Il n'y a que la politique dans la vie d'un blogue! Pour meubler l'insoutenable attente des débats, voici ce poème dont l'influence vietnamienne est palpable.
un fil blanc
une femme qui pleure
un fil blanc, long comme un boulevard illuminé, lézarde les yeux
de la femme qui pleure dans son invariable silence de statue de pierre
non, ce n’est pas dans les yeux de la femme qui pleure qu’on aperçoit
le mieux ce fil blanc, mais plutôt à son doigt, tout au bout de son doigt
qu’il allonge finement comme s’il cherchait quelque chose à capter au loin
il ne fouille pas le lointain ce fil blanc qui semble allonger le doigt
de la femme qui pleure, non, il n’a rien de l’appendice, du sémaphore
ce fil blanc qui pernicieusement s’enroule à son poignet, le gauche,
l’enserre comme un bijou, une guipure que le soleil se plait à noircir
la cicatrice à son poignet gauche, rien à voir avec un bracelet de fil blanc
celle que la femme qui pleure cache de sa main droite, une main rouge
comme le sable auquel on aurait mêlé du sang ou plutôt, en fixant bien,
c’est une longue carte toute de veines bleuie qu’elle tend devant elle
qui parle à sa place, qui demande à être lue entre ses lignes blanches
la femme qui pleure, au poignet gauche n’a pas de cicatrice, plutôt
des stigmates recousues au fil blanc, à vif alors qu’elle ne pleurait pas
à ses chevilles tordues par une douleur sauvage, des chaînes en fil blanc
s’amusent à la harceler… les yeux vers les nuages, elle apprendra à pleurer
elle n’a pas de chaînes en fil blanc torsadées à ses pieds, plutôt une longe
retenant son corps en pleurs, clone du gris des trottoirs, du noir des rues
devenue gouttes humides, s’évaporant aussitôt écrasées sur le bitume sec
la femme qui pleure a ligoté ses rêves l’un à l’autre avec un fil blanc
le temps que les larmes nettoient le vide qui peuple son âme désespérée
À la prochaine