Kamala HARRIS |
Il apparaît évident que le débat opposant les deux candidats à la présidence des USA n'allait pas avoir lieu un 11 septembre. C'est donc la veille de la commémoration de cet événement qui aura véritablement chambardé la géopolitique mondiale que s'est tenu ce que tous les adeptes de politique américaine attendait avec une certaine appréhension. La déclaration forfait du Président Biden, la montée en selle de la Vice-présidente Kamala Harris, mais surtout le fait que l'ensemble des sondages semblent prédire une lutte à finir entre la nouvelle candidate du Parti démocrate américain et le représentant du Parti républicain, ce personnage à la fois controversé ayant réussi à bipolariser les électeurs qui auront à se rendre aux urnes dans 55 jours, soit le 5 novembre 2024.
Le décorum et le protocole furent régis de manière parfaite par ABC, le plus important demeurant le fait que le micro de celui qui écoute (ou simule l'écoute) se voit fermé, l'empêchant de couper la parole à son interlocuteur, évitant ainsi un tohu-bohu assourdissant. Horaire parfaitement bien chronométré, deux journalistes (un homme et une femme) se retrouvant face à deux candidats (un homme et une femme) à l'intérieur d'une salle vide et des millions de téléspectateurs dont la moitié opte pour un camp, l'autre faisant de même. Chacun des candidats souhaitant préserver sa moitié tout en grugeant un peu dans celle de l'autre, mais ce n'est pas tout à fait ainsi que cela se passe. On a qu'à écouter, au lendemain de l'affrontement, pour se rendre compte que l'essentiel réside dans le fait d'avoir réussi ou pas à séduire les indécis, les indépendants, ceux qui, ne s'intéressant pas à la politique pour diverses raisons, ont choisi de ne pas voter ; les sensibiliser à la cause démocrate ou républicaine. Aux USA le bipartisme règne en maître absolu depuis des lunes.
Voilà donc pour l'aspect formaliste, voyons maintenant le «fond» du débat c'est-à-dire le contenu alors que le contenant semble assez bien défini. Les thèmes sont toujours les mêmes - économie, politique extérieure, bien-être social dont la santé, l'éducation, les droits des individus, etc - mais cette fois-ci s'ajoutent deux éléments que l'on peut qualifier de cruciaux : le droit des femmes à disposer de leur corps et la question de l'immigration légale ou illégale. Certainement que l'on attendait madame Harris sur ces routes puisqu'elle fut responsable de ces dossiers sous la présidence Biden. Son adversaire républicain a frappé sur le clou de l'immigration à chacune des occasions qui se sont présentées, allant de bêtises en sottises que je n'ose même pas souligner ici. Il m'est apparu complètement déboussolé sur ces deux aspects devant être ses chevaux de bataille, allant même à battre en retraite, une défensive bien mal calculée.
Une fois les flèches lancées qui régulièrement rataient la cible, empoisonnées chez celle qui relevait le côté criminel de l'autre qui, pour sa part, l'accusait de n'être que la porte-drapeau d'une administration ayant mené le pays à la perte d'influence dans le monde et responsable de toutes les plaies qui sévissent aux USA, les deux journalistes menant le débat ont tout de même réussi à centrer les échanges sur ce qui devrait être la «question de l'urne», à savoir lequel des deux mériteraient plus la confiance des électeurs. En fait, qui de la candidate démocrate ou du candidat républicain serait en mesure de gérer cette puissance que de plus en plus d'observateurs qualifient «d'être en recul». Souvent, trop même, la politique américaine se définit à partir de l'image projetée par leurs acteurs qui ont avantage à disposer de beaucoup de sous ($$$). L'image... tout est là aux USA.
Sur cet aspect, je serai peut-être vulgaire aux yeux de certains, mais j'avoue très franchement que la «baboune» du républicain qui n'a jamais daigné se retourner vers son adversaire durant les 90 minutes qu'aura duré cet échange, nous laissant admirer une oreille parfaitement rétablie... (vive la chirurgie plastique et une cicratisation hyper rapide)... ne faisait pas le poids à côté de cette dame digne et chaleureuse, ne craigant pas de sourire pour se démarquer d'un personnage triste, sinistre et lugubre. Madame Harris a choisi un meilleur terme que moi, «disgrâcieux».
Il reste maintenant 55 jours avant le scrutin. Nous avons devant nous les belligérants, ne reste plus qu'à tenter d'aller plus en profondeur dans le programme de chacun. Pour cela, je m'obligerai à prendre le temps de lire ce fameux projet 2025 des Républicains tout en attendant le plateforme démocrate.
Je réponds à la question sur toutes les lèvres aujourd'hui : qui a gagné le débat?
Kamala Harris sans l'ombre d'un doute.