jeudi 11 juillet 2024

Un peu de politique à saveur bratacienne ... (Billet 6)

 

Un peu de politique à saveur batracienne…


EN FRANCE, C’EST GAUCHE/DROITE

    On croyait bien qu’à la suite du deuxième tour des élections législatives françaises tenues le dimanche 7 juillet dernier, tout allait être joué ; eh bien ! non, en fait tout reste encore à jouer, et ça s’annonce plutôt serré comme à la guerre…
 
Quelques remarques avant d’entrer dans le vif du sujet.
 
1. - C’est tout de même extraordinaire que dans ce grand hexagone de plus de 66 millions d’habitants, les bureaux de vote ferment leurs portes à 20 heures et, quelques secondes après, bang ! les  résultats nous parviennent avec une formidable exactitude.
 
2.- Les sondages prévoyaient l’élection de l’extrême-droite (lire Rassemblement National ) - tout comme LE CRAPAUD d’ailleurs - et son entrée à Matignon, là où réside le Premier ministre français, alors que la réalité - certains diront la «voix du peuple»  - présente tout le contraire, malgré un certain avancement au niveau du nombre de leurs députés élus.
 
3.- La gauche, réussissant l’impossible, à savoir s’unir afin de présenter un front commun (Le Nouveau Front National) qui rassemble toute une fourchette d’idéologies allant jusqu’à l’extrême-gauche, se retrouve avec le plus grand nombre de députés élus (182) sur un total de 577.
 
4.- Le Président Macron, face à des scores défavorables lors des élections européennes, a dissout l’Assemblée nationale française, provoquant ainsi une  élection de laquelle il envisageait certainement un meilleur dénouement que celui obtenu.
 
5. - La campagne électorale française a ceci d’intéressant : elle se joue sur deux (2) tours et pour être élu le candidat de tel ou tel parti politique doit obtenir 50% des suffrages exprimés + 1 au premier tour. Tous ceux qui soutirent 12,5% du vote populaire peuvent, s’ils le souhaitent, passer au second tour. C’est ici, selon les analystes, que les résultats finaux se sont joués, le désistement de certains candidats pour favoriser un affrontement à deux et non à trois. Cette stratégie utilisée principalement par les partis formant le Nouveau Front National a ainsi permis plusieurs duels qui se sont avérés néfastes au Ralliement National. Un seul hic à cette manoeuvre, elle aura profité davantage à la gauche au détriment de la faction dirigée par le Président Macron et son Premier ministre, Gabriel Attal.
 
6.- Trop souvent les débats politiques sont teintés de démagogie, de coups bas et parfois d’une pelletée de mensonges ou de calomnies. La France n’y a pas échappé et revenir sur cela n’en vaut franchement pas la peine.
 
7.- Toutefois, et voici une pédagogie plus attractive, certains analystes qu’ils soient journalistes, éditorialistes, professeurs d’université ou chercheurs en science politique ont tenté de voir certaines similitudes entre deux philosophies, celle du  Siècle des Lumières et celle de l’extrême-droite, appliquant ces deux doctrines aux camps en présence : le Siècle des Lumières associé au Nouveau Front Populaire alors que l’autre ressemblerait aux idées défendues par le Rassemblement National.
 
    Les éléments caractéristiques de la philosophie des Lumières sont la «primauté scientifique», «l’esprit critique», «l’idée de tolérance» ; ceux de l’extrême-droite s’approchent de la «xénophobie», de «l’autoritarisme en matière de politique intérieure» ainsi «qu’une rhétorique d’antisystème». Je ne sais si cela a pu ou non jouer dans les intentions de vote des citoyens français, mais certains le croient.
 
    Tout de même surprenant qu’au lendemain des élections législatives, les élus du Rassemblement National au Parlement européen concluent une entente avec le Premier ministre d’extrême-droite de la Hongrie Viktor Orban afin de créer une troisième voie dans la seule institution européenne dûment élue, une voie résolument d’extrême-droite.

 
Et alors, c’est quoi selon LE CRAPAUD le vif du sujet ?

 
    On peut très bien examiner la politique française avec en tête ces idées qui ont longtemps circulé là-bas et qui nous ont permis de s’en faire une opinion, à savoir qu’il existe un éventail de partis politiques se situant au centre, à droite et à gauche. Simple en effet. La réalité actuelle est tout autre, plus nuancée, plus complexe. La droite se compose de plusieurs familles, mais se distingue davantage (maintenant) par celles qui s’approchent des Le Pen (Rassemblement National) et celles qui s’en éloignent. Le centre, chamboulé depuis l’arrivée du Président Macron dont le grand rêve politique est de réunir centre-droit et centre-gauche, est au pouvoir depuis la fin du règne de François Hollande. Pour sa part la gauche, celle qui sans aucun doute a eu le plus de difficulté à s'unir par le passé alors que le Parti Socialiste en était le leader tout à côté du Parti Communiste, a vu son visage profondément modifié par l’arrivée du tribun hors norme qu’est Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) que l’on considère d’extrême-gauche.

Jean-Luc Mélenchon
                                   
 
     Nous voguions vers un 7 juillet historique, soit la possibilité d’une alternance au pouvoir législatif et un Jordan Bardella croyant fortement à la possibilité de devenir le prochain Premier Ministre. Dans les faits nous accostons à un quai inédit: aucun parti ne détient la majorité à l’Assemblée nationale ; on doit mener des tractations entre différents partis politiques (les gouvernements issus de coalitions ne sont pas monnaie courante en France) afin de pouvoir proposer un Premier Ministre chargé de monter un gouvernement, sauf qu’ici on ne veut pas de cela et vice-versa. On en a jusqu’à l’automne avant de voir la situation dénouée, surtout qu’on ne peut tenir une élection (législative) d’ici un an. 

    Plane dans l’air différentes hypothèses dont celle qui veut que le Président confie le gouvernement à des techniciens sans allégeance politique et ayant pour mandat de gérer le pays. Celle d’une démission du Président de la République et l’obligation de tenir une élection afin de le remplacer circule, mais le principal intéressé ne semble pas y porter beaucoup attention.
 
    Intéressant à suivre à quelques jours de l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris (26 juillet au 11 août) alors que le monde entier aura les yeux rivés sur ce pays qui, je le souhaite du moins, pourrait devenir un modèle pour certains autres qui d’ici quelques mois (USA en novembre prochain) et (le Canada quelque part entre maintenant et 2026) tiendront un exercice démocratique semblable.
 
    Est-ce que la «voix du peuple» résonnera comme elle vient de le faire dans notre mère-patrie, nous évitant de tomber dans les griffes d’une droite… trop à droite ?






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