mercredi 25 janvier 2006

Le quatre-vingtième saut de crapaud



Sans doute vous demandez-vous qu’est-il advenu de la famille Épelgiag, après l’incendie? On le saura bientôt, mais je vais d’abord prendre un instant pour vous les présenter, par leur prénom. Le père Épelgiag (Kali), en français ça devient Albert; la mère (Pilsit) pour Brigitte; le fils aîné, celui de l’âge de notre grand-père à cette époque, c’est Paqsi’mat, ce qui signifie Simon et les deux jumelles, en effet, elles sont jumelles bien que physiquement elles ne soient pas des copies identiques, c’est A’selik (Angéline) et Lestel (Estelle). Voilà pour les présentations. Leur histoire est à venir.


D’ici là, je vous offre LE BONHEUR DE CE MONDE, un poème écrit au XVIième siècle par Christophe Plantin.

Avoir une maison commode, propre et belle,
Un jardin tapissé d’espaliers odorants,
Des fruits, d’excellent vin, peu de train, peu d’enfants,
Posséder seul sans bruit une femme fidèle.

N’avoir dettes, amour, ni procès, ni querelle,
Ni de partage à faire avecque ses parents,
Se contenter de peu, n’espérer rien des Grands,
Régler tous ses desseins sur un juste modèle.

Vivre avecque franchise et sans ambition,
S’adonner sans scrupule à la dévotion,
Dompter ses passions, les rendre obéissantes.

Conserver l’esprit libre, et le jugement fort,
Dire son chapelet en cultivant ses entes,
C’est attendre chez soi bien doucement la mort.


Et cet autre, de Louise Labé qui vécut de 1526 à 1566. Voici le sonnet VII, tiré de «Vingt-trois sonnets».

Je vis, je meurs : je me brûle et me noie.
J’ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joies :

Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j’endure :
Mon bien s’en va, et à jamais il dure :
Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène :
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être en haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.


La poésie possède cette extraordinaire faculté de nous rejoindre, à l’intérieur même de nos sentiments. Elle franchit le temps qu’elle a imprimé de ses mots, renaît sous nos yeux, dans ses mêmes habits mais tellement différents selon l’angle de la lumière qui l'illumine. Elle-même et autre à la fois, la poésie ne parle pas, elle délie nos émotions. Essentiellement indispensable dans toute son inutilité!

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