mercredi 29 décembre 2010

Le trois cent quatre-vingt-neuvième saut / Le trois-cent-quatre-vingt-neuvième saut



On se garde toujours un petit secret qu'à la fin, timidement, on dévoile. J'en ai timidement gardé un. En cette fin d'année, il vous est offert: j'entretiens un autre cahier qui n'en est pas un de lecture mais de photos. Oui, de photos découpées dans le journal LE DEVOIR depuis janvier dernier, le 2010; à chaque fois qu'un événement que je jugeais pertinent ou qu'une photo le rapportant me parlait. Ça sera, aussi et un peu, ma revue secrète de l'année. Les voici avec quelques commentaires.


1) Les manifestations en Iran qui ont permis de croire que l'opposition pouvait s'organiser ou tout au moins ébranler le pouvoir. Ce ne fut pas le cas.


2) Les problèmes de la coalition militaire en Afghanistan qui nous démontrent que ce n'est pas sur cette route que se trouve la solution.

3) Les 100 ans du journal LE DEVOIR et toute la magie qui l'a entouré durant cette année 2010.

4) Haïti... son nom seul parle.

5) Le décès de Kate McGarrigle.

6) Le décès de Pierre Vadeboncoeur.

7) Le Darfour: l'ONU estime que ce conflit a fait pas moins de 2,7 millions de déplacés depuis 2003.

8) La grève générale en Grèce: est-ce vraiment à la population de payer pour les profiteurs du système financier?

9) La performance nourrie à l'émotion de Joannie Rochette aux Jeux Olympiques de Vancouver.

10) L'annonce de nouvelles constructions en Cisjordanie par le premier ministre israélien Nétanyahou.

11) Simone Veil entre à l'Académie française.

12) L'attitude provocatrice du SPVM le 15 mars lors de la manifestation contre la brutalité policière.

13) L'année extraordinaire du groupe Karkwa.

14) Le décès du héros de la justice sociale au Québec, Michel Chartrand.

15) Les «Dames en blanc» à Cuba - épouses et mères de prisonniers politiques cubains - obtiennent enfin la permission de manifester dans les rues de La Havane après trois semaines d'interdiction.

16) La marée noire dans le golfe du Mexique.

17) Les «chemises rouges» en Thaïlande et le refus du pays de l'aide offerte par l'ONU.

18) L'inauguration d'une plaque commémorative en mémoire du poète Gaston Miron, au 4451, Saint-André à Montréal où il a vécu de 1957 à 1968. Sans oublier les deux magnifiques albums «Douze hommes rapaillés».

19) Le problème de l'Église du Très-Saint-Nom-de-Jésus dans mon quartier d'Hochelaga-Maisonneuve à Montréal et de son orgue. Problème de vision ou de pognon?

20) Israël et les cargos à destination de la Palestine.

21) Après «J'ai tué ma mère», «Les Amours imaginaires» du jeune cinéaste québécois au talent immense, Xavier Delan.

22) La Coupe du Monde de soccer en Afrique du Sud.

23) Le décès de José Saramago, le Nobel de littérature 1998.

24) Le G8/G20 à Toronto: un autre bel exemple de brutalité policière.

25) Le Dr Julien: privé ou public??? Encore des questions à éclaircir.

26) Les 40 ans de l'expulsion de Forillon.

27) Les inondations au Pakistan.

28) Paris renvoie les Roms en Roumanie.

29) Les 33 mineurs du Chili: en attendant le film qu'Hollywood se prépare certainement à faire.

30) Le gaz de schiste.

31) La loi des mines au Québec dont Richard Desjardins réclame une refonte afin de rétablir un équilibre entre les privilèges consentis aux compagnies et les droits des citoyens et municipalités.

32) 30 ans après l'assassinat de John Lennon.

33) Liu Xiabo absent à la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix: une première depuis 1983.

34) Les révélations de WikiLeaks.

35) 2010, l'année la plus meurtrière en Afghanistan.

36) La tension entre les deux Corée.


36 événements sur la Terre qui me démontrent qu'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant que les voeux du début de l'année, ceux de bonheur et paix, deviennent notre réalité.

Je termine cette revue de l'année 2010 par une réflexion de J.M. Coetzee:

« Quand des hommes souffrent injustement, ce sont les témoins de leur souffrance qui doivent fatalement en porter la honte.»


Bonne fin d'année

mercredi 22 décembre 2010

Le trois cent quatre-vingt-huitième saut / Le trois-cent-quatre-vingt-huitième saut



À quelques jours de Noël, je vous offre deux poèmes. Le premier du poète américain Wallace Stevens, le second de Jean-Guy Pilon, poète québécois.

Ils n’ont rien à voir avec la période des Fêtes mais vous verrez, chacun à sa manière peut nous en parler, indirectement.

Bonne lecture et Joyeux Noël.


LE POURQUOI D’UNE IMAGE

Wallace Stevens


Vous l’aimez sous les arbres à l’automne,

Car tout y est à demi-mort.

Le vent se déplace comme un infirme parmi les feuilles

Et répète des mots insensés.


Ainsi étiez-vous heureux au printemps

Avec ses demi-teintes de vie inachevée :

Le ciel légèrement plus clair, les nuages qui fondent,

L’oiseau unique, la lune obscure –


La lune obscure éclairant un monde obscur

De choses jamais tout à fait dites,

Alors que vous-même n’étiez jamais tout à fait vous-même

Et ne désiriez pas ou n’aviez pas à être,


Désirant l’exaltation du changement :

Le pourquoi d’une image, tremblant

Sous le poids du premier midi,

L’A B C de l’être,


Le tempérament de feu, la violence

Du rouge et du bleu, le choc implacable

- acier contre intimation – l’éclair aigu,

Le X vital, arrogant, fatal, impérieux.




L’ESPOIR QUI TRIOMPHE

Jean-Guy Pilon

Là-bas, au fond le plus mystérieux de l’espace, la main et ses doigts émergent des tourbillons énormes de la terre. Puis le corps entier se hisse sur les racines tordues et appelle d’autres corps au-dessus du naufrage.


Soudain, par la couleur appropriée, les visages s’agrandissent et s’élèvent, et les yeux aussi et les mains et les hommes qui reprennent leur place dans ce matin de soleil trop blanc.


Dès lors, l’homme réapprend sa véritable taille au-dessus des choses. Il est roi par son regard et son large front où viennent mourir, comme des vagues, les approches du mal. Domination pour vivre et force patiente de l’intelligence.


Si un jour vous vous égarez dans ces espaces méconnaissables et qu’au seuil du pays où les rochers s’entrechoquent dans l’obstination de la foudre, voyez apparaître une main qui s’élève, n’ayez plus peur, vous serez au pays des géants qui sont vos frères en plus grand.

Au prochain saut

mercredi 15 décembre 2010

Le trois cent quatre-vingt-septième saut / Le trois-cent-quatre-vingt-septième saut



Fou comme en l’espace de vingt-quatre heures le temps puisse passer du vert au blanc. Sans peu d’avertissement. Comme un coup de fouet.

Il y a quelques jours, je voyais Paris aux informations. Les automobilistes emprisonnés dans leur voiture tout près des Champs-Élysés. Je songeais à la circulation sur le boulevard Ornano ou le boulevard Ney, il y a moins d’un mois. Le concert cacophonique des klaxons. Les virages dangereux que les automobilistes impatients se permettaient afin de sortir d’un embouteillage ou éviter de s’engouffrer dans un bouchon qui pouvait s’étirer sur des kilomètres. Puis, moins d’une heure après, le calme… enfin, un semblant de calme…

Je songeais au Paris connu fin octobre alors qu’il faisait très beau. Celui de novembre alors qu’il pleuvait. Et celui d’il y a quelques jours alors que la neige transformait les marches du Sacré-Cœur en piste de ski.

Les Parisiens ont dû certainement se dire la même chose : fou comme en l’espace de vingt-quatre heures le temps puisse passer… Les Parisiens possèdent cette extraordinaire faculté d’adaptation qui les amène à dire : il pleut, j’apporte le parapluie; il ne pleut pas, je le laisse à la maison. Tout simple, mais qui exprime une philosophie du quotidien basée sur le fait qu’une journée ça tourne autour de vingt-quatre heures et risque de ne ressembler ni à hier ni à demain.

La neige s’accumule sur Montréal; à Paris, sans doute, elle aura disparu tout au plus en vingt-quatre heures. On a mis quelques jours, à Montréal, pour la déplacer, la chasser de nos rues alors qu’à Paris on s’en remettra au soleil ou à un redoux pour la voir disparaitre.

Étrange que nos conversations se calquent sur la météo. On cherche à se souvenir de l’an passé. Y a-t-il eu beaucoup de neige? Combien de tempêtes déjà? Il semble que c’était plus froid. À Noël, il neigeait… je ne m’en souviens plus trop bien. C’est fou ce besoin de comparer. Un besoin qui de toute manière ne changera rien ni à l’an passé ni à cette année.

Si j’avais opté pour un prolongement de mon séjour parisien, je serais revenu le 9 décembre. En fait, le 9 décembre j’aurais été coincé à Roissy, en attente que la neige se calme et que les avions puissent reprendre leur vol. J’aurais vécu une tempête de neige à Paris. J’aurais pu voir les amis parisiens vivre quelque chose ressemblant à ce que je leur racontais dans mes grands élans oratoires sur la neige, ses bourrasques et ce qu’elle laisse derrière elle et qui ne partira que des mois plus tard, dans nos printemps aussi brefs qu’inégaux. En lieu et place, je pense à eux…

Aujourd’hui, je vous offre une deuxième note prise à Paris.

Entre le 11 et le 14 novembre inclusivement, les stations de métro reliant Barbès-Rochechouart et Porte de Clignancourt étaient fermées en raison de travaux de modernisation. Des navettes remplaçaient les wagons du métro. Une fois les travaux achevés, j’avoue ne pas avoir remarqué de transformations évidentes. C’est à la réouverture que cette note m’est arrivé.

SECONDE NOTE

la jeune fille blonde aux bas noirs et striés

lisait ERNESTINE de Sade

dans le métro

assise devant moi

sa jupe grise tranchait un blouson noir

son cou blanc sursautait parfois

lorsqu’elle tournait les pages

alors que ses yeux alors petits devenaient grands

et cela n’avait rien à voir

avec les soubresauts du train

dans le métro Barbès-Rochechouart


«un carnet d’ivoire avec des mots pâles»


B R A D E R I E (nom féminin)

. foire où chacun peut vendre à bas prix des vêtements ou des objets usagés;

. liquidation de soldes en plein air.

B R A I E S (E N) (nom féminin pluriel)

. pantalon ample, en usage chez les Gaulois et les peuples germaniques.

Au prochain saut

jeudi 9 décembre 2010

Le trois cent quatre-vingt-sixième saut / Le trois-cent-quatre-vingt-sixième saut

Un assez long moment sans parcourir le cahier de lecture, le cinquième. Il est tout à fait particulier, je l’ai déjà dit, puisqu’il contient des notes d’auteurs comme Jean Bédard, David Servan-Schreiber, Gérald Messadié, Jean-Claude Guillebaud, Fun-Chang, Mihaly Csikszentmihalyi, Spencer Johnson, Fernando Savater… Des auteurs qui s’attardent sur des questions philosophiques, sociologiques ou socio-médicales.

J’y puise, en vrac, quelques réflexions, question de reprendre le rythme…

. Écrire, c’est faire étalage de la longueur, de la largeur et de la profondeur de son ignorance et on peut s’y perdre tout entier.

Jean Bédard

. Un roman, c’est l’impossible de l’écriture. Qui peut écrire le roman d’un homme? Qui peut seulement écrire le roman de sa propre vie? On n’arrive jamais à écrire un roman, malgré toutes nos intentions, on ne peut qu’écrire des histoires tronquées, tronquées par les faits ou tronquées par notre imagination. Le roman d’un homme, c’est la vérité de la vie de quelqu’un dans la vie de quelqu’un d’autre, libérée des faits par l’amour.

Jean Bédard

. L’infini de l’eau aussi bien que l’infini du sable noient l’intolérable de la vie dans l’improbable des rêves.

Jean Bédard

. Tout se passe comme si les parties du cerveau cognitif qui contiennent tout le savoir approprié n’arrivaient pas à entrer en contact avec les parties du cerveau émotionnel marquées par le traumatisme, lesquelles continuent d’évoquer les émotions douloureuses.

David Servan-Schreiber

. … le cerveau émotionnel ne désapprend jamais…

David Servan-Schreiber

. En fait, les cicatrices émotionnelles du cerveau limbique semblent toujours prêtes à se manifester dès que la vigilance de notre cerveau cognitif et sa capacité de contrôle fléchissent, même temporairement.

David Servan-Schreiber

. Comme Damasio l’a brillamment expliqué, ce qui donne une direction, un sens à notre existence, ce sont précisément les vagues de ressenti qui affluent de ces sources de vie pour animer notre corps et nos neurones émotionnels. Et c’est en les cultivant, chacune, que nous pouvons guérir.

David Servan-Schreiber

. Le gnosticisme est une philosophie qui reflète une vieille faiblesse de l’esprit humain. Incapable d’imaginer un autre ordre de la nature qui celui qui se présente à lui, et convaincu d’emblée qu’il représente le couronnement de toutes les espèces vivantes, voire de l’univers, l’homme est naturellement enclin à interpréter les échecs de ses entreprises comme injustes. Pareil à l’enfant, qui ne se soucie que de soi, il attribue son infortune à une puissance surnaturelle et maligne qu’il définit comme un méchant dieu. Et, dans sa logique, il déduit que puisqu’il y a un mauvais dieu, il y en a aussi un bon. Bien sûr, il s’identifie au bon, qu’il comble de sacrifices, allant parfois, par ruse naïve, jusqu’à offrir aussi des sacrifices au mauvais, afin de ne pas le rendre jaloux. Il suppose aussi que ses souffrances sont partagées par le bon dieu, comme on le voit si clairement dans Homère, quand les héros tiennent pour acquis que tel ou tel dieu leur est propice, et il est finalement certain que le bon dieu est à couteaux tirés avec le mauvais. Comme nous sommes tous mortels et que nous supposons que la mort est un accident absurde qui n’adviendrait pas si le bon dieu régnait, nous déduisons aussi que, sur terre, le mauvais dieu triomphe toujours du bon. Ce qui signifie que le monde matériel est l’empire du mauvais dieu. Mais comme cette idée est insupportable, nous supposons aussi que, dans le monde invisible, le bon dieu prend sa revanche. C’est ce que font les Juifs. Ils ont admirablement mis en scène les tourments de l’âme.

Gérald Messadié

. Le dessin des événements se répète toujours, et pourtant, les événements, eux, ne se répètent jamais.

Gérald Messadié

. … le bonheur n’est pas quelque chose qui arrive à l’improviste; il n’est pas le résultat de la chance; il ne s’achète pas et ne se commande pas; il ne dépend pas des conditions externes, mais plutôt de la façon dont elles sont interprétées. Le bonheur est une condition qui doit être préparée, cultivée et protégée par chacun. Les gens qui apprennent à maîtriser leur expérience intérieure deviendront capables de déterminer la qualité de leur vie et de s’approcher aussi près que possible de ce qu’on appelle être heureux.

Mihaly Csikszentmihalyi

. … seule la capacité de tirer constamment de l’enchantement à partir de ce que nous faisons peut vaincre les obstacles au bonheur.

Mihaly Csikszentmihalyi

. J’évite l’indécision et les demi-décisions fondées sur des demi-vérités. J’utilise les deux volets d’une méthode fiable afin de prendre des décisions meilleures en permanence : un cœur généreux et une tête froide. J’utilise ma tête en me posant une question pratique et je consulte mon cœur en me posant une question intime. Puis, une fois que j’ai écouté les autres et moi-même, je prends une décision meilleure, et je m’y tiens.

Spencer Johnson

. … au moment de l’action particulière ici et maintenant, c’est celui qui agit qui doit décider ce qui est le plus opportun à chaque occasion concrète, sans se borner à appliquer mécaniquement un précepte ou une norme. Les règles de l’art de vivre, comme celles de n’importe quel autre art, proposent un schème d’orientation qui ne pourra cependant jamais se substituer à la «proairesis» du sujet – pour ainsi dire – à la touche personnelle à travers laquelle il affronte, à un moment précis, l’inimitable et fragile singularité de son existence. Il n’existe pas de science du vivre définie par des axiomes et des lois universellement admises qui puissent s’appliquer aussi bien dans la solitude expérimentale du laboratoire que dans la rue ou dans la jungle, mais il existe en revanche un art où se juxtaposent des traditions mémorables, des fragments de codes anciens, des règles pratiques de comportement et l’inspiration désespérée de l’espoir, à partir duquel ou contre lequel nous agissons lorsque le cas se présente. Autrement dit, du haut de la corde raide où nous faisons de l’équilibre sans filet ou au milieu de cette mer aux courants perfides sur laquelle nous tentons de demeurer à flot, l’expérience acquise et le souvenir de nos meilleurs maîtres sont les bienvenues… mais nous continuerons cependant à dépendre de la prudence de notre esprit, car nous sommes tous seuls.

Fernando Savater

Au prochain saut

vendredi 3 décembre 2010

Le trois cent quatre-vingt-cinquième saut / Le trois-cent-quatre-vingt-cinquième saut




Deux mois loin du crapaud! Cela exige une réflexion alors que j’y reviens.

Parmi les objectifs de ce voyage, un important : voir autre chose afin de provoquer l’arrivée de nouvelles images pouvant m’amener à de nouveaux poèmes. Il y a eu beaucoup d’eau, de bois et de routes… de dépaysements qui à la limite n’en sont pas finalement et qui se définiraient par «être ailleurs»… Rapporter de ces ailleurs, les petits quelques choses qui relancent les mots.

Il y avait d’autres objectifs : voyager avec mon grand ami Jean-Luc puis ma fille Mathilde, tester le tendon, revoir Paris. À travers ces objectifs, s’est infiltrée cette réalité : devoir vivre avec quelqu’un 24 heures sur 24 alors qu’à Montréal, je suis plutôt seul. Non pas isolé, mais seul.

Ce fut une agréable situation qui se transforme maintenant rentré à la maison en une découverte : ma maison est grande, oui, mais principalement… silencieuse. Il faudra réfléchir en profondeur à cela.

Également, LE CRAPAUD que j’ai laissé derrière moi – deux venues entre le début octobre et la fin novembre – et que je retrouve là, à quelques sauts du quatre-centième. La question suivante se pose, celle qui atterrit normalement sur la table de travail lorsque je franchis une nouvelle centaine de sauts : qu’arrivera-t-il de lui?

Cet automne, avant le voyage, j’y suis allé de quelques textes portant sur l’actualité tout en maintenant l’essence du blogue : y déposer le contenu de mes cahiers de lecture, les poèmes anciens et actuels, quelques textes de fiction. Ces deux mois en Espagne et en France m’auront-ils poussé vers autre chose? Je me rappelle, tout en marchant avec Jean-Luc, avec Mathilde ou encore, seul sur les berges de la Seine, je me rappelle m’être dit que je devrais faire davantage de photographie… achever le projet de lecture des poèmes qui avance mais auquel il faudra redonner de l’élan… ou encore, belle folie, partir en voiture (louée ou minoune achetée) traverser le Canada d’est en ouest pour revenir par les USA d’Obama… relancer cette idée d’entrevues auprès de personnes que je rencontre et qui, selon elles, n’ont rien à dire mais qui parlent beaucoup pour les déposer sur le blogue sous forme de poscast.

Autre chose. Cela parle de la discipline que l’on s’impose lorsqu’on ne voyage pas, discipline mais plutôt les habitudes ou une certaine organisation du temps. La lecture, cette habitude montréalaise. Je n’ai quasiment pas lu pendant deux mois. Federico Garcia Lorca, en Espagne. Houellebecq (Le Goncourt ) à Paris. Autrement, rien. Pas même le journal. Imaginez le bonheur de (re)feuilleter LE DEVOIR en arrivant!

Voyager c’est aussi beaucoup transformer nos petites habitudes quotidiennes, les échanger contre d’autres qui s’installent forcément, et au retour, s’apercevoir qu’on les retrouve intactes, comme inscrites autour des meubles quand ce n’est pas directement sur les meubles. Ces habitudes installées à plusieurs niveaux, que l’on arrive à oublier, devenues des automatismes frôlant les rituels, le retour de voyage est peut-être une belle occasion de les réfléchir.

Donc, deux mois loin de Montréal, du CRAPAUD et aussi de la maison. Nous tenterons de voir comment ils ont fait bouger la suite des choses.

Je vous propose, aujourd’hui, une première note puisée à ce que je ramène des routes européennes. Je les placerai sur LE CRAPAUD s’en tenir compte de l’espace et du temps. Tout ce qu’il y a de plus en vrac… Le désordre le plus complet.

PREMIÈRE NOTE

En face de l’appartement que j’habitais à Paris, rue Belliard, loge un service d’accueil pour les réfugiés politiques en demande d’asile aux autorités françaises. Certains jours, personne n’y faisait la queue. D’autres, et c’était la règle, une foule de gens attendaient d’être reçus par des fonctionnaires. Afin de s’assurer une meilleure place, ils arrivaient la veille, installaient sur le trottoir des tentes improvisées faites de bâche ou de toile d’un plastique rudimentaire, y passaient la nuit, une nuit d’attente dans des conditions qu’ils souhaitaient ainsi moins pénibles. Les autres, dans des allers-retours incessants sur un mètre carré, se promenaient sous la pluie de novembre et la fraicheur des nuits parisiennes. Les voitures circulant sur le boulevard Ney lancent tôt le matin des bruits ahurissants qui se répercutent dans le viaduc à quelques pas de là. Voici ce que j’ai noté.

Je crains pour la politique

Je crois que bientôt elle disparaitra

Au profit d’organisations libres et hybrides

Celles qui reflèteront le style de vie de gens se réunissant

De manière aléatoire, unis par le même désespoir

Un décloisonnement social est à prévoir

Je crains aussi la violence de ceux qui n’ont rien

N’ont rien à espérer rien à perdre

La vie urbaine de plus en plus semble créer ce modèle

Il se réalisera tout doucement

Et les grandes valeurs qui s’y accrochent seront

Manger boire dormir chier et pisser puis faire l’amour

Avant de mourir

Sans enfants sans projets sans rêves sans papiers sans nom et sans foi

Et il pleuvra tout le temps

Pour laver fruits et légumes

D’un monde gris de novembre à novembre

«un carnet d’ivoire avec des mots pâles»

B O N A C E (nom féminin)

. calme plat de la mer après ou avant une tempête.

B O N N E T E A U (nom masculin)

. jeu d’argent dans lequel le bonneteur mélange rapidement trois cartes après les avoir retournées, le joueur devant deviner où se trouve une de ces cartes.

Au prochain saut

lundi 29 novembre 2010

Le trois cent quatre-vingt-quatrième saut / Le trois-cent-quatre-vingt-quatrième saut



De retour…

Comment on recommence? On se relance ou ressaute?

La manière la plus simple serait, et je vous l’offre, par un poème.


lui semblait-il


depuis si longtemps et si loin il marche

lui semblait-il

devant lui une route cartographiée s’effiloche

croyait-il


derrière un rideau en laine d’eau

coulissent des images, lui semblait-il

plus diaphanes que des ombres de fantômes

croyait-il


on lui avait tant dit, tant répété

de ne pas marcher sur cette route,

cela l’atrophierait jusque dans ses couleurs


mais les paroles ne le rejoignaient pas

semble-t-il

et depuis longtemps et plus loin encore il marchait

croit-il


au croisement de huit lignes parallèles

il vit des odeurs inconnues

quatre routes entre vie et mort

les autres entre mort et vie


et ce fut tout

la fin de tout

l’entrée du départ

la sortie de l’arrivée

le croyait-il

ou du moins lui semble-t-il


Au prochain saut

dimanche 17 octobre 2010

Le trois cent quatre-vingt-troisième saut / Le trois-cent-quatre-vingt-troisième saut

Soria (Espagne)

Un saut de crapaud débuté en Espagne, poursuivi en France…

Octobre. Je vis comme une saison que l’on pourrait qualifier d’entre-deux : de belles envolées d’automne avec de solides coups d’été. Mais ce n’est pas le plus surprenant : ce qui me dépayse au maximum, c’est la langue espagnole, elle pose problème… des majeurs. Les mots, on réussit toujours à la limite à en découvrir le sens mais la grammaire espagnole ajoutée à la vitesse parfois vertigineuse avec laquelle nos amis espagnols parlent entre eux, voilà le problème.

Que dire de l’Espagne, du peu, très peu d’Espagne que l’on franchit sinon que Barcelone est une ville tout à fait extraordinaire (j’y serais demeuré plus de trois jours), que la route entre la capitale catalane et la Castille en passant par Saragosse pour arriver à Catalayud (à quelques kilomètres de Soria en Castille) nous a offert des paysages variés.

Que dire des Espagnols sinon qu’ils sont, pour ceux que nous avons rencontrés, des êtres chaleureux pour qui le rythme se colle à la vie et non le contraire. Ils sont très autonomistes, je n’ai qu’à me rappeler le Catalan de la gare du métro qui sympathisait avec nous parce que nous devions quitter Barcelone pour entrer en Espagne, là où on allait découvrir des êtres barbares parce qu’ils n’ont pas encore aboli la tauromachie. Petite information : nous n’avons pas vu de corrida et je n’ai pas insisté pour que la chose se fasse… mon côté catalan sans doute!

On fume encore dans les bars et les restaurants. Ça fait bizarre de voir et sentir cela. On fait la sieste ici, même si nous n’avons pas encore pu l’apprécier, ne voulant pas nous faire perdre une minute de découverte.

Les petits villages autour de Soria sont tout simplement merveilleux. Un peu comme le système français, en province… on passe d’un village à un autre et y découvrons de minuscules rues, des maisons construites de pierres dorées d’une grande beauté. Malgré le fait que l’on sente la vie villageoise perdre de sa vigueur, ceux qui s’y installent ou ceux qui y restent encore peuvent se définir comme des irréductibles. J’ai bien hâte de comparer ce petit bout d’Espagne avec la côte française à partir de Biarritz en montant vers Bordeaux.


La région du Rioja, celle du vin, nous aura laissé une belle impression. Le vin que nous y avons bu se défend très bien. Les vendanges battent leur plein. Une petite tradition fort agréable: la promenade de bar en bar pour y manger des tapas arrosés de vin rouge typique de la région. Plus nous avançons, meilleurs sont les «rouges»...

La route entre Logrono (capitale du Rioja) et Biarritz en passant par le pays basque espagnol, San Sebastian nous fait découvrir un nouveau type de paysages. Nous traversons les montagnes avant d'entrer dans des cités industrielles. De beaux contrastes.

Je songe souvent au voyage de l’an passé. Je me dis que la route est bien partie, qu’une fois maîtres de notre destinée et de notre itinéraire, au volant de la voiture, je serai véritablement là où j’avais dû tout laisser en 2009 mais cette fois, continuer à avancer. Un jour après l’autre et remplir chacune des journées du maximum, voilà une recette infaillible pour un séjour agréable. C’est beaucoup l’état d’esprit dans lequel je suis actuellement de même que mon ami Jean-Luc, compagnon de voyage tout à fait exceptionnel.

Je suis actuellement à Andernos-les-Bains, en France. Tout à côté du bassin d’Arcachon entre Cap-Ferret (la pointe sud) et Arcachon,où l’océan Atlantique nous propose ses allures estivales, du moins pour nous qui ne sommes pas habitués de se promener en octobre avec des vêtements d’été. Ça ne semble pas inquiéter les autochtones mais nous, oui.

La route entre Biarritz et ici, je l’imaginais ressemblant à notre 132 menant vers la Gaspésie. Rien à voir. Des arbres (des pins), des forêts d’arbres et fort peu de civilisation… On ne s’est rien mis sous les yeux… pour le moment encore.

Alors que le soleil me brûle le dos et éblouit l’écran de l’ordinateur, nous nous préparons pour une autre journée française.

Au prochain saut

vendredi 1 octobre 2010

ERREURS TECHNIQUES

Des erreurs techniques s'amusent à rendre le texte des derniers sauts difficiles à lire.

Je n'en excuse et verrai à corriger la situation.

Le crapaud

jeudi 30 septembre 2010

Le trois cent quatre-vingt-deuxième saut / Le trois-cent-quatre-vingt-deuxième saut




Un dernier saut avant de prendre l’avion pour Barcelone dans un peu plus de 48 heures.

Rappeler qu’à partir du 3 octobre prochain, ça sera sur le blogue Jean / Pierre et la route…

que le crapaud s’entretiendra avec vous en tenant une sorte de carnet de voyage.

Information : j’ai décidé de ne pas me rendre au Vietnam. Surprise? Oui et non.

L’an dernier, avant de partir pour le périple de trois mois qui s’est achevé trois semaines plus tard,

j’avais eu comme des signes – j’en parlais dans un saut – non pas négatifs mais qui semblaient

m’indiquer que ce voyage ne se rendrait pas à terme.

Je ne les avais pas écoutés sans doute parce qu’à ce moment-là, ennuyé par la période de

convalescence reliée au tendon d’Achille, je n’avais qu’une idée en tête, partir au plus coupant.

Cette fois-ci, je suis comme plus attentif. Depuis le départ de mon ami Pierre vers l’Asie, je sens

comme une espèce d’ambivalence : un jour c’est oui pour le Vietnam, l’autre non, sans trop être

en mesure de dire exactement pourquoi. Il me semble que l’intérêt devrait être à son comble

et à la place, c’est une hésitation qui apparaît pour ensuite disparaître puis revenir.

Je ne sais pas ce que cela veut dire mais ça m’a obligé à prendre la décision

de remettre mon séjour prévu au Vietnam.

C’est vrai de dire que je suis davantage de tempérament européen qu’asiatique, vrai également

que le fait de ne pas avoir séjourné à Paris depuis 2006 alors que j’y suis allé

avec mon frère Jacques

a sans doute, inconsciemment, pesé dans la balance.

Ou encore est-ce les nombreuses heures de vol? Ou, je ne sais quoi?...

Voilà pour l’information.

Je retourne à ma valise. Il ne faut pas que j’oublie mon Federico Garcia Lorca :

ça sera spécial de le lire dans son pays natal.

À la prochaine

lundi 20 septembre 2010

Le trois cent quatre-vingt-unième saut / Le trois-cent-quatre-vingt-unième saut

La chorale (Jean-Luc, Jean et Gérard)

Des sauts de crapaud cet automne, il n’y aura plus beaucoup. Non pas que je me prépare tout doucement à hiberner – d’ailleurs, les crapauds hibernent-ils ? – mais je concentrerai plutôt mes «écritures» à partir d’octobre sur l’autre blogue, celui du voyage, celui sur lequel mon ami monsieur Larose dépose actuellement quelques traces asiatiques…

Je vous laisse l’adresse :

http://jeanpierrelaroseturcotte.blogspot.com/

Ceci étant dit, je vous donne les composantes actuelles de ce voyage que j’entreprends avec mon ami Jean-Luc, celui de la chorale qui sera amputée momentanément de notre indispensable Gérard. Ces composantes risquent, comme dans tout bon voyage, de se modifier selon la couleur du jour ou encore l’attrait d’une route plutôt qu’une autre.

Nous partons de Montréal le samedi 2 octobre pour arriver à Barcelone (Espagne) le lendemain, dimanche 3 octobre. Nous y resterons trois nuits avant de nous diriger vers Soria où nous retrouverons Carlos, un ex-beau-frère de Jean-Luc. Là, nous comptons bien nous faire «hispanoliser» si le terme peut s’utiliser, je pense surtout à mieux apprécier le vin espagnol, la cuisine espagnole, la langue espagnole…

Biarritz nous attend le 15 octobre et de là nous entreprendrons la partie française du voyage devant nous conduire à Paris le 28. Quelques points de chute que l’on envisage : Arcachon, la Dune du Pilat, Bordeaux et sa région; La Rochelle et sa région; Rennes dernière escale avant la Capitale. Paris une semaine, c’est-à-dire jusqu’au départ de Jean-Luc qui dira, j’en suis certain, «à l’an prochain» terre française.

Nous serons à ce moment-là en novembre, le 4. Jean-Luc de retour, ma fille Mathilde devrait arriver sur Paris pour y passer au moins une semaine. Nous logerons dans le 18ième arrondissement, tout près de la Porte de Clignancourt. Pour moi, ça sera une deuxième semaine parisienne. C’est peu pour celui qui a raté la majeure partie de son voyage l’an dernier pour les raisons que l’on connait et sur lesquelles je ne veux pas revenir.

Autour du 15 novembre, je devrais normalement rejoindre mon ami monsieur Larose qui sera à Ho Chi Minh-Ville depuis près de deux mois.

Voilà, sommairement, le planning à moins de deux semaines du départ. J’espère que vous nous suivrez de manière virtuelle. De toute manière, sur les deux blogues

LE CRAPAUD GÉANT DE FORILLON

et

JEAN/PIERRE ET LA ROUTE...

il vous sera possible, d’un seul clic, de passer de l’un à l’autre.

À la prochaine.

dimanche 12 septembre 2010

Le trois cent quatre-vingtième saut / Le trois-cent-quatre-vingtième saut



Éclectique
En vrac
Et
Échevelé



Les Insolences du frère Untel ont 50 ans

Déjà. Cela ne rajeunit personne!
Je me souviens d’avoir croisé le frère Untel (Jean-Paul Desbiens) lors d’un congrès de la SSJB quelques années après la parution du livre qui lançait le débat sur l’état de la langue au Québec. En quelle année c’était, ma mémoire fait défaut mais je me rappelle que son intervention avait été à la hauteur de son livre et que plusieurs prises de position de la vieille société nationaliste s’en inspirèrent.
Questions. C’est la journée des questions, semble-t-il!
La situation a-t-elle changé? Des pas gigantesques ont été enregistrés surtout au niveau de l’enseignement de la langue malgré que l’on identifie toujours certaines lacunes. Sur le plan politique, la loi 101 a institué le français comme langue officielle au Québec et on a créé des mécanismes pour surveiller son application. Le ministère de l’Éducation qui n’existait pas il y a 50 ans oblige les jeunes Québécois à fréquenter l’école jusqu’à l’âge de 16 où ils reçoivent des services éducatifs dans leur langue maternelle. Il a parmi ses mandats de voir à ce que l’enseignement du français (et de l'anglais) soit de qualité et évalué périodiquement.
Autre question. Vous vous y attendiez, j’en suis certain. La voici : si le frère Untel réécrivait son livre, 50 ans plus tard, sur quoi porteraient exactement ses «insolences»? L’insolence est souvent attribuée à un inférieur, celui-ci manquant de respect pour un supérieur. Corollaire : y avait-il derrière les textes de Desbiens une certaine volonté d’affronter ses supérieurs ecclésiastiques qui l’auraient obligé à demeurer dans l’anonymat un certain temps et, je crois, même empêché d’assister au lancement du livre lui-même.
Une chose est certaine, la parution des Insolences du frère Untel eut l’effet d’une bombe dans notre société qui sortait à peine de l’ère de Duplessis.


Réseau Liberté-Québec

Le pendant canadien du Tea Party of Canada qui lui-même a un petit frère américain le Tea Party , le Réseau Liberté-Québec a été créé par une poignée de militants qui utilisent les réseaux sociaux (Facebook, Twitter) afin de partager leurs idées de droite. L’individualité se veut la valeur centrale et les contrôles gouvernementaux leur donnent de l’urticaire.
En octobre prochain, on tiendra à Québec, ville où semble-t-il les idées conservatrices et libertariennes poussent dans un terreau fertile, un rassemblement au cours duquel des conférenciers dont le chef de l’ADQ seront présents.
Ma question en lien avec la naissance de ce mouvement est la suivante : pourquoi? Comme vous pouvez le constater cette question je l’ai murie avant de la poser… En fait j’ai peine à comprendre qu’après les années Bush, les problèmes économiques reliés à tout le système financier et cela à travers le monde, l’arrivée de Barack Obama à la présidence des USA, de l’évidence que la mondialisation ne profite qu’aux riches et aux multinationales, comment peut-on expliquer que des mouvements de droite puissent encore resurgir?
À suivre. J’ai hâte de voir comment cela va s’installer au Québec surtout, me semble-t-il, que tous nos partis politiques penchent drôlement à droite présentement.


Gaz de schiste


C’est à la fois complexe et bien simple. On nous a expliqué comment on allait procéder pour l’extraire, que des recherches de l’ordre de 200 millions de dollars ont été entreprises afin de mesurer l’étendue de ce potentiel qui dort depuis des siècles sous notre sol. Il ne semble pas s’en formaliser, ce gaz de schiste qui, selon les experts, rapporterait des dividendes extraordinaires.
C’est tout de même intéressant de remarquer que l’ancien PDG d’Hydro-Québec, celui qui nous a permis de survivre à la crise du verglas de 1998, soit un des plus ardents promoteurs de l’exploitation du gaz de schiste; je parle ici de monsieur André Caillé.
Deux questions me tarabustent. Je les soumets à votre réflexion, vous invitant à les approfondir. Le première : à qui appartient le sol québécois? En corollaire : pourrait-on envisager que le terrain à côté du duquel je vis et sur lequel on découvrirait une quantité exploitable de gaz de schiste, ce terrain devenu la propriété d’une compagnie gazière puisse devenir un puits genre puits de pétrole?
Deuxième question : est-ce que le gaz de schiste s’avèrerait une énergie plus intéressante que l’eau de nos rivières se transformant en électricité? En corollaire : le fait que l’hydro-électricité soit nationalisée au Québec inciterait les compagnies oeuvrant dans le domaine du gaz à se lancer dans l’aventure pour ensuite la refiler au gouvernement à prix d’or?
À suivre également.


Inquiétude

. Est-ce que la menace de bruler le Coran de la part d’un pasteur chrétien est traitée de la même façon aux USA que si un imam annonçait qu’il allait mettre le feu à la Bible?


«un carnet d’ivoire avec des mots pâles»


B L E T (B L E T T E)
(adjectif) : du verbe blettir
. dont la chair, trop mure, s’est ramollie.


B U R G R A V E
(nom masculin)
. dans le Saint-Empire, Commandant d’une ville ou d’une citadelle (fonction, puis titre nobiliaire).

Au prochain saut

mardi 7 septembre 2010

Le trois cent soixante-dix-neuvième saut / Le trois-cent-soixante-dix-neuvième saut



Alors que je suis à lire le dernier Yann Matel (BÉATRICE ET VIRGILE) – un titre qui nous ramène à La divine comédie de Dante – je me retourne vers les notes de lecture qui traitent de l’Holocauste ou des atrocités déployées par les nazis. Elles nous parviendront de Jonathan Little (LES BIENVEILLANTES), de Jorge Semprun (L’ÉCRITURE OU LA VIE), du classique de Primo Lévi (SI C’EST UN HOMME) et finalement de Daniel Mendelsohn (LES DISPARUS).

Little


. Je croyais maintenant mieux comprendre les réactions des hommes et des officiers pendant les exécutions. S’ils souffraient, comme j’avais souffert dans la Grande Action, ce n’était pas seulement à cause des odeurs et de la vue du sang, mais à cause de la terreur et de la douleur morale des condamnés; et de même, ceux que l’on fusillait souffraient souvent plus de la douleur et de la mort, devant leurs yeux, de ceux qu’ils aimaient, femmes, parents, enfants chéris, que de leur propre mort, qui leur venait à la fin comme une délivrance. Dans beaucoup de cas, en venais-je à me dire, ce que j’avais pris pour du sadisme gratuit, de la brutalité inouïe avec laquelle certains hommes traitaient les condamnés avant de les exécuter, n’était qu’une conséquence de la pitié monstrueuse qu’ils ressentaient et qui, incapable de s’exprimer autrement, se muait en rage impuissante, sans objet, et qui devait donc inévitablement se retourner contre ceux qui en étaient la cause première. Si les terribles massacres de l’Est prouvent une chose, c’est bien, paradoxalement, l’affreuse, l’inaltérable solidarité de l’humanité. Aussi brutalisés et accoutumés fussent-ils, aucun de nos hommes ne pouvait tuer une jeune juive sans songer à sa femme, sa sœur ou sa mère, ne pouvait tuer un enfant juif sans voir ses propres enfants devant lui dans la fosse. Leurs réactions, leur violence, leur alcoolisme, les dépressions nerveuses, les suicides, ma propre tristesse, tout cela démontrait que l’autre existe, existe en tant qu’autre, en tant qu’humain, et qu’aucune volonté, aucune idéologie, aucune quantité de bêtise et d’alcool ne peut rompre ce lien, ténu mais indestructible. Cela est un fait, et non une opinion.

Semprun

. Depuis quinze jours, chaque fois que j’avais eu affaire à des gens du dehors, je n’avais entendu que des questions mal posées. Mais pour poser les bonnes questions, peut-être fallait-il déjà connaître les réponses.

. Personne ne peut se mettre à ta place, pensais-je, ni même imaginer ta place, ton enracinement dans le néant, ton linceul dans le ciel, ta singularité mortifère. Personne ne peut imaginer à quel point cette singularité gouverne sourdement ta vie; ta fatigue de la vie, ton avidité de vivre; ta surprise infiniment renouvelée devant la gratuité de l’existence; ta joie violente d’être revenu de la mort pour respirer l’air iodé de certains matins océaniques, pour feuilleter des livres, pour effleurer la hanche des femmes, leurs paupières endormies, pour découvrir l’immensité de l’avenir.



Lévi

. Si c’est un homme

Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c’est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un non.
Considérez si c’est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu’à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N’oubliez pas que cela fut,
Non, ne l’oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant;
Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s’écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.

Mendelsohn

. Il y a bien des façons de perdre des parents, ai-je pensé : la guerre n’est qu’une parmi d’autres.

. Finalement, nous ne nous trompons pas parce que nous ne faisons pas attention mais parce que le temps passe, les choses changent, un petit-fils ne peut pas être son grand-père, en dépit de tous ses efforts pour l’être; parce que nous ne pouvons jamais être autre que nous-même, prisonnier que nous sommes du temps, du lieu et des circonstances. Quel que soit notre désir d’apprendre, de savoir, nous ne pouvons jamais voir que de nos propres yeux et entendre de nos propres oreilles, et la façon dont nous interprétons ce que nous voyons et entendons, dépend, en dernier ressort, de qui nous sommes et de ce que nous pensons déjà savoir ou désirer savoir.


On verra plus tard ce que Martel a écrit sur le sujet.

Au prochain saut

mercredi 1 septembre 2010

Le trois cent soixante-dix-huitième saut / Le trois-cent-soixante-dix-huitième saut



Éclectique
En vrac
Et
Échevelé



Un hôpital magnétique

C’est un établissement qui favorise l’autonomie professionnelle;
une administration qui appuie ses employés;
un environnement de travail qui permet une bonne collaboration entre les médecins et les infirmières;
une direction qui encourage la formation continue;
un climat de travail qui valorise les relations avec les pairs;
une main-d’œuvre abondante;
une dimension clinique qui fait toute la place au patient;
des soins de grande qualité.

L’Hôpital Général Juif de Montréal appliquerait ce modèle. Est-ce que cela signifie que dans notre système de santé (en fait notre système de gestion de la maladie) tous les hôpitaux qui ne possèdent pas l’étiquette «magnétique» ou ne sont pas en voie d’y parvenir sont des établissements où les éléments ci-haut mentionnés doivent se lire à la forme négative?

La Commission Bastarache

Les plus grandes vérités ne sont pas nécessairement celles que l’on croit. Souvent elles sont cachées derrière de grands mensonges ou encore des évidences qui crèvent les yeux mais que l’on escamote pour la simple raison qu’elles doivent avec le temps s’être éculées.
Chez mon barbier, la semaine dernière, j’ai tout compris des enjeux de la Commission Bastarache (de malins étymologistes relèveront surement l’élément «corrompu» dans la racine anglaise «bastar» du mot Bastarache), et cela par les sages paroles d’un homme d’un certain âge. Il se surprenait d’entendre parmi les clients en attente de tonte le fait que l’on cherche à savoir qui dit vrai et qui ment dans toute cette histoire de nomination des juges du Québec. Souvenez-vous, rappelait-il, que tout gouvernement quel qu’il soit est d’abord redevable à ceux qui lui ont permis de le devenir, et ce n’est surtout pas aux électeurs, ils sont trop nombreux pour être récompensés individuellement. Ce sont les donateurs et parmi eux les plus généreux se verront remercier. Il ne faut pas s’étonner de tout cela puisque ça toujours été et ça risque de le demeurer pour longtemps.
J’admire cette sagesse et remarque en lisant la liste des avocats qui représenteront le premier ministre, le parti libéral et le gouvernement qu’étrangement qu'ils sont tous de près ou de pas trop loin, reliés au premier ministre et au parti libéral. C’est tout à fait normal. Vous et moi n’engagerions pas un procureur si celui-ci ne partageait pas nos valeurs ou notre point de vue sur une cause.
Toutefois, une évidence remonte à la surface: l’un ou l’autre (Jean Charest / Marc Bellemare) ou encore l’un et l’autre, devant le commissaire Bastarache a menti ou devra mentir… ou ne pas se souvenir ce qui parfois signifie la même chose.
Cette histoire nébuleuse n’en cacherait-elle pas plutôt une autre : la vengeance d’un naïf en politique?
À la fin de cette commission d’enquête, souhaitons que la justice ait grandi et que son administration fasse l’objet d’une profonde réflexion.

Jean / Pierre et la route


Mon ami Pierre Larose a mis les pieds au Vietnam au moment où ces lignes sont écrites. Il y sera pour les six prochains mois.
Moi-même, je pars (le 2 octobre) vers l’Espagne pour ensuite entrer en France avec mon ami Jean-Luc Méthé.
Pierre et moi avons convenu d’alimenter chacun de notre côté le blogue Jean / Pierre et la route…
Je vous convie donc à suivre deux itinéraires qui peut-être se croiseront quelque part en novembre. Voici l’adresse :

http://jeanpierrelaroseturcotte.blogspot.com/


Inquiétudes

. un 152ième soldat canadien est mort en Afghanistan;

. le registre des armes à feu risque de mourir à la Chambre des Communes d’Ottawa;

. vaut mieux ne pas être un Roumain séjournant en France actuellement;

. vaut mieux ne pas être un mineur au Chili actuellement;

. les Pakistanais se noient et on se demande à quoi servirait de les aider puisque leur gouvernement ne le fait pas.


Au prochain saut

Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

  Trudeau et Freeland Le CRAPAUD ne pouvait absolument pas laisser passer une telle occasion de crapahuter en pleine politique fédérale cana...