peut-être pas au complet mais la première page. La première page d’un livre est toujours un piège, un piège de marketing. Il faut, au minimum, se rendre jusqu’à la page 50 avant de prendre une décision: l’abandon ou la poursuite.

Voilà donc ces quelques notes que je viens de rafraîchir...

À la prochaine 


Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

  Trudeau et Freeland Le CRAPAUD ne pouvait absolument pas laisser passer une telle occasion de crapahuter en pleine politique fédérale cana...