vendredi 5 avril 2019

5 (CINQ) (CENT SOIXANTE ET UN) 61



La base de mon argumentaire reposera sur le concept de cohérence c’est-à-dire l’harmonie, le rapport logique, l’absence de contradiction dans l’enchaînement des parties d’un tout. Cohérence dans les propos ainsi que des actions qui s’ensuivent. Je tiens par-dessus tout à ne pas tomber dans les raccourcis, les modes du jour, pire encore, l’ex-cathedra.

J’allègue que l’humain du XXIe siècle, l’Occidental en particulier, confronté aux deux périls modernes que sont la menace de l’islamisme politique intégriste et l’autodestruction de l’habitat (la Terre) vit une forme d’anxiété qu’il peine, d’une part à contenir et d’autre part exige de lui des réajustements essentiels, intrinsèques et viables.

L’atavisme qui est la transmission à l’intérieur d’une communauté humaine, d’un savoir-vivre, d’un savoir-faire, dans son application sommaire, veut que par hérédité ou quelque chose s’y rapprochant, nous soyons portés à l’imposer aux individus nouvellement installés autour de soi. Recourir à l’atavisme serait dans le cas qui nous occupe d’exiger de tout immigrant, réfugié volontaire ou non, nouvel arrivant, pour faire partie du groupe, se doivent d'adopter obligatoirement les règles, les valeurs, les habitudes de ceux chez qui ils ont choisi de continuer ou refaire leur vie, cela me semble incontestablement installé. Apparaît alors une minorité tout à côté d’une majorité.

La question qui se pose alors serait celle des droits et libertés, autant individuels que collectifs. Lesquels doivent prévaloir ? Une majorité peut-elle, arguant que nous vivons dans une société de droit et démocratique, exiger une communion de pensée de la part d’une minorité les obligeant à manifester un agir essentiellement calqué sur le sien ? Les membres des minorités ont-ils l’obligation morale de faire abstraction, du moins publiquement, de leurs racines ancestrales pour être considérés comme  membres à part entière de leur pays d’accueil ? Les lois, celles en place et celles qui suivront, devant respecter les chartes promulguées par des gouvernements élus, afin d’éviter d’être qualifiées d’iniques, peuvent-elles contraindre une partie plus ou moins importante de la société au nom du bien commun ? Existe-t-il dans l’histoire des peuples des moments critiques qui en appellent à la suspension des droits et libertés afin de calmer le jeu ou encore pour poser des jalons temporaires face à une situation jugée critique ? Mille autres interrogations viennent à l’esprit selon notre compréhension des événements alimentant l’actualité politique, économique ou sociale.


Pour ma part je crois

. qu’un gouvernement élu légitimement doit lire le temps présent, prévoir le temps futur en tenant compte du temps passé;

. qu’un gouvernement élu légitimement doit obligatoirement se tenir à distance de toute influence - économique, religieuse - pouvant altérer son objectivité, sa cohérence et sa recherche constante du mieux-être des citoyens, cet ensemble d’individus dont il a le mandat et la responsabilité de respecter, conscient que les histoires, les racines, les croyances sont différentes;

. qu’un gouvernement élu légitimenent est en service auprès des citoyens sans obligatoirement être à leur service;

. qu’un gouvernement élu légitimement doit légiférer en tenant compte de l’ensemble et non pas de groupes hétéroclites voire disparates;

. qu’un gouvernement élu légitimement, évitant de devenir instrument de vengeance, un outil au service d’intérêts privés ou corporatifs, s’assure que  la justice collective prime sur tout;

. qu’un gouvernement élu légitimement doit manifester de la perspective dans ses actions, de la transparence dans ses agirs et de l’équité dans ses actes;

. qu’un gouvernement élu légitimement doit être cohérent avec lui-même et en mesure d’adapter ses politiques aux grands enjeux sociétaux;

. qu’un gouvernement élu légitimement ne doit en aucun cas céder à la panique et à la peur, fixant au plus haut de l’échelle la barre de la clarté de sa vision et sa compréhension des interrogations que pose le monde d’aujourd’hui;

. qu’un gouvernement élu légitimement n’est ni multiculturel ni interculturel, il est fondamentalement culturel;

. qu’un gouvernement élu démocratiquement est le bouclier que la société se donne afin que les droits, les libertés n’enfreignent pas les responsabilités comme corollaires à ceux-ci.



Pour ma part je ne crois pas :

. qu’aucun citoyen, qu’aucune citoyenne d’une société doivent exiger de la part de son gouvernement que celui-ci prenne en charge, à leur place, toute la part des responsabilités ne leur laissant que les droits et les libertés;

. qu’un citoyen qu’une citoyenne d’une société participent au processus de la vie démocratique strictement en se présentant aux urnes lors d’une élection;

. qu’un citoyen, qu’une citoyenne d’une société ne doivent pas respecter libérément ou non, les concensus que l’ensemble se donne;

. qu’un citoyen, qu’une citoyenne d’une société ne doivent pas ressentir comme un devoir fondamental de connaître, s’approprier et même promouvoir les valeurs de la communauté dans laquelle ils vivent: valeur pris dans le sens du caractère, de la qualité de ce qui est désiré, estimé parce donné et jugé comme objectivement désirable ou estimable;

. qu’un citoyen, qu’une citoyenne d’une société ne puissent pas manifester un esprit grégaire en assumant le poids des souffrances collectives lorsqu’elles se présentent.


Arrivé à cette étape de mon sujet - que je souhaite être autre chose qu’une tirade - je plonge directement dans la situation qui prévaut au Québec.


                             


Le Canada est un pays composé de deux nations, non pas un pays créé sur la base du multiculturalisme qui m’apparaît comme une construction de l’esprit ayant une tout autre résonnance chez mes concitoyens anglophones qu’au Québec, cette nation qui est ma patrie, l’a toujours été et le demeura toujours. Il m’est impossible, intellectuellement et moralement, de ne pas y croire au plus profond de mes fibres. Je souhaite ce Québec indépendant tout comme j’appelle mes amis canadiens à le devenir à leur tour, puisqu’ils ne le sont pas. Ni l’un ni l’autre le sommes. Les attaches, j’oserais dire les amarres, qui nous retiennent au quai des pays sous emprise étrangère, ces liens dont je comprends qu’il nous soit difficile de s’en détacher, se solidifient par des politiques dites nationales alors qu’elle ne peuvent absolument pas l’être. Les politiques nationales du Québec sont québécoises, celles du Canada sont canadiennes.

Je vis au Vietnam depuis près de 8 ans. Mon quotidien se vit en Anglais et je l’enseigne à des Vietnamiens. Lorsque je parle du Québec,  cela a plus de résonnance maintenant qu’il en avait il y a quelques années alors que pour bien me situer comme étranger, je devais me déclarer Canadien, muni d’un passeport canadien. Maintenant on sait que le Québec est une terre francophone distincte de la France, du Canada et qu’un important mouvement promeut l’idée d’indépendance qui est très loin de leur être indifférente.

Malgré mon statut de résident permanent au Vietnam, le Québec m’habite. Je ne peux demeurer insensible à ce qui s’y passe. Le merveilleux dans ma patrie, c’est son dynamisme, sa façon de s’intéresser à toutes les affaires de ce bas monde, sa manière à la fois émotive mais tellement claire d’opiner sur ceci ou cela. J’y vois une preuve de sa vigilance, de sa volonté d’apprendre sans jamais oublier qui il est. Ces atouts, il les développe au contact des autres tout en conservant les pieds bien ancrés dans sa réalité propre même si elle n’est pas encore complètement bien définie.

Tout comme l’humain du XXIe siècle, le Québécois, humain d’Amérique issu de la culture européenne, se voit confronter aux dilemnes actuels de notre monde. Il a su habilement et pragmatiquement se démarquer du phénomène de peur lié aux événements du WTC,  y distinguant la part qui revient aux Américains de celle qui a alimenté la riposte des terroristes islamistes. Il n’a pas pris position ni pour l’un ni contre l’autre, il y a vu - ce que je crois devait être vu - soit un conflit frontal entre deux conceptions du monde. Il a reconnu les fautes historiques liées à la tentative hégémonique américaine et compris, sans les sanctionner, la réponse islamiste.

Le Québec est au premier rang des défenseurs de la planète et cela autant chez lui qu’au Canada et dans le monde. Mieux, il est proactif. Sa jeunesse a pris la parole, les gens recyclent, réutilisent, s’abstiennent de tout geste pouvant nuire à une dégradation du climat, malgré le fait que son gouvernement actuel ne semble pas hyperactif sur la question. Je crois que la percée importante du parti politique Québec solidaire est due, en majeure partie, aux éléments de son programme exigeant des actions immédiates et urgentes face aux changements climatiques.


Alors, que penser du projet de loi 21 qui se discute actuellement à l’Assemblée nationale du Québec affirmant haut et fort la laïcité de nos institutions, l'adjoignant à la charte des valeurs québécoises ? Y a-t-il péril en la demeure ? Serions-nous devenus intransigeants en s’attaquant à certains droits individuels ? L’apparence extérieure des gens occulte-t-elle la question au point de s’approprier toute la scène ? Pourquoi un tissu couvrant le visage des femmes serait aussi, sinon plus redoutable que les armes en circulation ? Les signes religieux (affichés autant par des femmes que des hommes) sont-ils par définition ostentatoires ? Les services rendus aux citoyens seront-ils de meilleure qualité s’ils sont fournis par des employés revêtus de manière telle qu’on ne puisse y détecter quelque prosélytisme que ce soit ? Est-ce que la sécurité nous met à l’abri de tout danger potentiel ? Sommes-nous en plein débat symbolique ? Islamophobes, les Québécois ? 

Tout un programme qui fera l’objet du prochain et dernier billet traitant de la question.




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