samedi 4 mai 2024

Qui..

 


Qui …
ces gens regroupés devant la maisonnette blanche ?


Il fait nuit pourtant…
aux branches des arbres
les oiseaux bruissent pianissimo,
celles du majestueux tilleul craquent à peine
bref toussotement suivi de ce silence étouffé…
la foule piétine, yeux rivés aux fenêtres rougeaudes

 

          Qui sont 
               ces gens regroupés devant la maisonnette blanche ?

 

À quel palabre maléfique sont-ils muettement invités ?
Ils avalent leurs mots alors qu’on les encourage à les crier,
leurs voix dérivetées, d’un autre siècle, lâchement s’éteignent…
la route qui les y a menés derrière leurs pas peu à peu s’affaisse…
le groupe ne s’amplifiera plus, le pourtour de la coupe a été atteint,
ceux qui y sont y seront, réunis dans un cénacle unanime et disparate…

 

        Qui sont 
             ces gens regroupés devant la maisonnette blanche ?

 

De ce côté règne un blanc laiteux, de l’autre, un noir aduste,
au centre, demi-teinte neutre, sans nom, celle qui se désagrège
laissant, éparpillés, des cristaux gibbeux aux pieds d’une foule baba ;
chacun, à tour de rôle, surpris d’y reconnaître une immobile similitude ;
certains, certaines, et d’autres aussi, les ayant fréquentés en rêve déjà
béent encore, taisent nerveusement d’immenses et vieux frissons cramoisis…
 
          Qui sont 
                ces gens regroupés devant la maisonnette blanche ?

 

Qui n’attendent rien, ils le savent, les fenêtres rougies parlent
dans la nuit… l’atavique message cochenillé entre eux se déplace
répétant écholaliquement comme un radar sonore, qu’il faut encore
lire ce qu’on a mille fois relu, écouter ce qui fut répété, appréhendé…
décrypter enfin le sens, celui que jadis prononça la prophétesse Sybille
à d’autres gens auparavant regroupés ici, à ceux-là, cette nuit s’achevant…

 

          Qui étaient 
               ces gens regroupés devant la maisonnette blanche ?

 

S’ouvre une porte, mille peurs multicolores s’écrasent piteusement
sur le frêle balcon qui, progressivement, comme un orage s’approchant,
se distancie de la fragile maisonnette blanche, affouillant une crevasse
qui aspire goulûment tout sur son démoniaque passage ; S.O.S. et prières
ne résisteront pas à ce maelstrom dévastateur ; chacun, jadis, en fut instruit…

 

          Qui étaient 
                ces gens regroupés devant la maisonnette blanche ?   

 

Est-ce lui, non c’est plutôt elle qui s’avance vers cet espace vide
les mains décolorées plus que décharnées, l’imperceptible aux yeux ?
Ce quelqu’un transfiguré par lui-même, par elle-même et par eux-mêmes,
héraut réflexe de tous ces regroupés paralysés, ce quelqu’un protagoniste
d’abord tend le bras puis ça sera la main et finalement le doigt vers le nuage
qui, rosacé maintenant a enveloppé la maisonnette blanche en route vers le vide…

 

          Qui étaient 
                ces gens regroupés devant la maisonnette blanche ?

 

C’est la mort harnachant le vide, trônant fièvreusement au-dessus d’une faille.
La mort, aussi vieille qu’elle-même, plus avide qu’elle-même, si tant elle-même
que les regroupés puis disparus ont passé le relais aux autres, ceux qui viendront
devant une autre maisonnette blanche, bâtie à l’identique, avertie de se décolorer
quand passera un oiseau de proie ayant délimité son territoire de chasse, de mort...

 

          Qui seront 
                ces gens regroupés devant la maisonnette blanche ?

 

Et si c’était… nous !





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