mardi 22 avril 2008

SAUT: 206


Le crapaud a assisté, dimanche dernier, dans un cinéma montréalais à une représentation de l'opéra de Verdi, La Traviata. D'entrée de jeu, je dois avouer qu'à part l'intérêt de ma Fleurette de mère pour les opéras, ce n'est pas nécessairement ce que je cours. À part Maria Callas, Luciano Pavarotti, les noms de quelques chanteurs, plutôt ténors, le noms de quelques opéras, je me retrouve face à une ignorance consommée.

Assister à La Traviata, en provenance de la Scala de Milan - un reportage durant l'entracte nous a permis d'apprécier la beauté et la magnificence de ce lieu mythique de l'opéra italien où les plus grands de l'art lyrique se sont illustrés - fut autant un événement qu'une surprise. Un événement que la haute définition nous offrait avec des images d'une clarté, d'une pureté et d'une beauté unique. Le son, certainement quadraphonique et plus si cela se fait, nous était rendu comme si nous étions assis aux premières loges de la Scala; loges tout simplement fastueuses d'ailleurs. L'orchestre caché dans son puits était dirigé par le chef Lorin Maazel qui, ma foi, semblait assez bien connaître la pièce... Il fut magistral.

Les chanteurs (soprano Angela Gheorghiu, ténor Ramón Vargas , baryton Roberto Frontali) et les choeurs interprétant cet opéra, qu'humblement j'avoue ne pas connaître alors que dans la salle du cinéma Beaubien où se réunirent 216 personnes, néophytes comme moi et experts comme mes deux voisines qui trépignaient à chacune des notes et voyaient venir la suite des choses avec fébrilité et satisfaction, 216 personnes, c'est-à-dire plein à capacité, qui conservèrent tout au long du spectacle un rigoureux silence, retenait des élans d'admiration mais surtout, savaient très bien ce qui se passait devant eux. À la fin, nous étions toutes et tous debout qui applaudissaient un écran nous renvoyant des artistes exténués mais surtout une foule conquise.

L'opéra La Traviata raconte (chantée évidemment!) l'histoire de Violetta, issue de la Dame aux Camélias du roman d'Alexandre Dumas, mis en livret par un certain Piave et fait partie, j'ai bien écouté ce qu'on nous disait... bien que tout le monde qui affronta les 25 degrés celcius d'un super dimanche après-midi de printemps savait déjà qu'il fait partie d'une trilogie de Verdi: Rigolettto et Il Trovatore en sont les autres.

J'en suis ressorti avec des musiques plein la tête et cette vague impression que l'art lyrique est encore l'apanage d'une certaine élite, exactement ce qui se disait il y a vingt-cinq ou cinquante ans. Comment l'expliquer? Aucune idée, mais je dois avouer que ces deux heures de musique et de chant furent entièrement sublimes.

Tout juste pour votre culture, et sachez bien que cela ne vient pas de moi mais bien des informations transmises sur place, je vous raconte cette histoire qui se déroule à Paris au 19ième siècle (important de ne pas l'oublier).

Alfredo Germont, un jeune homme de bonne famille, tombe éperdument amoureux d’une courtisane, Violetta, lors d’un dîner qui resssemble davantage à un banquet qu'autre chose. Par amour, celle-ci délaisse ses nombreux amants et s'engage dans une folle passion avec Alfredo. Le père d’Alfredo, moralisateur et représentant bien l'esprit bourgeois de cette époque, persuade Violetta d'abandonner son fils. Elle écrit alors une lettre de rupture sans préciser les véritables raisons de la séparation, ce qui a pour effet de rendre Alfredo fou furieux. Violetta est souffrante et la maladie dont elle était atteinte réapparaît, et c'est seule en compagnie de sa femme de chambre que Violetta agonise. Par une lettre de son père, Alfredo apprend qu’elle n’a jamais cessé de l’aimer et que le responsable de leur séparation n’est autre que son père. Furieux et repentant, il accourt auprès de Violetta, mais trop tard : rongée par ce qui semble être la tuberculose, Violetta meurt dans ses bras.

Avant de tomber amoureuse d’Alfredo, Violetta était déjà malade mais ce n’est pas seulement sa maladie qui la fait souffrir. Victime de la société bourgeoise et des principes qui la régissent, elle va mourir, certes mais heureuse comme elle ne l’a jamais été avant, heureuse d’un amour retrouvé et enfin reconnu.

Au cœur de l'œuvre, c'est le sacrifice de Violetta, sacrifice qu'elle accomplit pour satisfaire aux règles de la société bourgeoise de l'époque.

Vous comprenez bien que c'est le chant et la musique qui priment, non l'histoire, mais je vous avoue que de savoir qu'une oeuvre datant des années 1850 soit encore jouée, appréciée et si porteuse de beauté... le crapaud en est bien impressionné.

Et je rêvais à Fleurette, l'indomptable amoureuse de l'opéra, assise à la Scala de Milan, dans une loge crénelée et aux fioritures incomparables, savourant la beauté des voix de ces chanteurs au talent incroyable...




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