lundi 27 octobre 2008

SAUT: 239


« Quelle satisfaction peut-on bien éprouver à ne pas comprendre quelque chose? ».

Raymond Queneau est né d'une famille de commerçants, le 21 février 1903.

Il fréquente les surréalistes et adhère au mouvement en 1924 pour en être exclu en 1930. Après cette rupture, il se lance dans l'étude des «fous littéraires» et travaille à une Encyclopédie des sciences inexactes.

En 1932, au cours d'un voyage en Grèce où il écrira (Odile), Raymond Queneau prend conscience du danger de laisser la langue littéraire s'éloigner de la langue parlée. Rapprocher ces deux extrêmes deviendra son grand projet littéraire.

Il publie son premier roman Le Chiendent, en 1933, construit selon ses dires comme une illustration littéraire du «Discours de la Méthode» de Descartes. Par la suite suivront quatre romans d'inspiration autobiographique : Les Derniers jours, Odile, Les Enfants du Limon et Chêne et Chien.

En 1938, il exerce les activités de lecteur, traducteur d'anglais, puis membre du Comité de lecture aux éditions Gallimard et deviendra, en 1954, directeur de la collection La Pléiade.

C'est avec Pierrot mon ami, paru en 1942, qu'il connaît son premier succès.

En 1947: Les Exercices de style.

Sous un pseudonyme, celui de Sally Mara, il publie On est toujours trop bon avec les femmes qui lui vaut quelques démêlés avec la censure.

Amoureux des sciences, Raymond Queneau entre, en 1948, à la Société Mathématique de France et en 1950, au Collège de 'Pataphysique puis élu à l'Académie Goncourt en 1951.

Le succès du roman Zazie dans le métro (1959) surprend Queneau lui-même et fait de lui un auteur populaire.

C'est à l'occasion d'un colloque (décade de Cerisy, en 1960,), qu' il fonde un groupe de recherche littéraire qu'il appellera l'Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle).

En 1961, Raymond Queneau réussit, avec Cent Mille Milliards de Poèmes, un exploit tant littéraire qu'éditorial. C'est un livre-objet qui offre au lecteur la possibilité de combiner lui-même des vers de façon à composer des poèmes répondant à la forme classique du sonnet régulier. Cent mille milliards est le nombre de combinaisons possibles calculé par Queneau : « C’est somme toute une sorte de machine à fabriquer des poèmes, mais en nombre limité ; il est vrai que ce nombre, quoique limité, fournit de la lecture pour près de deux cents millions d’années (en lisant vingt-quatre heures sur vingt-quatre). »

Raymond Queneau meurt le 25 octobre 1976.




Voici, tiré de «Loin de Rueil» un texte qui illustre bien l'originalité et le style de Raymond Queneau:

. Comme des foetus miniatures parfaitement constitués il faisait défiler devant lui tous les germes de figures sociales qu'il avait irréalisées. Il revenait de sept huit années en arrière et le voilà maintenant capitaine de l'armée hollandaise, directeur d'usine, attaché d'ambassade à Pékin, banquier, clown (célèbre), peintre (célèbre), archiviste paléographe, aspirant de marine (à bord du dernier voilier), coureur cycliste (vainqueur du Tour d'Europe), champion du monde d'échecs (inventeur du Gambit l'Aumône et du début f2-f3-h7-h5) gentleman farmer en Australie (et qu'est-ce qu'il n'exterminait pas comme lapins), barman (au Ritz), astronome (il découvre la première planète hors du système soliare, un satellite d'x du Centaure), député (le plus jeune de France), journaliste (reporter aux multiples ruses et à l'audace imperturbable), acrobate (le premier à réaliser le sextuple saut périlleux en arrière sans élan), fakir dans le cristal (une vieille gitane l'a initié à tous les mystères mantiques), médecin (psychanalyste), médecin (acupuncteur), médecin (ostéopathe), médecin (chiropractor), médecin (chirurgien dentiste), explorateur (astronaute, car sinon où ça? et de quoi?), chercheur de trésors (il en trouve au fond des mers quand ce n'est pas dans de vieux châteaux), chercheur d'or (il devient riche forcément), lord anglais (par adoption), grand lama (par vocation), président de la république de Nicaragua (par élection), président de la république de Costa Rica (par révolution), président de la république de Guatemala (par occupation), il oublie maintenant l'ambition, il y a tant d'autres possibles, triumvis, uhlan, plombier, tétrarque, rétiaire, schah, faux saulnier, éléphant blanc (par transformation magique), sauterelle adultère, peplum chinois, morceau de sucre, bout de savon fondant. Il disparaissait comme ça lentement, dans un petit bol d'eau, pas propre même, car un type s'en était servi, de lui, pour se décrasser les dégétaux.


Celle-ci est tirée de «Un rude hiver»:

. Deuxième factionnaire, Lehameau ne passe pas. Il ne passera pas. Il se démène il interpelle, il supplie, il argumente. Il ne passera pas. Les passerelles se rétractent dans le navire. Il n'aura pas passé Lehameau. Il est là sur le quai enfoncé comme un clou. Il regarde immobile les hublots éclairés, les silhouettes qui vont et viennent sur les ponts ou s'appuient contre le bastingage. La sirène brait, des cordes volent, les hélices battent l'eau en neige et le quai s'éloigne lentement, tiré en arrière. C'est comme ça que partent les bateaux.
L'auto ramène Lehameau vers la ville. C'est encore plus long que pour venir. Il lui semble que la voiture doive parcourir un à un chaque point de l'espace et reste ainsi immobile au centre de la nuit. C'est excessivement désagréable, c'est agaçant même. Et puis tout à coup voici des maisons, des gens qui passent, des lampes derrière des vitres. Voici même un tramway. Voici des cafés, des restaurants, des vespasiennes du temps qui recommence à couler, quoi. L'auto s'arrête, merci.

. Il y a des tas de choses dans le monde dont on ne se douterait jamais.

. Je ne suis pas de ceux qui s'étonnent qu'il y ait dans la nature des scorpions et des poux.


Et cette denière de «Pierrot mon ami»:

. - Tu sais que Léonie, malgré son apparence de femme d'affaires, a toujours eu de temps en temps des idées bizarres. Quand ça ne serait que d'avoir pris Pradonet comme amant. Mais à part ça, je la comprends. Quand tu auras un passé, Vovonne, tu t'apercevras quelle drôle de chose que c'est. D'abord y en a des coins entiers d'éboulis: plus rien. Ailleurs, c'est les mauvaises herbes qui ont poussé au hasard, et l'on n'y reconnaît plus rien non plus. Et puis il y a des endroits qu'on trouve si beaux qu'on les repeint tous les ans, des fois d'une couleur, des fois d'une autre et ça finit par ne plus ressembler du tout à ce que c'était. Sans compter ce qu'on a cru très simple et sans mystère quand ça c'est passé, et qu'on découvre pas si clair que ça des années après, comme des fois tu passes tous les jours devant un truc que tu ne remarques pas et puis tout d'un coup tu t'en aperçois. Léonie s'intéresse à la femme pour laquelle est mort un homme qui l'avait aimée elle, c'est bien naturel. Des idées comme celles-là et même des plus baroques, il en pousse tous les jours sous le crâne de tout le monde, tu le sauras quand tu auras mon expérience.

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vendredi 24 octobre 2008

SAUT: 238



Les deux poèmes de ce matin se situent à une telle distance l'un de l'autre, qu'ils aient été écrits presqu'au même moment cela tient de l'incroyable.

Le premier (Hubble) est la suite d'un poème inachevé qui traite de l'homme, en fait des morceaux d'homme. Il se situe aux confins de l'espace, là où le temps prend son temps, où la distance semble devoir se calculer à partir d'éléments qui nous sont inconnus... alors que le second (les cendres) - poème triste - se déroule tout près et très loin sur la mer.


Si on voulait qu'ils se télescopent, se rejoignent, c'est par la musique peut-être, celle des B, celle qui devient l'ombre d'une main tendue, on retrouverait alors... un homme morcelé, éclaté et en cendres...


Les voici:




Hubble




Hubble est sa demeure
à demeure

catapulté
devenu martien sur un sable rouge et glacé,
ses longs yeux planétaires dessinent des soleils noirs et frisés

enfermé par la Nasa dans des bouteilles de granit
expédié par courriels sur des galaxies consentantes

il verse en catimini les arrhes
afin de visiter des télescopes nains
rêvant de planètes enceintes



Hubble est son habitacle
habitable à mille degrés en dessous de zéro

il l’avait demandé, puis exigé et enfin supplié
debout face à la porte des étoiles éteintes
qui s’ouvrit sur un laissez-passer, aller seulement
avec promesse de retour dans un milliard d’années
le jour où la lumière rapportera des morceaux de l’homme galactique



Hubble perdu entre les feuilles commentées par CNN
englouti dans le sable de la planète Mars
étouffé par la poussière des eaux asséchées

vomit au bout de son bras
un homme
à la recherche de soi
un homme
assourdi de silence
un homme seul
et cruellement morcelé





les cendres





cendres à la mer jetées
par elle avalées
celles qui avaient broyé
ta souffrance esseulée


les crabes boitent sur une musique de Bach


cendres enfermées au sablier
tapissent le grand hunier
à l’horizon près du voilier
courant s’évader


les oiseaux de mer planent sur un quatuor de Bartok


cendres aux poussières emmêlées
au fond de l’océan s’en sont allées
aux coraux, enroulées
comme un serpent d’océan égaré


les grands poissons jazzent sur un air de Berlioz


cendres asséchées
se balançant au cœur des marées
le ressac les a bousculées
puis sur la grève jetées


les coquillages vides transportent des échos de Borodin


cendres piétinées
par des marcheurs égarés
jamais ne se sont arrêtés
au matin ensoleillé


les vagues blanches lèchent une symphonie de Brahms


les cendres jetées
resteront enterrées
ainsi que de Bruckner, l’inachevée,
sur une île désertée…



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dimanche 19 octobre 2008

SAUT: 237

Yann Martel écrit dans L'histoire de Pi: « Pourquoi nos questions sont-elles si vastes et si petites les réponses que nous obtenons?»

Il a raison. Des questions, il me semble y en avoir plus que des réponses et par surcroît, certaines questions nous mènent non à des réponses mais à une autre question. Est-ce la vérité que l'on recherche? Benjamin Kunkel, dans Indécision, répond en disant: «Je veux dire, pourquoi aurait-on besoin d'un tas de vérités neuves? Il y en a sûrement plein qui traînent partout et dont personne ne se sert jamais.»

La vérité de l'un est le mensonge de l'autre. La réponse fournie par celui/celle-ci à la question de celui/celle-là, le début d'un éternel combat. De l'incompréhension.

Le crapaud a cherché dans ses cahiers des citations qui en fait, sont des questions. Si jamais vous avez des réponses ou si elles suscitent chez vous d'autres questions, faites-le moi savoir...


. Quel acharnement aveugle faut-il pour vêtir de dignité, tendre aux dimensions de l'éternel, juger à la barre de l'univers entier ce qui était périssable et a péri, ce qui était affreusement limité dans le temps et dans l'espace, ce qui n'avait aucune puissance, qui n'a pu commettre de crime que de connaître son impotence? Que signifient ce décor, ces mots, cette amertume que l'on nous promet pour lorsque plus rien n'existera? Qui, qui peut s'arroger le pouvoir de prononcer jugement sur la pourriture? Qui peut faire retentir des anathèmes à la face du monde pour un seul homme mort? Alors que le mot exister n'a plus de sens que celui d'une impasse: des gestes sans prolongements, sous mille contraintes, un poids sur les épaules et, à la fin de la boue, quand chaque parcelle de peau a été macérée à outrance, un abîme impensable, une virevolte dérisoire sur l'infini du cercle. Le giron paternel secoué de colère sur l'enfant sale parce qu'il est mort. Pourquoi le ciel se livrerait-il à des convulsions pour une tristesse si démunie?
André Langevin (Évadé de la nuit)


. Pourquoi cette petite voix obstinée dans nos têtes nous tourmente-t-elle à ce point?, a-t-il dit en nous regardant l'un après l'autre. Serait-ce qu'elle nous rappelle que nous sommes vivants - notre mortalité, notre âme individuelle, ce que nous avons trop peur, après tout, d'abandonner, et pourtant ce qui nous rend plus méprisables que n'importe quoi d'autre? Mais n'est-ce pas la souffrance qui nous rend le plus souvent conscients de notre soi? C'est une chose terrible que d'apprendre, dans l'enfance, que nous sommes un être séparé du monde, que nul être et nulle chose ne souffre de notre langue brûlée ou de nos genoux écorchés, que nos douleurs et soufffrances ne sont qu'à nous. Plus terrible encore, lorsque nous grandissons, d'apprendre qu'aucune personne, si bien aimée qu'elle soit, ne peut jamais nous comprendre vraiment. Notre soi est la cause de nos plus grands malheurs, et c'est pourquoi nous sommes si impatients de le perdre, ne pensez-vous pas? Vous vous souvenez des Érinyes? (...) Et comment rendaient-elles fous les gens? Elles augmentaient le volume de leur monologue intérieur, magnifiaient excessivement des qualités déjà présentes, rendaient les gens tellement eux-mêmes qu'ils ne pouvaient pas le supporter.
Et comment pouvons-nous perdre ce soi affolant, le perdre entièrement? L'amour? Oui, mais comme le vieux Apholus l'entendit dire à Sophocle, le plus humble d'entre nous sait que l'amour est un maître terrible et cruel. On se perd soi-même pour un autre, mais ce faisant on devient un misérable esclave. La guerre? On peut se perdre dans la joie de la bataille, en se battant pour une cause glorieuse, mais il n'y a pas tant de causes glorieuses, ces temps-ci, pour lesquelles se battre.
Donna Tart (Le Maître des illusions)


. Est-ce que tu peux savoir, par exemple, de quelle façon la fourmi envisage le monde? Qu'est-ce qu'elle voit? Imagines-tu une fourmi, par exemple, entrant ici? Elle va se promener sur ces tapis, entre les pieds de ces messieurs, de ces dames, de toi et des miens. Elle va monter le long de ces rayons de la bibliothèque, et elle va se promener sur cet exemplaire de Shakespeare. Qu'est-ce qu'elle a vu de tout cela? Qu'est-ce qu'elle sait de ce que nous sommes? Qu'est-ce qu'elle sait de ce qu'il y a dans Shakespeare? Hein? Rien! Ça ne la regarde pas. Elle a un monde particulier à elle, et qui sait si nous ne sommes pas dans un monde de fourmis aussi? Et si à côté de nous il n'y a pas quelque chose que nous frôlons constamment sans le connaître...
Jean Giono


. N'est-ce pas une forme d'orgueil que de condamner cette vie, avec toutes ses joies terrestres, au profit d'une existence qui n'est peut-être qu'une abstraction?
Jostein Gaarder (Vita Brevis)


. Toutes ces questions qui interrogent l'amour, le jaugent, le scrutent, l'examinent, est-ce qu'elles ne risquent pas de le détruire dans l'oeuf? Si nous sommes incapables d'aimer, c'est peut-être parce que nous désirons être aimés, c'est-à-dire que nous voulons quelque chose de l'autre (l'amour), au lieu de venir à lui sans revendications et de ne vouloir que sa simple présence.
Milan Kendura (L'insoutenable légèreté de l'être)


. Quel est l'objet de l'homme qui jouit? N'est-il pas de donner à ses sens toute l'irritation dont ils sont susceptibles, afin d'arriver mieux et plus chaudement, au moyen de cela, à la dernière crise (...) crise précieuse qui caractérise la jouissance de bonne ou mauvaise, en raison du plus ou moins d'activités dont s'est trouvée cette crise?
Marquis de Sade


. Étrange contradiction: ce qui s'en va constitue une vie mortelle, ce qui reste constitue une mort éternelle! Se pourrait-il que l'être exige la contradiction, l'ambivalence, l'incohérence, le mélange et la confusion? Se pourrait-il que la vérité n'ait de réalité que dans la mesure où elle se cache? Que la beauté n'ait de charme que mélangée à quelque laideur? Se pourrait-il que tout soit entrelacé: le pire et le meilleur, la mort et la vie, l'instant et le cours du temps? Se pourrait-il que nous nagions contre la vie toutes les fois que nous tentons de dissocier ces deux partenaires intraitables que sont le devenir et l'être, ces deux amants qui replongent dans le néant dès qu'on ose les isoler l'un de l'autre?
Jean Bédard (La valse des immortels)


. À quel moment est-on obligé de s'avouer qu'une dispute n'est pas une simple dispute? Qu'elle n'est pas un orage après lequel le soleil brille à nouveau, ni une saison pluvieuse à laquelle succèdera le beau temps, mais le mauvais temps normal? Que se réconcilier ne résout rien, ne règle rien et ne fait que traduire l'épuisement et instaurer un répit plus ou moins long, au terme duquel la dispute reprendra?
Bernhard Schlink (La circoncision)

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mercredi 15 octobre 2008

SAUT: 236



1) Élection d'un GOUVERNEMENT MINORITAIRE dirigé par le Parti Conservateur;
2) Une opposition dirigée par le NPD;
3) Une déconfiture du Parti Libéral;
4) L'élection d'une forte députation du Bloc Québécois au Québec (+ de 50 députés);
5) L'élection de tout au plus 5 députés au Parti Vert dont Élisabeth May.


Vous reconnaissez, ici, les prédictions du crapaud faites en marge des élections fédérales canadiennes qui se sont tenues hier, le mardi 14 octobre 2008.


La (1): dans le mille;
La (2): dans le vide - l'oppositon sera dirigée par les Libéraux - ;
La (3): dans le mille;
La (4): dans le mille;
La (5): dans le vide.

Pour les deux petits surplus... le temps nous le dira mais je crois bien qu'elles risquent de se réaliser dans des délais assez brefs... aussi brefs que survivent les gouvernements minoritaires que le nouveau ex-premier ministre Harper appelait fort injustement hier, un gouvernement avec un madat fort et clair!!!

Le crapaud n'est pas un spécialiste en politique mais il se congratule lui-même de voir à quel point son analyse s'est avérée presque juste (60%) et surtout que la population canadienne d'expression française et par la magie de la traduction Google ou Yahoo, de toute autre langue, a suivi respectueusement sa recommandation d'élire un gouvernement minoriraire. On mesure mal, parfois, notre influence!

Je termine en vous faisant, juste à vous, une petite confidence. Hier, dans mon bureau de scrutin, dans l'isoloir, seul avec mon crayon à la mine de plomb, devant une liste de candidats s'allongeant jusqu'à neuf, un instant, tout juste assez court pour qu'il m'en souvienne, eh! bien, j'ai hésité... Comme quoi on peut être un indécis hésitant jusqu'à la toute dernière seconde. J'hésitai donc. Je ressentais un tel pouvoir au bout de cette mine basse qu'un foule importante de mes concitoyens avaient tenue dans leurs doigts de voteurs/euses, j'allais possibilement changer la suite des choses... et je me suis presque, je dis bien presque, arrêté sur la ligne du candidat néo-rhionocécros et la «x/er»...

Mais je m'en suis tenu à mon vote vert et constatai, aujourd'hui, avec amertume que malgré une augmentation du nombre d'électeurs, le Parti Vert n'aura aucun représentant à la Chambre des Communes.

Mais ceci est un autre débat...

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vendredi 10 octobre 2008

SAUT: 235


Le crapaud a senti que vous vous ennuyez de ses citations. De ses notes de lecture.
Pour combler ce vide et nourrir votre attente des résultats électoraux (il semble qu'un vent libéral souffle sur un Canada bleu et conservateur...) en voici quelques-unes.


. On ne trouve pas la solitude, on la fait. La solitude elle se fait seule. Marguerite Duras

. Il ne faut jamais faire de confidences, cela abîme les sentiments.
Raymond Queneau

. c'est la lumière vivante que chacun porte en soi et que tout le monde étouffe pour faire comme tout le monde Jacques Prévert

. Le bonheur est égoïste. Raymond Radiguet

. Les chats trop menacés par le feu finissent tout de même par aller se jeter dans l'eau. Céline

. Tout livre est l'image d'une solitude. Paul Auster

. La mélancolie n'est que de la ferveur retombée. André Gide

. En fait, l'humanité ayant appris à compter sur ses dix doigts, cette préférence quasi générale pour les groupements par dix a été commandée par cet «accident de la nature» qu'est l'anatomie de nos deux mains. Et le problème n'est même pas de nature linguistique. Georges Ifrah

. Ne fais rien de ce qui n'est pas bon pour toi. Ernest Hemingway

. Qui ne sait pas tirer les leçons de 3000 ans vit seulement au jour le jour. Goethe

. Là où on fait le premier effort, le reste vous est toujours donné par surcroît. Hermann Hesse

. Tu vois comme c'est facile, la mort? On n'a qu'à se laisser aller. Tu t'y feras, toi aussi.
Yves Beauchemin

. ... les lieux sont des miroirs poreux qui gardent les traces de tout ce que nous sommes.
Monique Proulx

. Là où règnent le mensonge et la fausseté il ne peut naître rien de bon que des voleurs et des tricheurs. Jan Trefulka

. Mais il n'y a pas que l'ennui, la solitude aussi amène à faire des choses étranges. Jean Rouaud

. Quand les gens s'intéressent aux phénomènes «surnaturels», ils le font par aveuglement. Ils passent à côté de la chose la plus extraordinaire qui soit, à savoir que le monde existe.
Jostein Gaarder

. L'homme qui lit à haute voix nous élève à hauteur du livre. Daniel Pennac

. Au fond de l'âme de chaque être éperdu d'amour couve une haine pour l'objet aimé, désormais détenteur de l'unique clé de son bonheur. Peter Hoeg

. Il est important de bien regarder les choses quand on les quitte sans quoi ce sont elles qui nous quittent. Howard Buten


Voilà pour aujourd'hui. Il ne faut tout de même pas en donner plus que le client en demande.

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lundi 6 octobre 2008

SAUT: 234



Une semaine, encore. Et ce sera demain la journée de l'élection fédérale.

Journée importante car les Canadiens auront dans leurs mains le véritable pouvoir, celui de le donner à qui leur semble être en meilleure position pour gérer leur pays...

Quelles belles paroles «téteuses»! Comme si une journée d'élections, à date fixe ou pas, pouvait vraiment devenir un grand moment de vérité! Comme si on pouvait, à l'avance, être assuré que le gouvernement nouvellement formé sera au service de la population qui l'aura élu! Naïf plus que téteux.

Mais ne soyons pas sacartisque.

Combien de Canadiens ne croient plus à cet exercie et n'iront pas voter?
Combien de Canadiens iront voter, mais annuleront leur vote, c'est-à-dire qu'ils ne marqueront pas de manière absolument convaincante pour qui ils souhaitent exprimer leur choix?
Combien voteront pour gagner l'élection?
Combien se déplaceront plus d'une fois?
Combien profiteront de cette exemption de travail de l'ordre de 3 ou 4 heures sans se rendre au bureau du vote pour manifester clairement leur préférence?
Combien ne feront rien et verront dans ce 14 octobre 2008 qu'une journée ordinaire?
Le cynisme atteindra-t-il autant d'électeurs que le nombre de politiciens qui le pratiquent avec professionnalisme?

Au fond, la véritable question peut se résumer à ceci: une journée d'élections, suite à une campagne électorale d'à peine un mois, est-ce vraiment cela la démocratie?

La démocratie, est-ce d'écouter le conservateur Stephen Harper travaillant fort pour démontrer qu'être de droite n'est pas si dangereux que cela?

Est-ce réussir à saisir toutes les nuances que le libéral Stéphane Dion s'efforce de nous faire entrer dans la tête en disant oui et non et leur contraire dans la même phrase?

Est-ce croire qu'un véritable changement, style Obama, ne peut arriver au Canada qu'en appuyant le jovial néo-démocrate Jack Layton?

Oui bien, pour les Québécois et Québécoises seulement, voter Bloc et Gilles Duceppe, c'est voter stratégique, voter anti-Harper, se rappeler l'hyper-fédéraliste Dion et se dire que le NPD c'est aussi un parti fédéralisant et voter Bloc, c'est faire avancer la cause indépendantiste/souverainiste au Québec?

Ou bien voter Vert, le seul parti ayant à sa tête «une chef», Élisabeth May, une monoparentale qui parle aussi bien français que Pauline Marois parle anglais mais qui a l'énorme avantage de sembler être la seule à inspirer le renouveau?

Mais au-delà de tout cela, et sachant qu'au 14 octobre suivra les 15/16/17 etc octobre, il faut se convaincre d'une chose: le véritable pouvoir en politique c'est celui que le peuple conserve. Et pour cela, une seule avenue s'impose: élire un gouvernement minoritaire. Ce qui implique son corollaire, une opposition majoritaire.

Je sais que vous vous dites: le crapaud nous avait démontré lors des dernières élections québécoises, l'importance de voter pour qu'un parti politique soit porté au pouvoir mais sans pouvoir véritable. Je ne vous referai pas la démonstration mais vous convie à retourner « au saut inhabituel du 19 mars 2007 », là où vous trouverez cette fort habile... argumentation.

Relisez.
Méditez.
Plus, actualisez-la dans votre geste d'électeur de mardi prochain.

Le crapaud, pour sa part, vit dans un comté surnommé «château-fort» du Bloc Québécois. Il serait bien étonnant, presque surprenant, que le soir des élections alors que l'on dévoilera les résultats, le comté d'Hochelaga passe dans des mains autres.




Le crapaud exercera son droit de vote et (même si cela doit se faire en secret) je vous l'annonce, je voterai pour le Parti Vert. Non pas parce qu'un crapaud c'est vert, ça serait beaucoup trop simpliste et superficiel. Non. Le crapaud votera pour le Parti Vert parce qu'il croit que le véritable changement dans la manière de faire la politique, c'est de laisser au peuple non pas l'illusion mais le pouvoir de se projeter vers l'avenir.

L'avenir, c'est de redonner une chance à la Terre. Redonner à nos enfants et nos petits-enfants, l'espoir de respirer sans masque à gaz. Opter pour l'avenir, c'est prendre immédiatement une police d'assurance verte.

Je suis à peu près convaincu que le Parti Vert est le seul - surtout qu'il n'a aucune chance de faire élire une masse de députés - vraiment le seul à encore croire en cette forme de démocratie de tous les jours et non pas celle de la journée des élections.

Voici maintenant mes prédictions:

1) Élection d'un GOUVERNEMENT MINORITAIRE dirigé par le Parti Conservateur;
2) Une opposition dirigée par le NPD;
3) Une déconfiture du Parti Libéral;
4) L'élection d'une forte députation du Bloc Québécois au Québec (+ de 50 députés);
5) L'élection de tout au plus 5 députés au Parti Vert dont Élisabeth May.

Un petit surplus:

Suite à ces élections, Stéphane Dion quittera son poste de chef du PLC alors que Gilles Duceppe annoncera son départ de la politique fédérale.

On verra tout cela le 15 octobre alors que la vie normale reprendra ses droits...

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