Les deux poèmes de ce matin se situent à une telle distance l'un de l'autre, qu'ils aient été écrits presqu'au même moment cela tient de l'incroyable.
Le premier (Hubble) est la suite d'un poème inachevé qui traite de l'homme, en fait des morceaux d'homme. Il se situe aux confins de l'espace, là où le temps prend son temps, où la distance semble devoir se calculer à partir d'éléments qui nous sont inconnus... alors que le second (les cendres) - poème triste - se déroule tout près et très loin sur la mer.
Si on voulait qu'ils se télescopent, se rejoignent, c'est par la musique peut-être, celle des B, celle qui devient l'ombre d'une main tendue, on retrouverait alors... un homme morcelé, éclaté et en cendres...
Les voici:
Hubble
Hubble est sa demeure
à demeure
catapulté
devenu martien sur un sable rouge et glacé,
ses longs yeux planétaires dessinent des soleils noirs et frisés
enfermé par la Nasa dans des bouteilles de granit
expédié par courriels sur des galaxies consentantes
il verse en catimini les arrhes
afin de visiter des télescopes nains
rêvant de planètes enceintes
Hubble est son habitacle
habitable à mille degrés en dessous de zéro
il l’avait demandé, puis exigé et enfin supplié
debout face à la porte des étoiles éteintes
qui s’ouvrit sur un laissez-passer, aller seulement
avec promesse de retour dans un milliard d’années
le jour où la lumière rapportera des morceaux de l’homme galactique
Hubble perdu entre les feuilles commentées par CNN
englouti dans le sable de la planète Mars
étouffé par la poussière des eaux asséchées
vomit au bout de son bras
un homme
à la recherche de soi
un homme
assourdi de silence
un homme seul
et cruellement morcelé
habitable à mille degrés en dessous de zéro
il l’avait demandé, puis exigé et enfin supplié
debout face à la porte des étoiles éteintes
qui s’ouvrit sur un laissez-passer, aller seulement
avec promesse de retour dans un milliard d’années
le jour où la lumière rapportera des morceaux de l’homme galactique
Hubble perdu entre les feuilles commentées par CNN
englouti dans le sable de la planète Mars
étouffé par la poussière des eaux asséchées
vomit au bout de son bras
un homme
à la recherche de soi
un homme
assourdi de silence
un homme seul
et cruellement morcelé
les cendres
cendres à la mer jetées
par elle avalées
celles qui avaient broyé
ta souffrance esseulée
les crabes boitent sur une musique de Bach
cendres enfermées au sablier
tapissent le grand hunier
à l’horizon près du voilier
courant s’évader
les oiseaux de mer planent sur un quatuor de Bartok
cendres aux poussières emmêlées
au fond de l’océan s’en sont allées
aux coraux, enroulées
comme un serpent d’océan égaré
les grands poissons jazzent sur un air de Berlioz
cendres asséchées
se balançant au cœur des marées
le ressac les a bousculées
puis sur la grève jetées
les coquillages vides transportent des échos de Borodin
cendres piétinées
par des marcheurs égarés
jamais ne se sont arrêtés
au matin ensoleillé
les vagues blanches lèchent une symphonie de Brahms
les cendres jetées
resteront enterrées
ainsi que de Bruckner, l’inachevée,
sur une île désertée…
Au prochain saut
par elle avalées
celles qui avaient broyé
ta souffrance esseulée
les crabes boitent sur une musique de Bach
cendres enfermées au sablier
tapissent le grand hunier
à l’horizon près du voilier
courant s’évader
les oiseaux de mer planent sur un quatuor de Bartok
cendres aux poussières emmêlées
au fond de l’océan s’en sont allées
aux coraux, enroulées
comme un serpent d’océan égaré
les grands poissons jazzent sur un air de Berlioz
cendres asséchées
se balançant au cœur des marées
le ressac les a bousculées
puis sur la grève jetées
les coquillages vides transportent des échos de Borodin
cendres piétinées
par des marcheurs égarés
jamais ne se sont arrêtés
au matin ensoleillé
les vagues blanches lèchent une symphonie de Brahms
les cendres jetées
resteront enterrées
ainsi que de Bruckner, l’inachevée,
sur une île désertée…
Au prochain saut