samedi 28 novembre 2015

LES CHRONIQUES VIETNAMIENNES - Vung Tau - (4)





Quelques jours à Saïgon et voilà que cette amoureuse me fait tourner la tête. Impossible de m'en lasser. Elle, ville flexueuse, sensuelle. Je ne lui connais ni d'heures ni de moments où ne m'émeuvent ses couleurs, ses odeurs, ne me surprennent ses versatilités. Saïgon, I love you. Saïgon sait se faire aimer, désirer comme une femme. Cette ville est une femme. Ondoyante. Fugace comme un visage dont l'image se collerait à une vitrine.  

                               
Fugitive comme une hirondelle. Volage comme un parfum épicé.

Je lui dédie ce poème tellement peu à la hauteur de qui elle est. 
Je l'ai intitulé   I love you Saïgon. 

Simplement. Bêtement. Comme un amoureux inquiet des mots qu'il utiliserait pour dire son amour.

I love you Saïgon


Toi
ville aux matins chauds, aux midis brûlants
tes filles aux cheveux d’ébène soyeux
tes garçons aux gestes mécaniques                                       

                                                                            
tes enfants qui roulent des ballons
tes vieilles femmes aux mains crevassées
tes vieux hommes aux regards atones

I love you Saïgon

Toi
Ville aux magasins se culbutant l’un sur l’autre
tes odeurs changeantes d’heure en heure
ton soleil inondant, ta lune fanfaronne
tes motos comme autant de chevaux fous
tes trottoirs aux multiples obstacles
                                                                         
I love you Saïgon                                                     

Toi
ta noirceur de six heures
tes cireurs de souliers aux portes des cafés
tes vendeurs importuns de billets de loto
tes grands arbres parasols, rieurs de vent

I love you Saïgon

Toi et tes odeurs de curry, gingembre, citronnelle
tes couleurs chatoyantes
tes échoppes de fleurs rieuses

I love you Saïgon

Toi
tes balayeurs de rues tout en jaune
tes promeneurs sans nom, sans but
                                                              
I love you Saïgon                                                               

Toi
tes marchés où tout se bouscule

I love you Saïgon

Ville-fille folle et fière que love le fleuve

I love you Saïgon









 À la prochaine





mercredi 25 novembre 2015

LES CHRONIQUES VIETNAMIENNES - Vung Tau - (3)



Marché Ben Thanh

          Les papiers-mouchoirs TEMPO, les pastilles STREPSILS miel et citron, les médicaments aux quatre heures afin d’enrayer ce rhume gracieusement offert par les systèmes d’air climatisé de Saïgon.

Imaginez la situation : 30 degrés à l’extérieur sous un soleil ardent puis, vous devez absolument entrer dans un magasin où la climatisation roule à fond de train autour de 16 degrés. Le contraste est stupéfiant. Et vous retournez dehors à la chaleur tropicale. Difficile de m’y habituer. Résultat: quatre jours de cette médecine qui a le petit inconvénient d’apporter une bonne dose de somnolence avant de reprendre la routine quotidienne.

Si le dicton populaire, ''rien de pire qu’un rhume d’homme'' alors imaginez ce à quoi peut ressembler un rhume d’homme en pays tropical… J’vous dis pas!

J’ai passé quelques jours à Saïgon, en fait je m’y étais arrêté deux jours lors de mon arrivée et comme il me fut impossible de croiser tous les amis que je souhaitais voir, la semaine dernière – du mardi 17 à samedi 21 novembre – revenu au même petit hôtel situé derrière le Marché Ben Thanh, je poursuivais mes salutations auprès de ceux qui sont de plus en plus occupés par leur travail et leur famille. C’était plus facile, plus simple alors que tout ce monde vivait à l’estudiantine…

Cela m’a donc permis de remarcher Saïgon, m’y retrouver, m’apercevoir à quel point cette ville fait maintenant partie de ma vie. Elle n’a pas tellement changé depuis avril dernier, toujours aussi elle-même, enveloppée dans ses odeurs, exaltée par sa vitesse de jour et reposante dans sa lenteur de nuit.

Nous sommes souvent portés à la comparaison que ce soit celle en lien avec ce que nous avons vécu dans certains lieux ou encore comment nous ressentons les mêmes lieux dans une autre circonstance.

Renouer avec Saïgon mais cette fois sans domicile fixe autre qu’un hôtel, revoir les bus s’étouffer avant de se lancer dans une mêlée de motos zigzagantes, se faire offrir un déplacement ou un éventail, une paire de lunettes ou un massage, le meilleur de Saïgon, tout cela fut un immense plaisir. Une joie même.

Je ne voulais pas tomber dans la nostalgie facile et parfois un peu niaise, alors je me disais, plutôt je me répétais, que me voici revenu dans mon deuxième chez-moi. J’en avais comme preuve le fait de me déplacer sans aucune difficulté moi dont le sens de l’orientation n’est pas le talent premier.

Je craignais aussi, en flottant carrément dans l’univers de cette merveilleuse grande ville qui ne cesse, à chaque coin de rue, de m’épater, m’éblouir, je craignais de trouver mon Vung Tau… quelque peu ''boring''. 

Comme il n’y a pas de fumée sans feu, j’ai reçu quelques jours avant mon départ sur Saïgon une copie du contrat qui doit me lier à la compagnie de gestion de l'appartement de Vung Tau. Mon œil s’est accroché sur un petit détail, assez petit du moins pour me faire sursauter. À la clause ''payment'', le montant est exact sauf qu’on ajoute que les $ sont en US. Donc, autour de 20% de plus que ce que j’avais prévu dans mon budget et cela en raison du taux d'échange entre les dollars canadien et américain. Ce n’est pas l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau qui, par magie, allait corriger cette situation… disons embarrassante.

J’ai avisé ma logeuse de la fâcheuse situation, situation qu’elle comprend parfaitement bien, ajoutant que j’allais opter soit pour une tournée des locations moins dispendieuses sur Vung Tau ou encore, un retour vers Saïgon.

J’en suis là pour le moment. C’est évident que de pouvoir vivre dans ces deux mondes différents que sont Vung Tau et Saïgon est l’idéal mais il me faut tenir compte de la réalité.



     Autrement, j’ai fait la connaissance de charmantes personnes alors que je flânais au Café Martin. Deux types qui ont des racines ici mais qui, pour un, travaille comme ingénieur pour la compagnie japonaise Fecon ( elle a un gigantesque contrat en lien avec le métro de Saïgon ) et, pour l’autre, responsable financier pour une compagnie coréenne de cosmétiques. Nous sommes allés souper la semaine dernière avec un troisième ami qui lui travaille à l’aéroport de Vung Tau. Ce dernier est l’heureux papa d’une petite fille de cinq mois. Les deux premiers, comme tout bon vietnamien, n'envisagent le mariage qu'après avoir engrangé assez de sous pour se le permettre.

Assez régulièrement au Vietnam, un contact puis un réseau s’organise. De sorte que je puis dire qu’avec Chien, Dat et Thaï, malgré le fait qu’un soit maintenant à Hanoï, nous allons nous croiser pour l’appéro assez régulièrement. D’ailleurs, comme Dat remontait à Saïgon dimanche dernier, j’en ai profité pour y retourner, cette fois en moto : près de 3 heures. Faut le faire. Une expérience à vivre avec le rhume, le vent et la vitesse d'un motocycliste pressé de rentrer en ville.

L’intéressant aussi de faire partie d’un réseau c’est qu’il permet de recueillir des informations diversifiées directement sur le terrain, connaître certains petits détails qui, sans en être bien avisés, auraient pu devenir inconfortables. Pourquoi ne pas plutôt aller là qu’à cet endroit… je connais quelqu’un… et la machine est partie.



Voici pour maintenant. Une petite somnolence me gagne…. J’y reviendrai.

À la prochaine

dimanche 15 novembre 2015

LES CHRONIQUES VIETNAMIENNES - Vung Tau - (2)

Café Martin


                   )(                                                                                       )(                 

La très grande majorité des chroniques (et voilà que je ne suis plus du tout certain de la justesse de ce terme pour décrire ou illustrer ce que je place sur le blogue, c’est-à-dire cet ensemble de billets, de petits articles, d’humeurs…) sont publiées après avoir séjourné, mûri dans l’ordinateur au minimum deux jours. De sorte que ce que j’écris présentement est ultérieur à ce qui suivra. En bref, cette deuxième chronique a débuté tout juste avant les événements survenus à Paris le vendredi 13 novembre 2015.

Je m’intéresse à ce drame à partir de mon Vung Tau éloigné, me répétant sans cesse que je n’allais pas réagir avec célérité, que j’allais lire le maximum de reportages en provenance de diverses sources d’information, suivre sur Facebook tout le barouf que les utilisateurs allaient y faire – opinions, rages, cris de guerre, appels au calme, ''Je suis Paris'', ''Pray for Paris'', tous ces drapeaux français qui pleurent ou sont déchirés – et attendre, attendre que la poussière des armes à feu s’estompe, s’atténue.

Alors que je croise dans un ATM (guichet bancaire pour retirer des sous) un Français tout juste arrivé à Vung Tau, je lui demande s’il est au courant des tribulations parisiennes, il me répond ''non, pas du tout'' et alors que je le mets au parfum en deux trois mots de ce que je sais à ce moment-là, il quitte la boîte surchauffée où les distributrices se tiennent au garde-à-vous, saute dans un taxi sans rien dire, sans rien me dire. 

Les informations circulent au Vietnam plus rapidement par les canaux internet. Je me rends compte, une fois de plus, qu’il faut alimenter et alimenter encore si on souhaite que les messages provenant d’ailleurs dans le monde soient reçus puis décodés voir décryptés. 

Je n’ai donc pas modifié mon profil Facebook pour manifester ma solidarité, ma rage, mon incompréhension... plusieurs l’ont fait.

Je n’ai pas ''partager'' rien d’autre qu’un court texte écrit par Olivier Kemeid, auteur, metteur en scène, directeur artistique de la compagnie Trois Tristes Tigres, fils d’un père égyptien et d’une mère québécoise : ''Suis-je le fils du terrorisme?'' Il parle de Beyrouth. De Paris. Touchant.

C’est tout ce que j’ai fait jusqu’à maintenant. Et une autre chose. En réponse aux questions des Vietnamiens qui me demandaient pourquoi cela était-il arrivé à Paris, je me suis entendu répondre dans mon anglais approximatif : ''Si tu fais la guerre attends-toi à ce qu’elle te rejoigne, chez toi, tout comme tu es allé là-bas, chez l’autre, la mener.''

C’est tout ce que j’ai fait jusqu’à ces quelques mots qui paraîtront en caractère gras et sur fond rouge afin de mettre une certaine distance entre ce qui devait être le sujet de ce billet, de cette chronique, et Paris.

)(                                                                                                                 )(                                                                                                                                               
Vue à partir du Café Martin


Vue à partir du Café Martin


Vue à partie du Café Martin



     Parmi les différences manifestes, si je compare le café O Cap au café Jolie, une saute aux yeux, en fait je devrais plutôt dire aux oreilles. L’absence chez le premier alors qu'au café Jolie on retrouve un bénéficie d'un sustème de son que je qualifierais d’excellent, sans doute un Bose, de même qu’un choix musical fort intéressant.

Bon. Fort possiblement qu’au Québec c’est la même chose, il n’y en a ici que pour Adèle et son nouveau tube HELLO. Sur You Tube, ça dépasse les 300 millions d’écoutes. Je ne suis pas spécialiste, mais ça me semble assez impressionnant.

Lorsque je l’entends jouer, rejouer, c’est fou comme j’aimerais me lever de ma table, demander un petit moment d’attention et dire, auréolé d'une petite gloire, que la vidéo du clip est l’œuvre d’un Québécois… que je suis Québécois moi-même. Le chauvinisme me rejoint rapidement. Sauf que l’on semble s’en foutre comme de l’an quarante. On aime. Un point c’est tout. Et Xavier Dolan, pas évident à répéter pour le vietnamien moyen.

Des haut-parleurs qui dirigent le son vers la mer – je ne le répéterai jamais assez, Vung Tau c’est la mer – nous lancent en première partie des succès connus du répertoire anglo-américain : Beatles, John Legend et d’autres dont je ne saurais dire ni les titres ni les interprètes mais que j’ai souvent entendus. À ma grande surprise, pas de Céline mais Cœur de Pirate; ici également je  chercherais à me faire une gloriole personnelle.

Dans mes recherches pour dénicher le café où établir mes quartiers généraux, les deux cités plus haut, de même que ce troisième (Lan Rung  Vieille orchidée ) dont l'aspect fashionable se reflète d'abord sur le coût du café, n’auront été finalement que de courtes haltes. Car j’ai trouvé : THANH LONG que j’appellerai Café Martin en raison de l’inscription collée sous son nom vietnamien.

Fort bien situé, face à la mer et sous les bras tendus du Christ, c’est un café tout simple. J’y ai d’ailleurs fait la rencontre de trois vietnamiens avec qui je suis allé dîné hier soir et avec qui fraterniser fut très facile.

Pas de musique, que le grondement des vagues, leur fracas lorsqu’elles éclatent sur les pierres du rempart protégeant le café de la marée et le vent qui chante dans les feuilles des grands arbres en forme de parasol.

Pas de serveurs vêtus d’un pantalon noir et d’une chemise blanche aux manches retroussées.

La simplicité volontaire.

Vous en entendrez beaucoup parler, je crois.




Elvis vietnamien

À quelques pas du Café Martin


Jeune vietnamienne face au coucher de soleil



Sampan au coucher de soleil


Grotte à l'entrée du village de Vung Tau




À la prochaine










dimanche 8 novembre 2015

LES CHRONIQUES VIETNAMIENNES - Vung Tau- (1)


D’abord, Vung Tau n’a pas toujours porté ce nom. À l’époque de la colonisation française, c’était Cap Saint-Jacques. Ville située au sud de Saïgon, elle s'étend sur 140 km² et comprend 13 quartiers urbains et un village. Elle joue un rôle significatif dans l'industrie pétrolière au large : Vung Tau est la seule base pétrolière du Vietnam, et les activités d'exploitation du gaz et du brut dominent l'économie de la ville et contribuent au budget du Vietnam et au volume d'exportation.

En ce qui concerne le tourisme, Vung Tàu est fameuse pour ses plages étendues et de plus, elle n'est qu'à 130 km de distance de Saïgon par la route. C'est donc une destination de villégiature appréciée par ceux voulant se tenir à l'écart de la ville.

Récemment, le nombre de touristes étrangers visitant les plages de Vung Tàu a augmenté. Avec ses belles plages, chaudes toute l'année, Vung Tau est un paradis pour les touristes. Accessible depuis Saïgon en deux heures et demie par la route (autoroute 51 A) ou en 1 heure et quart par le bac express hydrofoil.


Le Christ de Vũng Tàu sur la Petite Montagne.

Vung Tàu a aussi un intérêt religieux. Le monument le plus remarquable de la ville est cette grande statue du Christ, haute de 32 mètres, construite sur le sommet d'une colline par la minorité catholique du Vietnam à partir de 1973.

La pagode de Thich Ca Phat Dai et le temple de Niet Tinh Xa, deux sites bouddhistes, attirent les pèlerins.

Maintenant comme autrefois, Vung Tau est une ville de soleil, avec ses plages de sable et ses vagues, où la gastronomie est à l'honneur et sa bière réputée. La gastronomie locale est caractérisée par des repas à base de produits de la mer (homards, crabes, poissons), la bière allemande et la cuisine russe.

Vũng Tàu possède un aéroport.



          Voilà donc pour les informations d’ordre géographique. Maintenant, comment LE CRAPAUD s’organise-t-il dans ce nouvel environnement fort différent de celui de Saïgon? Une semaine depuis mon arrivée, alors que la mousson m’oblige à limiter les activités extérieures et à devoir subir la climatisation au point que la gorge en souffre, je me suis principalement affairé à organiser l’appartement et entreprendre mes recherches autour de la rue Lê Ngoc Hân où il se situe.

À trois minutes à pied de la mer (Mer Méridionale), je puis me considérer comme au centre des activités de Vung Tau. Le matin, les pêcheurs de retour de la haute mer vident leurs filets et vendent le poisson qui répand tout autour des odeurs caractéristiques. Ça me change de mes recherches annuelles de CO2… En fait, Vung Tau diffère de tout ce que j’ai connu auparavant malgré le fait que Nha Bé pouvait être considéré comme un suburbain du District 7. Rien à voir.

Le vélo du matin, dès 7 heures, et le vélo de fin d’après-midi, vers 17 heures : le jour et la nuit. Une fois le soleil en marche vers sa tombée spectaculaire dans la mer, un vent frais balaie tout, même les libellules qui fusionnent autour de l’appartement. Je crois que je nommerai cet appartement : ''les libellules''.

C’est le grand service ici : femmes de ménage tous les jours, on fait ma lessive, Madame Thanh, la concierge active et protectrice, me conseille ceci et cela, me prévient de cela et ceci, s’inquiète de me voir partir marcher au moment où il ne le faudrait pas en raison de la chaleur, m’informe sur les habitudes vietnamiennes particulières à Vung Tau que je pourrais résumer ainsi : c’est un village ici, rien à voir avec Saïgon. Je comprends que les rapports seront plus difficiles et sans doute plus rares. Je ne désespère pas surtout que l’humidité me retient à l’intérieur pour le moment et limite les contacts.

J’ai découvert un café super : O Cap. Situé face à la mer – en fait, tout ici est en relation avec la mer, on ne peut y échapper – niché sur une colline qui permet un regard sur très loin et sur très beau.

Voici donc pour les premières impressions que j’accompagne de quelques photos. Pour les vidéos, toujours possible de les visionner sur Facebook ou sur ma chaîne You Tube.


                                                                                                  

On se reparle bientôt.


Plage Vung Tau (1)

Plage Vung Tau (2)

Petit déjeuner (1)

Petit déjeuner (2)

Bateaux de pêche (1)

Bateaux de pêche (2)

Le sirop d'érable sert à bien des choses.

Café O Cap (1)

Café O Cap (2)

Banh Mi (sandwich vietnamien) 1

Banh Mi 2

Coucher de soleil

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