mercredi 26 octobre 2016

5 (CINQ) (CENT NEUF) 09

Quand la poésie va, tout va!

Je ne crois pas me tromper en disant cela. Le poème que je vous offre aujourd'hui a pris racine à Saïgon, a longtemps mûri et s'avère prêt à être déposé ici.

Bonne lecture!






alors que…


alors que
la grisaille brouille les nuages et l’humidité écrase le jour
un cactus assoiffé meurt dans l’aquarium en feu
sur les rues filandreuses murmurent des anges
ils auront beaucoup à accomplir ici et ailleurs

alors qu’
un papillon gondole entre le toit et les murs,
raccourcit l’espace, rétrécit les intervalles
il tronque les écarts quand un cœur saigne
et les distances s’épuisent au cœur du temps

alors que
les heures s’enfuient sous la pluie polychrome
une hirondelle dérive vers le soleil couchant
et au-dessus de la ville bruyante
le vent multicolore étend un parasol

alors qu’
une libellule guerrière s’amuse à faire la paix
au poème qui puise creux au fond de l’âme
y cherchant des mots, y relevant des couleurs
pour dire, plus vrai encore, l’échec du réel

alors que
quelques fines vagues épuisées s’écrasent
puis meurent sur le quai vermoulu,
une araignée immobile, pendue au fil de soie,
au bout de ses yeux frétille lentement la rivière




À la prochaine


vendredi 21 octobre 2016

5 (CINQ) (CENT HUIT) 08

Je pourrais intituler ce billet ''Après l’après''…

Sans m’apitoyer sur mon sort, je me suis autorisé à fouiller dans mes notes de lecture afin de retrouver un tant soit peu le goût d’un après l’après, de paroles, de mots qui puissent permettre de passer à autre chose.

Je crois sincèrement que l’on demeure marqué suite à un traumatisme de santé et qu’il faille, afin de tourner définitivement la page, tenter de saisir, de donner du sens à l'expérience et aux signes tracés par on ne sait quelle main.

Qui de mieux que mes auteurs préférés pour m’accompagner dans cette démarche.



Amos Oz, citant Platon :

. Je vis tout le temps, non pas en me préparant à la mort mais en la regardant car elle arrive par petites échéances. Elle ne survient pas en une seule fois. Vieillir, c’est peut-être pouvoir accepter le fait qu’il y a des endroits que je ne reverrai plus. Quand vous êtes jeune, vous êtes sûr que vous retournerez à Ithaque, comme Ulysse, et que vous reverrez la tante Esther. Midi passé, vous apprenez à accepter le fait que vous ne retournerez peut-être à Ithaque qu’en pensée, et que vous ne parlerez qu’en vous-même à la tante Esther. C’est ça vieillir, et ce sont les acomptes que vous versez à la mort.

… la sagesse vient à nous lorsqu’elle ne sert plus à rien.


Ernest Hemingway a dit un jour :
. La vraie noblesse, c’est d'être supérieur à celui que vous avez été auparavant. 


 Maxence Fermine, dans LE TOMBEAU D’ÉTOILES

. J’aurais voulu dire que je les aimés comme je n’ai jamais aimé personne. Que sans eux je ne suis rien. Qu’un homme seul est un homme condamné. Mais il fallait le leur dire avant qu’ils partent. On ne dit jamais les mots qu’il faudrait à ceux qui nous entourent. Par pudeur, bêtise ou faiblesse. Après règne le silence du trop tard. Irrémédiablement.

Mario Soldati, dans LES LETTRES DE CAPRI

. Qu’est-ce que la mort? Et comment expliquer que, tout en sachant que devons tôt ou tard – en nous y préparant, ou dans le déchirement d’un seul instant monstrueux – subir le plus inévitable et le pire des tourments, nous nous obstinons à désirer des tourments mineurs, comme si nous ne devions pas mourir?


Philippe Labro, dans LES GENS

. Il faut être en très bonne santé pour s’intéresser à quelqu’un d’autre qu’à soi-même.

. J’affirmais une chose hier,
  Aujourd’hui, j’en doute,
  Demain, je la nie,
  Je puis me tromper tous les jours


. Quelque chose de profondément caché doit se trouver derrière les choses cachées.
Einstein

. Tout change, tout change totalement, une terrible beauté est en train de naître.
W.B. Yeats


Jon Kalman Stefanson  LA TRISTESSE DES ANGES

. La vie de l’homme n’est qu’une vague vibration de l’air, elle est si brève qu’elle passerait inaperçue aux anges s’ils fermaient un instant leurs paupières.

L’OMBRE DE CE QUE NOUS AVONS ÉTÉ  - Luis Sepulveda -

. Un homme reconnaît la fin de son chemin, le corps envoie des signaux, le merveilleux mécanisme qui permet de rester intelligent et vigilant commence à avoir des ratés, la mémoire fait tout son possible pour le sauver et embellit ce que tu voudrais te rappeler de manière objective. Ne fais jamais confiance à la mémoire car elle est toujours de notre côté; elle enjolive l’atrocité, adoucit l’amertume, met de la lumière là où régnaient les ombres. Elle a toujours une propension à la fiction.

. Les gens courageux n’existent pas, il y a seulement ceux qui acceptent de marcher coude à coude avec leur peur.


LE CLÉZIO Le procès-verbal

. La vie n’est pas logique, c’est peut-être comme une sorte d’irrégularité de la conscience. Une maladie de la cellule.


NAM LE  Le bateau

. Endurer ce qu'on ne croit pas pouvoir endurer, là est le vrai courage.


HÉLÈNE DORION  Le temps du paysage

. La mort, lorsqu'elle se met à remuer dans votre conscience, nous rapproche de nos raisons de vivre.


Bad girl (Classes de littérature)  NANCY HOUSTON

. Le trauma provoque une sidération. Ce n'est pas une mauvaise passe, c'est une impasse, une chose qui ne passe pas. En lui le temps se fige. Répétons: le trauma reste à jamais dans le présent. Il ne recule pas dans le passé, ne se normalise pas pour être peu à peu intégré au récit de la vie. Répétons: le trauma a une qualité immédiate, envahissante, hallucinatoire. Sa douleur demeure vive, à vif. Oui, il faut le répéter car le trauma est précisément une répétition, à l'identique ou presque. Il arrête le temps.


LE LIVRE DE SABLE  Jorge Luis Borges

. L'homme oublie qu'il est un mort qui converse avec des morts.


À la prochaine




mardi 18 octobre 2016

5 (CINQ) (CENT SEPT) 07

Rangoun, septembre 2016

          Cette photo prise à Rangoun en septembre dernier, devant la maison de Aung San Suu Kyi, aurait pu être la dernière. 

Je m'explique.

Suite à un premier diagnostic (zona) qui fut changé en dermatite (champignons de mousson), les deux amenant dans leur sillage médicaments et crèmes, la situation ne s'améliorait pas. Nous sommes à la fin du mois d'août.

Au retour de Birmanie, une vilaine toux occasionnait des maux de tête lancinants et pénibles comme le disait une publicité d'autrefois. Une médication vietnamienne recommandée par une pharmacienne de mon quartier me fit perdre complètement la notion d'espace et de temps. 3 jours et 3 nuits - 21/22/23 septembre - de folles hallucinations dont je n'arrivais absolument pas à me débarrasser: c'est fou comme le cerveau engagé dans un tourbillon ininterrompu, je devrais dire un maelstrom, peut générer des cataractes d'images à n'en plus finir, paralysant toute tentative de s'en libérer. Images remontant parfois à des temps immémoriaux. La pire étant de se voir soi-même agonisant puis mourant. Le tout accompagné d'épisodes de sudation qui me firent perdre 5 kg.

72 heures... Inconfort total... Panique incontrôlable... 

Par je ne sais quel message extra-sensoriel, j'eus l'idée de doubler ma prise d'Immunocal - mon supplément naturel pour optimiser le système immunitaire - que je prends quotidiennement depuis plus d'un an. Ce que je continue de faire.

5 jours plus tard - nous sommes le samedi 24 - (au lendemain des heures hallucinatoires) je réussis à obtenir un rendez-vous avec le Dr Lagüe à Saïgon pour le lundi suivant. Entre temps, je suis ramené à la réalité par une infection urinaire rappelant celle de Tom Hanks dans le film LA LIGNE VERTE; aux dix minutes je souffrais de mictions brûlantes accompagnées d'une kyrielle de lames de rasoir fort bien aiguisées. Un instant, je me suis entendu dire que je n'allais pas m'en sortir... qu'autre chose qu'une infection m'attaquait, éliminant tout appétit, m'éloignant de tout liquide qui ne pouvait que multiplier les envies d'uriner. Sauf Immunocal, je ne prenais rien.

Prise de sang et analyse d'urine: lundi 26.  Appel d'urgence à revenir voir le Dr Lagüe, le 30. Résultats alarmants. Infection urinaire, confirmée. Prostatite, diagnostiquée. Présence d'une bactérie (E-coli) qui s'amusait à ravager tout sur son passage. Obligation d'être hospitalisé immédiatement et interdiction formelle de partir le 4 novembre, comme prévu, vers le Canada.

Face à mon refus de modifier mes plans, le docteur opta pour une prise d'antibiotiques (genre bombe atomique) sur 5 semaines, prise de sang la veille du départ (le 3 octobre) ainsi qu'une recommandation d'entrer en contact avec mon médecin traitant au Canada lui demandant une prise de sang autour du 24 octobre.

Déjà, après 2 jours de prise d'antibiotiques et le fait de continuer ma prise quotidienne (doublée) d'Immunocal, les résultats de la seconde prise de sang me sont parvenus révélant une certaine amélioration. On verra après le 24 octobre où on en est.

Voilà pour l'explication qui ne saurait être complète sans faire connaître la raison pour laquelle j'annonçais souffrir d'une nouvelle attaque de labyrinthite en place et lieu de ce qui se passait véritablement. Comme je ne savais trop ce qui m'arrivait et ne souhaitais aucunement semer l'inquiétude, j'ai opté pour cette voie alors que tous connaissent ma fragilité à ce niveau.

Également, je voulais conserver secret ce voyage au Canada. 

Que retenir de cette péripétie? 

D'abord et avant tout que ma prise quotidienne d'Immunocal aura permis à mon système immunitaire d'affronter cette bactérie alors qu'on ne connaissait rien encore sur l'étendue de ses possibles ravages. J'ose même dire que cela m'aura sauvé la vie. 

Deuzio, la vie est plus forte que tout. Même si, parfois, elle nous offre des moments couci-couça, que l'on ne comprend pas, que l'on croit insurmontables, il existe en soi-même des forces de résilience qui peuvent surprendre.

Tertio, et c'est le docteur Lagüe qui le soulignait: ne pas perdre de temps dans des questions... occidentales: ''d'où ça vient?'', etc.  C'est présent et on trouve la solution. Un point c'est tout.

Toute cette aventure m'aura tenu éloigné du CRAPAUD, du GROUPE FAMILIAL, de CAM ON...MERCI...  Je compte bien reprendre le collier à mon retour à Saïgon le 4 novembre prochain.

Pour ceux et celles qui m'ont rappelé que ''ILS ÉTAIENT SIX...'' devait paraître de façon hebdomadaire, soyez sans crainte, le 15ième épisode et les suivants s'en viennent.

À la prochaine





l'oiseau

  L'OISEAU Un oiseau de proie patrouille sous les nuages effilochés plane aux abords du vent  oscille parfois puis se reprend agitant so...