mardi 29 juin 2010
Le trois cent soixante-cinquième saut / Le trois-cent-soixante-cinquième saut
La caractéristique de ce saut : les citations ont été classées par ordre alphabétique. Le prénom de chacun des auteurs ayant servi de référence.
Je trouverai toujours captivant de placer certains auteurs ensemble alors que rien, mais absolument rien au départ pouvait les réunir.
Voici ce que cela donne.
. Nous devons faire attention de ne pas faire de l’intellect notre dieu; il a bien sûr des muscles puissants, mais pas de personnalité. Il ne peut pas commander; seulement servir.
Albert Einstein
. … la fin purifie les moyens.
Albertine Sarazin
. L’une des manières de connaître Dieu, c’est de le nier.
Aldous Huxley
. Il est toujours difficile de résister à la tentation de revenir, n’est-ce-pas?
Alessandro Baricco
. Les idéologies comptent moins que l’aliénation qu’elles engendrent.
Dr Claude Olievenstein
. Hâtons-nous de succomber à la tentation avant qu’elle ne s’éloigne.
Épicure
. La société a peur du vide – de son propre néant fou – et de la folle vérité des hommes; elle ne laisse pas s’épanouir les êtres humains, de peur d’être détruite.
Erik Rémès
. Un diable qu’on finit pas connaître est un bon diable.
Flannery O’Connor
. La jeunesse, c’est quand on ne sait pas ce qui va arriver.
Henri Michaux
. Douter de tout et tout croire, ce sont les deux solutions également commodes qui l’un et l’autre nous dispensent de réfléchir.
Henri Poicarré
. Quand je quitte les villages et m’approche du bois, j’écoute, de temps à autre, pour entendre les chiens du Silence hurler à la lune, et savoir s’ils sont sur la piste d’une proie.
Henry David Thoreau
. Il y a des gens qui disent qu’ils peuvent, d’autres qu’ils ne peuvent pas. En général, ils ont tous tort.
Henry Ford
. Je décide de transformer l’image calme et immobile, posée devant moi, en une chose facile, vivante, libre et insouciante. J’explore des terres nouvelles, jusqu’au moment où j’aboutis à l’expérience exacte, laissant derrière tous les essais et tâtonnements, mais en les élevant, en une sorte de périple en spirale, un étayage ou un étançon solide, selon le cas. Et c’est précisément, je l’ai remarqué, le rituel de la vie pratiquée par l’homme au cours de son évolution. Il ne revient jamais sur ses pas, au sens figuré, pour corriger ses erreurs et ses défauts. Il les transpose et les transforme en vertus. De sa dépouille de larve, il se fait des ailes.
Henry Miller
. Laisse ta nourriture être ton remède et ton remède ta nourriture.
Hippocrate
. Il ne faut pas avoir peur des vagues qui agitent votre âme. C’est ça la vie.
Hwang Sok-Yong
. Je n’ai pas cherché à comprendre. Ce sont des choses qu’il ne faut pas chercher à comprendre. Il faut chercher les choses, mais pas les comprendre.
Jean-Luc Fonck (Sttella)
. Se voir soi-même, c’est être clairvoyant.
Lao-Tseu
. J’ai beaucoup de respect pour le passé parce qu’un jour il fut l’avenir.
Louis Bournival (Cité par Fred Pellerin)
. Tout grand amour est un jardin entouré de murailles.
Marguerite Yourcenar
. La gourmandise dans le mensonge finit souvent par suggérer la saveur réelle des choses.
Marie-Claire Blais (La belle bête)
. Désapprendre à se voir est nécessaire pour beaucoup voir…
Nietzsche
. … à l’abri de la vertu, bien des choses se passent.
Roger Peyrefitte
. Ne visez pas le succès – plus vous le cherchez, plus vous courez le risque de le rater. On ne peut pas pourchasser le succès, pas plus que le bonheur, il doit s’ensuivre ou survenir…. comme l’effet non recherché d’un engagement personnel dans un projet plus grand que soi.
Victor Frankl
. Oh! que de vieux parents, qui n’avaient plus qu’un rêve,
Sont morts en attendant tous les jours sur la grève
Ceux qui ne sont pas revenus!
Victor Hugo (La Légende des siècles)
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jeudi 24 juin 2010
Le trois cent soixante-quatrième saut / Le trois-cent-soixante-quatrième saut
Jean-Guy Pilon
L'ESPOIR QUI TRIOMPHE
Là-bas, au fond le plus mystérieux de l'espace, la main et ses doigts émergent des tourbillons énormes de la terre. Puis le corps entier se hisse sur les racines tordues et appelle d'autres corps au-dessus du naufrage.
Soudain, par la couleur apprivoisée, les visages s'agrandissent et s'élèvent, et les yeux aussi et les mains et les hommes qui reprennent leur place dans ce matin de soleil trop blanc.
Dès lors, l'homme réapprend sa véritable taille au-dessus des choses. Il est roi par son regard et son large front où viennent mourir, comme des vagues, les approches du mal. Domination pour vivre et force patiente de l'intelligence.
Si un jour vous vous égarez dans ces espaces méconnaissables et qu'au seuil du pays où les rochers s'entrechoquent dans l'obstination de la foudre, vous voyez apparaître une main qui s'élève, n'ayez plus peur, vous serez au pays des géants qui sont vos frères en plus grand.
JEAN-GUY PILON (Comme eau retenue)
Jean-Guy Pilon qui aura quatre-vingts ans en novembre prochain, a participé à la fondation des éditions de l'Hexagone et de la revue Liberté (il en fut le directeur pendant quelques années); il vous offre ce cadeau pour la Fête Nationale du Québec... et celle du crapaud.
Au prochain saut
L'ESPOIR QUI TRIOMPHE
Là-bas, au fond le plus mystérieux de l'espace, la main et ses doigts émergent des tourbillons énormes de la terre. Puis le corps entier se hisse sur les racines tordues et appelle d'autres corps au-dessus du naufrage.
Soudain, par la couleur apprivoisée, les visages s'agrandissent et s'élèvent, et les yeux aussi et les mains et les hommes qui reprennent leur place dans ce matin de soleil trop blanc.
Dès lors, l'homme réapprend sa véritable taille au-dessus des choses. Il est roi par son regard et son large front où viennent mourir, comme des vagues, les approches du mal. Domination pour vivre et force patiente de l'intelligence.
Si un jour vous vous égarez dans ces espaces méconnaissables et qu'au seuil du pays où les rochers s'entrechoquent dans l'obstination de la foudre, vous voyez apparaître une main qui s'élève, n'ayez plus peur, vous serez au pays des géants qui sont vos frères en plus grand.
JEAN-GUY PILON (Comme eau retenue)
Jean-Guy Pilon qui aura quatre-vingts ans en novembre prochain, a participé à la fondation des éditions de l'Hexagone et de la revue Liberté (il en fut le directeur pendant quelques années); il vous offre ce cadeau pour la Fête Nationale du Québec... et celle du crapaud.
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lundi 21 juin 2010
Le trois cent soixante-troisième saut / Le trois-cent-soixante-troisième saut
José Saramago
Éclectique
En vrac
Et
Échevelé
. José Saramago, Prix Nobel de littérature 1998, exilé de son Portugal natal est décédé la semaine dernière. L’Observatore Romano, journal officiel du Vatican, commente la nouvelle en qualifiant l’écrivain lusophone disparu de «populiste extrémiste» et d’«idéologue antireligieux». Un peu comme au Canada où l’on vient d'adopter une loi unaniment votée à la Chambre des Communes afin de ne pas accorder le pardon à certains criminels, recevoir celui de l’Église catholique semble aussi difficile voire impossible. Il faudrait retourner au livre de Saramago «L’Évangile selon Jésus-Christ» afin de découvrir s’il y a là une consigne divine!
. Allons-nous perdre notre très cher cardinal Ouellet? Des rumeurs persistantes que l’on souhaiterait vérédiques l’enverraient à Rome. Il y occuperait - dès le 1er juillet prochain - un poste important auprès de son ami le pape Benoît XVI : celui de voir à la sélection des candidats à l’épiscopat. Je me souviens que lors du dernier conclave, le nom de l’illustre évêque québécois fut mentionné à titre de successeur au pape Jean-Paul II. Préparerait-on le prochain?
. L’équipe française de foot ( il serait préférable d'utiliser ce mot au lieu de soccer) vit de pénibles moments. Il semble bien que sous la direction de monsieur Domenech, le ballon français roule à sa perte. D’un coup de tête, lors du dernier championnat du monde, un certain Zidane avait fait vibrer bien des cordes sensibles et cette fois-ci un coup de gueule d’un dénommé Anelka fait tout un tabac en Afrique du Sud. Tout de même étrange que le sport puisse galvaniser autant les émotions et les sentiments! À Montréal, le semaine dernière, alors que la direction du club de hockey Canadiens échangeait le valeureux gardien de but Jaroslav Halak, tout de go dans les rues les pancartes s’élevèrent pour dénoncer le geste pré-estival de nos «valeureux». Tout de même étrange que le sport puisse galvaniser autant les émotions et les sentiments!
. Pendant ce temps-là, je ne sais trop combien de vélos franchissaient mille kilomètres depuis le Saguenay-Lac-Saint-Jean jusqu’à Montréal en passant par Trois-Rivières et Ottawa, un capitaine en tête, Pierre Lavoie. «Lève-toi et bouge!», c’est le défi que lance cette extraordinaire épopée sur roues afin de promouvoir de saines habitudes de vie chez les jeunes et dans tous les foyers québécois tout en ramassant des argents pour encourager la recherche de maladies orphelines. Voici du concret qui permettra peut-être que dans quelques années le Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec devienne davantage un ministère de la santé et non plus celui de la maladie.
«un carnet d’ivoire avec des mots pâles»
C E R NE A U (nom masculin)
. noix à demi mûre tirée de sa coque;
. chair de la noix épluchée;
. Vin de cerneaux : vin rosé bon à boire à l’époque où l’on mange les cerneaux (août/septembre).
D É L I T E R (verbe transitif)
. poser une pierre en délit (maçonnerie);
. diviser (une pierre) dans le sens des couches de stratification :
- cliver;
. déliter les vers à soie : changer les feuilles de mûrier qui leur servent de litière;
. se déliter : se désagréger en absorbant l’humidité;
. fig. et littér. se décomposer; se désagréger.
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Éclectique
En vrac
Et
Échevelé
. José Saramago, Prix Nobel de littérature 1998, exilé de son Portugal natal est décédé la semaine dernière. L’Observatore Romano, journal officiel du Vatican, commente la nouvelle en qualifiant l’écrivain lusophone disparu de «populiste extrémiste» et d’«idéologue antireligieux». Un peu comme au Canada où l’on vient d'adopter une loi unaniment votée à la Chambre des Communes afin de ne pas accorder le pardon à certains criminels, recevoir celui de l’Église catholique semble aussi difficile voire impossible. Il faudrait retourner au livre de Saramago «L’Évangile selon Jésus-Christ» afin de découvrir s’il y a là une consigne divine!
. Allons-nous perdre notre très cher cardinal Ouellet? Des rumeurs persistantes que l’on souhaiterait vérédiques l’enverraient à Rome. Il y occuperait - dès le 1er juillet prochain - un poste important auprès de son ami le pape Benoît XVI : celui de voir à la sélection des candidats à l’épiscopat. Je me souviens que lors du dernier conclave, le nom de l’illustre évêque québécois fut mentionné à titre de successeur au pape Jean-Paul II. Préparerait-on le prochain?
. L’équipe française de foot ( il serait préférable d'utiliser ce mot au lieu de soccer) vit de pénibles moments. Il semble bien que sous la direction de monsieur Domenech, le ballon français roule à sa perte. D’un coup de tête, lors du dernier championnat du monde, un certain Zidane avait fait vibrer bien des cordes sensibles et cette fois-ci un coup de gueule d’un dénommé Anelka fait tout un tabac en Afrique du Sud. Tout de même étrange que le sport puisse galvaniser autant les émotions et les sentiments! À Montréal, le semaine dernière, alors que la direction du club de hockey Canadiens échangeait le valeureux gardien de but Jaroslav Halak, tout de go dans les rues les pancartes s’élevèrent pour dénoncer le geste pré-estival de nos «valeureux». Tout de même étrange que le sport puisse galvaniser autant les émotions et les sentiments!
. Pendant ce temps-là, je ne sais trop combien de vélos franchissaient mille kilomètres depuis le Saguenay-Lac-Saint-Jean jusqu’à Montréal en passant par Trois-Rivières et Ottawa, un capitaine en tête, Pierre Lavoie. «Lève-toi et bouge!», c’est le défi que lance cette extraordinaire épopée sur roues afin de promouvoir de saines habitudes de vie chez les jeunes et dans tous les foyers québécois tout en ramassant des argents pour encourager la recherche de maladies orphelines. Voici du concret qui permettra peut-être que dans quelques années le Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec devienne davantage un ministère de la santé et non plus celui de la maladie.
«un carnet d’ivoire avec des mots pâles»
C E R NE A U (nom masculin)
. noix à demi mûre tirée de sa coque;
. chair de la noix épluchée;
. Vin de cerneaux : vin rosé bon à boire à l’époque où l’on mange les cerneaux (août/septembre).
D É L I T E R (verbe transitif)
. poser une pierre en délit (maçonnerie);
. diviser (une pierre) dans le sens des couches de stratification :
- cliver;
. déliter les vers à soie : changer les feuilles de mûrier qui leur servent de litière;
. se déliter : se désagréger en absorbant l’humidité;
. fig. et littér. se décomposer; se désagréger.
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jeudi 17 juin 2010
Le trois cent soixante-deuxième saut / Le trois-cent-soixante-deuxième saut
Le dixième coup d’œil sur la nouvelle orthographe sera bref : l'accord d'un participe passé.
Le participe passé de laisser suivi d'un infinitif est invariable :
(ex. : les enfants que nous avons laissé partir sur le modèle de les enfants que nous avons fait partir,
elle s'est laissé mourir sur le modèle de elle s'est fait mourir).
Assez simple n’est-ce-pas?
Le cadavre exquis que je vous propose aujourd’hui, le onzième, je me le suis compliqué. J’ai cherché dans les poèmes publiés sur le blogue des vers ou strophes qui comprenaient le mot «vent». Un cadavre exquis autour du thème du vent. Je ne suis pas certain que le résultat soit extraordinaire mais notez l’effort…
CADAVRE EXQUIS
NUMÉRO 11
autour du vent…
(herman delage
soufflera sur la feuille morte
pour en extraire le vent)
maison fraiche
que le vent emplit d’ombres dessinées sur les feuilles fouinant aux fenêtres
cette lugubre réalité adulte
que déchiquetait le vent
,d’un souffle éteint, reprend la surface
qu’empoussièrent, fouettés par le vent, les vagues marins
sur les ailes du vent qui charrie des couleurs sans nom?
Fouettés par les grands vents d’avril
ils demanderont
si pour toujours
les saisons emmêlées comme de chaotiques girouettes
pointant leurs ailes de plomb aux embrasures du vent
enlacés près des portes qu’ouvre le vent
bouleverse le vent sur les feuilles
le vent entre les stores fermés
se faufile par la fenêtre ouverte sur l’hiver
… et demanderont
fouettés par les grands vents d’avril
«un carnet d’ivoire avec des mots pâles»
C O L T I N E R (verbe transitif)
. porter (un lourd fardeau) sur le cou, les épaules (la tête étant protégée par un coltin, coiffure prolongée d’une pièce de cuir protégeant le cou, les éapules);
Par ext. : porter = transbahuter;
. se coltiner quelque chose : exécuter , faire, se farcir, se taper.
C O M P O N C T I O N (nom féminin)
. sentiment de tristesse, éprouvé par le croyant devant son indignité à l’égard de Dieu;
- contrition; repentir.
. gravité recueillie et affectée;
. air sérieux, solennel.
Au prochain saut
- Ce texte est écrit en orthographe nouvelle -
samedi 12 juin 2010
Le trois cent soixante et unième saut / Le trois-cent-soixante-et-unième saut
Nicole Brossard
Nicole Brossard écrit dans BAISER VERTIGE : «la raison d’être de toute anthologie est de réunir en un même lieu de lecture des textes et des auteurs qui ont en partage une géographie, une langue, des thèmes, une histoire, une sensibilité ou une culture minoritaire ou pas. … L’anthologie fait apparaître ce qui, dispersé ici et là, à travers l’espace et le temps, ne se voit pas, ne se remarque pas. Elle rapproche de façon à faire voir et entendre d’une manière nouvelle, parfois elle rassemble pour le simple plaisir de la célébration.»
Cette anthologie (BAISER VERTIGE) a de particulier qu’elle réunit des textes québécois de poésie et de prose faisant écho «aux amours et à la solitude gaies» de même qu’à «la révolte et aux rêves lesbiens». Elle offre vingt-neuf auteurs à lire couvrant différentes époques et plusieurs générations. Certainement un aspect de la littérature québécoise plutôt ignorée.
Voici ce que j’en ai retenu.
. J’étais en train de m’incarner. Quelle sensation éblouissante dans l’arbre du corps, dans la tige du bras, dans les racines des jambes, dans les fleurs des doigts, dans les feuilles des cheveux, dans la rosée de la bouche, dans les étoiles de l’imagination! Je naissais.
Jovette Marchessault
. Mais le temps est tout-puissant. Il dispose de tout. Le temps qu’il faut pour gagner sa vie, le temps de l’attente, le temps gagné dans le rêve, où s’engouffrent ces heures où l’on fuit l’absence. Et puis, soudain, dans ces instants pleins de présence heureuse, le temps qui fuit, aussi vite que la vie, et c’est soudain le vide, de nouveau.
Gloria Escomel
. Comment parler aux souvenirs
Quand le cerveau perd ces échafaudages
De sa mémoire
Qui semble avoir raison de tout
Jean-Paul Daoust
. C’est toute une activité physique que de tremper dans la langue du plus grand nombre pour se tailler une langue bien à soi.
Alain Bernard Marchand
. Nous croyons à tort que les autres arrivent dans nos vies pour rester, mais, dès le premier regard, ils viennent pour que nous apprenions à vivre sans eux. Ce qui reste d’eux est semblable à la combustion d’une étoile. Ils partent au moment où ils sont entrés si loin en nous que leur présence à nos côtés est inutile. Ils veulent être dans le monde et nous les voulons en nous. Ils nous ont sortis de nous-mêmes pour se réfigurer un moment dans cette place vacante que nous avons faite pour eux en nous.
Alain Bernard Marchand
. j’ai compris que c’était le bonheur de t’aimer
qui m’apportait le malheur de t’aimer
André Roy
. le cœur est une arme de poing
Marc Vaillancourt
. l’objet du désir reste inexpliquable
Robbert Fortin
. à bien y penser sur quoi reposerait
le début d’une description
de moi-même portant un autre visage
Robbert Fortin
. La passion est délinquante et obstinée.
Gérald Gaudet
. La passion est une insulte à déverser et à maintenir en des poses variables.
Gérald Gaudet
De Nicole Brossard, SOUS LA LANGUE (1988)
Le corps salive, rien pourtant n’est prévu,
ni l’abondance des touchers, ni la lenteur furtive,
la fureur exacte des bouches. Rien n’est prévu
pourtant c’est à la hauteur des yeux que le corps
d’abord touche à tout sans prévoir la peau nue,
aussi bien le dire, sans prévoir la douceur
de la peau qui sera nue avant même que la bouche
signale l’état du monde.
Rien ne suggère ici qu’au moindre toucher
le regard déjà défaille à vouloir déjà prévoir
un tel rapprochement. Rien n’est prévu sinon
que la respiration, la répétition des sons entre les
chairs. Fricatelle ruisselle essentielle aime-t-elle
dans le touche-à-tout qui arrondit les seins
la rondeur douce des bouches ou l’effet qui la
déshabille? Rien n’est prévu pourtant au bout du
corps la peau fera image du corps car il n’y a
rien sans image au bout du corps ce sont
les images qui foudroient l’état du monde.
On ne peut pas prévoir pencher si
soudainement vers un visage et vouloir lécher
le corps entier de l’âme jusqu’à ce que le regard
étincelle de toutes les fureurs et les abandons.
On ne peut pas prévoir l’emportement du corps
dans l’infini des courbes, des sursauts, chaque
fois que le corps se soulève on ne voit pas
l’image, la main qui touche la nuque, la langue
qui écarte les poils, les genoux qui tremblent, les
bras qui par tant de désir entourent le corps
comme un univers. On ne voit que le désir. On
ne peut pas prévoir l’image, les fous rires, les cris
et les larmes. L’image est tremblante, muette et
polyphonique. Fricatelle ruisselle essentielle
aime-t-elle le long de son corps la morsure, le
bruit des vagues, aime-t-elle l’état du monde dans
la flambée des chairs pendant que les secondes
s’écoulent cyprine, lutines, marines.
On ne peut pas prévoir si les mots qui
l’excitent sont vulgaires, anciens, étrangers ou si
c’est toute la phrase qui l’attire et qui avive en
elle le désir comme un flair de l’étreinte, une
manière de sentir son corps prêt à tout, sans
limite. Rien n’est prévu pourtant la bouche du
corps à corps excitée par les mots trouve
d’instinct l’image qui excite.
On ne peut pas prévoir si l’état du monde
basculera avec nous dans la saveur et le
déferlement des langues. Rien n’est prévu
pourtant la blouse est entrouverte, la petite
culotte à peine décalée de la fente et pourtant les
paupières closes et pourtant les yeux de
l’intérieur sont tout agités par la sensation de la
douceur des doigts. On ne peut pas prévoir si les
doigts resteront là, immobiles, parfaits,
longtemps encore, si le majeur bougera ô à peine
sur la petite perle, si la main s’ouvrira en forme
d’étoile au moment même où la douceur de sa
joue, où son souffle au moment où tout le corps
de l’autre femme appuiera si fort que le livre qui
servait d’appui glissera sous la main, la main, au
moment où l’équilibre sera précaire et que les
cuisses se multiplieront comme des orchidées,
on ne peut pas prévoir si les doigts pénétreront,
s’ils s’imbiberont à tout jamais de notre odeur
dans le mouvement continu de l’image.
Rien n’est prévu car nous ne savons pas ce
qui arrive à l’image de l’état du monde lorsque
la patience des boucles dénude l’être.On ne
peut pas prévoir parmi les vagues, la déferlante,
la fraction de seconde qui fera image dans la
narration des corps tournoyant à la vitesse de
l’image.
On ne peut pas prévoir comment la langue
s’enroulera autour du clitoris pour soulever le
corps et le déplacer cellule par cellule dans
l’irréel.
Au prochain saut
Nicole Brossard écrit dans BAISER VERTIGE : «la raison d’être de toute anthologie est de réunir en un même lieu de lecture des textes et des auteurs qui ont en partage une géographie, une langue, des thèmes, une histoire, une sensibilité ou une culture minoritaire ou pas. … L’anthologie fait apparaître ce qui, dispersé ici et là, à travers l’espace et le temps, ne se voit pas, ne se remarque pas. Elle rapproche de façon à faire voir et entendre d’une manière nouvelle, parfois elle rassemble pour le simple plaisir de la célébration.»
Cette anthologie (BAISER VERTIGE) a de particulier qu’elle réunit des textes québécois de poésie et de prose faisant écho «aux amours et à la solitude gaies» de même qu’à «la révolte et aux rêves lesbiens». Elle offre vingt-neuf auteurs à lire couvrant différentes époques et plusieurs générations. Certainement un aspect de la littérature québécoise plutôt ignorée.
Voici ce que j’en ai retenu.
. J’étais en train de m’incarner. Quelle sensation éblouissante dans l’arbre du corps, dans la tige du bras, dans les racines des jambes, dans les fleurs des doigts, dans les feuilles des cheveux, dans la rosée de la bouche, dans les étoiles de l’imagination! Je naissais.
Jovette Marchessault
. Mais le temps est tout-puissant. Il dispose de tout. Le temps qu’il faut pour gagner sa vie, le temps de l’attente, le temps gagné dans le rêve, où s’engouffrent ces heures où l’on fuit l’absence. Et puis, soudain, dans ces instants pleins de présence heureuse, le temps qui fuit, aussi vite que la vie, et c’est soudain le vide, de nouveau.
Gloria Escomel
. Comment parler aux souvenirs
Quand le cerveau perd ces échafaudages
De sa mémoire
Qui semble avoir raison de tout
Jean-Paul Daoust
. C’est toute une activité physique que de tremper dans la langue du plus grand nombre pour se tailler une langue bien à soi.
Alain Bernard Marchand
. Nous croyons à tort que les autres arrivent dans nos vies pour rester, mais, dès le premier regard, ils viennent pour que nous apprenions à vivre sans eux. Ce qui reste d’eux est semblable à la combustion d’une étoile. Ils partent au moment où ils sont entrés si loin en nous que leur présence à nos côtés est inutile. Ils veulent être dans le monde et nous les voulons en nous. Ils nous ont sortis de nous-mêmes pour se réfigurer un moment dans cette place vacante que nous avons faite pour eux en nous.
Alain Bernard Marchand
. j’ai compris que c’était le bonheur de t’aimer
qui m’apportait le malheur de t’aimer
André Roy
. le cœur est une arme de poing
Marc Vaillancourt
. l’objet du désir reste inexpliquable
Robbert Fortin
. à bien y penser sur quoi reposerait
le début d’une description
de moi-même portant un autre visage
Robbert Fortin
. La passion est délinquante et obstinée.
Gérald Gaudet
. La passion est une insulte à déverser et à maintenir en des poses variables.
Gérald Gaudet
De Nicole Brossard, SOUS LA LANGUE (1988)
Le corps salive, rien pourtant n’est prévu,
ni l’abondance des touchers, ni la lenteur furtive,
la fureur exacte des bouches. Rien n’est prévu
pourtant c’est à la hauteur des yeux que le corps
d’abord touche à tout sans prévoir la peau nue,
aussi bien le dire, sans prévoir la douceur
de la peau qui sera nue avant même que la bouche
signale l’état du monde.
Rien ne suggère ici qu’au moindre toucher
le regard déjà défaille à vouloir déjà prévoir
un tel rapprochement. Rien n’est prévu sinon
que la respiration, la répétition des sons entre les
chairs. Fricatelle ruisselle essentielle aime-t-elle
dans le touche-à-tout qui arrondit les seins
la rondeur douce des bouches ou l’effet qui la
déshabille? Rien n’est prévu pourtant au bout du
corps la peau fera image du corps car il n’y a
rien sans image au bout du corps ce sont
les images qui foudroient l’état du monde.
On ne peut pas prévoir pencher si
soudainement vers un visage et vouloir lécher
le corps entier de l’âme jusqu’à ce que le regard
étincelle de toutes les fureurs et les abandons.
On ne peut pas prévoir l’emportement du corps
dans l’infini des courbes, des sursauts, chaque
fois que le corps se soulève on ne voit pas
l’image, la main qui touche la nuque, la langue
qui écarte les poils, les genoux qui tremblent, les
bras qui par tant de désir entourent le corps
comme un univers. On ne voit que le désir. On
ne peut pas prévoir l’image, les fous rires, les cris
et les larmes. L’image est tremblante, muette et
polyphonique. Fricatelle ruisselle essentielle
aime-t-elle le long de son corps la morsure, le
bruit des vagues, aime-t-elle l’état du monde dans
la flambée des chairs pendant que les secondes
s’écoulent cyprine, lutines, marines.
On ne peut pas prévoir si les mots qui
l’excitent sont vulgaires, anciens, étrangers ou si
c’est toute la phrase qui l’attire et qui avive en
elle le désir comme un flair de l’étreinte, une
manière de sentir son corps prêt à tout, sans
limite. Rien n’est prévu pourtant la bouche du
corps à corps excitée par les mots trouve
d’instinct l’image qui excite.
On ne peut pas prévoir si l’état du monde
basculera avec nous dans la saveur et le
déferlement des langues. Rien n’est prévu
pourtant la blouse est entrouverte, la petite
culotte à peine décalée de la fente et pourtant les
paupières closes et pourtant les yeux de
l’intérieur sont tout agités par la sensation de la
douceur des doigts. On ne peut pas prévoir si les
doigts resteront là, immobiles, parfaits,
longtemps encore, si le majeur bougera ô à peine
sur la petite perle, si la main s’ouvrira en forme
d’étoile au moment même où la douceur de sa
joue, où son souffle au moment où tout le corps
de l’autre femme appuiera si fort que le livre qui
servait d’appui glissera sous la main, la main, au
moment où l’équilibre sera précaire et que les
cuisses se multiplieront comme des orchidées,
on ne peut pas prévoir si les doigts pénétreront,
s’ils s’imbiberont à tout jamais de notre odeur
dans le mouvement continu de l’image.
Rien n’est prévu car nous ne savons pas ce
qui arrive à l’image de l’état du monde lorsque
la patience des boucles dénude l’être.On ne
peut pas prévoir parmi les vagues, la déferlante,
la fraction de seconde qui fera image dans la
narration des corps tournoyant à la vitesse de
l’image.
On ne peut pas prévoir comment la langue
s’enroulera autour du clitoris pour soulever le
corps et le déplacer cellule par cellule dans
l’irréel.
Au prochain saut
lundi 7 juin 2010
Le trois cent soixantième saut / Le trois-cent-soixantième saut
Éric Fottorino
Hélène Grimaud
Nous avions déjà tenté l’expérience. Ce fut Céline et Radiguet qui en étaient les protagonistes. Aujourd’hui, nous la répétons. Cette fois-ci ce sera en compagnie de la pianiste Hélène Grimaud (VARIATIONS SAUVAGES) et Éric Fottorino (CARESSE DE ROUGE).
Le jeu consiste à réunir des citations de deux auteurs dans un semblant de dialogue. Allons-y donc : HG (pour Hélène Grimaud) et ÉF (pour Éric Fottorino).
ÉF Se souvenir le dispense de vivre.
HG J’ai compris que se souvenir, c’est aussi inventer. La mémoire est l’art magique de la composition.
ÉF Je ne veux pas transformer chacun de mes souvenirs en arrêt du cœur.
HG Il s’agissait de bien davantage que de simples points cardinaux autour de moi, au-dessus et au-dessous de moi, il s’agissait d’un point de départ, le bing-bang de ma conscience qui m’a toujours fait dire, surtout pour la musique, que chacun d’entre nous est une opération magique, qu’on fait rarement fausse route et que souvent on n’est simplement pas allé assez loin. Après tout, ce qui dit venir n’est pas tant à découvrir qu’à inventer…
ÉF Les hommes n’ont pas l’habitude de rester. Ils fuient, ils éludent, ils oublient, on ne sait comment.
HG … on peut passer et même perdre sa vie à chercher sa pierre philosophale jusqu’au jour où l’on comprend que la formule est dans l’inverse, qu’il ne s’agit pas de transformer la matière en or, mais au contraire de transformer l’or en matière pour qu’elle devienne moments d’exception, d’enfantement d’art ou de bonté, or en son, et en soi tout simplement.
ÉF Ils paraissent tout savoir des mensonges qui soulagent.
HG J’ai compris ce qu’il m’avait appris, même si à cet âge, je ne l’ai pas tout de suite réalisé : nous sommes musique récitée par notre destin. Chacun porte une clef qu’il sait déchiffrer ou pas; quoi qu’il en soit, le bonheur ne s’obtient que par l’harmonie de son être avec la note qui l’exprime.
ÉF Toute ma vie s’est arrêtée comme une montre à l’heure du crime. Je suis condamné au temps. Ma peine, c’est de le sentir passer.
HG Nous assistons en direct à la création de l’enfer – non pas le lieu de la douleur, mais bien le lieu où l’on fait souffrir, où l’on invente l’éternité de la souffrance.
ÉF La femme a souri comme on sourit à la tristesse, quand on sait d’avance qu’on ne la fera pas entrer en soi. On la laissera là, dans les courants d’air.
HG Depuis la nuit des temps, l’homme a rêvé son double et cette idée, suggérée et stimulée par les miroirs, les fontaines et les lacs, amplifiée par la naissance de frères jumeaux, n’a cessé de fleurir dans les différentes cultures du monde.
ÉF Grandir sans père, c’est s’enfoncer dans un marécage. Ne jamais toucher le socle. Ne pas entendre de voix grave, d’éclats de voix. Ne pas se reconnaître sur un visage masculin. Ne pas arrêter d’y penser. Ne penser qu’à ça, par moments.
HG … celui avec qui l’on s’oppose vous construit mieux que celui dont on se sent le plus proche…
Ici s’achève leur courte rencontre, leur bref échange.
Hélène Grimaud termine ce saut par :
. Plus de villages, puis plus de fermes, plus de routes ni même de poteaux électriques, mais à perte de vue un paysage entier dans lequel j’éprouvais avec délices ma solitude, ce lieu essentiel où je pouvais être moi-même, avec moi-même et venir au monde. Toujours, c’est dans la solitude que la réalité, pour moi, a pris forme sous le signe du désir; et c’est dans la solitude que j’ai appris que ce n’est que ce qu’on désire de soi à soi qui tend vraiment à être réel…
. Nous souffrons tous de mouvements répétitifs. Nous prenons tous des habitudes en grandissant, alors il s’agit de s’en défaire.
. Le corps conditionne le raisonnement. Se défaire des habitudes quotidiennes du corps, c’est se donner la chance d’un autre rapport à la pensée.
. Amour, incessante création. «Raison mystérieuse et imprévue, mesure parfaite et réinventée» comme le chante Rimbaud. Tu étais ma volonté évidente. Tu m’as fait comprendre que ce n’est pas ce qui vient à nous, mais bien ce qui vient de nous qui est la vie véritable. Je voulais être. Aimer, c’est être. Et c’est créer sa vie bien plus que la recevoir…
. … le hasard, cette fantaisie du destin…
Au prochain saut
Hélène Grimaud
Nous avions déjà tenté l’expérience. Ce fut Céline et Radiguet qui en étaient les protagonistes. Aujourd’hui, nous la répétons. Cette fois-ci ce sera en compagnie de la pianiste Hélène Grimaud (VARIATIONS SAUVAGES) et Éric Fottorino (CARESSE DE ROUGE).
Le jeu consiste à réunir des citations de deux auteurs dans un semblant de dialogue. Allons-y donc : HG (pour Hélène Grimaud) et ÉF (pour Éric Fottorino).
ÉF Se souvenir le dispense de vivre.
HG J’ai compris que se souvenir, c’est aussi inventer. La mémoire est l’art magique de la composition.
ÉF Je ne veux pas transformer chacun de mes souvenirs en arrêt du cœur.
HG Il s’agissait de bien davantage que de simples points cardinaux autour de moi, au-dessus et au-dessous de moi, il s’agissait d’un point de départ, le bing-bang de ma conscience qui m’a toujours fait dire, surtout pour la musique, que chacun d’entre nous est une opération magique, qu’on fait rarement fausse route et que souvent on n’est simplement pas allé assez loin. Après tout, ce qui dit venir n’est pas tant à découvrir qu’à inventer…
ÉF Les hommes n’ont pas l’habitude de rester. Ils fuient, ils éludent, ils oublient, on ne sait comment.
HG … on peut passer et même perdre sa vie à chercher sa pierre philosophale jusqu’au jour où l’on comprend que la formule est dans l’inverse, qu’il ne s’agit pas de transformer la matière en or, mais au contraire de transformer l’or en matière pour qu’elle devienne moments d’exception, d’enfantement d’art ou de bonté, or en son, et en soi tout simplement.
ÉF Ils paraissent tout savoir des mensonges qui soulagent.
HG J’ai compris ce qu’il m’avait appris, même si à cet âge, je ne l’ai pas tout de suite réalisé : nous sommes musique récitée par notre destin. Chacun porte une clef qu’il sait déchiffrer ou pas; quoi qu’il en soit, le bonheur ne s’obtient que par l’harmonie de son être avec la note qui l’exprime.
ÉF Toute ma vie s’est arrêtée comme une montre à l’heure du crime. Je suis condamné au temps. Ma peine, c’est de le sentir passer.
HG Nous assistons en direct à la création de l’enfer – non pas le lieu de la douleur, mais bien le lieu où l’on fait souffrir, où l’on invente l’éternité de la souffrance.
ÉF La femme a souri comme on sourit à la tristesse, quand on sait d’avance qu’on ne la fera pas entrer en soi. On la laissera là, dans les courants d’air.
HG Depuis la nuit des temps, l’homme a rêvé son double et cette idée, suggérée et stimulée par les miroirs, les fontaines et les lacs, amplifiée par la naissance de frères jumeaux, n’a cessé de fleurir dans les différentes cultures du monde.
ÉF Grandir sans père, c’est s’enfoncer dans un marécage. Ne jamais toucher le socle. Ne pas entendre de voix grave, d’éclats de voix. Ne pas se reconnaître sur un visage masculin. Ne pas arrêter d’y penser. Ne penser qu’à ça, par moments.
HG … celui avec qui l’on s’oppose vous construit mieux que celui dont on se sent le plus proche…
Ici s’achève leur courte rencontre, leur bref échange.
Hélène Grimaud termine ce saut par :
. Plus de villages, puis plus de fermes, plus de routes ni même de poteaux électriques, mais à perte de vue un paysage entier dans lequel j’éprouvais avec délices ma solitude, ce lieu essentiel où je pouvais être moi-même, avec moi-même et venir au monde. Toujours, c’est dans la solitude que la réalité, pour moi, a pris forme sous le signe du désir; et c’est dans la solitude que j’ai appris que ce n’est que ce qu’on désire de soi à soi qui tend vraiment à être réel…
. Nous souffrons tous de mouvements répétitifs. Nous prenons tous des habitudes en grandissant, alors il s’agit de s’en défaire.
. Le corps conditionne le raisonnement. Se défaire des habitudes quotidiennes du corps, c’est se donner la chance d’un autre rapport à la pensée.
. Amour, incessante création. «Raison mystérieuse et imprévue, mesure parfaite et réinventée» comme le chante Rimbaud. Tu étais ma volonté évidente. Tu m’as fait comprendre que ce n’est pas ce qui vient à nous, mais bien ce qui vient de nous qui est la vie véritable. Je voulais être. Aimer, c’est être. Et c’est créer sa vie bien plus que la recevoir…
. … le hasard, cette fantaisie du destin…
Au prochain saut
mercredi 2 juin 2010
Le trois cent cinquante-neuvième saut / Le trois-cent-cinquante-neuvième saut
Un autre petit pas dans la direction de la nouvelle orthographe :
9) Le tréma est déplacé sur la lettre u prononcée dans les suites –güe et güi, et est ajouté dans quelques mots.
Aiguë, ambiguë deviennent aigüe, ambigüe;
Ambiguïté devient ambigüité;
Arguer devient argüer.
Les mots dans lesquels est ajouté un tréma sont : argüer (j’argüe, nous argüons, etc.), gageüre, mangeüre, rongeüre, vergeüre. Le déplacement du tréma évite des difficultés de lecture; son ajout empêche des prononciations jugées fautives.
CADAVRE EXQUIS
NUMÉRO 10
peut-on? mourir
comme une ombre écholalique dans la chaleur usée
entre l’espace des vagues moutonneuses?
m’écoutes-tu?
si mourir avait un sens
où cela mènerait-il ?
serons-nous encore?
fermera-t-on? le portail
aux clôtures des muettes éternités
que l’infini aveugle
au bout de l’horizon nuageux?
si mourir avait un sens
qui le saisirait ?
à la cime des arbres qu’écrasent les oiseaux?
«un carnet d’ivoire avec des mots pâles»
C A S A Q U E (nom féminin)
. vêtement des dessus à larges manches;
. tourner casaque : fuir; tourner le dos à ceux de son parti, changer de partir, d’opinion;
. veste de soie de couleur vive que portent les jockeys;
. blouse ou courte jaquette de femme.
D É L I Q U E S C E N C E (nom féminin)
. propriété qu’ont certaines substances solides de se liquéfier par absorption progressive de l’humidité atmosphérique; état qui en résulte;
- (liquéfaction).
. en complète décadence; perte de la force et de la cohésion;
- (décomposition, décrépitude).
- (décrépit; gâteux; ramolli).
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