mardi 26 mars 2019

5 (CINQ) (CENT-CINQUANTE-SEPT) 57






Suite aux attentats du 11 septembre 2001, il semble que le monde occidental ait basculé en même temps que s’effondraient les tours du WTC à New York. S’en suivirent les guerres de représailles contre l’Irak, la poursuite de Omar Ben Laden, la radicalisation des rapports avec les communautés autres que les nôtres, principalement sur le terrain des religions, le tout accompagné d’un règne de terreur quasi institutionalisé.

Rapidement, nous  Occidentaux qui avions cru que le monde ne pouvait s'imaginer autrement qu'être une duplication de nos façons de vivre, fûmes interpellés par d’autres absolus souvent incompréhensibles du point de vue de nos références culturelles, de nos croyances. Nous découvrions qu’un autre paradigme alimentait le quotidien de millions de gens vivant sur la planète Terre.

Suspendu au-dessus de cela, le concept de mondialisation que nous définissions comme étant un objectif strictement économique, même s’il devait élargir les frontières géographiques sans en altérer les structures politiques et culturelles. Force est de constater que le monde devient un immense centre d’achat dans lequel se retrouvent les produits occidentaux souvent fabriqués à partir des matières premières de pays dits en développement ou du Tiers-Monde; qu’il se dirige vers un nouvel esperanto, l’anglais, porteur d'une supra culture émanant des pays de l’ouest, ceux du nord principalement. Ne reste alors qu’aux millions d’autres individus, que rapidement nous surnommerons les étrangers, le choix entre s’adapter ou disparaître.

Le concept de "barbare" revient dès lors à la mode tout comme celui du colonialisme qui lui est subtilement imbriqué, selon certains analystes sceptiques face à la montée de ce néo-libéralisme. Il y aurait donc, selon cette nouvelle vision du monde, les NOUS et les AUTRES, les BONS et les MÉCHANTS. Les médias occidentaux à la remorque des grands conglomérats et de multinationales affamées de pouvoir et d’argent,  auraient pour tâche de démontrer le bien-fondé de ce nouvel ordre mondial alors que, inexorablement, la poussière retombait dans les rues de la ville synonyme de modernisme, de toutes les avancées humaines.

Ils profitèrent de l’extraordinaire rapidité, de l’instantanéité de l’information et du peu d'enclin des gens honnêtes à approfondir la portée de concepts abstraits enrubannés dans une langue obsconse, pour illustrer que cette méthode far west d’envisager et tenter de comprendre que ce qui s’ensuivrait ne pourra que leur être salutaire.

Sauf que des tours intouchables devenues des legos s’écrasant au sol... des avions les percutant, à leur commande des "étrangers", des kamikazes ne craignant pas de sacrifier leurs vies pour une cause qu'encore nous ne pouvions en saisir les ténébreuses raisons, surgie de nulle part... des milliers de morts presque sous nos yeux horrifiés, tout cela un matin de septembre ensoleillé et devant être aussi tranquille que la routine... Tout allait maintenant changer, devoir s’analyser à partir du filet de la terreur étendu par des incultes sur ceux qui, confortablement installés dans leurs habitudes de consommation rapide, chercheraient à comprendre ce qui arrive, s’interrogeant sur la forme et le fond de tout cela.

Maintenant, certains AUTRES brandissent un nouvel étendard, celui de la religion entre autres, ce refuge pour les âmes insécures. Le réflexe naturel devient celui de déployer le nôtre. Ces divergences de perception théologique illustrent, accentuent et différencient tout à la fois le sens que chacune des religions fournit aux interrogations intrinsèques des hommes: la vie, la mort, la bonté, le pourquoi être, le lieu que nous habitons et celui que nous habiterons une fois le voyage terrestre achevé.

André Malraux écrivait, “Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas.” En fait, il a plutôt dit - “ C’est très rare qu’une civilisation ne se fonde pas sur des valeurs spirituelles.” Le qualificatif qu’il utilise n’a aucune connotation avec religieux ou mythique, il réfère plutôt à ce qu’il a découvert au Japon et en Chine lors de ses voyages - devenus à la fin, des pélerinages - la quête de sens.

Tant et aussi longtemps que nous n’accepterons pas l’idée que la raison d’être de la religion, institution créée par les hommes, se situe à des lieux et des lieux de celui, celle ou ceux qui l’ont inspirée, les guerres saintes, les croisades, lejihad ou tout autre ne pourront cesser. Une institution humaine, parce qu'imparfaite, serait donc perfectible. Il faut voir dans les multiples traductions et interprétations des livres religeux, une volonté de clarification du message, ce qui peut aussi entraîner dans son sillon, des altérations, des exagérations, et à la limite des perversions des textes originaux. De là, certains intégrismes* s'avèrent quasi inévitables.

* Doctrine qui consiste à adopter une attitude de conservatisme intransigeant dans une religion, un parti, un mouvement.


 La politique n’en fut pas exempte. Ce très vieux mot, peut-on encore l’utiliser pour définir sa pratique actuelle ? Ce qui est en lien avec les affaires d’un état et son administration. Pour nous, Occidentaux, il réfère à la démocratie, pour d’autres dans le monde, au vivre-ensemble ou encore à l’utilisation du pouvoir collectif afin de réprimer les trop puissants. Un certain dénomimateur commun s’insinue et semble faire l’unanimité partout: politique = corruption, ce mélange infect d’égoïsme et d’orgueil qui pousse certains individus à s’accaparer des parts de nos acquis à des fins personnelles. Cela semble être quasi universel.

Ces considérations que je pose en prémisses à ce que je souhaite dire, éclatent en l’année 2001, mais tout concourt à penser que ces événements  furent latents et que leur arrivée, sans être annoncée, devait se réaliser. 20 ans ne suffisent pas afin de permettre de les considérer assez solides, assez ancrés pour qu’on les utiliser comme modèle aux années à venir. Beaucoup de divergences se soulèvent
ici et là. L’état de la planète nous oblige à revoir certains fondements même de l’économie mondiale, de grands mouvements de protestation réunissent des gens que rien ne pouvait rassembler auparavant, des institutions jusqu’ici intouchables, à l'abri de tout soupçon se voient éclaboussées par des scandales, de multiples pratiques prônant le "small is beautiful" d’Ernst Friedrich Schumaker (1973), le retour à certaines pratiques de vie plus saine et plus globale, des politiciens moins "politicailleurs" et plus idéalistes prennent la parole et sa portée se fait plus universelle qu'indigène. 

En colloraire, des mouvements extrémistes, identitaires, chauvins et imbus de faux nationalisme voient le jour, des climatosceptiques mettent en doute l’existence d’un phénomène pourtant évident, celui que nous courons inévitablement à notre perte si rien ne change, un certain pessimisme gagne du terrain. Je ne prétends pas que cette manière de saisir le présent, et un peu l’avenir, soit la bonne, sauf qu’elles m’apparaissent déterminantes et intéressantes à regarder de près.

La mondialisation* aurait donc ouvert les portes de certains ailleurs que plusieurs d’entre nous ne connaissions que par les livres de géographie ou d’histoire. Toute idée, aussi nouvelle que révolutionnaire soit-elle, traîne dans son sillon ce que j’appellerai des "génériques". Souvent associé à des médicaments, ce mot porte d’autres sens. Qu’est-ce qu’un mot générique ? Celui qui désigne une catégorie de notions, d’objets. Exemple: peur est le terme générique pour la crainte, la frayeur, l’angoisse, l’anxiété, la panique... Qu’est-ce qu’un verbe générique ? Un mot au sens suffisamment général pour englober une classe naturelle d’objets dont chacun, pris séparément, reçoit une dénomination spécifique. Aristote lui donnait la valeur de "genre".


* Le terme de mondialisation qu’en anglais on traduit par globalisation correspond à la libre circulation des marchandises, des capitaux, des services, des personnes, des techniques et de l’information. Selon Olivier Dollfus “ c’est l’échange généralisé entre les différentes parties de la planète, l’espace mondial étant alors l’espace de transaction de l’humanité.”


Serait-il exact de dire que l’économie devenue économie de marché s’étend à l’infini sans obligatoirement tenir compte des caractéristiques intinsèques des endroits, des lieux qu’elle infiltre ?

Que la politique ne se définit plus à partir du mot démocratie, alors que nous savons qu’il existe plein de régimes dictatoriaux, que le communisme et le socialisme s’éloignent sensiblement de leur sens initial. La Chine, la Russie, pour ne citer que ces deux pays, ont revu la doctrine de Marx et de Lénine  lui donnant une saveur disons plus moderne, mieux adaptée à notre siècle ?

Qu’une certaine culture cherche à régner en maîtresse absolue et monolithique, choquant du même coup  diverses perceptions du monde ?

Que NOUS, cela définit les "de souche" et que les AUTRES, les étrangers, qu’ils demeurent dans leur pays ou cherchent par leur migration volontaire ou involontaire à s’installer ailleurs, voire chez nous ?

Que la Terre soit une planète que l’on cherche à sauver d’une main puis à détruire de l’autre. ?

Que la religion profère un credo évacuant la communion avec l’autre ?

Que la guerre demeure bien ancrée chez l’individu, tout comme dans la collectivité, comme étant une stratégie basée sur la croyance que l’offensive demeure toujours la meilleure défensive, que l’autre est fondamentalement un ennemi en devenir et que l’abattre est question de survie ?

Notre conception du monde aurait donc été secouée en septembre 2001. Voir s’effondrer le symbole même du capitalisme à outrance fut comme si un miroir enfumé et déformant affichait une réalité bousculée...

On verra pour la suite.

Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

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