Nous, du moins pour une grande partie
de ma génération, avons été amenés à la politique par le concept des
couleurs : le ''bleu'' définissait les partisans d’obédience
conservatrice, le ''rouge' pour les libéraux. Tout à ce moment-là devenait
aisé, ou bien tu te réclamais des Bleus ou des Rouges. Je dois même ajouter
qu’une famille bleue ne fréquentait pas une famille rouge et vice versa. Ceci
pouvait se rendre aussi loin que prohiber les mariages entre couleurs différentes.
Il n’était absolument pas question de métissage et si jamais, par hasard, par
malheur, cette hybridation se commettait, personne ne pouvait prédire une
longue vie à cette union. On est donc très loin de l’idée de coalition.
On
peut facilement imaginer tous les débats acrimonieux lorsque l’idée saugrenue pour l’époque de faire voter les femmes (1918 au Canada, 1940 au
Québec alors que les femmes autochtones ne furent autorisées à voter qu’en 1960). Les arguments de ceux qui se prononçaient contre tournaient autour
du fait que cela allait alourdir le processus électoral car évidemment les
femmes voteraient du même ''bord'' que leurs maris. On formait une famille ou
bleue ou rouge. Point final.
Depuis
des lustres ce paradigme a tenu la route sans trop déranger qui que ce soit
jusqu’au jour où la dualité politique éclata avec l’arrivée d’autres partis
politiques donc d’autres couleurs à attribuer. Vous comprendrez que mon analyse
repose sur une période plutôt récente des partis politiques canadiens, depuis après la Confédération de 1867.
Certains, des feux de paille alors que d'autres brillèrent un certain temps puis s’éteignirent : le Crédit social que l'on pourrait classer dans la première catégorie, le
Parti communiste canadien parmi les feux follets.
Puis deux ont eu le mérite de se développer suffisamment pour qu’aujourd'hui nous
les retrouvions dans les sondages d'opinions pancanadiens. L’ancien CCF devenu NPD, le
Bloc québécois et le Parti vert.
Il
fallait donc revoir notre spectre des couleurs. En
fait, ce fut rapide : le bleu et le rouge déjà acquis, l’orange fut
attribué au NPD et un bleu plus pâle au Bloc. Pour le Parti vert, l’évidence a
primé dans le choix de la couleur.
Nous
voici donc à une semaine environ du vote et les citoyens canadiens jouent avec
les couleurs. Pas question pour le moment du moins d’y aller d’un mélange
stratégique, de combinaison harmonieuse, à ce temps-ci il faut encore éviter tout salmigondis.
Vous
connaissez l’admiration que porte LE CRAPAUD pour les chiffres et les nombres;
il a tout dévoilé lors du dernier billet politique. Passons maintenant à la haute, très haute stratégie. Posons le problème en termes clairs.
1.-
Les sondages semblent unanimes à l’effet que nous nous dirigeons vers un
gouvernement minoritaire. – LE CRAPAUD en est un fervent adepte, vous le savez.
2.-
Ce gouvernement minoritaire pourrait aussi bien être conservateur (bleu) que
libéral (rouge).
3.-
Deux scénarios se profilent : bleu sans aucune autre couleur pour l’appuyer;
rouge avec possibilité d’une alliance orange ce qui donnerait un marron ou un
bordeaux.
LE
CRAPAUD se prononce.
Si
je pars du principe primaire canadien qui veut que depuis longtemps, quasi des temps immémoriaux (pour nous évidemment) le Canadien
moyen a parlé politiquement à partir d'une relation intime avec deux couleurs, le bleu et le
rouge; que jamais depuis 1867 il ne s’est rangé ailleurs que sous l’une ou l’autre
de ces bannières, accordant des miettes d’intérêt aux autres couleurs, LE
CRAPAUD croit que par atavisme le Canadien moyen votera d’abord pour
. un
changement de gouvernement
. et que son choix se portera sur les Libéraux.
Il
(le Canadien moyen) votera rouge tout en se posant cette question épistémologique
de base : si je vote rouge pour me débarrasser des bleus, est-ce que je
risque, ce faisant, de me retrouver avec du marron ou bordeaux? Si
oui, est-ce que je vote tout de même rouge? Si non, est-ce que je vote toujours
rouge?
Une
nuance importante s’impose ici. Le Canadien disposant du droit de vote et le
Québécois disposant également du droit de vote diffèrent énormément. Nous n’avons
qu’à surveiller le baromètre électoral, certains diront la boussole électorale,
pour constater qu’une poussière de niqab devient une tornade au Québec alors qu’elle
retombe froidement sur le sol du ROC (Reste du Canada). Qu’un gazoduc peut à
lui seul dissoudre des majorités aussi rapidement qu’il le ferait si par
inadvertance son contenu se retrouvait dans nos champs ou pire encore dans notre
fleuve Saint-Laurent (celui que la ville de Montréal s’échine à protéger de
tout déversement d’égout…).
Alors.
Les résultats qui nous seront dévoilés le 19 octobre prochain risquent de
parler deux réalités, même davantage :
. la québécoise prise entre bleu pâle
et orange;
. l’ontarienne enserrée entre rouge et orange;
. les grandes Prairies, bleu dans toute sa splendeur;
. les Maritimes nous offriront un
tableau rouge;
. finalement la Colombie canadienne, un miroitement d’orange teinté vert.
Et
au final : UN GOUVERNEMENT
MINORITAIRE LIBÉRAL.
Et
ça sera exact si LE CRAPAUD conclue en s'appuyant sur la prémisse des couleurs. Bien, car nous entrerons dans une ère nouvelle, que
je nous souhaite émouvante et remplie de bonheur, où le bleu, le rouge, l’orange,
le bleu pâle et le vert n'apparaîtront plus dans un cercle chromatique statique et
vieillot, mais comme une possibilité ouverte à une clarté nouvelle .
N’oublions
pas d’aller voter le 19 octobre et au lendemain, sous la loupe infaillible des
résultats, nous examinerons de quelle couleur sera tapissée notre avenir à plus ou
moins brève échéance.
À
la prochaine
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