vendredi 29 février 2008

Le cent quatre-vingt-dix-neuvième saut de crapaud

Le crapaud ne pouvait pas passer à côté de cette nouvelle!

Québec
2008 est l’Année de la grenouille

Les zoos et les aquariums du Québec ont proclamé l’année 2008 : Année de la grenouille.

Les zoos et les aquariums du Québec font désormais équipe pour sauver les espèces les plus menacées de la planète. Afin d’attirer l’attention sur la crise que subissent les amphibiens du monde, ils ont déclaré l’année 2008 : Année de la grenouille.

Les changements climatiques, la pollution, les pesticides, la perte des habitats des animaux ainsi que leur commerce et leur consommation affectent grandement les amphibiens de la planète. En effet, la Terre fait face à la plus grande extinction de masse depuis la disparition des dinosaures, estiment les six zoos et aquarium accrédités par l’Association canadienne des zoos et aquariums (AZAC) du Québec.

Le tiers des 6 000 espèces d’amphibiens du monde, apparues il y a 360 millions d’années, sont menacées d’extinction. Près de 120 espèces ont d’ores et déjà disparu de la surface de la planète, rappelle le AZAC. Mais la cause la plus préoccupante reste l’apparition d’une maladie fongique appelée le chytridiomycose. Cette maladie incurable dans la nature est responsable à elle seule de la perte de 60 % des espèces d’amphibiens.

C’est pourquoi l’Ecomuseum, le Biodôme de Montréal, le Zoo de Granby, le Parc Safari, le Parc Aquarium du Québec et le Zoo sauvage de Saint-Félicien ont pris la décision de joindre leurs efforts, pour la première fois, et donner une conférence de presse dans l’espoir de sensibiliser la population et trouver des fonds nécessaires pour enrayer cette crise. Des spécialistes de ces six institutions exposeront la situation qui affecte les amphibiens, proposeront des solutions concrètes au niveau local et présenteront les plans d’action qui seront mis en place dans le cadre de l’Année de la grenouille.


Canoë
Virginie Roy

B O N N E

A N N É E !

mardi 26 février 2008

Le cent quatre-vingt-dix-huitième saut de crapaud


Une petite nervosité s'installe à quelques sauts du .... deux centième! Pour s'y approcher tout doucement, voici une invitation que je vous transmets. Elle provient de ma belle-soeur Claire. Celle de Québec. Je lui laisse la parole... écrite...




«Vous savez sans doute que depuis quelques mois, je concentre mes énergies au projet de mes amies autochtones, Pénélope et Nathalie, qui veulent ouvrir une maison d’hébergement pour les femmes autochtones en difficulté vivant hors de leur communauté (elles ne bénéficient donc plus de l’appui de leur communauté).


Mes amies sont sur le point d’acquérir la fameuse maison dans Charlesbourg (mais les impératifs de la bureaucratie sont incroyablement longs et fastidieux…) et il nous manque encore un peu de sous pour rassembler la «part du promoteur» qui nous incombe.


Nous avons donc décidé de jouer le tout pour le tout et d’organiser un grand spectacle- bénéfice au Palais Montcalm le 24 mai. Chloé Ste-Marie a accepté d’en être la porte-parole.


Nous travaillons donc d’arrache-pied pour trouver des commanditaires et pour nous assurer que nous ferons salle comble (car les coûts d’organisation sont élevés). Je vous sais loin de Québec pour la plupart, mais j’ose vous proposer une façon d’être solidaire de cette cause, si vous ne voulez pas ou ne pouvez pas assister au spectacle.


Vous pourriez nous faire un don pour le montant d’un ou de deux billets dans les corbeilles (36,50$) ou au parterre(76,50$). Nous redonnerons ces billets soit aux femmes autochtones pour qu’elles puissent inviter leurs enfants et famille au spectacle, soit aux parents et amis des artistes, soit aux représentants de la presse. »


À ces mots, elle joint ceci:


RÉALITÉ DES FEMMES AUTOCHTONES:QUELQUES FAITS ET CHIFFRES


. Huit femmes autochtones sur dix sont victimes de violence conjugale, comparativement à trois femmes non autochtones sur dix. (Amnistie Internationale, oct. 2005).

. 73 % des femmes autochtones cheffes de famille monoparentale vivent sous le seuil de faible revenu. (Statistique Canada 2006).

. Les autochtones sont trois fois plus susceptibles que les non autochtones d’être victimes de violence.

. La violence familiale a été reconnue comme l’un des plus importants problèmes auxquels font face les Autochtones au Canada. Le Rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones (1996) recense un certain nombre de facteurs liés à la violence dans les communautés autochtones, dont la discrimination systémique à l’endroit des peuples autochtones, les privations économiques et sociales, l’abus d’alcool ou d’autres drogues et le cycle intergénérationnel de la violence. Selon les audiences de la Commission royale, d’autres facteurs contribuent aux taux élevés de violence dans les communautés autochtones, notamment l’effondrement d’une vie familiale saine résultant des séjours dans les pensionnats, le racisme à l’endroit des peuples autochtones, l’impact du colonialisme sur les valeurs et la culture traditionnelles, ainsi que les logements surpeuplés et inférieurs aux normes.

. Beaucoup de femmes autochtones se retrouvent en milieu urbain pour fuir la violence.

. La population autochtone s'urbanise de plus en plus. En 2006, 54 % des Autochtones vivaient dans une région urbaine, comparativement à 50 % en 1996.

. Dans les milieux urbains, les problèmes des femmes autochtones sont aggravés par l’isolement, la solitude, le racisme, le fait d‘être en transit et la perte des réseaux de soutien familiaux, communautaires et culturels.

. À la différence des autres maisons d’hébergement du Québec, celles s’adressant aux femmes autochtones ont une tâche accrue. Elles viennent en aide à des femmes aux prises avec des problèmes sociaux diversifiés comme le suicide, la toxicomanie, la violence sous toutes ses formes, etc.

. 54% des femmes autochtones, contre 37 % des femmes non autochtones, ont déclaré des formes de violence plus graves et pouvant mettre leur vie en danger. Elles ont été battues, étranglées, attaquées par arme à feu ou au couteau, ou ont été agressées sexuellement.

. Un grand nombre de recherches arrivent à la conclusion que la violence envers les enfants dans les collectivités autochtones a atteint des taux alarmants. Selon les rapports étudiés par l’Association des infirmières et infirmiers autochtones du Canada (AIIAC), les enfants exposés à la violence sont de 10 à 17 fois plus susceptibles de souffrir de graves problèmes émotifs et comportementaux par rapport aux enfants élevés dans un contexte familial non violent.

. Une intervention précoce et efficace pendant l’enfance, adaptée sur le plan culturel et qui tient compte des besoins de protection et du besoin d’avoir des liens avec sa culture et sa famille, constitue un outil essentiel si l’on souhaite rompre le cycle intergénérationnel de la violence conjugale.

. Les maisons d’hébergement pour femmes autochtones ne reçoivent qu’un montant équivalent à 31% du financement de base moyen des maisons d’hébergement non autochtones du Québec.

. L’étude de besoins de la Maison Communautaire Missinak (Implantation d’une maison d’hébergement pour femmes autochtones en milieu urbain, mars 2005) démontre que les femmes autochtones se sentent plus à l’aise d’avoir recours à une maison d’hébergement quand les services sont offerts dans leur langue et adaptés à leur culture.


Voici maintenant le communiqué officiel présentant l'activité:


Maison d’hébergement et de ressourcement pour femmes autochtones en difficulté et leur famille

177, 71ème rue, Québec (Québec)
G1H 1L4
Tél. : 418-627-7346


Chloé Sainte-Marie et Joséphine Bacon dévoilent les grandes lignes du
spectacle Mishta Amun - Le grand rassemblement
au profit des femmes autochtones de la région de Québec


Québec, le 6 février 2008 - La chanteuse Chloé Sainte-Marie et la conteuse et réalisatrice Innue Joséphine Bacon ont dévoilé ce matin le contenu du spectacle Mishta Amun - Le grand rassemblement, qui se tiendra le samedi 24 mai 2008 au Palais Montcalm de Québec, pour appuyer la Maison Communautaire Missinak à Québec, une ressource venant en aide aux femmes autochtones en difficulté et leurs enfants, en milieu urbain.

L’annonce de ce «grand rassemblement» (c’est ce qu’évoque Mishta Amun en ancien innu) s’est faite en présence des principaux partenaires, des porteuses du projet de la Maison Communautaire Missinak, Pénélope Guay et Nathalie Nika Guay, et d’un bon nombre de femmes autochtones vivant en milieu urbain.

Le spectacle Mishta Amun se présente comme un événement d’éveil, d’émotion et d’alliance. Il rassemblera des artistes de plusieurs nations autochtones, profondément engagés envers leur culture, ainsi que des artistes québécois solidaires: Bryan André (Innu), Joséphine Bacon (Innue), Bertha Basile (Innue), Patrick Gros-Louis et Samuel Savard (Wendat), Elisapie Isaac (Inuit), Laura Niquay (Attikamekw), Claire Pelletier (Québécoise), Akinisie Sivuarapik et Marie Belleau (Inuit), Samian (Anishinabe), Chloé Sainte-Marie (Québécoise) et Florent Vollant (Innu). Gilles Sioui (Wendat) et ses musiciens accompagneront les différents interprètes tout au long de cette soirée. La mise en scène de l’événement est confiée au metteur en scène et dramaturge Patric Saucier.
«Les artistes autochtones du spectacle Mishta Amun invitent le grand public à participer à une véritable fête d’éveil de la conscience et du coeur, a expliqué Chloé Sainte-Marie, co-porte-parole de cet événement avec Joséphine Bacon. Nous voulons inciter la population à poser un geste d’alliance à l’égard des femmes autochtones qui sont souvent aux prises avec de multiples difficultés et qui viennent reprendre leur élan, en milieu urbain.»

En effet, huit femmes autochtones sur dix sont victimes de violence conjugale, comparativement à trois femmes sur dix chez les non-autochtones, et 73 % des femmes autochtones cheffes de famille monoparentale vivent en deçà du seuil de pauvreté. L’effondrement des valeurs familiales et les blessures d’attachement résultant du régime des pensionnats ainsi que l’impact du colonialisme sur le territoire, sur les valeurs et sur la culture traditionnelle, expliquent en majeure partie la violence qui sévit dans les communautés autochtones.

«Notre organisme a été fondé en 2002 et depuis nous travaillons d’arrache-pied pour offrir aux femmes autochtones et à leurs enfants un lieu d’hébergement et de ressourcement sécuritaire, adapté à leurs valeurs et à leur culture, et où elles peuvent être accueillies dans leur langue, explique Pénélope Guay, une des deux porteuses du projet. Notre mission, c’est de permettre à ces femmes d’entamer un processus de guérison afin qu’elles retrouvent la fierté et la dignité dont témoignaient leurs ancêtres», a encore précisé Mme Guay.

Le Ministère de la Santé et des Services sociaux assure les frais de fonctionnement de cette maison d’hébergement, la première du genre dans la région de Québec. La Société d’habitation du Québec est également partenaire de ce projet. Le spectacle vise à recueillir 90 000$, ce qui représente une partie des fonds nécessaires à la rénovation et à l’aménagement intérieur de la maison, l’organisme ayant déjà amassé 55 000$. Enfin, le Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine et la Caisse d’économie solidaire Desjardins se sont associés à l’événement à titre de partenaires majeurs.

«Nous voulons offrir un spectacle de qualité, à l’image de nos actions, conclut Mme Guay. Nous souhaitons de tout cœur que le contexte du 400e anniversaire de Québec, qui ravive l’histoire, soit de nature à non seulement sensibiliser la population aux sources des difficultés des femmes autochtones, mais aussi et surtout à nourrir une volonté d’alliance afin d’entamer une véritable démarche de rétablissement individuel et collectif.»

Les billets à 35 $ (balcon) et à 75 $ (parterre) sont mis en vente dès aujourd’hui sur le réseau Billetech (418-643-8131 ou 418-691-7211) et à la billetterie du Palais Montcalm (418-641-6040 ou 1-877-641-6040).

Relations de presse :
Communications Paulette Dufour (418) 525-5455


Aurons-nous le plaisir de nous croiser à Québec, le samedi 24 mai? Je le souhaite.

À la prochaine

vendredi 15 février 2008

Le cent quatre-vingt-dix-septième saut de crapaud


D'abord - et ensuite je déposerai un petit, tout petit texte sur l'amitié au lendemain de la fête de la Saint-Valentin- une correction apportée au saut 195. Vous vous rappelez, celui dans lequel j'ouvrais entièrement mon coeur et publiais la liste de mes lectures 2007. Voilà. Eh! bien, j'ai omis un livre - de plus que j'en avais beaucoup parlé ici même, sur le blogue - à savoir DU YOGA AVEC O'MA, écrit mon amie Loïse Lavallée, maman de mon gendre Nicolas et grand-maman de Émile, Léa et Arthur.

Voici ce texte d'amitié.



L’AMITIÉ

Voici l'histoire de deux amis qui marchaient dans le désert. Ils se disputèrent et l'un des deux gifla l'autre. Ce dernier, endolori, ne dit rien mais écrivit sur le sable :
« Aujourd'hui mon meilleur ami m'a donné une gifle.»

Ils continuèrent leur marche et découvrant une oasis, ils allèrent s’y baigner. Celui qui avait été giflé manqua se noyer, et son ami le sauva. Quand il fut remis de ses émotions, il écrivit sur une pierre :
«Aujourd'hui mon meilleur ami m'a sauvé la vie.»

Celui qui avait donné la gifle et sauvé son ami demanda :
«Quand je t'ai blessé, tu as écrit sur le sable, et maintenant peux-tu me dire pourquoi tu as écrit sur la pierre?»

L'autre ami répondit :
«Lorsque quelqu'un nous blesse, nous devons l'écrire sur le sable où les vents du pardon peuvent l'effacer. Mais lorsqu’il fait quelque chose de bien pour nous, nous devons le graver dans la pierre, où aucun vent ne pourra l'effacer.

Apprends à écrire tes blessures dans le sable et graver tes joies dans la pierre !





À la prochaine

vendredi 8 février 2008

Le cent quatre-vingt-seizième saut de crapaud


Un saut de crapaud tout à fait spécial, aujourd'hui. Magnifique, vous verrez.

Le crapaud, depuis trois mois, fait partie d'un groupe de poètes et de poétesses réunis autour d'un site qui porte le nom d'Oasis des artistes. On y retrouve: poèmes, contes, nouvelles, créations artistiques, etc., mais principalement des gens charmants et adorables qui ont, pour la poésie et les arts, une presque vénération . De plus, c'est là le plus important, il s'en dégage une convivialité remarquable. Des contacts se nouent, des amitiés se lient et des rencontres personnelles et artistiques parfois spontanées autour d'un poème ou d'un autre geste artistique qui nous interpellent... comme ce qui suit.

Le coup de coeur que je vous offre maintenant provient de ce site. Je le publie avec l'autorisation de Carmelo Lopez (l'auteur de ce centon: pièce littéraire ou musicale, faite de morceaux empruntés).


À la fin, je vais «copier/coller» la communication entre nous.
Bonne lecture.

L'imposture

1 Salut ! Divinités par la rose et le sel,
2 Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure,
3 Beaux et grands bâtiments d'éternelle structure,
4 Miroirs profonds ouverts à l'œil universel !

5 Sans me plaindre, saignant, et tombant sur les mains,
6 Me voici maintenant au milieu de mon âge !
7 Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage
8 Au-dessus du bétail ahuri des humains.

9 Les soleils disparus sont des mots éternels.
10 Oh ! combien de marins, combien de capitaines !
11 Un calme soir caresse au loin les belles plaines ;
12 L'homme en songeant descend du gouffre universel.

13 Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
14 Le long du coteau courbe et des nobles vallées,
15 Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée
16 Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal.

17 J'aime le son du Cor, le soir, au fond des bois.
18 J'aime la solitude et me rends solitaire.
19 Mon âme a son secret, ma vie a son mystère :
20 France, mère des arts, des armes et des lois.

21 Quelquefois ma raison par de faibles discours,
22 Cette faucille d'or dans le champ des étoiles,
23 Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
24 Et quand les siècles même auront fini leur cours !

25 Digne objet de mes soins, beau sujet de mes pleurs,
26 Je suis l'esprit, vivant au sein des choses mortes.
27 A travers la matière, affreux caveau sans portes,
28 Ce vase plein de lait, ce panier de fleurs.

29 J'ai gravé sur le tronc nos noms et nos amours,
30 Un air si rare au milieu des formes tragiques.
31 J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
32 Ces ponts, ces aqueducs, ces arcs, ces rondes tours.

33 Une nuit, c'est toujours la nuit dans le tombeau,
34 J'ai révélé mon cœur au Dieu de l'innocence,
35 Cette chanson d'amour qui toujours recommence
36 Maintenant que mon temps décroît comme un flambeau.

37 Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
38 Comme je descendais des Fleuves impassibles,
39 Les douleurs vont à Dieu, comme la flèche aux cibles ;
40 Amour est en ses yeux, il y trempe ses dards.

41 Seigneur, tu es parfait et l'homme ne l'est pas.
42 M'embarquant en Amour, je vais courir fortune !
43 Où sont ces doux plaisirs qu'au soir sous la nuit brune...
44 Je suis tel qu'un ponton sans vergues et sans mâts.

45 L'universelle mort ressemble au flux marin,
46 De tempé la vallée un jour sera montagne,
47 Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
48 Cent fois, pour vous apprendre à vous lever matin.

49 Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés,
50 Les chênes qu'on abat pour le bûcher d'Hercule !
51 Rose au cœur violet, fleur de sainte Gudule,
52 Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.

53 Ô l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
54 C'est un trou de verdure où chante une rivière,
55 C'est l'ange Liberté, c'est le géant Lumière,
56 Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux !

57 Jamais, avez-vous dit, tandis qu'autour de nous
58 L'ennui descend sur moi comme un brouillard d'automne.
59 Je regarde la mer qui toujours nous étonne
60 Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous.

61 Et je serais sans feu si j'étais sans amour !
62 J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,
63 Qui sont, qui sont ceux-là, dont le cœur idolâtre
64 Le bois retentissant sur le pavé des cours.

65 Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
66 Parmi l'écroulement des grandeurs séculaires
67 Et les dragons avant de rentrer aux repaires
68 Quand sans bruit tu descends pour baiser ton amant.

69 Il est des parfums frais comme les chairs d'enfants !
70 J'adore l'indécis, les sons, les couleurs frêles :
71 A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
72 Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents.

73 Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon !
74 Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
75 La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance
76 Suivant le son du Luth et les traits d'Apollon ?

77 La Nature est un temple où de vivants piliers
78 Qui fait du cœur de l'homme un temple d'harmonie.
79 C'était au beau milieu de notre tragédie,
80 Tous tes pas vers le jour sont par l'ombre épiés.

81 Maintenant je pardonne à la douce fureur.
82 Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
83 Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine,
84 Puisque bientôt l'hiver va nous mettre en valeur,

85 Je te donne ces vers afin que si mon nom
86 Garde toujours ce douloureux empire
87 Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre
88 Et puis est retourné, plein d'usage et raison.

89 Désormais que ma Muse, aussi bien que mes jours,
90 Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
91 O cieux, ô terre, ô mer, prés, montagnes, rivages,
92 C'est ici ma raison, mon champ et mes amours !

93 Hélas ! combien de jours, hélas ! combien de nuits,
94 Résonnait de Schubert la plaintive musique ;
95 La terre a tressailli d'un souffle prophétique...
96 Maintenant tu es vive, et je suis mort d'ennui.

97 Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
98 Ta douleur, du Périer, sera donc éternelle ?
99 Je plante en ta faveur cet arbre de Cybelle,
100 Avec une indicible et pâle volupté.

101 Ton silence où est-il ? ton repos et ta paix ?
102 Un mystère d'amour dans le métal repose
103 Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
104 O muse de mon cœur, amante des palais !

105 Voici la mort du ciel en l'effort douloureux !
106 Mon âme, il faut partir. Ma vigueur est passée,
107 Voici l'étroit sentier de l'obscure vallée
108 Que les soleils marins teignaient de mille feux,

109 Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron !
110 L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
111 Enflamme de feux verts tes yeux énigmatiques,
112 Que le vent du matin vient glacer à mon front.

113 Comme on passe en été le torrent sans danger,
114 Mon cœur, lassé de tout, même de l'espérance
115 Où du dragon vaincu dort l'antique semence,
116 Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

117 Mais quoi ! c'est trop chanté, il faut tourner les yeux ?
118 C'est la Mort qui console, hélas ! et qui fait vivre
119 Le long des arborescences naines du givre,
120 Triste, la bouche ouverte et les pieds vers les cieux.

121 J'ai bien assez vécu, puisque dans mes douleurs
122 Il n'est pas de brouillards comme il n'est point d'algèbres.
123 Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres
124 Et les fruits passeront la promesse des fleurs.

125 O Seigneur, ouvrez-moi les portes de la nuit !
126 Il est de forts parfums pour qui toute matière...
127 Il n'en sort que merveille et qu'ardente lumière,
128 Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.

129 Laissez dormir en paix la nuit de mon hiver
130 Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles !
131 Je suis dans l'ombre affreuse et sous les sacrés voiles,
132 Mordant au citron d'or de l'idéal amer.

133 Je suis le Ténébreux, le Veuf, l'Inconsolé!
134 A pas lents et tardifs tout seul je me promène.
135 Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine !
136 Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !


Carme

Mes éternels remerciements pour leur précieuse collaboration
à : pour les vers :
Joachim du Bellay (1522-1560) 7, 20, 43, 81, 88, 113
Pierre de Ronsard (1524-1585) 28, 29, 46, 48, 76, 96, 99
Etienne de la Boétie (1530-1563) 93
Philippe Desportes (1546-1606) 41, 68, 101, 134
Aggrippa d'Aubigné (1551-1630) 105, 117, 127, 129
Siméon-Guillaume de La Roque (1551-1611) 42
François de Malherbe (1555-1628) 3, 40, 98, 103, 124
Jean de Sponde (1557-1595) 63
Antoine de Nervèze (1570-1622) 18
François Maynard (1582-1646) 61, 106
Vincent Voiture (1598-1648) 21
Tristan L'Hermite (1601-1655) 25
Jean de La Fontaine (1621-1695) 89
Jean Racine (1639-1699) 24
Nicolas-Joseph Florent Gilbert (1751-1780) 34
André Chénier (1762-1794) 49, 87, 91
Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) 86
Alexandre Soumet (1788-1845) 78
Alphonse de Lamartine (1790-1869) 2, 37, 74, 82, 90, 107, 114, 136
Alfred de Vigny (1797-1863) 17
Victor Hugo (1802-1885) 4, 5, 10, 12, 22, 26, 27, 32, 33, 36, 39, 47, 50, 55, 67, 80, 83, 92, 120, 121, 122, 125, 131, 135
Félix Arvers (1806-1850) 19
Gérard de Nerval (1808-1855) 15, 35, 51, 72, 75, 95, 97, 102, 109, 115, 133
Alfred de Musset (1810-1857) 57, 94
Charles Leconte de Lisle (1818-1894) 45
Charles Baudelaire (1821-1867 31, 52, 56, 62, 64, 69, 73, 77, 85, 100, 104, 108,116, 118, 123, 126
Léon Dierx (1838-1912) 44
Stéphane Mallarmé (1842-1898) 8, 132
José-Maria de Hérédia (1842-1905) 13, 16, 110
Paul Verlaine (1844-1896) 60, 65, 112
Arthur Rimbaud (1854-1891) 23, 38, 53, 54, 71, 128,130
Albert Samain (1858-1900) 70
André Fontainas (1865-1948) 66, 111
Ephraïm Mikhaël (1866-1890) 11, 58
Paul Valéry (1871-1945) 1
Charles Péguy (1873-1914) 14
Pierre Jean Jouve (1887-1976) 9, 30
Jean Cocteau (1889-1963) 6, 59
Louis Aragon (1897-1982) 79
Francis Ponge (1899-1988) 84
Patrice de La Tour du Pin (1911-1975) 119

Il fallait le faire, n'est-ce-pas?

Voici les courriels que nous nous sommes échangés et dans un des deux, Carmelo se présente.

LeCrapaud a écrit :
Carme,
Je vous demande si vous accepteriez que je publie votre centon sur mon blog: LE CRAPAUD GÉANT DE FORILLON.Votre travail m'a purement ébloui et j'aimerais beaucoup que les quelques lecteurs qui s'arrêtent à l'occasion sur ma page web puissent l'apprécier.
Pourriez-vous, si vous acceptez, me fournir vos coordonnées (nom, pays d'origine, occupation et une adresse de page web si vous en possédez une)?

Merci,
LeCrapaud

Bonjour Jean,
Je suis très honoré et surpris par votre proposition sur ce texte pour lequel je ne peux revendiquer qu'une très légère paternité, vous en conviendrez. Mon rôle s'est limité à agencer les vers et à modifier parfois la ponctuation à la fin d'un vers ou l'autre pour mieux épouser le suivant, ceci dans le but de tenter d'apporter une certaine fluidité dans la lecture. Je dois reconnaître que le résultat n'est pas parfait. Mais comme je l'ai dit sur "Oasis", ce fut un vrai plaisir de le réaliser malgré les longues recherches et les nombreuses contraintes que comporte ce type d'exercice.
J'accepte votre proposition. Vous avez mon accord pour publier ce centon. J'espère que vos visiteurs l'apprécieront.
Ah oui, mes excuses pour mon manque de politesse ! Je m'appelle Carmelo Lopez, j'ai 49 ans et je réside en France, pour être plus précis, près de Metz en Lorraine. Je suis marié et père de deux filles. Sur le plan professionnel, je fais de la gestion matérielle et financière dans un lycée (on est très loin de la poésie ! Quoique ...)Désolé je ne dispose pas de page web.
Mes cordiales salutations,
Carme

Merci une autre fois, Carmelo.

À la prochaine

samedi 2 février 2008

Le cent quatre-vingt-quinzième saut de crapaud




Bon! Ça va! Cessez de me poser toujours la même question. Ça fait bientôt trois ans que je n'y réponds pas. Alors, aujourd'hui, en ce jour de la marmotte, j'y répondrai donc. La voici, «la question qui (tor)tu(r)e». Qu'est-ce que ça lit, un crapaud?

Banale comme question, me direz-vous! Faites l'exercice vous-même, vous verrez que ce n'est pas si «pas originale» que cela. Voici donc la liste des livres - car je déduis par votre insistance que c'est du côté des livres que votre intérêt se porte, non pas des journaux, revues ou circulaires, que j'ai d'ailleurs bannies de ma boîte aux lettres grâce à un petit icône tout simplement magique repoussant plus loin d'elle tout passeur de papiers inutiles ne faisant que «déviarger» notre forêt boréale et «montréale». Nous disions donc, les livres. D'accord. Voici ce que le crapaud a lu en 2007.


2 Jean Bédard:
COMENIUS OU COMBATTRE LA PAUVRETÉ PAR L'ÉDUCATION DE TOUS;
LA FEMME AUX TROIS DÉSERTS;


2 Fernando Savater:
CHOISIR LA LIBERTÉ;
REPENSER SA VIE;


Marie-Claire Blais:
LA BELLE BÊTE ( relecture avant de visionner le film);


2 André Gide:
LA SYMPHONIE PASTORALE;
LA PORTE ÉTROITE;


2 Colette:
CHAMBRE D'HÔTEL;
LA MAISON DE CLAUDINE;


Andrée Chedid:
L'AUTRE (un petit bijou qui pourrait devenir un film sublime);


Sébastien Chabot:
L'ANGOISSE DES POULETS SANS PLUMES;


Lise Bissonnette:
LA FLOUVE;


4 Francis Carco:
LA RUE;
L'HOMME DE MINUIT;
L'HOMME TRAQUÉ;
BRUMES;


Pablo Neruda:
LA SOLITUDE LUMINEUSE;


Dr Claude Olievenstein:
IL N'Y A PAS DE DROGUÉS HEUREUX;


Benjamin Kunkel:
INDÉCISION;


Alexandre Bourbaki:
TRAITÉ DE BALISTIQUE;


Joseph Boyden:
LE CHEMIN DES ÂMES;


Nancy Houston:
LIGNES DE FAILLE;


Jonathan Little:
LES BIENVEILLANTES;


Éric-Emmanuel Schmitt:
ODETTE TOUTLEMONDE ET AUTRES HISTOIRES;


2 Truman Capote:
DE SANG-FROID (le film tiré du roman est génial);
PETIT DÉJEUNER CHEZ TIFFANY;


5 Robert Lalonde:
ESPÈCES EN VOIE DE DISPARITION;
QUE VAIS-JE DEVENIR JUSQU'À CE QUE JE MEURE?;
UN JARDIN ENTOURÉ DE MURAILLES;
LE VACARMEUR;
DES NOUVELLES D'AMIS TRÈS CHERS;


Yvon Rivard:
MORT ET NAISSANCE DE CHRISTOPHE ULRIC;


2 Nikos Kazantzaki:
ALEXIS ZORBA (comment oublier le film Zorba le Grec, si génial);
LE CHRIST RECRUCIFIÉ;


Nietzsche:
AINSI PARLAIT ZARATHOUSTRA;


Alexandre Baricco:
SOIE (avant d'aller voir le film);


Roger Peyrefitte:
LES AMITIÉS PARTICULIÈRES (livre trouvé par terre sur la rue lors d'une marche et que j'avais lu il y a de nombreuses années, tiré de la bibliothèque de mon père);


Érik Rémès:
KANNIBAL;


Lois Lowry:
LE PASSEUR (lu à Cuba en décembre... livre qui passa de Catherine à Nicolas à....);


Danny Plourde:
CALME AURORE (S'UNIR AILLEURS, DU NAPALM PLEIN L'OEIL) Recueil de poèmes.

Voilà. Ça satisfait la galerie. Je vous promets de refaire l'exercie en 2009 pour les lectures de cette année. Je vous invite à en faire autant.


J'ajoute à cette liste, un commentaire adressé au poète Danny Plourde suite à ma lecture (en fait lecture et relecture) de son recueil de poèmes publié chez Hexagone, Calme aurore (s'unir ailleurs, du napalm plein l'oeil).




Calme aurore (Danny Plourde)

J'achève la re-lecture de votre second recueil. J'avais été fort impressionné par (vers quelque) mais j'avoue que ce deuxième m'a plu tout particulièrement.

Le lecteur fait le texte, parfois le défait. Je devais certainement être dans un état «x» losrque je me suis aventuré de Montréal à Séoul en passant par toutes les émotions d'un poète extrêment bien ancré dans sa terre natale (native) et ouvert à la diversité mondiale. Ouvert sur les autres, un peu comme s'il enviait ceux et celles qui ont mis dans leur sac à dos la liberté personnelle et collective.

Les influences (je pense surtout à Miron) étaient frappantes dans le premier - c'est loin d'être néfaste, au contraire - sont ici plus subtiles. Le style s'affine, se purifie.

Parfois, des coups de génie:
« entre l'inquiétude et l'indifférencele poème est insoutenable»

« les mots ont tant de valeurlorsqu'on se parle sans eux»

« combien de foison a refait le mondeavec les débris qu'on nous a laissés»

Souvent, une telle lucidité que je me suis pris à croire encore:
« demain on s'en souviendra
on aura encore sur les lèvres
cet arrière-goût amer
de ceux qui nous hantent
une fois qu'on est seuls»

« si loin de chez-moi pour comprendre qu'il ne peut y avoir autre demeure qu'en moi-même qu'il y aura chez nous tant et aussi longtemps que mon propre crâne sera lui-même assiégé par la peur d'être ce que suis aucun confort sans un corps meurtri pour s'y reposer»


Toujours cet ancrage dans le réel où nous «sommes nombreux à être seul» comme ce «poète (,,,) sans foule parce qu'il côtoie une foule sans poésie», réel si bien perçu, je dirais décodé, décrypté.

Je termine ce message en vous disant tout le bonheur reçu à la lecture de ce deuxième qui me ramena au premier, et souhaite vous retrouver bientôt chez cet Hexagone, cette boîte à poètes qui doit absolument survivre.

Le sans-je de Danny Plourde me fit penser à Rimbaud que je vous offre en vous saluant:« Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.»
LeCrapaud


À la prochaine.

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