mardi 30 juillet 2024

Si Nathan avait su (2)






J'ai relu ce texte, celui qui suivra et qui a fait l’objet d’un otium. Pourquoi ai-je attribué le prénom de Nathan à ce personnage ? J’en ai glissé un mot dans le premier billet, rien de plus à ajouter. Je recueille les écrits qui ont rapport à Nathan, ce soir, d'autres qui suivront, sachant qu’ils n’ont pas d’âge et que cela n’a aucune espèce d’importance. Ils voyageront dans le temps, le remonteront, s'attarderont ici, là. Ce sera un peu comme ouvrir son cahier personnel dans lequel il aurait griffonné sur chacune des pages quelques événements, circonstances ou inquiétudes peut-être, lancer le tout en l'air et, toutes échevelées, les rassembler avant de les lire.. comme ça tout bonnement… Ce Nathan qui aura, dans quelques lignes, l’oreille collée au plancher, ne sera ni moi ni un calque de moi. Ça me rappelle les mille et une questions reçues de la part des lecteurs de DEP s’interrogeant sur le personnage Daniel Bloch : est-ce l’auteur ? Tout personnage est un fatras de je ne sais trop combien de visages, de caractères imprimés dans l’imaginaire d’un auteur qui leur permet de fusionner. Créer un personnage est une tâche fascinante. Un détail physique ou psychologique, un tic, un accent, tout ce qui peut le définir, le rendre vivant et permettre au lecteur de le distinguer parmi les autres. Cela me rappelle la formidable expérience vécue avec des élèves ayant des problèmes d’apprentissage, résumons-les par des difficultés à lire et à écrire, à qui j’ai proposé d’écrire un roman. Nous avions dix mois pour y arriver. Septembre à juin. Le produit qui en est sorti s’intitule UNE HISTOIRE QUI NE DEVAIT PAS AVOIR DE FIN - pour les curieux, cherchez sur le blogue, vous le trouverez quelque part dans son intégralité. Beaucoup de personnages sont nés, formidablement bien individués et actifs dans ce récit que je qualifierais «d'aventures pour la jeunesse». Un élève, prenant le micro lors du lancement du livre, dit et cela m’a tellement ému : «Je n’ai dans ma vie lu qu’un livre, celui que j’ai écrit.» Pure merveille démontrant, bien que l'échantillon soit embryonnaire, qu’écrire c’est l’acte initial à la lecture. Je ne sais trop qui est Nathan. Dans ce que vous lirez lorsque enfin je cesserai de jacasser, il deviendra un jeune homme conscient de sa réalité et devant l'affonter. Le texte porte un titre : Nathan a l’oreille collée au plancher. Le voici. J’y reviendrai une fois que vous l’aurez lu ou relu.


Nathan a l’oreille collée au plancher. 

( À l’instar de plusieurs prénoms, celui-ci s’avère être le diminutif provenant d’une dérivation, celle de Nathanaël. Lorsque ce garçon vint au monde, il y a de cela vingt ans ou plus, la grande majorité des habitants du village  ses parents vivent s’interrogèrent sur la raison pour laquelle on gratifiait cet enfant d’un tel prénom, aussi étranger que bizarre. Mais cette famille l’aura toujours été, au point qu’elle fut, non pas évitée, mais souvent ignorée de leur communauté. )

Cette génuflexion quotidienne depuis qu’il a quitté le petit logement partagé avec Isabelle ( il est maintenant installé un étage au-dessus et dans plus modeste ) permet à Nathan de saisir les notes d'une musique qui, durant quelques mois, fut leur préférée. Ils l’écoutaient tous les jours, elle, revenant de ses cours d’info-graphisme, lui, d'une mise à jour académique dans un CEGEP. Arrivés à Montréal en provenance de leur village éloigné d’une centaine de kilomètres au nord de la métropole, ils louèrent rapidement ce trois-pièces situé à deux pas du métro ; on leur avait conseillé de trouver un endroit tout près des services utilitaires. Les premières semaines tanguaient entre merveille et découverte, mais aussi de s'attarder à la tâche parfois difficile celle de l'adaptation à la vie commune, aux petites habitudes de chacun jusque là ignorées. L’amour excusant tout, ils surent passer outre à quelques désagréments dont ils apprirent tant bien que mal à se moquer après les avoir intégrés. Les parents d’Isabelle craignaient un peu cette organisation précipitamment entendue, ne se gênant pas pour lui prodiguer des conseils qui tombèrent dans l’oreille d’une sourde. Elle connaît Nathan depuis le début de leurs années à l’école secondaire et partir loin de la maison pour vivre avec lui ne lui a jamais paru préoccupant, bien au contraire, exaltant. Cette jeune fille alerte, déterminée, est réaliste dans l’élaboration de ses objectifs ainsi que sur les moyens à prendre pour y arriver. Le premier aura toujours été celui de quitter son village qui l'ennuie profondément, l’isolant de tout ce qui l'intéresse. La ville l’a toujours excitée, attirée. C'est là que se trouve la vraie vie, se disait-elle. À l’inverse, Nathan, jeune homme introverti cultivant le silence depuis toujours, ce petit village et surtout le grenier de la maiosn parternelle devenu son refuge lui convenaient parfaitement. En fin de journée, alors que les deux étudiants rentrent à la maison, le premier geste aura toujours été de remplir l’endroit de musique, dont une en particulier, celle que Nathan cherche à retrouver en plaquant son oreille au plancher. Pour lui, ces notes échappées d’un violon et d’un violoncelle se sont avérées d'abord un formidable déclencheur et maintenant une cinglante cicatrice.  Sa vie ne ressemble plus maintenant à celle qui était au départ du village, à leur arrivée dans la Métropole. Il découvrait la difficulté de s'ajuster à l’exubérance de sa compagne, sa soif continuelle de nouveautés, lui si solitaire, si fade, si quelconque. Cette musique porte un nom : My life is going on. Elle suscitait chez lui une réflexion sur le fait que le projet de parfaire ses études le contraignait à s’installer dans un nouvel environnement, loin de sa routine qu’il chérissait, peut-être davantage qu’il ne l’imaginait au départ, et surtout, le fait de mutualiser sa vie à celle d’Isabelle. Chez elle, cette musique lui permit de réaliser que vivre avec Nathan s'avérait une tâche beaucoup plus ardue qu'elle s'y attendait. Quoiqu’on fasse la vie continue lui martelait quotidiennement cette musique ; elle continue du fait qu’elle a débuté. Le destin, comme s’il s’agissait d’une ombre, propose des routes inconnues, parfois inquiétantes. Lesquelles ? Exigent-t-elles d’être suivies aveuglément, sans s’interroger, sans comprendre ? Nathan, l’oreille fichée au plancher, perçoit la vibration des cordes, le jaillissement de la musique. S’interroge-t-il sur la suite des choses qui ont fatalement une suite tout comme cette musique qui ne cesse de le hanter ? Demain, il prendra le bus, en route vers son village, persuadé que le fait d’y revenir lui permettra de s’approprier une partie du chemin parcouru depuis la fin du mois d’août et l’occasion de défricher celui ou ceux qui se présentent maintenant que cet hiver frileux et figé engourdit la ville, l’insensibilise. ( Il fallut à Nathan et Isabelle prendre position, choisir la destination commune afin de poursuivre leurs études postsecondaires. Pour elle, le choix était clair, la création artistique par le biais de l’info-graphisme et pour cela Montréal proposait des options adaptées à son ambition. Pour lui, un CEGEP offrant une mise à jour académique puisque ses derniers résultats atteignaient à peine la moyenne exigée pour envisager un choix de carrière. C’est quelque part en février qu’ils optèrent pour Montréal ; avril, ils annoncèrent la nouvelle aux parents et se mirent en chasse d'un logement; juin, ils louèrent cet espace tout près du métro Berri-UQAM presque en plein coeur du centre-ville. Ils emménageront à la fin de l’été. )
                                                                     
Les buildings ont disparu du paysage alors que le village de Nathan, d’ici quelques kilomètres, surgira de cette forêt de grands pins rouges que le bus traverse. Même si les couleurs que l’hiver barbouille autour de lui sont les mêmes qu'à Montréal, la lumière se fait d'une clarté éblouissante. - Vous appréciez particulièrement cette pièce de musique. Les mots de sa voisine ramènent le jeune homme à la réalité. C’est en boucle qu’il écoute ce My life is going on depuis le départ de Montréal. Je suis désolé si cela vous importune, répond le jeune homme, coupant le son du baladeur. Pas du tout, au contraire. Les rencontres inopinées revêtent parfois un caractère singulier dont celle-ci: deux voyageurs distanciés par l’âge, réunis par le raccourci d’un trajet en bus et qu’une musique échappée d’un baladeur incite à discuter. Me permettez-vous d’écouter ce qui accroche vos oreilles depuis le départ du terminus ? Nathan céda son appareil à la dame âgée qui le mit en marche, ferma les yeux, immobile durant quelques minutes. Elle réécouta la musique. Sourit. Décrocha les oreillettes. Rendit la machine au jeune homme. Je vois bien que cette pièce musicale vous secoue. Vous avez raison. Il se réfugia momentanément dans un silence bousculé par le brouhaha du bus. La dame respecta son absence, certaine qu’il allait bientôt en resurgir. Nous l’écoutions tous les jours, ma copine et moi. Plus maintenant, si je me permets cette indiscrétion. Nathan, se tournant vers sa voisine, esquissa un sourire neutre. Plus maintenant, en effet. Mais vous, vous l’écoutez toujours.
                                                                  
Lorsque les parents de Nathan avancèrent l’idée de rénover une partie de la maison ancestrale, le benjamin, celui qui aujourd’hui retrouve son village sous une neige épaisse, renoue avec cette route si étroite qu’une seule voiture peut y circuler, avait demandé que sa chambre soit déplacée dans le grenier, qu’on y installe plusieurs fenêtres, en fait il avait précisé dans le plus de directions possibles. Ceci permettrait au soleil de s’y refléter à longueur de journée, à la lune de s’y mirer à sa guise et lui de pouvoir s’isoler sans complètement disparaître. Idée singulière pour quelqu'un qui cherche à socialiser, argumenta sa mère. Je ne suis pas sociable et ne cherche pas non plus à le devenir. Il prit possession de son antre comme l'appelait sa mère, dès son entrée à l’école secondaire. Remettre les pendules à l’heure, tenter, aussi, de saisir ce qui s’entremêle dans les notes obsédantes de cette musique continuellement présente dans sa tête, puis, ouvrir l’enveloppe qu’Isabelle a déposée à sa porte quelques jours avant qu’il ne décide de revenir dans sa tanière, comme s’il s’agissait d’une retraite. Nathan s’installa sur son lit, mit en marche le baladeur, accorda quelques secondes à la musique avant de plonger dans la lecture du message de celle qu’il vient de quitter. Notre musique, la nôtre, même après ton départ, me ramène à toi... Nous étions violon et violoncelle en tempo lento... En profonde hésitation... Retour en avant, puis du sur-place... Une continuité se cherchant dans ses nombreux hiatus... Il est difficile d’être entièrement en communion avec une autre personne... Installer deux destinés pour qu’elles cherchent, ensemble, une même direction... Cette musique, la nôtre, malgré ton départ, me raccroche à toi... Nous étions violon et violoncelle, maintenant qui serons-nous ? Et la vie continue... Nathan écoutait le silence qui, invariablement, suit la fin de toute musique. Est-ce que ma vie continue ? 



La musique qui parle à Nathan n’a rien de classique malgré la présence des violon et violoncelle, est tirée d’une série espagnole (la casa de papel) et interprétée par Cecilia Krull. Elle m’amène à parler de musique et de séparation lors du prochain billet.













samedi 27 juillet 2024

Si Nathan avait su

 

Si Nathan avait su

Il y a si longtemps. Long de temps. Je pose mon verre de Morgon sur la table que j’ai achetée et placée tout à côté de mon ordinateur installé dans le lieu que je fréquente le plus depuis quelques années - depuis ma retraite en fait. Il m’aura fallu déranger un peu le recueil de poèmes, celui qui m’accompagne depuis belle lurette. Long de temps. Il s’agit des Poésies complètes de Saint-Denys-Garneau, ce poète qui m’a vraiment, mais alors là vraiment fait comprendre ce qu'’est la poésie. Cela pourrait se comparer à l’expérience d’un enfant qui goûte aux champignons pour la première fois alors qu’il n’avait, auparavant, mangé que des patates et des carottes. Lorsque le rouge qui s’appelle Morgon rejoint ma tête, il supplie mes mains de s’installer au clavier. D’écrire. On m’a toujours dit qu’écrire n’était réservé qu’aux écrivains. J’y ai cru. Longtemps. Très longtemps. Mais j’ai dévié de cette route lorsqu’un jour une vieille dame, cousine-germaine de ma grand-mère maternelle, femme moderne pour son époque non pas seulement parce qu’elle fumait et que, devenue veuve assez jeune et orpheline d’un fils décédé à la fin de son adolescence en raison d’une presque consanguinité (union d’un oncle avec sa nièce) elle se retrouva avec un important pactole la rendant indépendante, du moins financièrement. Elle fut la première à lire mes poèmes de douze ans. S’y intéressant, elle m’offrit un magnifique livret, je me souviens, il était vert à bordure dorée, un signet rouge au centre. Je devais le remplir de mes … oeuvres. Elle les commentait avec tellement de chaleur et d’affection que la poésie qui devait alors m’être qu’un échappatoire devint rapidement un lieu que je me suis mis à habiter. J’y logeais cherchant à mieux l’aménager. Cette cousine m’offrait des recueils de poèmes devant, selon ses dires, m’aider à mieux écrire, à m’inspirer. Mais je ne savais pas écrire. Je n’étais pas inspiré. Les alexandrins que je pondais, par chance, ont disparu avec le livre vert à bordure dorée et signet rouge. Un jour, alors que je lui parlais d’un type de poésie tellement, mais tellement loin de ce qu’elle m’offrait, il y eut entre nous une profonde remise en question, de l’ordre du spirituel, du religieux devrais-je plutôt dire. Marie Noël, Octave Crémazie, Louis Fréchette qu’elle m’incitait à lire et à imiter, je les trouvais, honnêtement, plutôt ennuyants. Je passais à Rimbaud, Verlaine, Baudelaire et Saint-Denys-Garneau. Je lisais ces poètes à la porte de l’adolescence. Ils me chaviraient l’âme. Nelligan semblait à ce moment-là plus fréquentable que les poètes maudits de France, mais sans trop savoir pourquoi il ne répondait pas à qui j’étais. On murmurait autour de moi que les poètes étaient des êtres bizarres, destinés à un avenir débouchant sur la folie sous toutes sortes de formes. Ce que maintenant je regrette amèrement, c’est de ne pas avoir eu à cette époque un guide qui eut pu à la fois me conseiller et surtout me centrer sur les oeuvres davantage que sur l’aspect «people» entourant leurs vies. On disait : Nelligan est fou, Rimbaud et Verlaine sont des invertis (le mot homosexuel n’était pas utilisé pour les définir, le terme «gay» n’existait pas) et Baudelaire, un drogué. Je cherchai conseil auprès de mon paternel qui me dirigea vers les mêmes références que la cousine-germaine de ma grand-mère. Un seul m'aura intéressé et j'en reparlerai sans doute, il s'agit de Charles Guil et son Cap Éternité. Mon père a toujours eu la triste habitude de régler rapidement, trop parfois, les questions qui lui étaient adressées en soufflant dessus, espérant les voir s’envoler en fumée ou en dirigeant les interrogations vers un autre sujet. Ce qui ne fut pas nécessairement désolant puisqu’il  nous inscrivit à la Maison Columbia, section des disques classiques. J’avais donc à m’auto-guider… Et c’est Hector de Saint-Denys-Garneau qui fut - et encore maintenant - le poète qui m’obligeait à fermer les yeux à chacun de ses vers, à chacune de ses éblouissantes métaphores, à tous ses poèmes fracassant la poésie traditionnelle. Écrire en vers libres ce n’était pas de la poésie, plutôt de l’hétérodoxie. Mais Hector m’y amena tout d’un coup et jamais plus j’allais le regretter. Alors que mon verre de Morgon s’achève, que tout doucement le soir descend, qu’un léger vent se faufile par la fenêtre alors qu’un magnifique concerto pour violon de Mendelssohn m’emplit de bonheur, je réalise que le temps passe vite. Que Saint-Denys-Garneau est mort. Que je suis devenu vieux. Très vieux même. Il ne reste que peu de choses de celui qui, un jour, décida de signer ses poèmes d’un pseudonyme : Herman Delage. J’ai souvent, entre l’enfance et l’âge adulte, joué avec les noms. À titre d’exemple, autour de l’âge de dix ans j’avais décidé que mes deux frères et moi étions devenus des Anderson. Cela m’amusait beaucoup parce qu’il devenait possible pour moi de leur créer un monde, leur faire vivre des aventures desquelles ils sortaient en héros gigantesques adulés par tous et chacun. Le souvenir que j’ai encore vivant à mon esprit est celui-ci : nous étions des fils de titan, d’invincibles coureurs des villes, de solides redresseurs de mauvaises situations, trois valeureux protecteurs de la veuve et de l’orphelin ne reculant devant aucune catastrophe autant matérielle que celle pouvant se présenter aux êtres qui nous étaient chers, même les autres. Maintenant que je fouille dans des textes partiellement publiés ou volontairement enfermés dans ce que je nomme mon laboratoire, j’en découvre quelques-uns qui me serviront pour avancer dans ce nouveau projet que j’intitulerai : SI NATHAN AVAIT SU. J’aurais pu aussi le nommer SI HERMAN AVAIT SU. Mais il faut choisir et c’est Nathan qui l’emporte. Y a-t-il une raison précise? Deux, en fait. La première parce qu’un des écrivains qui aura également bousculé ma manière de voir le monde, André Gide, a opté pour Nathanaël afin de s’adresser à nous dans l’initiatique oeuvre que représente Les nourritures terrestres.  La seconde, alors qu’en compagnie de mon frère Pierre et ma belle-soeur Claire nous nous adonnions à partager des textes à partir d’un même thème, cette activité devenue notre otium, Nathan s’est présenté me permettant de développer une thématique et en même temps, créer un personnage. J’aime, non j’adore créer des personnages. DEP (roman que j’ai publié au Vietnam en 2019) m’a permis de satisfaire cette passion. Dans ces prochains billets, je succomberai à nouveau à cet emportement. Évidemment, je broderai entre réalité et fiction, installerai autour de mon verre de Morgon une espèce de mise en scène dont plusieurs éléments puisés à même mon passé sont encore présents à ma mémoire.













jeudi 25 juillet 2024

Projet entre nostalgie et fantaisie... (4)

 




lundi 12 juin 2006

 

    Je vous offre trois poèmes écrits il y a de cela quelques années, alors qu’avec un groupe d’élèves je travaillais la poésie. 
Ils devaient leur servir de modèle. 
Leurs poèmes ont été publiés dans un recueil qu’ils intitulèrent
REGARDS DE GLACE... REGARDS D’ENCRE...


entre plus tard et partir


entre plus tard et partir
l’image éblouie de la lumière
                                                        dressée
se reflète
en couleurs diluées

entre partir et plus tard
la fine fleur de l’ombre
                                            arrachée
s’attarde
à un même sol

plus tard, entre partir et revenir
les pas étouffés d’un silence retenu,
                                                                        soupiré
s’esseule
à l’écho de la fleur

partir entre plus tard et jamais
les cris comme des bruissements
                                                                    résonnés
s’assomment
au fond de l’infini

entre plus tard et partir
en d’éteintes sécheresses
l’eau s’écoule
sur un pays asséché




la légende du cheval blanc


cheval blanc
sur fond de montagne
fond
en équilibre

amble et trot
une eau jaillissante
puissante
l’enfourchant
s’enfonce
en perles fuyantes

un cheval blanc
vers les nuages froncés
s’accroche à la selle du vent
encore fou de sa source limpide
et que lentement verdisse la terre!





espiègle siècle espéré


le bleu dans le gris des nuages
s’engloutit
en ce matin de porcelaine

un parfum emplit l’espace
hymne imprimé sur la peau

le silence de vos cris
parle de la vie

à la porte du siècle
les jours s’éclairent d’ombre
éparpillant vos joies

la plus belle parole
la redite des paroles éteintes
le cadenas ouvert aux espoirs
afin qu’éclate le siècle espéré
qui sera ce que tu seras,
nue de ce que tu étais
vêtue de qui tu seras

espiègle absente des nuits blanches
fantôme apprivoisé,
spectre envahissant,
marchant ses pas dans les flaques d’eau
comme l’intarissable source jaillissante
coule par vos plaies refermées

un sourire
sur vos avenirs
sur vos bouts de chemin
prend par la main
celles et ceux
qui accueilleront l’espiègle siècle espéré

                                                                                  

mercredi 17 juillet 2024

Et si... la suite comme une fin !





          Au contraire de l’utopie, la dystopie «fait le récit d’une société imaginaire ou impossible à vivre, pleine de défauts et dont le modèle ne doit pas être imité.» La suite de poèmes lancée par L’OISEAU (20 avril 2024) a suscité plusieurs commentaires très pertinents. Je les résume ainsi : certains lecteurs ont vu, un instant, que j’étais dans la dystopie et que j’allais vers une nouvelle façon de dire le monde à la suite du cataclysme provoqué par cet oiseau de proie :

« Ce fut la mort, l’imprévisible mort qui s’est abattue
ne laissant aucune chance, elle n’en laissera jamais
transportera, installera son périmètre secret 
autour d’une autre vie… sans qu’on ne l’est vu».
 
         On m’a aussi cité ces vers qualifiés de pessimistes en lien avec la destruction qu’annonce L’OISEAU :

   «  C’est la mort harnachant le vide, trônant fiévreusement au-dessus d’une faille.
La mort, aussi vieille qu’elle-même, plus avide qu’elle-même, si tant elle-même
que les regroupés puis disparus ont passé le relais aux autres, ceux qui viendront
devant une autre maisonnette blanche, bâtie à l’identique, avertie de se décolorer
quand passera un oiseau de proie ayant délimité son territoire de chasse, de mort…»
   
         Le poème suivant … immortel … conjugué au futur semble donner un peu d’espoir alors que L’ÉTENDUE BLANCHE a paru davantage inquiétant du fait qu’il «s’écrit à l’encre blanche» et qu’à la fin «un point noir éclôt…».
 
       Dans EN MARCHE… ON NE SAIT OÙ et ET SE LÈVE UN VENT FULGURANT, puis NOUS NE SOMMES PLUS SEULS apparaissent couleurs, sons et les êtres humains. C’est peut-être ici que l’idée que l’on fuyait la dystopie a pu naître chez les lecteurs(trices) ou encore dans leur imaginaire cherchant à interpréter, à donner un sens à la suite de ces poèmes. Surgit finalement ET SI , poème hypothétique, spéculatif voire conjectural qui assure la continuation de cette série. Et puis, je pourrais dire finalement, cette suite de ET SI qui, sans marcher entièrement dans des sentiers surréalistes, risque tout de même de s’y aventurer à pas de loup.
 
          Je propose cette clé. Elle n’est sûrement pas unique. On peut fort bien lire tout cela comme s’il s’agissait de l’écriture miroir qui projetterait le tout à l’intérieur d’un être dépressif doucement mais résolument actif à poursuivre une démarche personnelle. À vous de choisir…
 
 
 
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                                (puis)            Et si…
 
les erreurs de la nature n’étaient que des vengeances ... et si la logique d’un coup s’égarait … et si nous oubliions ce qui était, ce qui a été, ce qui fut pour mieux centrer nos pas … et si le hasard devenait l’avenir réel … et si les arbres, des génuflexions au pied du ciel …  et si rien ne nous inquiétait, encore moins les souvenirs d’un passé révolu … et si nous nous connaissions mieux que nous-mêmes … et si nous n’acceptions de vivre que de nuit et cela tous les matins … et si se reconnaître prenait le sens de connaître … et si nous n’avions en nous aucune aptitude pour la guerre … et si nous revêtions nos uniformes de paix …

                                       
 
PAUSE
 
 et si nous devions définir les choses qu’au moment de les voir… et si les couleurs ne signifiaient rien … et si les sons s’imbriquaient aux mots, eux-mêmes emmêlés autour de fragiles colonnes lexicales … et si les odeurs nous rappelaient celle de l’eau … et si les enfants n’apprenaient qu’à le demeurer … et si d’immenses tempêtes de silence s’abattaient sur nous … et si nous écoutions le silence pour mieux irriguer notre cerveau … et si les fleurs se mariaient aux oiseaux … et si nous avions perdu ce qui nous tenait à coeur … et si la violence, soeur siamoise de la peur, devenait un agir arrêté … et si le temps s’étirait et s’étirait encore sans rien perturber … et si le carmin du ciel demeurait beau …

                                  

PAUSE
 
et si le blanc de l’horizon n’était perceptible qu’à l’oeil nu … et si les failles de nos vies se refermaient … et si nous en arrivions à n’être que nous … et si nous marchions la main dans la main … et si l’amour s’appelait l’ AMOUR … et si les rencontres devenaient des occasions … et si nous n’avions plus la mémoire des futilités … et si nos ancêtres nous souriaient … et si la Crète tout d’un coup réapparaissait dans le goût des olives noires … et si beau temps mauvais temps nous étions euphoriques … et si les nouveaux médicaments n’étaient plus disponibles … et si notre regard se faisait autiste … et si partir n’avait aucun but … et si on arrivait à définitivement démolir les tours de Babel … et si les frontières se confondaient entre elles …

                                                    
PAUSE
 
et si mentir se confessait debout devant l’éternité … et si l’infini devenait un havresac de mensonges … et si nous ne nous interrogions plus sur la mort … et si elle se cachait dans les astres … et si nous ne pouvions y parvenir … et si nous savions que là quelqu’un vit sans chercher à rejoindre d’autres quelques-uns vivant ailleurs dans d’autres astres qui ne cherchent pas à en rejoindre d’autres … et si la hantise du retour d’un oiseau de proie ne nous collait plus à la peau … et si on savait ce qui se dira demain parce qu’hier nous l’avons répété … et si nous ne donnions pas de nom aux pays qui empliront le nouvel espace … et si la solitude n’avait aucun prix … et si les romans n’avaient plus de fin, moins de morale … et si les intrigues ne nous intriguaient plus … et si les poèmes sortaient de terre après l’avoir ensemencée … et si l’espoir n’était que du conditionnel …



PAUSE
 
et si nous pouvions tourner les pages d’anciennes vies …
 
 
(puis)  -  (alors)
 
ton nom je ne l’oublierais plus
écrit là où l’oubli n’a plus sa place
exactement là où jamais je ne l’oublierai
 
j’ai encore trop à oublier
trop à ne plus me souvenir
je ne conserve que du maintenant
 
j’aurai épuisé
le vent pour complice
les anciens surplus de vide
 
il est là celui qui écrit
partageant avec elle
les mots au sens renouvelé…
 
FIN

                                                          













lundi 15 juillet 2024

Projet entre nostalgie et fantaisie ... (3)

 

                           

    

     La poésie prend mille et un sens, mille et une définitions selon celui et celle qui s'en approchent. Mieux encore, elle se dévoile - la poésie - dans des circonstances individuelles, oui, en un temps précis,  tout à fait exact, dans un endroit qui nous est personnel et surtout... alors que nous sommes dans un état de réception variant selon mille et une raisons, mille et un états d'âme.


     Le «projet entre nostalgie et fantaisie» me permet de revenir sur les mots d'un poème et, par la magie de la lecture et de la poésie elle-même, retrouver le sentiment, l'émotion qui sont allés frapper à la porte de la Muse et voir si tout est là encore ou nécessite une mise à jour.

   Je crois que la poésie est la première expérience humaine en 5D ( 5 dimensions), expérience qui dépasse nos quotidiennes trois (3) dimensions limitant notre vision à sa hauteur, sa largeur et sa profondeur. La 4D ajoute le temps comme direction perpendiculaire à toutes les directions de notre espace. La cinquième est associée à des états de conscience élargis et à des phénomènes qui dépassent notre réalité immédiate.

     La poésie serait... un phénomène métaphysique présent en nous depuis... si longtemps.

    Voici deux poèmes, le premier remonte du 23 septembre 2005 (Douzième saut de crapaud ) alors que le second date au 25 février 2006 (Le quatre-vingt-dixième saut de crapaud), tous les deux inspirés par des événements s'étant alors imposés à moi.


Corps
sans regards
sans mains
sans voix

corps
aéroports qu’une torche pâle illumine
de la chimie, du sang chaud, emmêlés
à des ailes de comète

regards
navires embués broutant des mots engloutis
dans ces fleuves malades
tels des domaines du passé

mains
grands manèges arrêtés
requinquant des portes grincheuses,
des moulinets défaits

voix
 cicatrices aux veines imperméables 
 davantage singulières, moins plurielles
avalant les restes séchés de la sève



la vie éternelle, répétition parallèle à l'infini
arpente inlassablement
des corps sans regards, sans mains et sans voix

                                                          



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les si froids janviers de la vie sont des chemins dans les plaines enneigées…


des envers de sable
des ailleurs sans hiver…


les si froids janviers de la vie sont des chemins dans les plaines enneigées…


marchent
les infatigables âmes
au carrefour se cache la rencontre


les si froids janviers de la vie sont des chemins dans les plaines enneigées…


balisent les forêts
les ruisseaux gelés
les veines durcies
l’atlas des amants


les si froids janviers de la vie sont des chemins dans les plaines enneigées…


des poings s’ouvrent
des mains se joignent
rouges encore
la glace pend aux clôtures barbelées


les si froids janviers de la vie sont des chemins dans les plaines enneigées…


sifflent les flèches au-dessus leur tête
eux, penchés, fixent
la même direction


les si froids janviers de la vie sont des chemins dans les plaines enneigées…


la cible des engelures est atteinte
elles guériront au printemps à venir

et

en plein cœur des si froids janviers de la vie
des chemins dans les plaines enneigées

rejaillira la lavande…



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

l

jeudi 11 juillet 2024

Un peu de politique à saveur bratacienne ... (Billet 6)

 

Un peu de politique à saveur batracienne…


EN FRANCE, C’EST GAUCHE/DROITE

    On croyait bien qu’à la suite du deuxième tour des élections législatives françaises tenues le dimanche 7 juillet dernier, tout allait être joué ; eh bien ! non, en fait tout reste encore à jouer, et ça s’annonce plutôt serré comme à la guerre…
 
Quelques remarques avant d’entrer dans le vif du sujet.
 
1. - C’est tout de même extraordinaire que dans ce grand hexagone de plus de 66 millions d’habitants, les bureaux de vote ferment leurs portes à 20 heures et, quelques secondes après, bang ! les  résultats nous parviennent avec une formidable exactitude.
 
2.- Les sondages prévoyaient l’élection de l’extrême-droite (lire Rassemblement National ) - tout comme LE CRAPAUD d’ailleurs - et son entrée à Matignon, là où réside le Premier ministre français, alors que la réalité - certains diront la «voix du peuple»  - présente tout le contraire, malgré un certain avancement au niveau du nombre de leurs députés élus.
 
3.- La gauche, réussissant l’impossible, à savoir s’unir afin de présenter un front commun (Le Nouveau Front National) qui rassemble toute une fourchette d’idéologies allant jusqu’à l’extrême-gauche, se retrouve avec le plus grand nombre de députés élus (182) sur un total de 577.
 
4.- Le Président Macron, face à des scores défavorables lors des élections européennes, a dissout l’Assemblée nationale française, provoquant ainsi une  élection de laquelle il envisageait certainement un meilleur dénouement que celui obtenu.
 
5. - La campagne électorale française a ceci d’intéressant : elle se joue sur deux (2) tours et pour être élu le candidat de tel ou tel parti politique doit obtenir 50% des suffrages exprimés + 1 au premier tour. Tous ceux qui soutirent 12,5% du vote populaire peuvent, s’ils le souhaitent, passer au second tour. C’est ici, selon les analystes, que les résultats finaux se sont joués, le désistement de certains candidats pour favoriser un affrontement à deux et non à trois. Cette stratégie utilisée principalement par les partis formant le Nouveau Front National a ainsi permis plusieurs duels qui se sont avérés néfastes au Ralliement National. Un seul hic à cette manoeuvre, elle aura profité davantage à la gauche au détriment de la faction dirigée par le Président Macron et son Premier ministre, Gabriel Attal.
 
6.- Trop souvent les débats politiques sont teintés de démagogie, de coups bas et parfois d’une pelletée de mensonges ou de calomnies. La France n’y a pas échappé et revenir sur cela n’en vaut franchement pas la peine.
 
7.- Toutefois, et voici une pédagogie plus attractive, certains analystes qu’ils soient journalistes, éditorialistes, professeurs d’université ou chercheurs en science politique ont tenté de voir certaines similitudes entre deux philosophies, celle du  Siècle des Lumières et celle de l’extrême-droite, appliquant ces deux doctrines aux camps en présence : le Siècle des Lumières associé au Nouveau Front Populaire alors que l’autre ressemblerait aux idées défendues par le Rassemblement National.
 
    Les éléments caractéristiques de la philosophie des Lumières sont la «primauté scientifique», «l’esprit critique», «l’idée de tolérance» ; ceux de l’extrême-droite s’approchent de la «xénophobie», de «l’autoritarisme en matière de politique intérieure» ainsi «qu’une rhétorique d’antisystème». Je ne sais si cela a pu ou non jouer dans les intentions de vote des citoyens français, mais certains le croient.
 
    Tout de même surprenant qu’au lendemain des élections législatives, les élus du Rassemblement National au Parlement européen concluent une entente avec le Premier ministre d’extrême-droite de la Hongrie Viktor Orban afin de créer une troisième voie dans la seule institution européenne dûment élue, une voie résolument d’extrême-droite.

 
Et alors, c’est quoi selon LE CRAPAUD le vif du sujet ?

 
    On peut très bien examiner la politique française avec en tête ces idées qui ont longtemps circulé là-bas et qui nous ont permis de s’en faire une opinion, à savoir qu’il existe un éventail de partis politiques se situant au centre, à droite et à gauche. Simple en effet. La réalité actuelle est tout autre, plus nuancée, plus complexe. La droite se compose de plusieurs familles, mais se distingue davantage (maintenant) par celles qui s’approchent des Le Pen (Rassemblement National) et celles qui s’en éloignent. Le centre, chamboulé depuis l’arrivée du Président Macron dont le grand rêve politique est de réunir centre-droit et centre-gauche, est au pouvoir depuis la fin du règne de François Hollande. Pour sa part la gauche, celle qui sans aucun doute a eu le plus de difficulté à s'unir par le passé alors que le Parti Socialiste en était le leader tout à côté du Parti Communiste, a vu son visage profondément modifié par l’arrivée du tribun hors norme qu’est Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) que l’on considère d’extrême-gauche.

Jean-Luc Mélenchon
                                   
 
     Nous voguions vers un 7 juillet historique, soit la possibilité d’une alternance au pouvoir législatif et un Jordan Bardella croyant fortement à la possibilité de devenir le prochain Premier Ministre. Dans les faits nous accostons à un quai inédit: aucun parti ne détient la majorité à l’Assemblée nationale ; on doit mener des tractations entre différents partis politiques (les gouvernements issus de coalitions ne sont pas monnaie courante en France) afin de pouvoir proposer un Premier Ministre chargé de monter un gouvernement, sauf qu’ici on ne veut pas de cela et vice-versa. On en a jusqu’à l’automne avant de voir la situation dénouée, surtout qu’on ne peut tenir une élection (législative) d’ici un an. 

    Plane dans l’air différentes hypothèses dont celle qui veut que le Président confie le gouvernement à des techniciens sans allégeance politique et ayant pour mandat de gérer le pays. Celle d’une démission du Président de la République et l’obligation de tenir une élection afin de le remplacer circule, mais le principal intéressé ne semble pas y porter beaucoup attention.
 
    Intéressant à suivre à quelques jours de l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris (26 juillet au 11 août) alors que le monde entier aura les yeux rivés sur ce pays qui, je le souhaite du moins, pourrait devenir un modèle pour certains autres qui d’ici quelques mois (USA en novembre prochain) et (le Canada quelque part entre maintenant et 2026) tiendront un exercice démocratique semblable.
 
    Est-ce que la «voix du peuple» résonnera comme elle vient de le faire dans notre mère-patrie, nous évitant de tomber dans les griffes d’une droite… trop à droite ?






mardi 9 juillet 2024

TIRÉ À PART

 

Gaston MIRON


  Tous et toutes nous le connaissons. L'homme rapaillé. L'éveilleur de conscience, celle du Québec. Poète avant tout, Gaston MIRON aura été de tous les combats qu'ils soient politique, littéraire, linguistique, de tous ces combats qui, encore maintenant, doivent se poursuivre malgré le fait que ce «passeur de culture» en ait, toute sa vie durant, été soit le promoteur et souvent le précurseur.

  À l'image de notre barde national, Félix LECLERC, Gaston Miron a d'abord séduit la France où il s'est imposé comme un indispensable de la littérature française. L'influence qu'il a répandue autour de lui - d'abord en fondant la maison d'édition l'Hexagone, en patronnant LA NUIT DE LA POÉSIE - a fait jaillir sans aucun doute, émerger serait encore plus précis, des auteurs, des autrices - principalement des poètes, des poétesses - dont le Québec s'enorgueillit aujourd'hui.

  Mon frère Pierre, dans ce tiré à part, nous permet aujourd'hui de rendre hommage à cet homme essentiellement unique. Il nous propose un poème qu'il a écrit le 8 septembre 2020 inspiré de MIRON.



« Les mots nous regardent

Ils nous demandent de partir avec eux »

- Gaston Miron

 

Les mots nous regardent

Ils demandent de partir avec eux

Aller faire un tour

Du côté de la vision

Au-delà du triste,

Au plus près de l’amour

Autres mots pour nommer nos maux

Je les cherche, ils sont là pourtant

À bout portant, pourtant transparents

Ces mots appris, trouvés, réinventés

Par-delà les aspérités du moment

Ils aident à nous créer

Construire encore plus d’humanité

Quelle belle engeance ces animaux parlants

Quand ils veulent bien se dire

Ah le langage, oui, mais les mots…

Si discrets, qui soutiennent le discours

Ils nous aident à être là, ici

Pour autant que nous voulions qu’ils y soient

Nous révélant dans l’essentiel, l’émotion

Soutenant notre élan lorsque chantés 

Oui les regardent, nous attendent

Comme dans le poème, leur lieu privilégié

D’où ils dansent, nous en mettent la vue

Pour que naisse la fête du Dire.

 

- Pierre Turcotte





            

Si Nathan avait su (12)

Émile NELLIGAN La grossesse de Jésabelle, débutée en juin, lui permettra de mieux se centrer sur elle-même. Fin août, Daniel conduira Benjam...