dimanche 6 décembre 2009

Le trois cent dix-septième saut



6 décembre.
Il y a vingt (20) ans.
20 ans, l’âge des possibles, l’âge des plus sérieuses insouciances.

Elles ( Geneviève Bergeron, Hélène Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Klucznik-Widaieweiz, Maryse Laganière, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michèle Richard, Annie Saint-Arneault, Annie Turcotte) devaient avoir environ 20 ans chacune… l’âge des plus sérieux possibles!

Lui (Marc Lépine – né Gamil Gharbi) venait d’avoir 25 ans.

Un 6 décembre de neige. Un 6 décembre fatal.

Il y a vingt ans aujourd’hui; pour se souvenir, ne pas oublier, mais aussi pour apprécier le chemin parcouru afin d’abolir le droit à l’arme à feu, se demander si la violence envers les femmes, envers nos filles est toujours un passe-droit que s’accorde certains individus recherchant le monopole du contrôle de leur être sur un autre…

Le crapaud a deux poèmes à nous offrir comme une gerbe de mots, car tous et toutes nous sommes (et seront) parties prenantes des gestes que posent (ou poseront) ceux ou celles qui vivent (et vivront) parmi nous… nous devons en assumer les conséquences, s’en responsabiliser.

Le premier est d’Anne Hébert, le second de Michèle Lalonde.



IL Y A CERTAINEMENT QUELQU’UN

Il y a certainement quelqu’un
Qui m’a tuée
Puis s’en est allé
Sur la pointe des pieds
Sans rompre sa danse parfaite.

A oublié de me coucher
M’a laissée debout
Toute liée
Sur le chemin
Le cœur dans son coffret ancien
Les prunelles pareilles
À leur plus pure image d’eau

A oublié d’effacer la beauté du monde
Autour de moi
A oublié de fermer mes yeux avides
Et permis leur passion perdue.

Anne Hébert


LE SILENCE EFFRITÉ

le silence effrité
aux rives de mes veines
douces grèves léchées de sang
où s’allongent les corps désunis de nos songes

ô tiédeur initiale des jours
quand l’ocre et le froment
partageaient une même allégresse
au seuil de nos lèvres

l’égalité miraculeuse de chaque désir

j’ai pitié de nos mains disjointes
nos paumes désenchantées et disperses
comme des coquilles crevées

nos regards impairs

l’oubli va nous dissoudre

Michèle Lalonde


Parmi celles qui sont décédées, il y a des noms qui résonnent davantage dans mon coeur: Bergeron… Daigneault… Pelletier… Turcotte!

Au prochain crapaud

l'oiseau

  L'OISEAU Un oiseau de proie patrouille sous les nuages effilochés plane aux abords du vent  oscille parfois puis se reprend agitant so...