jeudi 27 juin 2013

QUATRE (4) CENT-QUARANTE-HUIT (48)




En vrac
Et
Échevelé


Il y a quand même un bon moment que LE CRAPAUD ne s’est  pas arrêté sur les questions d’actualité qui font ou ont fait la manchette dans mon beau Québec (Montréal particulièrement), questions dont assurément on  jase un peu partout dans le monde. Non seulement la tenue de l’événement numéro 1 en terme de pollution atmosphérique (Le Grand Prix de Montréal) au début du mois de juin; non seulement   la vingt-cinquième édition des Francofolies qui a fait vibrer la métropole de tous ses airs il y a quelques jours déjà; non seulement en raison du Festival international de Jazz (événement majeur dans ce domaine et salué un peu partout sur la planète) qui a lieu actuellement. 

- Et je passe sous silence le jeu de chaise musicale à la mairie de la ville (trois maires en peu de temps). –

Ces manifestations estivales (si jamais l’été pouvait s’installer) représentent la marque de commerce de la première ville du Québec. Mais on parle aussi  d’autres choses, des embarras qui s’avèrent préoccupants dont ceci, auquel LE CRAPAUD  ajoute son grain de sel, à savoir la question du :

turban au soccer

Vous connaissez les faits de même que le dénouement de cette affaire - interdiction de jouer au soccer pour tout participant portant un turban, expulsion de Fédération de soccer du Québec par l’Association canadienne et interdiction levée suite à une clarification de la règle par la FIFA - qui pointe son nez alors qu’un grand débat sur les valeurs québécoises doit s’enclencher l’automne prochain. Il semble toutefois que le turban se soit hissé assez haut dans l’actualité pour ne plus être qu’un simple fait divers mais une manchette, davantage même, la «une» des conversations publiques et des interventions de nos politiques.

Peut-on jouer en toute sécurité au soccer si l’on porte un turban et si on en est affublé, devient-on un danger public sur le terrain?

En soit, le fait de porter ou non un couvre-chef ne semblait pas être le véritable enjeu de la controverse. La question nous ramenait tout de go à la symbolique religieuse de cette coiffure. Suite à la Commission Bouchard-Taylor sur les accomodements raisonnables, la situation semblait claire, n’attendant plus que des gestes politiques pour archiver la question. Il paraît que non. Alors que cache vraiment ce débat?
Demeurons sur le terrain de soccer.

Ma première question est la suivante :
le sport est une activité physique souvent pratiquée en plein air, régi par des règles, des conventions, des valeurs, et pour illustrer mon point de vue, je prendrai un sport au hasard, disons...  le soccer.

Doit-on obligatoirement le pratiquer en suivant à la lettre les  conditions spécifiées par un organisme officiel ( une fédération provinviale, nationale ou internationale)?

Si oui, on ne peut accepter que des personnes jouent au soccer de manière ouverte, c’est-à-dire ne respectant pas les directives desdites fédérations.
Si oui, on ne peut accepter que Jonas, ce grand ado qui se promène le jour et dort la nuit avec, sur la tête, sa tuque de laine grise, douze mois par année puisse s’adonner audit sport.
Si oui, on ne peut accepter que le terrain de jeu soit différent de celui prescrit : finis les terrains vagues sur lesquels on jouait entre amis.
Si oui, on ne peut accepter que l’on joue torse nu à 30 degrés Celcius (évidemment vous comprendrez que cet exemple s’applique aux mâles).
Si non, le problème se vide de tout son sens.


Interdire le port du turban pose une deuxième question, aussi pertinente que la première :

est-ce que le turban porté par un joueur contrevient à une règle du soccer?

D’abord et avant tout il faut savoir que la FIFA  (Fédération Internationale de Football Association) n’a pas de règles de jeu mais des lois. Oups! On entre dans une autre dialectique. À la limite on peut enfreindre une règle mais une loi… c’est plus délicat.

Dans les lois édictées par la FIFA (au chapitre de l'équipement du joueur) rien n'est mentionné au sujet du port d'un turban. On n'aborde même pas la situation d'un joueur ayant un pansement à la tête en raison d'une blessure subie dans un mach précédent. Toutefois une notice précisant qu’«un joueur ne doit pas porter d’équipement potentiellement dangereux pour lui ou tout autre joueur (y compris tout type de bijou)». Pas autre chose. On parle de maillot, de short, de chaussettes, de protège-tibias, de chaussures, aucunement de turban. Il faut se rendre un peu plus loin dans le livre des lois pour y retrouver ceci (ceci étant une décision de la FIFA) : «Les joueurs ne sont pas autorisés à exhiber des slogans ou de la publicité figurant sur leurs sous-vêtements. L’équipement de base obligatoire ne doit présenter aucune inscription politique, religieuse ou personnelle. Un joueur ôtant son maillot pour dévoiler tout type de slogan ou de publicité sera sanctionné par l’organisateur de la compétition. L’équipe d’un joueur dont l’équipement de base présente une inscription ou un slogan politique, religieux ou personnel sera sanctionné par l’organisateur de la compétition ou par la FIFA.»

Et plus loin encore, ce que la FIFA inscrit devient fort intéressant pour la question qui nous intéresse :
«En plus de l’équipement de base, un joueur peut en utiliser un supplémentaire si toutefois son objectif est de protéger son intégrité physique et si cet équipement ne comporte aucun danger ni pour lui ni pour aucun autre joueur.
Tout type de vêtement ou d’équipement supplémentaire doit être inspecté par l’arbitre et confirmé comme non dangereux.
Compte tenu des matériaux souples, légers et rembourés dont elles sont composées, les protections modernes telles que casques, masques faciaux, genouillères et coudières ne sont pas considérées comme dangereuses et donc autorisées.
Grâce aux nouvelles technologies, les sports sont plus sûrs – pour le joueur possédant l’équipement et pour les autre joueurs – et les arbitres devront se montrer tolérants quant à l’utilisation des protections, tout particulièrement chez les jeunes joueurs.»

Ouf! Avant de poursuivre ma brillante démonstration, je me demande si tout joueur ou entraîneur de soccer ou spectateur, si tout ce beau monde a véritablement pris le temps de lire toutes ces lois, se les approprier pour mieux les respecter? Mais c’est une autre question.

Revevons donc à la question 2. Vous constatez comme moi que la position de la FIFA pourrait être qualifiée d’élastique. En effet, un porteur (ou une porteuse) de turban pourrait évoquer que celui-ci protège son intégrité, ou encore qu’il s’agit d’un équipement supplémentaire ou, à la limite, exiger une certaine tolérance de la part de l’arbitre, maître après Dieu sur le terrain règlementaire de jeu. D’ailleurs, une sous-question explose ici dans toute son évidence : peut-on jouer au soccer avec pas d’arbitre? Vous constatez avec moi la vastitude du problème!

Si l'organisme suprême (la FIFA) semble dire entre les lignes que le turban ne pose pas une si grande difficulté alors que la manchette québécoise l’a épinglée tout en haut de la carte de pointage d’un match de soccer, où est donc l'énigme?

LE CRAPAUD possède la réponse. Vous verrez comme il fallait posséder toute la sagacité de son sixième sens pour bien saisir l’enjeu fondamental de cette histoire. Préparez-vous à lire quelque chose qui risque de vous sidérer.

L’histoire de l'interdiction de jouer au soccer en sol québécois à tout individu portant un turban est un vaste complot fourbi, allumé et alimenté par deux fédérations rivales. Et que je nommerai illico : celle du baseball en collusion avec cette du boulingrin.  Pourquoi? La raison en est fort simple : le soccer supplante ses deux rivales en nombre de joueurs et en investissements de la part des divers niveaux de gouvernement. On souhait jeter un discrédit sur ce sport en réveillant le spectre cauchemardesque des méchants étrangers qui veulent y jouer à leur manière, vêtus à leur manière et ainsi dénaturer le jeu comme on le pratique et comme on doit continuer à le pratiquer dans la belle province. Par ricochet, les parents n’inscriront plus leurs enfants au soccer et reviendront au baseball et au boulingrin pour les plus âgés.

Vous n’aviez pas vu cela venir?

LE CRAPAUD est très heureux de rectifier les faits et vous interpeler sur ce genre de manigance qui cache toujours dans son fond quelque chose pouvant s’attaquer à nos bases ancestrales.

Au prochain saut

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