Les poèmes du 61ième saut de crapaud, en date du 20 décembre 2005 tournent autour de la symbolique du fantôme. Il faut préciser qu'à cette époque, LE CRAPAUD écrivait un récit dans lequel les fantômes prenaient une place proéminente.
fantôme
un fantôme diaphane emmêlé au brouillard,
yeux clignotants, noircis de rougeurs,
durcit ses pas-à-pas qu’il glace de ses foulées défraîchies
yeux clignotants, noircis de rougeurs,
durcit ses pas-à-pas qu’il glace de ses foulées défraîchies
il marche il glisse il frôle
son manteau solitaire bazardé près d’un trou vide
lèche les mouillures de neige échappées des nuages engourdis,
sa marche sa glissade et sa frôlure l’ont abandonné
lèche les mouillures de neige échappées des nuages engourdis,
sa marche sa glissade et sa frôlure l’ont abandonné
le froid transperçant ses veines pâlichonnes
s’y accroche comme autant de flèches bousculées par le vent
qui allait, venait aux sapins endeuillés puis revenait
il marche il glisse il frôle
dans la rigueur de la nuit que les étoiles mortes ont fuie,
venu d’un autre monde, le froid fantôme marque de ses pas
venu d’un autre monde, le froid fantôme marque de ses pas
l’horizon hoquetant des musiques frissonnantes
il marche il glisse il frôle
lui, bâfreur d’ozone bleu électrique, éjecte des banquises
enfermées dans son âme afin de mieux réchauffer le globe,
il s’avance obstinément dans notre temps passager
marchant glissant frôlant
toujours là, ce fantôme pénètre jusqu’à la moelle de nos os,
écrit dans l’hiver méticuleux des solitudes harcelantes,
des impatiences saturniennes, de féroces anxiétés…
écrit dans l’hiver méticuleux des solitudes harcelantes,
des impatiences saturniennes, de féroces anxiétés…
... et nous
sur nos pieds cadavériques nous nous promenons
dans de tristes ruelles blanches comme d’aveugles brumes
qui neigent de fulgurantes tempêtes balayant des passés aux avenirs trop présents…
dans de tristes ruelles blanches comme d’aveugles brumes
qui neigent de fulgurantes tempêtes balayant des passés aux avenirs trop présents…
... et au printemps revenu,
fléchissant sous d'immenses fracas d'érable,
toujours et encore immobilisés au cœur craintif de la ville,
les pieds du fantôme réveilleront nos impatiences, nos anxiétés, nos solitudes…
toujours et encore immobilisés au cœur craintif de la ville,
les pieds du fantôme réveilleront nos impatiences, nos anxiétés, nos solitudes…
... et fouettés par les grands vents d'avril
ils demanderont si les rêves inanimés
que la vie aura sauvés des feux de l'hiver
vieilliront toujours…
ils demanderont si les rêves inanimés
que la vie aura sauvés des feux de l'hiver
vieilliront toujours…
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la morte chanson
une vieille musique - en sourdine - balaie de faux devenirs,
il y a une fois…
la claire noirceur prenant forme sur la portée de la nuit
seule, criante - assoupie - accroche à un arbre écorcé
le squelette noirci d’un fantôme évanoui
se glisse entre les taches vernies qui racornissent le tapis,
épie une lointaine présence s’approchant à pas feutrés
épie une lointaine présence s’approchant à pas feutrés
il y a une fois…
la claire noirceur prenant forme sur la portée de la nuit
seule, criante - assoupie - accroche à un arbre écorcé
le squelette noirci d’un fantôme évanoui
le vent - entre les stores ébréchés - se faufile par la fenêtre ouverte sur l’hiver
pas tout à fait froid encore - à demi boutonné dans son cardigan rouge -
il empale aux poteaux électriques ces corps endormis
pointant sa solitude jazzée sur l’entre-ouverture du firmament
pas tout à fait froid encore - à demi boutonné dans son cardigan rouge -
il empale aux poteaux électriques ces corps endormis
pointant sa solitude jazzée sur l’entre-ouverture du firmament
en marche sur le piano mécanique - sans notes -
une silencieuse symphonie orchestre la fugue des saisons
puis - sans raison - entonne de sa voix continue
les mots d’une morte chanson
une silencieuse symphonie orchestre la fugue des saisons
puis - sans raison - entonne de sa voix continue
les mots d’une morte chanson
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et là encore
... et encore
là
à écrire
dans l’hiver
comme un fantôme qui passe
harcelant les solitudes
les impatiences
les anxiétés...
... et encore
là
dans l'hiver
les pieds se promenant dans de tristes ruelles blanches comme des brouillards perdus
qui neigent de fulgurantes tempêtes
balayant des passés aux avenirs trop présents
... et au printemps revenu, encore immobilisés
au coeur de la ville ployant sous d'immenses placards d'érable,
les pieds du fantôme écraseront les impatiences
les anxiétés
les solitudes
... et
fouettés par les grands vents d'avril
ils demanderont si pour toujours
encore
les rêves inanimés que la vie aura sauvés des feux de l'hiver
vieilliront encore
là…
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l’haleine de la neige
les mots silencieux, hors d’haleine,
tombent en neige
au pied des étoiles qui s’accumulent
douce équinoxe
le soleil de minuit s’éteint
alors que rôdent
ruellement poursuivis
par de magnétiques chats en quête d’eau,
électrifiant les feuilles mortes
plus loin que les proches paroles échappées dans des flaques mauves
circulent parallèlement à la croisée des chemins
une fulgurante étoile filante
les saisons emmêlées comme de chaotiques girouettes
pointent leurs ailes de plomb aux embrasures du vent
idéefixent le nord, exhument les routes égarées
se multiplient encore et encore
tels des guignols pivotant sur eux-mêmes
triste légende au bout des années
que buvait l’éphémère, se dressent
telles de transparentes colonnes de givre
les trous des pas incertains engorgés de ciment
lancinante mélancolie
(le mardi 20 décembre 2005,
soixante et unième saut de crapaud)
soixante et unième saut de crapaud)