Quelques jours à Saïgon et voilà que cette amoureuse me fait tourner la tête. Impossible de m'en lasser. Elle, ville flexueuse, sensuelle. Je ne lui connais ni d'heures ni de moments où ne m'émeuvent ses couleurs, ses odeurs, ne me surprennent ses versatilités. Saïgon, I love you. Saïgon sait se faire aimer, désirer comme une femme. Cette ville est une femme. Ondoyante. Fugace comme un visage dont l'image se collerait à une vitrine.
Fugitive comme une hirondelle. Volage comme un parfum épicé.
Je lui dédie ce poème tellement peu à la hauteur de qui elle est.
Je l'ai intitulé I love you Saïgon.
Simplement. Bêtement. Comme un amoureux inquiet des mots qu'il utiliserait pour dire son amour.
I love you Saïgon
Toi
ville
aux matins chauds, aux midis brûlants
tes
filles aux cheveux d’ébène soyeux
tes garçons aux gestes mécaniques
tes
enfants qui roulent des ballons
tes
vieilles femmes aux mains crevassées
tes
vieux hommes aux regards atones
I love
you Saïgon
Toi
Ville aux
magasins se culbutant l’un sur l’autre
tes
odeurs changeantes d’heure en heure
ton
soleil inondant, ta lune fanfaronne
tes
motos comme autant de chevaux fous
tes
trottoirs aux multiples obstacles
I love
you Saïgon
Toi
ta
noirceur de six heures
tes
cireurs de souliers aux portes des cafés
tes
vendeurs importuns de billets de loto
tes grands
arbres parasols, rieurs de vent
I love
you Saïgon
Toi et tes
odeurs de curry, gingembre, citronnelle
tes
couleurs chatoyantes
tes
échoppes de fleurs rieuses
I love
you Saïgon
Toi
tes
balayeurs de rues tout en jaune
tes
promeneurs sans nom, sans but
I love
you Saïgon
Toi
tes
marchés où tout se bouscule
I love
you Saïgon
Ville-fille
folle et fière que love le fleuve
I love
you Saïgon
À la prochaine
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