samedi 13 juillet 2013

QUATRE (4) CENT-CINQUANTE (50)



En vrac
Et
Échevelé

Secoué depuis un bon moment par un problème qu’il imagine être unique au monde - la corruption dans le monde politique – le Québec navigue entre le sarcasme et une forme de psychose caractérisée par l’acceptation évidente du vieil adage suivant : «de toute manière, ça toujours été comme ça et ça ne changera pas».

Depuis les révélations faites à la Commission Charbonneau par celui-ci ou celui-là (très peu de femmes ont comparu devant la juge responsable de cette enquête qui prend maintenant des allures de démolition) il semble que toute personne liée de près ou de loin au monde de la politique en général, toute personne associée au monde des firmes de génie-conseil et de la haute construction, tout ce beau monde soit illico étiqueté de suspect de quelque chose de pas correct à quelque part.

On affirme sans aucun sentiment de gêne que la corruption des hommes politiques, de leur entourage et des fonctionnaires est une invention purement québécoise, un peu plus même, une caractéristique de notre société, peut-être une création de chez nous. Entendons-nous bien : croire à cela c’est vraiment vouloir se prendre pour le nombril du monde.

Pour renforcer le psycho-drame, à la corruption on ajoute la collusion, c’est-à-dire pour parler sans langue de bois, que tout ce beau monde en plus de très bien se connaître et se reconnaître dans les 5 à 7, semble s’entendre afin que tout se passe correctement, de manière civilisée, presque par ordre alphabétique.

À écouter ce qui s’est dit et redit, notre bon vieux Québec catholique si détaché des biens de ce monde serait tombé bien bas, plus creux que l’enfer lui-même qui, on le sait depuis la page 34 du «petit catéchisme» à couverture grise, se trouve enfoui très profond dans la terre, tout juste au milieu, en fait.  Alors qu’à l’époque, faire de la politique à quelque niveau que ce soit, c’était répondre à un appel missionnaire, celui de la bonne gestion du bien commun, maintenant c’est posséder le $en$ des affaires. LE CRAPAUD va vous démêler tout cela.

Première question : qu’est-ce que ça prend pour que l’on puisse parler de corruption?

Prenez une minute pour y réfléchir… je vous attends.

J’image que mille et une réponses, spontanément, vous sont venues à l’esprit. Sans doute même que cet avalanche de solutions a-t-elle corrompu votre jugement. Ça nous arrive souvent, dans ce processus éminemment humain que je résumerais ainsi -  vouloir trouver la bonne réponse à la question – de complexifier ou du moins de compliquer ladite question.

Dans la situation qui nous intéresse aujourd’hui et nous préoccupe depuis quelques mois, à savoir la corruption du monde politique, LE CRAPAUD  vous accompagnera afin de bien comprendre, mieux saisir l'étendue de cet épiphénomène, s'il s’agit bien de cela, en plus de clarifier le fait qu'il n'est peut-être pas  un produit québécois de la génération spontanée. Vous remarquerez que cela n'est pas si simple à circonscrire.

Pour qu’il y ait corruption (dans le monde politique, ne l’oublions pas) cela exige un corrupteur et un corrompu. Simpliste direz-vous! Parfois les choses les plus simples échappent à notre esprit frivole continuellement en quête de raisonnements sophistiqués, ceux qui nous apparaissent cohérents  puisqu’ils échappent à notre habituel entendement.

Le corrupteur, celui qui sollicite;
le corrompu (pour être précis, il le deviendra après avoir cédé aux dons ou aux promesses du premier) celui qui se détourne de son devoir ou de sa conscience.

NB: Le masculin et le féminin se confondent dans ce billet en souhaitant que ce ne soit pas le cas dans la réalité de tous les jours.


Deuxième question : qu’est-ce que ça prend pour que l’on puisse parler de collusion?

Si vous avez besoin d’une autre petite minute de réflexion, ne pas vous gêner. Je sais attendre mais sachez que la lumière et la vérité, elles, ne le peuvent pas.

Nous avons donc défini, certains diront reconnu, le corrupteur et le corrompu. Maintenant pour qu’il y ait collusion, cela exige du mouvement: mouvement bilatéral, de chaque côté si on veut être plus clair. Le corrupteur bouge en passant aux actes (le plus souvent il s’agira de remettre une ou plusieurs enveloppes brunes contenant des billets bruns) et le corrompu - il ne peut plus maintenant se draper dans le voile pur et dur de l’honnêteté - reçoit ladite enveloppe avec un sourire circonspect et, sans surprise dira une fois qu’il l’aura ouverte : «Pas si difficile qu’on le croit!». L’acte est posé. La corruption est consommée et la collusion devient la suite logique des choses.

Il est aussi difficile de vivre en corrupteur qu’en corrompu : c’est un vieux principe de philosophie post-sofiste tout à fait élémentaire. Suivant cette règle, l’un et l’autre de ce duo indiscipliné n’auront pour choix que d’élargir leur conscience en y greffant un élastique. L’intérêt de cet élastique c’est qu’il permet d’aller toujours plus haut, plus loin sur l’Olympe de la malhonnêté et savoir revenir au point de départ en un coup de pouce. L’élastique est silencieux en soi alors que le mouvement des corps qu’il supporte peut s’agiter déclenchant un tollé de décibels. Alors, il faudra à nos deux compères s’entendre avec d’autres gens qui d’eux-mêmes se classeront dans l’une des deux catégories ci-haut mentionnées. Vous voyez là une machine qui s’emballe à très haute vitesse.

Très facile pour les amateurs de jeux de mots de dire : quand la collusion s’emballe, elle risque la collision. En effet, surtout qu’avec tous ces trains qui déraillent en raison d’un emballement incontrôlé, la référence ferroviaire est intéressante. Mais revenons à nos moutons et à nos loups. Posons la dernière question qui exigera, je l’avoue bien humblement, un certain moment de réflexion intense : la voici.

Troisième question : quelle différence existe-t-il entre pot-de-vin et retour d’ascenceur?


Avant d’aborder l’écart assez mince mais tout de même perceptible à un œil attentif muni d’une loupe, je voudrais m’excuser auprès des lecteurs de ce billet pamphlétaire de n’y avoir pas associé – c’eut été si facile, trop même – le sort à la fois triste et funeste de certains maires de villes célèbres dont je tairai le nom afin de ne pas nuire aux enquêtes en cours. L’avoir fait – c’eut été si facile, trop même – aurait sans aucun doute fait fondre mon capital de sympathie auprès des lecteurs qui sont, et je me le rappelle continuellement, des citoyens ayant pour la très grande majorité d’entre eux, le droit de vote et que munis de cette arme de destruction massive pourront, mieux que n’importe laquelle des commissions ou lequel tribunal du même acabit, régler définitivement le sort des corrupteurs et des corrompus. Notez que LE CRAPAUD, dans l’entièreté du billet, a toujours respecté une certaine neutralité plaçant sur la même ligne et par ordre alphabétique inversé les deux catégories en présence dans la corruption/collusion. Je dois affirmer que cela me réjouit.

Abordons donc la question trois. Pot-de-vin et retour d’ascenceur! Différence ou similitude?

Vous pouvez les numéroter si vous souhaitez y répondre: choix 1 / A ou encore choix 2 / B ou toutes ces réponses. Soyez sans crainte, il ne s’agit pas d’un sondage et encore moins d’un recensement à la canadienne!

Voilà, c’est fait. Merci. Continuons.

Je vous suggère de conserver bien présent à votre esprit la réponse que vous avez donnée et user de votre libre arbitre (cf. Traité du libre arbitre de Bossuet pour approfondir le sujet) vous permettant de la modifier en cours de route, si vous le jugez à propos.  Votre CRAPAUD-GPS  vous dirige maintenant vers l’apothéose de sa réflexion chevronnée.

J’ai dit «l’écart assez mince» afin de spécifier la nuance entre les deux termes. Je crois avoir raison et voici pourquoi. Qui utilise le mot «pot-de-vin»? Qui utilise l’expression «retour d’ascenceur»? Vous? Moi? Je ne peux répondre pour vous, mais personnellement je dis «verre de vin», «bouteille de vin», très rarement, occasionnellement «pot-de-vin». Même chose pour «retour d’ascenceur», je dis plutôt «chez mon ami Gérard, il n’y a pas d’ascenceur». Vous voyez tout de suite et sans l’aide de quelques supplémentaires informations que nous voilà dans un monde utilisant un langage codé, presque ésotérique, j’oserais dire abscons.

Je comprends très bien que les enveloppes brunes soient remises de main à main lors de dîners secrets dans quelque chic restaurant où à flot coule le vin. Je comprends parfaitement bien que pour monter vers les hautes sphères de la corruption et de la collusion, il faille s’y rendre par l’ascenceur, ce qui prouve hors de tout doute l’innocence de mon ami Géard dans cette gamique corruptrice.

De l’un à l’autre, vin et ascenceur, la démarcation est mince, une fine ligne de communication réservée aux initiés. Et vous allez continuer de croire que cet épiphénomène est strictement québécois? Je vous rappelle cette phrase lapidaire de Prosper Mérimée, qu’on ne lit plus tellement aujourd’hui malgré le fait qu’il se soit imbu de la pensée voltairienne et lié d’amitié avec Stendhal, phrase qui se lit ainsi :
«Les Grands d’Espagne ont tous reçu de l’argent de lui (le duc de Montpensier) mais pas assez. En matière de corruption, il ne faut pas avoir de repentir.»

Comme ce propos nous interpelle! D’abord – et nous n’allons pas douter de Mérimée, c’est Mérimée quand même et non  Marie-mai –  c’est criant d’actualité, patent d’universalité et combien éclairant sur le propos qui s’achève.

En conclusion, je dirai :
ce que vous croyiez être un épiphénomène purement québécois s’avère être un phénomène universel, donc notre esprit de clocher en prend un bon coup sur la gueule;
que corruption et collusion sont deux aspects amalgamés du même problème;
qu’un corrupteur ne peut vivre sans corrompu et vice versa;
qu’une enveloppe brune ne peut contenir de vin et voyager par ascenceur;
que Gérard n’a rien à voir à tout cela;
que la collusion est élastique;
que tout est maintenant assez clair et mis à jour pour que puissiez démasquer ceux qui, à l’échelle de votre municipalité, province ou pays, profitent de votre confiance pour en abuser.

Au prochain saut

jeudi 11 juillet 2013

QUATRE (4) CENT-QUARANTE-NEUF (49)



Il est, parfois, des poèmes qui semblent prêts à prendre leur envol mais vous laissent une petite trace d'incertitude, un doute, comme s'ils souhaitaient dire: «Je pars sans être tout à fait assuré de posséder tout ce qu'il faut.»

Celui-ci est de cette nature.

Les images sont exactement ce que je voulais qu'elles soient. 
Toutefois... quelque chose me dit que je devrai le retravailler.

Le voici tel qu'il me semble être en mesure d'être lu.



désert,
la chaise
une femme assise


désert, aux premières loges
tout à côté d’un cactus
comme une scène assiégée
repose la chaise
qu’un mirage embue de vent

sable et sang confondus ruissellent des dunes

une femme assise sur la chaise
cherche de ses mains corrodées
un équilibre précaire et instable
ses yeux, écueils inopinés
sont des chardons brûlants

désert, un amphithéâtre sans auditoire

le scénario, continûment le même
encore mille et une fois rejoué
notes et mots fugaces entre jour et nuit
intrigue de sable et de sang
que la femme assise serine à de faux scorpions

comme chant de désert, de mer, de silence

la chaise de la femme assise s’enfonce
elle qui  réinvente l’exacte attitude
permettant aux mots qui grincent
au sortir de sa bouche gercée
de dire la bible du silence

captive de la chaise, la femme du désert
enchaînée au déséquilibre
répète les mots
de sang et de sable
de vent perdu dans la dune

mère bréhaigne fille outragée
depuis des siècles et encore
vomissent une inachevable écholalie

Au prochain saut



l'oiseau

  L'OISEAU Un oiseau de proie patrouille sous les nuages effilochés plane aux abords du vent  oscille parfois puis se reprend agitant so...