vendredi 6 janvier 2006

Le soixante-septième saut de crapaud

La vie est belle. On ne le dira jamais assez. Et ce matin, grand-père fait voguer ses pensées, parmi les plus douces et les mieux senties vers sa grande amie, Claudette, dont c’est l’anniversaire. Elle n’aime pas qu’on le lui rappelle. Cela rend les pensées plus charmantes. Surtout quand elles proviennent en ligne directe du cœur.

Aimer quelqu’un c’est facile. Aimer quelqu’un que l’on aime exige de la raison qu’elle se taise laissant toute la place à ce qu’il y a de plus pur et de plus vrai dans les relations humaines : l’unicité. Voilà pourquoi notre grand-père aime cette femme qui sait, de jour en jour un peu plus, devenir et rester unique pour lui.

Il n’y a pas, sur terre, deux êtres identiques. Rechercher puis trouver avec toute l’authenticité possible chez quelqu’un ce qui la rend unique à nos yeux, essentielle tout à la fois, c’est regarder à travers ce qu’elle fait, ce qu’elle est, ce qui nous rend meilleur à nos yeux et aux siens.

L’amie Claudette, celle que des vents violents assaillent, celle qui ouvre les yeux sur le monde avec une telle volonté d’apprendre, de s’apprendre, procure à notre grand-père de bien chaleureuses émotions. Il n’est jamais facile, encore moins lorsque les autres semblent nous dire que c’est plus facile qu’on le pense, de découvrir au fin fond de soi des souffrances, des peurs et des anxiétés enfouis depuis si longtemps, de les regarder en face, les affronter non plus comme des ennemis mais des messages à décrypter, des appels à soi.

Comme il admire son courage et sa franchise! Le courage de marcher entre des obstacles qu’elle doit débusquer, la franchise d’accepter avec force et parfois faiblesse de vieilles blessures que le temps a déposées en elle et que maintenant, tête haute et fière, elle affronte, résolument orientée vers le bonheur.

C’est ce qu’elle est, une escaladeuse de bonheur. Longtemps, trop dirait-elle, elle a cherché dans les actions entreprises le bonheur des autres, le bien-être des autres. C’est au sien maintenant qu’elle s’attèle avec tout l’acharnement d’une femme qui s’oxygène au soleil et à la lumière.

Notre grand-père aime cette femme dont la fidélité ne connaît ni frontières ni limites. De la fidélité à l’état pur. Du diamant. Envers les siens, proches, les siens en allés aussi, mais dont les voix résonnent toujours dans son cœur grand de la grandeur des géants.

Il le disait, ailleurs dans ses écrits, notre grand-père, que les géants ne sont pas nécessairement hauts, forts ou affublés des tous les épithètes que l’on colle habituellement aux êtres hors du commun. Un géant, c’est la qualité que l’on attribue à ceux que l’on aime.


Et Claudette est une géante pour lui. La tête si proche du cœur. Le cœur à la main. Et la main ouverte. Comme l’oiseau assuré de son nid prend son envol, déploie timidement puis majestueusement de fortes ailes colorées, dessinant dans le ciel les traces uniques de son passage.

À cette Claudette, grand-père souhaite une journée d’anniversaire toute en beauté auprès des êtres qu’elle chérit, qui l’aiment. Également, de poursuivre, les yeux hauts vers le sommet de la montagne à gravir, avec l’assurance que le pas franchi pousse sur celui qui suivra.

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