lundi 22 décembre 2008

Saut: 251



À quelques jours de Noël, le crapaud vous présente ses étrennes. Vous vous en doutez, il s'agit un poème. Non, pas celui sur le temps... faut lui laisser le temps.

À ceux qui me demandent si je vais déposer un conte de Noël sur le blogue - les plus anciens lecteurs se rappelleront celui du 23 décembre 2005, le seul d'ailleurs - le crapaud répond que non, malheureusement non. Pourquoi malheureusement? Cette semaine, au cours d'une marche quotidienne dans les grands froids montréalais, les trottoirs glacés et glissants, une idée m'est venue. Cette idée aurait très bien pu devenir un conte. Mais, va savoir pourquoi! , ça ne s'est pas concrétisé. Je crois être trop pris actuellement avec mes histoires de temps...

Je repars dans quelques minutes, marcher, alors je promets que si cette veine d'idée revient me hanter, j'irai plus loin et peut-être en ferai un conte du jour de l'an...

Voici ce poème, il sera le dernier à paraître sur le blogue en 2008 et porte le titre suivant:
un astronaute, des corbeaux... au loin


Suivra la petite chronique, mais je vous en parle après ce poème. Bonne lecture!



un astronaute, des corbeaux… au loin

un astronaute marche dans la ruelle
il parle tout seul
dans sa main asséchée, une bouteille d’eau de l’au-delà,
il bat la mesure militaire,
un pas appelant l’autre


au loin… deux corbeaux le suivent


l’apesanteur pèse lourd aux talons astronautes
se colle au bitume automnal
comme de la glue martienne
du sable rouge accroché à sa ceinture scaphandre
il aspire les trous de l’univers comme des aimants dépolarisés


au loin… deux corbeaux le poursuivent


au bruit qui taraude une clôture, sursaute l’astronaute,
de muettes comètes s’y pendent, accrochées à l’envers,
radieuses de promesses aériennes
elles charrient des vents stellaires étourdissants
alors que s’enfuient deux oiseaux d’acétylène


de loin… deux corbeaux lui survivent


un télescope inversé dans son bagage inutile
tintinnabule aux talons de l’astronaute
au fond de la ruelle hébétée, il fixe des yeux
ces hordes désaccordées de corbeaux accumulés
qui embrouillent son chemin, azimut perdu


deux corbeaux, pierres de lune, s’immobilisent
deux corbeaux solaires s’éclipsent de la bande…

et de loin… s’approchent de l’astronaute



Je vous parlais, au saut 250, d'une nouveauté. Au fil de mes lectures, certains mots se sont accroché à mes yeux, à mes oreilles. Soit que leur sens m'était tout à fait inconnu ou encore leur sonorité, leur architecture m'amenaient à des images aussi inattendues que saugrenues. J'en ai fait un cachier. Je dirais, un florilège. Dans ce cahier (noir à rebords rigides) ils sont en désordre comme ils me sont arrivés. Ici, je les ai «ordre-alphabéthisés». Voici un A et un B.

Oh! oui. Je souhaitais nommer cette chronique le «mot-dit». En lisant le poète français André Frénaud, j'y ai découvert ce petit vers tout simplement génial et fort approprié à cette entreprise: «un carnet d'ivoire avec des mots pâles».


Alors les «mots-dits» iront échouer dans ce carnet d'ivoire...

(A)

A B S C O N S (adjectif)

. difficile à comprendre
- (abstrus)

(B)

B A G U E N A U D E R (verbe intransitif)

. s’amuser à des choses vaines et frivoles (comme les enfants qui font éclater des baguenaudes : petites gousses remplies d’air qui éclatent avec bruit lorsqu’on les pressent);
- muser

. baguenauder ou se baguenauder : se promener en flânant.
- se balader; flâner; musarder; se promener.


Joyeux Noël et au prochain saut

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