jeudi 6 mars 2025

나는 한국어를 할 줄 몰라요

 나는 한국어를 몰라요


Je ne parle pas coréen                                   Cela peut sans doute vous surprendre
Avec tout ce temps mis à le décrypter  Je n’y arrive toujours pas
Le professeur m’a invité  - Poliment d’ailleurs - À me mettre plutôt au sanskrit
Plus facile m’a-t-il dit    Pour le type de mémoire que j’ai    Unidimensionnelle
Celle qui avance sans réfléchir Puis aussitôt prend un pas de recul
Sans imaginer qu’on puisse   À un certain moment   - Le plus souvent imprévu -
S’arrêter, complètement à l’arrêt             Et se poser cette question bête
Si je parlais, non, si je réussissais             À le parler, ce coréen indéchiffrable
Si je ne commettais aucune erreur          Grammaticale ou vocale
Ce qui est probablement le plus difficile     Autant à maîtriser qu’à prononcer
Si j’y arrivais… j’aurais quoi à dire             Quoi à dire et à qui le dire
On ne parle pas couramment coréen  autour de moi, on parle beau temps
Mauvais temps et aussi, contre les autres     Dans une langue en bois de vipère
Équarrissant voyelles et consonnes                 À grands coups de «tsé veut dire»
Relevée comme du piment coréen 
Laissant en bouche un inintelligible goût gaulois
Parsemé d’une touche à peine perceptible 
De cumin mêlé à de l’ancien arrow-root
Il faudrait, peut-être, un abonnement à la bibliothèque coréenne
Celle que l’on doit bientôt ériger en lieu et place d’un restaurant chinois
Fermé parce qu’on n’y parlait pas français dans les officines officielles
Certains avancèrent même des questions d’insalubrité 
- Chronique, ajoute-t-on -
Mais cela n’a jamais été déchiffré                     Du moins à ma connaissance
Plus approfondie que mon apprentissage de la langue coréenne
Dont je conserve des souvenirs qui ne veulent pas s’évanouir.

나는 한국어를 몰라요             나는 한국어를 몰라요

 

Je ne parle pas coréen                                     Vous le saviez déjà l’ayant lu plus haut
Mais je vous le répète à haute voix comme s’il s’agissait d’un pensum
Dont la pertinence reste encore à démontrer  Comme on démonte un théorème
Apprendre une langue non maternelle                 Bien qu’elle soit quasi universelle
Comporte certains avantages                Mais charrie une kyrielle d’inconvénients
Les deux non équipollents si on les dépose sur une balance à bascule
Ne sont pas reliées au nombre parfois hallucinant de mots accumulés
Au fil des siècles      Ce qui pose l’inévitable question     Celle qui tue
Combien d’idées n’ont pu trouver un canal lexical suffisamment fluide
Pour s’y accrocher                 S’y sentir à l’aise sémantiquement parlant
Puis se retrouver au cimetière des langues mortes           Ad vitam aeternam
Glissant vers des lapsus linguae    Lapsus calami ou scriptae 
Lapsus clavis ou lectionis                 Lapsus memoriae ou auditionis 
Lapsus gestuel  ou manus
Glissades involontaires, inconnues les unes des autres, sans poignée de secours
Dénudées de leur encre de Chine                                              Parfaitement effacées
Souhaitant qu’un quelconque quidam solitaire retrouve  par pur hasard
Dans les rayons poussiéreux d’une bouquinerie en faillite
Un dictionnaire Robert ou Larousse ou Thesaurus ou Harrap ou Cambridge
À l’intérieur duquel certaines pages annotées                     D’autres caviardées
Ravivent surprenamment le goût d’apprendre une langue non maternelle 
Pas le coréen… trop difficile     Babel, peut-être, tour qui  par retour de mémoire
Tourna au chaos, au pêle-mêle confus              Proclamant Haut et Fort
Que la langue   Pour témoigner de son utilité   Doit germiner en amont, à sa source
Là où éclot le langage

나는 한국어를 몰라요     나는 한국어를 몰라요                                    나는 한국어를 몰라요

 
Je ne parle pas coréen…         Vous l’ai-je assez dit    Redit...  Radoté… Ergoté…
À un point tel que je me culpabilise         Non pas à cause du coréen     Trop facile
Plutôt en raison de tout ce que j’aurais pu dire d’intelligent                Ou pas
Une fois maîtrisé l’alphabet Haguel ?  Non    La situation est identique
Quelque soit la langue non maternelle qui s’offre à nous   
Le langage, celui des humains, je le mentionne d’entrée de jeu  
Question de s’entendre    Mais aussi celui des animaux, du cirque    
Certains végétaux aussi communiquent avec leur environnement  
On décèle des sons extraterrestres
L’intelligence artificielle crée du langage semble-t-il                           Fort adapté
Rien n’arrête le progrès                                  Mais… il y a toujours un… mais
Alors qu’on se captive à découvrir diverses représentations langagières
Il existe le silence         Lourd                         
Volontaire, confortablement articulé        Difficile à interpréter      
Comme s’il s’agissait du coréen
Notre valeureux côté binaire positif/négatif en arrache supérieurement
À tenter    Ce qui semble remonter à l’âge des borborygmes et des gargouillis -
D’en interpréter le sens premier ou le sens métaphysique          Freudien, peut-être
Y aurait-il plus à dire sur le silence que sur la parole                    Ment-il mieux ?
Le décortiquer d’abord pour mieux saisir le langage ?   Les deux sans doute
Mais - Il y a toujours un mais -                      Plus profond que le silence  
Plus explicite que le langage filtré par la langue qu’on utilise
Entre les voix extérieure et intérieure        Là où se faufile l’évanescence du temps
S’abrège l’espace tout en se rognant        Cette profonde différence qui s’attable
Devant soi                                                               Pour mieux nous étourdir

 나는 한국어를 몰라요            나는 한국어를 몰라요

나는 한국어를 몰라요             나는 한국어를 몰라요

 

Je ne parle pas coréen… Je ne reviens plus sur cette affirmation fort bien documentée
Un peu, peut-être, sur mon incompréhension totale des mécanismes du langage
Il vient d’où ce besoin de communiquer ? Atavisme  Hérédité   Prédisposition
Et si nos ancêtres avaient été muets         Mieux, sourds et muets  
Ou inaptes à créer ou apprendre une langue tout comme moi le coréen
Qui serions-nous maintenant ?                    Des invertébrés linguistiques
Souffrant, en plus, d’une déficience majeure et cérébrale      Des sans-voix…
Serions-nous par ricochet des êtres violents ?           Un peu plus que maintenant
Des incapables fonctionnels à socialiser avec tous les nous-mêmes voisins
Inaptes à partager nos expériences extravagantes mais combien solitaires
Des réduits à ne plus savoir d’où nous venons               Où nous allons
Armés …     Surarmés de bâtons, de frondes, d’arcs et de flèches, inquiets.
Ne sachant départager dans le regard de nos semblables ou dissemblables
Des intentions amicales ou des velléités agressives       Guerrières     Pacifiques
Serions-nous le contraire de qui nous sommes actuellement ?            Les mêmes ?
Les livres de paléontologie modernes examineraient-ils nos fossiles muets ?
Inventeraient-ils une nouvelle science plus ou moins expérimentale
Afin de cerner les caractéristiques particulières de nos autres sens
Mieux adaptés, plus aiguisés, moins révélateurs d'une entité supposée
Ayant cessé d’évoluer une fois arrivée à la période de lalation ?
Mais la réalité est tout autre             Plus complexe peut-être en raison du langage
Je n’ose l’affirmer, qu’une hypothèse reposant sur ce fondamental
L’humain muni de langage, ce maelstrom incontrôlable, a franchi des siècles
Des millénaires, diversifiant les langues, ces outils indispensables
Pour lui assurer, sans trop le savoir vraiment, ce lien ténu parfois fragile
Entre lui et l’autre et l’autre encore, afin de dire, se dire, recevoir, se recevoir

 

나는 한국어를 몰라요                                                             나는 한국어를 몰라요

나는 한국어를 몰라요                                                             나는 한국어를 몰라요

    나는 한국어를 몰라요


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나는 한국어를   몰라요  signifie «Je ne parle pas coréen»

Si Nathan avait su (22)

                                     - Mademoiselle Thompson, je veux voir deux minutes ? - Madame Abigaelle Thompson est mon nom.   Un cour...