mardi 21 avril 2009

Saut: 277



Vous finirez bien par découvrir mes plus profonds inspirateurs…

Autant de femmes
(Pierre Trottier)

Autant de femmes dans ma vie,
Autant de formes pour mon âme.
À chacune sa robe,
À chacune son poème.

La mode change
Tourne la terre
Tournent les corps
Dans leur sommeil

Autant de femmes dans ma vie,
Autant de souvenirs sur les rayons
De ma bibliothèque-cimetière,
Où je me cherche sans relâche
Entre ma fille qui vient de naître
Et ma mère qui vient de mourir.

Entre la robe de baptême
Et le linceul de la défunte,
Mon livre ouvert au berceau
Se referme au cercueil.
«Achevé d’imprimer le 19 mai»

La mode change
Tourne la terre
Tournent les corps
Dans leur sommeil.
Brûlons cette bibliothèque
Et déchirons robes et poésies

Dors ma femme nue
Dors ma fille innocente
Dors ma mère morte
Dors mon âme perdue
À la seule beauté
Qui ne se vêt d’étoffes ni de mots.

La mode change
Tourne la terre
Tournent les morts
Dans leur sommeil

Tourne la tête encor
Vers ta femme et ta fille
Vers ta mère et ta mort
Qui sont les formes de ton âme.


Mes mains
(André-Pierre Boucher)

À quoi est-ce qu’elles sont bonnes mes mains
à présent qu’elles n’ont plus de visages à aimer
l’une toute recroquevillée en guise de porte-plume
l’autre brûlée de tabac

je suis jeune pourtant
puisque je compte mon âge de deux fois mes dix doigts
plus une année
mais une si drôle d’année
de vieillissement prématuré
d’attente…

convulsions irritantes de mes mains
cheminements des veines haletantes
à la capture de chair en beauté-bronze
d’un été magnifique et rare

Soleil au torse nu
haleine multiple contre les promenades
solitude aiguë des cigales à la hauteur des midis
des chevelures blondes
des sandales d’été
des dents toujours prêtes à rire aux éclats

Je suis seul
Viendra-t-il quelqu’un de la route
quelqu’un que je connais : que j’aime
et me parlerait de la ville : ceux que j’aime
ou des inconnus porteurs d’espoir

Mais si donc moi j’ignore pourquoi je suis seul
qui donc le saura


Des navires bercés
St-Denys-Garneau

Des navires bercés dans un port
Doux bercement avec des souvenirs de voyages

Puis on trouve seuls les souvenirs errants
qui reviennent et ne trouvent pas de port
souvenirs sans port d’attache
Trouvent le port déserté
Un grand lieu vide sans vaisseaux.


«un carnet d'ivoire avec des mots pâles»

A NA C H O R È T E (nom masculin)
. religieux contemplatif qui se retire dans la solitude

- (ermite)

B R O C A R D E R (verbe transitif)
. railler avec des brocards (petits traits moqueurs, railleries)

Au prochain saut

l'oiseau

  L'OISEAU Un oiseau de proie patrouille sous les nuages effilochés plane aux abords du vent  oscille parfois puis se reprend agitant so...