mercredi 16 mai 2007

Le cent soixante-quatrième saut de crapaud (12)




Mario «Ti-Cote» Chabot


Chapitre 30


Dans cette forêt immense, la gang des Six + un + une boussole + une carte topographique s'enfonçait, Bob devant, heureux et d'une confiance qui se répendait sur les autres. La première épreuve derrière leur dos, on serait porté à croire, les voyant telle une colonie de fourmis marchant à la queue leu leu, que plus rien ne pourrait les arrêter. La magie opérait. Le chef indiquait une direction qu'aussitôt les autres s'y dirigeaient; il annonçait ce qu'ils devaient rencontrer qu'effectivement ils le croisaient.

Ceci n'empêchait pas la faim, et surtout la fatigue, de se faire sentir au fur et à mesure que les herbes devenaient plus hautes ou lorsqu'ils devaient contourner un troc d'arbre pourrissant que le vent se plaisait à en charrier l'odeur.
- C'est écoeurant ce que ça sent, dit Annie.

Les nuages menaçants rendaient le temps gris acier. Le soleil ne faisait que quelques clins d'oeil et très occasionnellement. L'humidité, en plein bois, devint insupportable. Les maringouins et le petites mouches noires attaquaient sans crier gare. Tous, sauf Raccoon, comme s'ils s'étaient donnés un « à tour de rôle » y allaient d'une claque retentissante ou d'un juron personnel: une bestiole venait d'agir. Le bébé raton laveur filait parfois devant mais plus souvent derrière Joe qui remarquait à quel point il prenait de l'assurance et de l'indépendance. Il se dit: « ça va finir mal, c't'affaire-là.»

Annie, n'en pouvant plus qu'on lui bourdonne autour de la tête, jeta son sac à dos par terre et hurla:
- Maudites bibittes!
- Tu devrais fumer, ça les chasserait, lui proposa Mario posté en second derrière le chef.

Une heure environ après qu'ils eurent laissé l'étang, Bob décréta une halte. Personne ne se fit prier pour laisser tomber les sacs à dos au sol; les murmures commencèrent.

- Y a tu rien de plusse intéressant que d'marcher dans les marécages, des bibittes au cul, trente kilos su l'dos et de s'attende à ce qu'la puie nous tombe dessus d'une minute à l'aut', dit Joe s'empressant d'accepter la cigarette offerte par Annie.
- Nous sommes à moins d'un kilomètre du premier campement. On peut penser y être dans une heure et commencer à nous installer pour la nuit. Bob s'épongeait le front avec son foulard rouge.
- On é v'nu en vacances, y'm sembe, dit Joe en s'étirant les jambes sur un arbre.

Un bruit étrange se fit entendre. Tous s'immobilisèrent. Une sensation d'être comme enfermé dans un étau passa de l'un à l'autre:
- Avez-vous entendu? demanda Caro.
- Cé mes jambes qui crient, enchaîna Joe tout en cherchant Raccoon.
- Non, sérieusement, j'ai comme entendu un craquement, reprit Caro.
- Tout craque par icitte, mem' mes dents, continua le grand tout en fixant Caro.
- Écoutez, je suis certaine d'avoir entendu comme le bruit d'un os qui se brise, dit-elle en portant son attention et son regard sur 360 degrés.
- Où est Rock? demanda Mario. Le petit sortit de derrière un arbre.
- As-tu entendu quelque chose, Rock? Où étais-tu? Les questions sortaient de la bouche de Caro comme propulsées par de l'essence pure.
- J'installais le repère derrière ces arbres.
- Entendu? Vu? Quelque chose? Caro insistait.
- Non, absolument rien. Même que de l'autre côté, on ne vous entend même plus.
- Tu as certainement entendu chialer Joe, dit Mario en riant.
- Non, non. Je suis certaine d'avoir entendu... Tiens, encore... Avez-vous entendu cette fois-ci? dit Caro comme transformée en toupie.
- Tu rêves, Caro ou bien la fatigue te fait plus effet qu'à nous. Prenons une bouchée, une goutte d'eau puis repartons.
- Une cigarette avec ça, chef? dit Joe, presque en ligne droite avec le tronc d'arbre sur lequel étaient allongées ses jambes..

Caro se dirigea vers le sac de provisions d'un pas qui manifestait très peu de sécurité. Elle sortit des biscuits enveloppés individuellement qu'elle distribua à chacun. Même démarche avec la gourde d'eau puis vint s'asseoir entre Bob et Mario.

- Ça fait exactement dix repères que je place depuis que nous sommes partis de l'entrée du parc. Si on se perd avec ça!, dit Rock.
- Ta mère nous r'trouvera ben! lança Joe manquant de s'étouffer avec le biscuit qu'il partageait avec Raccoon.


À 18 heures, le temps devenait pesant. Bob, même s'il s'avait cru que les nuages n'étaient pas à la pluie, dut se rendre à l'évidence et ne souhaitait qu'une chose: pouvoir être au premier campement et avoir monté les tentes avant l'ondée. Il se leva doucement, pour n'inquiéter personne, reprit son sac à dos et tout en nouant son foulard à son cou, jeta un regard oblique sur sa carte.
- Moins d'une heure et notre première journée de camp sauvage sera...

Il n'eut pas le temps d'achever sa phrase qu'on entendit - et cette fois, ce fut clair pour tout le monde - un formidable craquement à quelques mètres d'eux. Annie lâcha un grand cri, courut vers Joe qui venait de se lever dans un temps record. Mario n'avait pas bougé d'un millimètre alors que ses yeux roulaient de gauche à droite tout en surveillant Caro tremblant de tous ses membres:
- Qu'est-ce que j'avais dit? C'est en plein ce bruit-là que j'ai entendu tout à l'heure. Cette fois, il est plus fort encore, comme plus proche.
- Ça m'énerve, dit Annie.

Sans s'être donné le mot, tous les membres de la gang se retrouvèrent collés les uns sur les autres, oreilles à l'affût du moindre petit craquement pouvant se faire réentendre.

- Dans cette forêt, il y a plusieurs ravages de chevreuils. Comme la saison de chasse est encore loin devant, ils ne craignent absolument rien. C'est sans doute un petit du printemps qui s'est perdu et qui vient de passer pas trop loin.

Bob se voulait rassurant. Chacun bien prêt à croire cette explication surtout que depuis quelques minutes les petits moteurs des bibittes reprenant leur poursuite devinrent les seuls bruits ambiants.
- Partons, dit Bob.

Ce fut en marchant un peu à reculons que la gang reprit sa route. Rock se disait que si les bizarreries allaient en se multipliant, il commencerait à croire que monsieur McCrimmon pouvait avoir raison, de même que le propriétaire du Domaine du Rêve. Pour l'instant, il préféra s'en remettre aux paroles du chef et ne pas quitter Mario des yeux. Il savait lire Mario et si jamais celui-ci trouvait que la situation pouvait tourner au vinaigre, il lui serait impossible de le cacher, à lui son meilleur ami et son associé.

Annie ne lâchait pas Joe d'une semelle comme si elle venait de se trouver une raison supplémentaire pour s'accrocher à lui. Avec sa cigarette, elle se crut en sécurité contre les bibittes et peut-être, les craquements.

Ils marchèrent longtemps. Personne ne parlait. Un claquement sur une joue. Un bras. Une bibitte en moins. Ils s'enfoncèrent sérieusement dans cette forêt qui, un mètre après l'autre, devenait aussi bizarre qu'hostile.

Il ne se passa pas deux minutes sans qu'Annie ne dise qu'il y avait des odeurs suffocantes, des silences pires que des craquements, qu'elle était fatiguée, qu'elle avait faim, qu'elle s'épuisait à traîner le sac à dos, qu'elle allait s'arrêter pour s'allumer une cigarette et qu'elle en offrirait une à Joe.

À chaque pas, les arbres plus gros et plus grands prenaient de plus en plus d'espace. Aucune clairière en vue, Bob leur rappelant que la prochaine était le campement.

Mario remarqua une baisse dans le moral du groupe et que ça ne préoccupait pas Bob, tout à sa seule idée: arriver le plus tôt possible et s'installer. Le second ne critiquait jamais mais savait observer les attitudes chez chacun. Il vit l'épuisement chez Rock qui, pour rien au monde, ne le dirait.

- Une pancarte. Regardez, il y a une pancarte accrochée au gros pin, dit Caro.



En effet, s'avançant et malgré une clarté faiblissante, ils virent une pancarte plantée d'un long clou à ce pin gigantesque. Comment un panneau put-il avoir été installé dans cet endroit perdu où la boussole la plus sophistiquée et des cartes topographiques des plus précises s'avèrent essentielles pour s'y rendre, comment pouvait-il se retrouver ici?

Plus près, ils remarquèrent que sur ce panneau, rien n'y était inscrit, mais se retrouvait un dessin. Le plus étrange: il était recouvert de sang de sorte qu'il fut impossible de distinguer quoi que ce fût. Du sang coagulé. Depuis combien de temps?

- Te souviens-tu, Joe, de ce que monsieur McCrimmon disait dans le camion? demanda Rock.
- Y disa qu'un voyage de bois c'était 24 bières, me sembe.
- Non, à propos du parc national?
- Cé le boutte que je dorma.
- Ça commence à devenir étrange, dit Caro tout en s'avançant près de son frère, lui demandant dans quel bateau ils se retrouvaient.
- Dans un camp sauvage, Caro. Ce n'est pas un bruit de chevreuil et un vieux panneau rouillé qui nous arrêteront ou nous feront imaginer des affaires pas d'allure. La fatigue nous rend plus vulnérables. Accélérons et vite installons-nous. Le souper puis une bonne nuit de sommeil nous seront tous d'un bien énorme.

Bob venait de prendre sa voix autoritaire. Il ne souhaitait pas que l'imagination prit le dessus sur le projet. Il ne reculerait pas d'un centimètre, et cela pour rien au monde; les autres le saisirent autant dans l'anxiété de Caro que dans la réponse du chef.

Rock posa le repère sous le panneau rouillé et devant les yeux des membres de la gang qui le voyaient plus ensanglanté qu'autre chose. Les sacs à dos grimpèrent aux épaules de chacun alors que les premières gouttes de pluie tombaient. Un éclair traversa le ciel, gris comme du vieil asphalte.

Les Six + un, dos courbé, franchirent une ou deux clairières qui auraient très bien pu faire un excellent campement, mais pour Bob, ce n'était pas l'endroit choisi. Lorsqu'ils virent cette nouvelle clairière, bordée d'un ruisseau, ça y était. Le voici ce lieu du premier campement. Ils notèrent quelques petites buttes mais surtout des arbres tellement hauts qu'ils traversaient les nuages gris. Du «sapinage», des fougères de même que plusieurs bosquets remplis de fleurs multicolores: tel était l'environnement où, selon les ordres de Bob, ils érigèrent les deux tentes, et l'abri.

Rock, Annie et Joe éloignèrent les tentes du ruisseau, dos au nord-est et exposés au vent dominant. Personne ne s'amusa à critiquer les indications d'un scout mais tout cela leur paraissait des détails beaucoup moins importants que de s'asseoir et... manger.

Mario s'occupa à ramasser le bois, l'apportant à l'endroit dégagé que Bob avait désigné pour le feu de cuisson et plus tard, si le temps allait le permettre, le feu de camp.

Bob tint à être avec Caro pour préparer le souper: des hot dogs, deuxième édition. Il voulut surtout la rassurer, la sentait fragile suite aux événements survenus durant le trajet depuis l'épisode de l'étang, mais craignant surtout que son attitude ait une influence négative sur les autres. Doucement, il lui parla, la tranquillisa en lui répétant que tout avait été prévu, que rien de surnaturel ne pouvait se produire. De toute façon, nous étions plus sensibles aux histoires à dormir debout lorsque fatigués.

Caro, écoutant son frère, voulait bien le croire mais ne put chasser ces sombres craquements et le panneau ensanglanté, qu'elle avait bel et bien entendu et vu. Elle se dit, portant son esprit ailleurs, qu'elle réussirait bien à relaxer.


19 heures 30: les tentes étaient placées bout à bout; le feu pour le souper laissait monter une douce fumée; la provision de bois, suffisante. Les Six + un mangeaient, profitant d'un repos bien mérité et du crépitement du feu que les quelques gouttes de pluie ne dérangeaient pas du tout.


Chapitre 31


La pluie venait de cesser mais le temps demeura lourd. Des éclairs de chaleur flashèrent dans les nuages donnant à ce coin de forêt des allures macabres. C'était noir maintenant. La gang, au repos, récupérait d'une journée plus agitée que ne le prévoyaient les plans. Bob n'avait prévu que le feu de camp pour 21 heures, souhaitant que la pluie ne nuise pas.

- On entendra péter une mouche, dit Joe à personne en particulier.

Au creux de la clairière, dans cette forêt qu'ils apprendraient à découvrir, régnait un silence d'une profondeur inouïe. Le bruit de l'eau dans le ruisseau s'éclaboussant sur les rochers parvenait à peine à briser le calme et la paix. La gang semblait avoir été déposée au centre d'une absence totale de bruit.

Caro en profita pour récupérer son journal personnel et y écrire dans le détail, comme elle le faisait depuis si longtemps, le minute par minute de la journée. S'il nous était possible de lire, certainement que tous les frissons qui lui parcoururent l'échine furent jetés sur le papier, de l'auto-stop à l'étang sans oublier les craquements et le panneau. Au fond d'elle-même, l'idée de son frère lui apparaissait bien différente de l'image qu'elle s'en faisait alors que les Six en discutaient dans le parc de Rodon Pond.

Rock, étendu dans sa tente, profitait de ce moment de répit pour digérer sa crise d'asthme se disant que pour la première fois de sa vie, il venait de passer à travers, sans l'aide de sa mère. Était-ce normal? Ou tout simplement s'agissait-il d'une crise mineure, qu'il ne fallait pas s'énerver avec cela? Il se rémémorait le voyage en camion, avec Joe. Deux jours après avoir quitté la maison, voilà bien des événements... à vivre seul. Serait-ce un nouveau départ?

- Joe, veux-tu cigarette? Annie sortait de la tente des Poulin en tenue de soirée pour jeune fille qui sort en forêt.
- T'as toujours le mot qui faut pour t'faire aimer, répondit Joe.
- Es-tu sincère quand tu dis cela?
- Non, coupa-t-il sèchement.

Raccoon vint rejoindre son maître, sa mère ou son frère... on ne le sait toujours pas... et l'histoire avance...

- Tu sais, Joe, je trouve cela pénible de voir que tu t'occupes plus d'un animal que de moi.
- Es-tu sure de ne pas parde ton temps?
- Quand on aime on peut perdre du temps.
- J'sais pas moé cé quoi aimer, impatient devant le style de conversation que voulait imposer Annie. Elle ne voulait pas lâcher, tentant un grand coup vers celui qui remplissait sa vie.
- Je serais capable de te montrer, tu sais.
- L'amour, cé des affaires que je cré pas. J'pense que ça exisse que din vues ou les belles familles chromées.
- Comme la mienne?
- Cé pas ça que j'veux dire.
- Mais c'est ça que tu dis.
- J'trouve ça trop compliqué, les filles.
- Pourquoi? Annie sentait qu'elle venait de faire une percée et n'allait pas lâcher le morceau.
- Passe que...
- Pourquoi t'es capable d'aimer Raccoon, et pas moi? Annie le dévisagea avec dans les yeux toute la sincérité possible..
- Pis toé, pouquoi té sérieuse d'même tout d'un coup?
- Parce que c'est sérieux l'amour.

Joe se projeta sur Raccoon qui se glissait dans un bosquet tout près des tentes. Il l'appela. Le raton laveur ne bougeait plus. Joe le rattrapa et s'enfonça dans le bois avec la moitié de sa vie.
- Tout le temps, il se sauvera, se dit Annie en lançant son mégot de cigarette dans le ruisseau.

Mario se dirigea vers Bob, encore, toujours et continuellement plongé dans ses cartes. Mais là, c'était un cahier de bord dans lequel il consignait toutes les étapes du camp sauvage qui l'occupait. Un peu comme Caro mais ici il s'agissait de points techniques, d'informations, de notes qui se retrouveraient dans son livre personnel. Son cahier de chef.

- Toute une journée!
- Mario, en camp sauvage on ne sait jamais ce qui peut survenir. Il pourrait nous arriver encore des affaires sur lesquelles nous n'aurons pas de contrôle. Voilà pourquoi il est important de s'en tenir à l'itinéraire prévu et se fier à la boussole et aux cartes. Plus difficile de se tromper ainsi.
- Il y a aussi les autres. Comment ils vivent ça. Faut pas oublier.
- Tout le monde était d'accord, il me semble, répondit Bob, cherchant à comprendre ce que Mario insinuait.
- T'as raison. Là on est dans le bain, dans le vrai et on a beau avoir pensé à tout, certaines choses ne peuvent se prévoir.
- Tu le sais, Mario, que rien n'a été laissé au dépourvu.
- Le craquement? Le panneau?
- C'est juste des effets de l'imagination. Tu verras qu'après une bonne nuit de sommeil, tout se replacera.
- Je le souhaite mais c'est peut-être important de penser que tout ça énerve Caro.
- O.K. You're reason. I don't forget that.
- Pour que je comprenne rien! J'espère que toi, tu te comprends, et que tu continues à savoir ce qui va arriver.
- No problem! Man.

Mario se dirigea vers l'installation du feu de camp qu'il avait montée avec Bob avant le souper. Le lieu servira également de point de rassemblement, de rencontre et de réunion durant le temps du premier campement. Il examina et tout lui parut en parfait état. Jetant un regard vers le ciel, pour ce qu'il put voir, cela le rassura, les nuages ne verseront aucune larme d'ici quelques heures, du moins, le souhaitait-il, le temps du feu de camp.

- Venez voir, vite, venez voir, cria Annie penchée près du ruisseau dans lequel la pleine lune s'étant fait un chemin entre les nuages, se reflétait dans une grosse boule de couleur rouge.




Les membres de la gang accoururent et remarquèrent l'étrangeté de la lune et surtout l'eau du ruisseau venant de changer de couleur. Un silence passa, enveloppant le silence qui suivit les cris d'Annie. Quelques secondes après, la lune se drapa derrière les nuages disparaissant du ruisseau. Bob qui avait apporté une lampe de poche balayait de son faisceau de lumière la surface du ruisseau. Rien d'anormal. L'eau n'avait plus cette couleur rouge d'il y avait queleus secondes et continuait son refrain coutumier.

- J'aime autant ne rien dire, sinon... Et Caro retourna à la tente.
- C'est l'heure du feu de camp, annonça Bob pour alléger l'atmosphère.
- J'ai une superbe de légende à raconter, enchaîna Mario demandant à Rock de se préparer à allumer le triangle de bois devant sûrement mesurer un mètre.
- Si c'est pour nous faire peur, continua Annie, tu peux bien de taire avec ta légende.
- Attends Annie, cé p't'être la légende de Jimmy, dit Joe en ramassant Raccoon.

Toute la gang s'installa autour du feu que venait de faire jaillir un Rock fier de lui. Ils formèrent un cercle au-dessus duquel des milliers de flammèches prirent le chemin du ciel. La chaleur les obligea à reculer un peu.

Bob s'assit à côté de Caro qui s'était installée dans son sac de couchage, bien emmitoufflée. Rock, debout avec son grand bâton, se tenait prêt à brasser les cendres et ajouter quelques bûches quand cela sera nécessaire. Joe accpeta une cigarette d'Annie, plaça Raccoon entre elle et lui. Le raton laveur avait les yeux bien fixés sur les flammes, comme hypnotisé.


Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

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