vendredi 15 mars 2019

16 mars 2016 - 16 mars 2019


Trois ans depuis le décès de frérot Jacques.




Un psychologue américain désireux de bien expliquer à une de ses clientes les raisons pour lesquelles le deuil, même après des années, occasionne toujours de la souffrance, lui dessina une boîte dans laquelle il avait tracé deux choses: un bouton-poussoir et un ballon. Puis, d’autres images dans lesquelles on voit la boîte demeurer identique en terme de dimension, alors que le ballon, lui, tout doucement se dégonfle. Le bouton reste exactement au même endroit. Devant sa cliente pantoise et perplexe, il lui expliqua le sens de ses grabouillis.

Lorsque apparaît une souffrance, c’est comme si un ballon pris dans une boîte y prenait toute la place. Il lui est impossible de ne pas se frotter au bouton-poussoir, ce qui déclenche un mal-être, un sentiment général de malaise. Puis, avec le temps, alors que le ballon rapetisse, la pression sur l’interrupteur ne se produit qu’occasionnellement.

Le psychologue lui précisa que le ballon prisonnier de la boîte ne réussira pas à s’en échapper, ce qui explique qu’une souffrance puisse rejaillir sans crier gare alors qu’une image, un souvenir, une date ou un événement le dirigent vers le bouton-poussoir.

Cette explication me semble tout à fait plausible et le modèle développé par ce psychologue, en plus de bien répondre au phénomène du deuil, peut s’appliquer à tout traumatisme.




Trois ans suite au décès de frérot Jacques, je sens que le ballon enfermé dans sa boîte se dégonfle, mais, occasionnellementil atteint l’interupteur ramenant à la surface une espèce de manque, me faisant encore souffrir . Je sais pertinemment que cette souffrance ne me quittera jamais et, sans aucun masochisme de ma part, je suis ouvert à l’assumer.



On peut souffrir de bien des manières, dans son corps ou son esprit. Moi, ça se situe dans l’âme. Perdre un frère s’avère fichûment plus difficile que j’aurais pu l’imaginer. C’est une partie de soi qui s’est envolée. Voilà certainement la raison pour laquelle tous les jours, devant cette photo encadrée par Pierre et Claire, je fais brûler des bâtonnets d’encens avant d’aller jaser un peu avec lui qui vit à travers le bougainvillier trônant sur mon balcon.


 Frérot Jacques, je t’aime.

                                                       



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