vendredi 24 mai 2024

Quand les mots rencontrent d'autres mots... ça donne «l'écriture».

 


    Ça donne également de magnifiques ensembles tels les phrases, les textes, les livres... écrits à partir de mots qui concrétisent la pensée, les idées.

En voici quelques exemples tirés de mes carnets de lecture.





.    L’enjeu n’est pas d’écrire ce que personne n’aurait pu écrire, mais d’écrire ce qu’on est seul à pouvoir écrire.

Auteur inconnu


.    L’idée n’est pas le mot, dit le sage taoïste : elle vit dans le mot, elle s’exprime par le contexte et par la prononciation.

Didier van CAUWELART

.    Nous devons traiter les mots comme des grenades.

Amos OZ


.    … nommer un être, c’est le rendre présent…

Michel TAURIAC


.    Ce sont les mots qu’ils n’ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil.

MONTHERLANT


.    Il existe des livres qui vous distraient, mais ne remuent en rien les destinées profondes. Ensuite, il y a ceux qui vous amènent à douter, ils vous apportent l’espoir, élargissent le monde et vous font peut-être connaître le vertige. Certains livres sont essentiels, d’autres simplement distrayants.

Jon KALMAN STEFANSON


.    En racontant des histoires, vous rendez objective votre propre expérience. Vous la séparez de vous-même. Vous cernez certaines vérités. Vous en inventez d’autres. Vous commencez parfois par un incident qui est réellement arrivé … et vous le projetez en avant en inventant d’autres incidents qui ne se sont pas réellement produits mais qui cependant aident à l’éclaircir et l’expliquer.

Tim O'BRIEN


.    D'un côté, il racontait son histoire avec trop d'imagination, trop d'esprit de suite et de méthode, marques essentielles de la vraisemblance, pour qu'on pût la mettre en doute; de l'autre, il y avait trop de beautés poétiques dans son récit et ces beautés elles-mêmes taisaient naître des soupçons.

TOLSTOÏ


.    Dans le vide on peut tout dire, il y aura toujours un écho.

Boualem SASSAL


.    Mon seul espoir, en entamant ce plongeon, est que l’écriture ravive la mémoire. La littérature se souvient de ce que nous avons oublié : écrire c’est lire en soi.

Frédéric BEIGBEDER


.    L’écriture accomplit un travail dont l’origine est indiscernable.

Roland BARTHES


.    On dit tant de choses dans une vie, et puis ce qu’on a dit s’efface, ça n’est plus rien
du tout.

J. M.G. LE CLÉZIO

.    Écrire les êtres aimés, les inconnus qui déferlent tous les jours dans les rues, témoins inconscients de leurs vies réciproques.Écrire les coins de ciel différents, contradictoires de chaque vie, de chaque conscience.

Écrire les demeures, les nids de bonheur, la ville natale...

Écrire les destins, les drames qui palpitent dans la nuit, sous la pluie, les toits, les lampadaires aux coins des rues.

Écrire les pas qui résonnent à travers la nuit, dans les longues rues vides, écho du silence, lourd cheminement de la pensée. Un cyclo recouvert d’une bâche luisante de pluie passe sans bruit. Un couple s’embrasse dans l’abri d’un poste de gendarme. Un coq chante, incertain, au coin d’une rue. Une rue noire, muette, qui se réveille en sursaut, quand les lampes s’allument vague que vague, comme portées par des rafales de vent. Les feuilles des badamiers tombent sur le sol, craquent. Les feuilles mouillées des pancoviers se poursuivent sur les trottoirs. Kiên se sent alors marcher dans le silence d’une grande symphonie. Dans la nuit de la ville, il se sent vivre. Vivre, un besoin impérieux, pressant, peu importe que ce ne soit que la vie avide, sans mémoire, inerte, sans rêves des gens de la ville. Il faut écrire, écrire !

Bao NINH.


.    Ce procédé (enchâsser une histoire dans d’autres histoires, jongler avec les séquences temporelles pour donner de la profondeur et de la complexité au récit primaire) s’appelle la composition circulaire. Dans cette structure annulaire, le récit semble se perdre dans une digression (l’interruption du fil de l’intrigue principale étant annoncée par une formule toute faite ou une scène convenue), mais cette digression, qui a toutes les apparences d’une divagation, décrit au bout du compte un cercle, puisque le récit reviendra au point précis de l’action dont il s’est écarté, ce retour étant signalé par la répétition de la formule ou de la scène convenue qui avait indiqué l’ouverture de la parenthèse. Ces cercles pouvaient recouvrir une seule et même digression ou une série plus complexe de récits enchevêtrés, imbriqués l’un dans l’autre, à la manière des boîtes chinoises ou des poupées russes.

Daniel MENDELSOHN 


.    Les histoires que j’invente sont tristes ; ceux que j’aime y sont injustement foudroyés, inintelligemment trouvés morts. Ma vie n’est-elle pas l’histoire qui se fait de ce que je veux qu’il m’arrive ? Je veux que les personnages sympathiques de ma vie meurent, tout à coup, sans raison, afin que l’histoire que sera ma vie soit une belle histoire.

Réjean DUCHARME


.    Non, tu n’écris pas de livres et tu n’es pas près de le faire. Mais il semble que notre ami est poète, or les poètes ont besoin de tout savoir. Besoin de tout connaître. La vie doit couler vers eux pour les nourrir de ses histoires et de sa force, quant à nous, le reste des mortels, nous avons le devoir de leur faire part des choses les pus intéressantes de notre existence et de celles des autres. Chacun choisit évidemment à vue de nez ce qu’il raconte, mais une fois qu’on a commencé, on ne doit rien omettre. Gunna dit que nous sommes tous nus devant les écrivains. De la même manière, eux non plus ne doivent rien omettre quand ils écrivent, ils ne doivent faire l’impasse sur aucune ombre, ne contourner aucune difficulté, ne taire aucune douleur.

Jon KALMAN STEFANSON


.    Mes sens travaillent mieux que mon ciboulot. Mes doigts avancent seuls, répudiant aisément le stérile besoin de revenir en arrière, comme celui d’aller à toute allure en avant. Ma mémoire est prodigieuse, je lui fais une confiance absolue. On écrit parce qu’on a lu, mais aussi, surtout, parce qu’on a été et continue d’être un revenant qui se souvient.

Les poètes m’ont appris à faire passer le sang directement de la blessure à la page, la lumière en droite ligne du ciel aux mots.

Robert LALONDE





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