Il est, parfois, des poèmes qui semblent prêts à prendre leur envol mais vous laissent une petite trace d'incertitude, un doute, comme s'ils souhaitaient dire: «Je pars sans être tout à fait assuré de posséder tout ce qu'il faut.»
Celui-ci est de cette nature.
Les images sont exactement ce que je voulais qu'elles soient.
Toutefois... quelque chose me dit que je devrai le retravailler.
Le voici tel qu'il me semble être en mesure d'être lu.
désert,
la chaise
une femme assise
désert,
aux premières loges
tout
à côté d’un cactus
comme
une scène assiégée
repose
la chaise
qu’un
mirage embue de vent
sable et sang confondus
ruissellent des dunes
une
femme assise sur la chaise
cherche
de ses mains corrodées
un
équilibre précaire et instable
ses
yeux, écueils inopinés
sont
des chardons brûlants
désert, un amphithéâtre
sans auditoire
le
scénario, continûment le même
encore
mille et une fois rejoué
notes
et mots fugaces entre jour et nuit
intrigue
de sable et de sang
que
la femme assise serine à de faux scorpions
comme chant de
désert, de mer, de silence
la
chaise de la femme assise s’enfonce
elle
qui réinvente l’exacte attitude
permettant
aux mots qui grincent
au
sortir de sa bouche gercée
de
dire la bible du silence
captive
de la chaise, la femme du désert
enchaînée
au déséquilibre
répète
les mots
de
sang et de sable
de
vent perdu dans la dune
mère
bréhaigne fille outragée
depuis
des siècles et encore
vomissent
une inachevable écholalie
Au prochain saut