mardi 7 mai 2013

QUATRE (4) CENT-QUARANTE-QUATRE (44)



Tout drôle de reprendre mes sauts de crapaud au numéro 444...
Je vous offre aujourd'hui un poème entièrement conçu à Saïgon.
Bonne lecture et à la prochaine.


la route

sur la route que seul le vieillard connait, marche un enfant
derrière il suit, les yeux dans ses souliers soulevant la poussière
leur silence retentit d’une même voix, du soleil sur la peau,
celui de midi, le plus chaud, qui tanne le cuir de leur différence

aucun flamboyant aucun jujubier sur la route ne balisent des repères
huit orchidées sauvages près d’un étang se frottent aux couleurs du lotus

ils marchaient -  allait l’aîné, venait le puîné -
attelés l’un à l’autre sous ce soleil de midi
sur une voie sans arbres, sans prodromes
boiteux piétinant  la route d’un même pas

deux prisonniers aux pieds plombés
où vont-ils sur l’incontournable trimard
qui dispute le ciel à la terre
caméléon talonnant un scorpion

qui a-t-il que le vieillard redoute
que souhaite l’enfant
franchiront-ils le même nombre de pas
sur la route qu’ils achoppent
s’enliseront-ils au creux de leurs semelles

le vieillard a appris à se taire
l’enfant, quelques mots
inlassablement répétés
et que déjà on n’entend plus

sur la route un vieillard marche
à reculons
derrière lui, la vie à ses talons
un enfant n’a rien compris encore



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