dimanche 29 septembre 2024

Sylvia PLATH

 

Sylvia PLATH



… pour Sylvia Plath

 

Le souterrain des hommes vit
de caverne
rêve
de montagne
là où s’enferma le mal-être de Sylvia Plath
sous la stèle d’Ariel le Colosse
 
Naissant, le poème 
entre sous terre
s’abreuve
au thésaurus
mains glacées, bouillantes, ouvertes,
tâtonnant à deux yeux plissés d’étranges univers
 
Du sang aux tempes
coule
jusqu’aux jambes
alors que sous une cloche de verre
quelques histoires
s’entrecroisent
 
entre ici et là
la distance s’allonge
aura-t-elle permis
qu’intimes,
les mots
deviennent vulgaires ?
 
Et tu as fermé la porte...
... l’as verrouillée
les enfants nourris...
... tu pouvais t’en aller...



Sylvia PLATH est née à Boston (27 octobre 1932) et décédée à Londres (11 février 1963).

Principalement connue pour sa poésie, moderne et novatrice, se sentant prisonnière du conformisme de l'époque d'après la Seconde guerre mondiale, fébrilement animée par le désir d'indépendance et de liberté, Sylvia Plath se fait dénonciatrice.

Son humeur oscillant entre grande joie et profond découragement, à l'hiver 1962-1963 qui s'avère être un des plus rudes qu'aura connu Londres, au petit matin du 11 février, malade et dépressive, Sylvia met la tête dans le four de la gazière, ouvre le gaz et attend la fin. Auparavant, elle a calfeutré la porte de la cuisine, déposé sur la table des biscuits et du lait pour ses deux enfants qui dorment à l'étage supérieur et qui échapperont à l'empoisonnement par le gaz.

Elle aurait eu 92 ans le 27 octobre prochain.







 

mardi 24 septembre 2024

Un peu de politique à saveur batracienne ... (Billet 12)




* Texte tiré d’un grand article publié dans BBC NEWS AFRIQUE le 28 janvier 2024 et mis à jour le 29 août 2024.
 
 
« Les Américains se rendront aux urnes en novembre 2024 pour élire le prochain président des États-Unis. La personne assise dans le bureau ovale de la Maison-Blanche a une grande influence sur la vie des gens, tant au pays qu’à l’étranger, de sorte que le résultat de cette élection est important pour tout le monde.
 
Le système politique américain d’aujourd’hui est dominé par seulement deux partis, de sorte que chaque président des temps modernes a appartenu à l’un d’entre eux.
Les démocrates sont le parti politique libéral, dont le programme est largement défini par sa promotion des droits civiques, d’un large filet de sécurité sociale et de mesures pour lutter contre le changement climatique.
 
C’est le parti du président sortant Joe Biden qui ne se représentera pas pour obtenir un second mandat. C’est finalement Kamala Harris qui va porter le flambeau des Démocrates. Joe Biden, l’actuel président des États-Unis, 81 ans, a dû se retirer de la course en raison de la pression d’influents sénateurs de son parti qui le trouvent trop âgé.
 
Les Républicains sont le parti politique conservateur aux États-Unis. Également connu sous le nom de GOP (Grand Old Party) il s’est prononcé en faveur d’une baisse des impôts, d’une réduction de la taille du gouvernement, du droit aux armes à feu et de restrictions plus strictes sur l’immigration et l’avortement.
 
Quand aura lieu la prochaine élection présidentielle américaine ?

L’élection de 2024 aura lieu le mardi 5 novembre 2024. Le lauréat exercera un mandat de quatre ans à la Maison-Blanche à compter de janvier 2025
 
 
Qui sont les candidats et comment sont-ils nommés

La campagne présidentielle de 2024 est bien entamée. Il a commencé avec 15 candidats - neuf républicains, quatre démocrates et deux indépendants - bien que certains d’entre eux se soient déjà retirés de la course.
 
Les deux principaux partis désignent un candidat à la présidence en organisant une série de primaires et de caucus d’État.
Il existe des différences entre les partis et le processus varie d’un État à l’autre.
 
L’une des journées les plus importantes s’appelle le « Super Tuesday », le 3 mars, car plus d’une douzaine d’États tiennent leurs primaires ce jour-là.
 
Le président Biden qui avait annoncé sa candidature à la réélection plus tôt cette année a dû passer le flambeau à Kamala Harris.
 
Au sein du Parti républicain, le président Donald Trump a remporté les deux premières élections d’État et semble déjà prêt à être le candidat.
 
Il y a aussi quelques candidats indépendants à la présidence, dont Robert F. Kennedy Jr, neveu de l’ancien président John F. Kennedy.
 
Comment se déroule l’élection présidentielle américaine ?
 
Les deux candidats s’affrontent pour remporter les votes du collège électoral.
 
Chaque État dispose d’un certain nombre de votes au collège électoral en partie en fonction de sa population et il y a un total de 538 votes à gagner, de sorte que le gagnant est le candidat qui en remporte 270 ou plus.
 
Cela signifie que les électeurs décident des élections au niveau de l’État plutôt que de la compétition nationale, c’est pourquoi il est possible pour un candidat de remporter le plus de votes au niveau national - comme Hillary Clinton l’a fait en 2016 - mais d’être tout de même battu par le collège électoral.
 
Tous les États, sauf deux, ont une règle du « winner takes all », de sorte que le candidat qui remporte le plus grand nombre de voix se voit attribuer tous les votes du collège électoral de l’État.
 
La plupart des États penchent fortement en faveur de l’un ou l’autre parti, de sorte que l’accent est généralement mis sur une douzaine d’États où l’un ou l’autre d’entre eux pourrait gagner. Ceux-ci sont connus sous le nom d’états du champ de bataille.
 
 
Qui d’autre est élu ?
 
Toute l’attention sera portée sur le vainqueur de la présidence, mais les électeurs choisiront également les nouveaux membres du Congrès - la législature du gouvernement - lorsqu’ils rempliront leur bulletin de vote.
 
Les 435 sièges de la Chambre des représentants sont à pourvoir, tandis que 33 sièges au Sénat le sont également.
 
Les républicains contrôlent la Chambre des représentants et les démocrates sont en charge du Sénat.
 
Ces deux chambres adoptent des lois et peuvent donc servir de contrepoids aux plans de la Maison-Blanche si le parti au pouvoir dans l’une ou l’autre chambre n’est pas d’accord avec le président.
 
Qui peut voter ?
 
Si vous êtes citoyen américain et que vous avez 18 ans ou plus, vous devriez avoir le droit de voter à l’élection présidentielle, qui a lieu tous les quatre ans.
 
 
Quand saura-t-on qui a gagné l’élection ?
 
Habituellement, un vainqueur est déclaré le soir de l’élection, mais en 2020, il a fallu quelques jours pour compter tous les votes.
 
La période qui suit l’élection est connue sous le nom de transition en cas de changement de président.
 
C’est le moment pour la nouvelle administration, y compris les ministres, de former et de faire des plans pour le nouveau mandat.
 
Le président prête officiellement serment en janvier lors d’une cérémonie connue sous le nom d’investiture, qui s’est tenue sur les marches du Capitole à Washington DC. »
 
 *****
 
Voilà donc, dans ses grandes lignes, le fonctionnement du système électoral américain que l’on peut qualifier de démocratie indirecte. Vous comprendrez qu’il existe plusieurs subtilités que des experts mieux qualifiés que le CRAPAUD pourront en détailler et en expliquer les  arguties.



samedi 21 septembre 2024

Un peu de politique à saveur batracienne... (Billet 11)

 

Kamala HARRIS

Nos deux derniers billets furent consacrés au Projet 2025 qui est en fait le programme politique du Parti républicain en vue de l'élection présidentielle américaine du 5 novembre prochain.

Par souci d'objectivité, afin de nous permettre aussi de mieux saisir les enjeux liés à cette élection puisque jusqu'à maintenant nous assistons davantage à du «lançage de bouette» et de la démagogie qu'un débat civilisé sur des idées contenues dans les intentions de chacun des candidats, je vous offre les principaux points du programme démocrate tel que défendu par Kamala Harris.

* Voici le site d'où proviennent les informations qui suivent:

https://kamalaharris.com/issues/


Le Programme de Kamala Harris

Vision et Priorités pour l’élection présidentielle de 2024

Philosophie du candidat

La philosophie politique de Kamala Harris se base sur des valeurs de gauche assez traditionnelles, progressistes et inclusives. Elle a longtemps été une avocate des droits civiques, de la justice sociale et de l’égalité des chances pour tous les Américains, quel que soit leur milieu ou leur origine. Harris se positionne entre autres comme la voix des minorités et des communautés sous-représentées, en mettant l’accent sur la réduction des inégalités, la lutte contre les discriminations raciales et sexuelles, ainsi que la protection des droits fondamentaux. Elle croit fermement en l’importance de gouverner avec compassion et pragmatisme tout en se concentrant sur des solutions concrètes aux problèmes que rencontrent les Américains dans leur quotidien.

 

Les points essentiels de son programme

Renforcement de l’économie pour la classe moyenne

Kamala Harris place la classe moyenne américaine au cœur de son programme économique. Elle souhaite continuer à renforcer l’économie en créant des emplois bien rémunérés et en soutenant les petites entreprises. Dans la lignée de l’administration Biden, elle prévoit de poursuivre les investissements dans les infrastructures, notamment dans les technologies vertes et les énergies renouvelables, afin de stimuler la croissance et de lutter contre le changement climatique.

Harris propose également de nouvelles mesures fiscales pour alléger la charge des familles à revenus modestes et moyens, tout en augmentant les impôts pour les plus fortunés et les grandes entreprises. Elle souhaite instaurer une fiscalité plus équitable qui permette de financer des programmes sociaux et éducatifs renforcés.

Système de santé abordable

Harris réaffirme son engagement envers la réforme du système de santé. Elle souhaite étendre l’Affordable Care Act (Obamacare), tout en rendant les soins plus accessibles et abordables. Elle propose également d’introduire un contrôle plus strict sur le prix des médicaments et de limiter les coûts des soins pour les Américains à faible revenu.

L’accès à des soins de santé de qualité, y compris pour les communautés marginalisées et rurales, reste une priorité pour Harris, avec une attention particulière portée aux soins préventifs et à la santé mentale.

Éducation et formation

Dans le domaine de l’éducation, Kamala Harris propose des réformes pour rendre l’enseignement supérieur plus accessible. Elle envisage d’alléger la dette étudiante pour des millions d’Américains et de rendre les collèges communautaires gratuits. Son programme accorde une grande importance à l’éducation précoce et à l’égalité des chances, en proposant d’investir dans des programmes préscolaires universels et de renforcer le soutien aux écoles publiques.

Elle met également l’accent sur la formation professionnelle, en particulier dans les secteurs émergents comme les technologies vertes, afin de préparer la main-d’œuvre américaine aux défis de demain.

Justice sociale et réforme de la police

Fidèle à ses racines en tant qu’ancienne procureure, Kamala Harris place la réforme de la justice pénale et de la police au cœur de son programme. Elle propose de réviser les pratiques policières à travers le pays pour promouvoir une plus grande transparence et responsabilité. Harris prône également la fin des incarcérations massives, particulièrement pour les délits mineurs liés aux drogues.

En parallèle, elle soutient les efforts pour réduire les disparités raciales dans le système judiciaire et plaide pour une réforme des prisons afin d’assurer une réinsertion plus efficace des anciens détenus dans la société.

Protection de l’environnement et lutte contre le changement climatique

Sur la question environnementale, Kamala Harris réaffirme son engagement en faveur de la lutte contre le changement climatique. Elle souhaite faire des États-Unis un leader mondial dans la transition énergétique en investissant massivement dans les énergies renouvelables. Elle propose de créer des emplois verts et de réduire les émissions de carbone.

Son programme prévoit également des mesures pour protéger les communautés vulnérables aux conséquences du changement climatique, notamment en renforçant la résilience des infrastructures face aux catastrophes naturelles.

Droits civiques et égalité

Enfin, les droits civiques occupent une place centrale dans le programme de Kamala Harris. Elle propose de renforcer les protections pour les minorités, les femmes et les membres de la communauté LGBTQ+. En matière de droits reproductifs, Harris se positionne fermement en faveur du droit à l’avortement et entend protéger cet accès pour toutes les femmes, malgré les tentatives de certains États de restreindre ces droits.

Elle prône également l’égalité salariale entre hommes et femmes, ainsi que des mesures pour lutter contre les discriminations sur le lieu de travail.

 

Nouveautés par rapport à la campagne Biden-Harris de 2020

Un engagement plus clair sur la réforme du système judiciaire

Il n’y en a pas beaucoup, vu qu’elle est candidate au dernier moment. Des sujets anciens s’invitent toutefois de nouveau dans l’arène politique, comme par exemple les enjeux liés à l’environnement obligent à évoluer à chaque élection. C’est aussi le cas sur le sujet de l’avortement, qui est beaucoup plus au centre des débats depuis que la Cour Suprême a stoppé la législation nationale et renvoyé la législation à chaque Etat. Le sujet est prépondérant parmi les thématiques avancées par Kamala Harris et résumées par un slogan : « we’re not going back » (on ne revient pas en arrière).

L’objectif de réduction des disparités avec les minorités oblige aussi à une nouvelle approche. Le « defund the police » de 2020 semblant avoir surtout été un slogan populiste de la gauche qui n’aura débouché sur rien de concret au niveau politique. Beaucoup reste à faire pour combler les écarts.






vendredi 20 septembre 2024

Si Nathan avait su (7)





Soyez sans crainte, nous n’entrerons pas dans un récit d’aventures, encore moins dans du fantastique. J’essaie seulement de suivre un personnage créé pour une autre circonstance, lui permettre d’évoluer - si cela est possible - sur une route qui lui semble, jusqu’à maintenant, obscure.

 

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Bizarrement... c’est ainsi que Nathan ressent les choses qui l’envahissent depuis sa lecture des deux lettres. En si peu de temps, trop d’événements l’ont bousculé : la séparation impromptue d’avec Isabelle et le déménagement qui s’en suivit - il n’avait pas eu à beaucoup chercher, l’appartement au-dessus de celui qu’il partageait avec elle s’était libéré et il s’y installa - son court voyage dans le village de ses parents, la rencontre dans le bus d’une vieille dame qui lui remit la carte professionnelle d’un groupe de rencontre, puis ce livre au beau milieu duquel se cachait une enveloppe postale contenant la lettre de James à Gabrielle - un père à sa fille. Ce paragraphe tiré du livre de Virginia Woolf dans lequel on parlait de paysage à l’intérieur de soi qu’il lui fallait découvrir, identifier puis tâcher d’établir une palpable unicité avec la réalité que nous dévoile le monde extérieur. Tout cela relevait presque de la science-fiction pour lui dont l’intérêt a toujours résidé dans le fait de n’être jamais surpris par la forme d’un geste résultant d’une action/réaction, et pour utiliser un terme se rapprochant de l’électromécanique, le on/off. Le paragraphe qu’il pouvait maintenant réciter par coeur sans avoir recours au texte, sans être en mesure de se l’expliquer, l’invitait à réfléchir. Les cours de philosophie suivis au CEGEP ne l’ont jamais captivé et les inévitables analyses de textes des cours de Français, Isabelle les rédigeait pour lui. - Nathan, tu es paresseux, lui disait-elle. Tu devrais te fixer un objectif : lire ce que le prof de philo nous propose et prendre le temps de traverser au moins un livre, à l’occasion. Tiens ! Je te donne un truc : associe les deux. Je te suggère, LES RÊVERIES DU PROMENEUR SOLITAIRE de l’écrivain et philosophe Jean-Jacques Rousseau, ainsi tu couvriras deux matières. Tu le trouveras à la bibliothèque, pas besoin de l’acheter. Ce fut pénible pour lui de déchiffrer ce bouquin inachevé, tellement à l’opposé des revues de mécanique qu’il dévorait sans jamais se lasser. La langue d’un autre siècle contrariait sa compréhension, l’obligeant à pianoter sur son portable afin de saisir le sens des mots qu’il découvrait au fil de sa lecture. C’est vers cette expérience (pénible, n’en doutons pas) que les événements récents l’engagèrent. Se promener. Marcher sans un autre but que celui de flâner. Peut-être tenter de connecter l’extérieur montréalais à cette abstraction que représente son intérieur. « Je vois très bien les effets externes de l’électricité, mais il m’est impossible d’entrer à l’intérieur de cette énergie produite par le déplacement de particules. Si comme Rousseau, marchant, flânant, je pouvais en arriver à suffisamment intérioriser et percevoir ce fameux paysage, y repérer du réel, j’arriverais peut-être à l’énoncer de manière compréhensible.» Est-ce pour l’expérience ou l’aventure que Nathan se lança dans ce que Rousseau appelait la nécessité qui commande? Il savait que les derniers chambardements ne pouvaient être attribués qu’au hasard. Il devait s’y mettre. Dès maintenant.

Sa première flânerie

 « Je veux ni penser ni réfléchir, que laisser mes pas aller vers n’importe , recevoir ce qui arrivera sans l’analyser. La flânerie sera mon guide. Éviter d’emprunter les rues que je connais, sachant ce qui s’y cache, s’y profile. J’irai davantage vers les ruelles. » Il marcha certainement deux heures dans un froid glacial, seul, son baladeur branché sur la musique country de Jim Groce. Le vent balayait par des à-coups ininterrompus la neige qui se réfugiait sur le squelette des arbres, aux clôtures immobiles. L’espace se fissurait entre blanc et vert. Parfois, le voltage diminuait faisant grelotter les lampadaires ainsi que la lumière scotchée aux fenêtres des maisons sur lesquelles la chaleur imprégnait un givre froid. Souvent, une bourrasque devenait tornade, tourbillonnant aux pieds du marcheur solitaire perdu dans l’étroitesse des ruelles. « Existe-t-il une gymnastique de la flânerie ? Une grammaire de la rêverie ? Je me le demande, mais ce soir c’est davantage les éléments météorologiques qui se sont fait ressentir. Trois couches nettement identifiables prévalaient : celle qu’enrubannait la froidure, une seconde (mes vêtements) qui la combattait et une dernière lovée autour de ma peau s’acharnant à protéger mon corps. Je n’ai pas rêvé, je me suis défendu contre des éléments extérieurs, mais j’ai senti qu’ils cherchaient à me pénétrer et que je devais me cuirasser contre eux. Non, ils ne se révélaient pas comme des ennemis ; ils défendaient leur territoire. Ce territoire, bien qu’immobile, stable, prenait une autre dimension compte-tenu de l’assaut des attaques. Si je refais le même trajet, mais dans des conditions tout à fait différentes, le territoire me semblera-t-il dissemblable ? Moi, serai-je le même ? » 
C’est ici que s’arrêtent les lamentations de Nathan. Jérémiades. Gémissements. Dans le fond, nous savons tous que les histoires des autres ne nous intéressent trop peu. Ne nous concernent que superficiellement. Par voyeurisme, on peut s’y attarder quelques instants, quelques pages, mais rapidement on revient à nos affaires, celles qui n’intéressent personne et que souvent on ne saisit totalement ni la profondeur ni la superficialité. Bien sûr que dans le cahier qu’il remplissait à ce moment, celui que l’on qualifierait de «réflectif», on peut y repérer, noircies sur plusieurs pages, quelques réflexions teintées des actualités qu’il vivait, mais il aura fallu se rendre plus loin, beaucoup plus loin, pour y trouver une flânerie différente des autres, plus intime, moins influencée par le raccourci des lieux communs, ceux que l’on entend de la bouche des gens qui vivent un abandon. Il faut un certain temps - et l’attendre semble exigeant - pour arriver au coeur de la situation qui en fait se trouve en nous. Oui, le groupe de soutien auquel participe Nathan lui permet, tout doucement avouons-le, à franchir la frontière entre l’extérieur et l’intérieur.  Revenons à une page écrite à la fin de l’hiver que je me suis autorisé à recomposer, page qui se distinguait de celles qui tentèrent de scruter - sans y arriver, je crois - à son fameux paysage intérieur. Les suivantes portaient toutes le même titre : flânerie. De la première, celle dans laquelle je me permets d’en ajouter une autre - la redondance manifeste qu’on retrouve dans «flânerie 1, 2, 3 etc » ne semble aucunement faire avancer sa réflexion - d’un court centimètre. Il a certainement réalisé la chose et de là découla la décision de ne plus se présenter aux réunions du groupe de soutien. Nous sommes, dans l’extrait qui suit, vers la fin de l’hiver, le dernier avant que le narrateur prenne le relais dans le récit de son histoire. 

                                                        
« Le printemps, bien qu’annoncé, n’arrive vraiment que le matin où ma mère ouvre les portes et les fenêtres de la maison, les refermant au coucher du soleil. Alors, c’est officiel, nous y sommes. Les bourgeons acoquinés aux branches des arbres n’apparaissent qu’aux yeux des plus grands observateurs. Ma mère a amorcé les travaux qui feront que la nouvelle saison ne pourra plus virer de bord, retourner au confort frileux de la neige. De ma chambre au grenier, les fenêtres qui reflétaient toute la blancheur de l’hiver, se patinent de givre à l’arrivée de la saison des réveils, s’embuent, maquillées de longues rayures incolores laissant imaginer derrière elles un monde nouveau. Le printemps bouscule tant de choses, d’habitudes. Mon père, on aurait dit un ours sortant de son hibernation, plaçait dans sa tête, dans un formidable ordre chronologique, les travaux qui s’annonçaient. Dire qu’il reprenait vie serait un pléonasme, et cela à un point tel que ma mère, mon frère Benjamin et moi n’existions plus. À peu près comme tous les agriculteurs que je connaisse, il rêvait d’un printemps à la fois doux et lent, d’un début d’été oscillant entre pluie la nuit et soleil le jour, mais une chose manquait à tout cela, ces deux fils ne manifestaient aucun intérêt pour le métier - lui, il disait toujours que travailler la terre c’était une vocation devant se transmettre de père en fils. Son père la tenait de son père qui lui aussi la tenait de son père, cela depuis des générations: on devait labourer les terres dès le début du printemps jusqu’aux aoûtements. »

Laissons maintenant le clavier au narrateur pour la suite des choses.


                                    












mercredi 18 septembre 2024

Un peu de politique à saveur batracienne... (Billet 10)



Nous avons, dans le Billet 9, pris connaissance de ce que pourrait être (certains disent que voici le véritable plan de match du Parti républicain des USA) du Projet 2025 qui reflète la pensée conservatrice d'un groupe qui répond au nom de Heritage Foundation. Précisons davantage de quoi et de qui il s'agit avant de lire des commentaires et des critiques sur ce document qu'on semble vouloir absolument éluder chez les partisans de la droite américaine.

Qu'est-ce que la Heritage Foundation ? « Il s'agit d'un laboratoire d'idées (think tank) et lobby américain basé à Washington. Il exerce un rôle important dans la conception de politiques publiques. Il a eu une influence importante sous la présidence de Ronald Reagan entre 1980 et 1988 ainsi que celle de Donald Trump entre 2017 et 2021. Proche des élus du Parti Républicain, il est considéré comme très conservateur. Il est connu pour défendre des positions climatosceptiques et hostile à l'accord de Paris sur le climat.»

« Le Projet 2025 est un ensemble de propositions conservatrices de droite proposé par le Heritage Foundation visant à transformer le gouvernement fédéral des États-Unis et à consolider le pouvoir exécutif si le candidat du Parti républicain remportait l'élection présidentielle de 2024. Il propose notamment de remplacer des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux par des personnes nommées pour leurs positions conservatrices, de réformer en profondeur certaines agences fédérales et d'appliquer un programme xénophobe et climatodénialiste. Il affirme que le président doit avoir un pouvoir absolu sur le pouvoir exécutif.»

La Heritage Foundation attribue une très haute distinction en remettant le  Prix Clare-Boothe-Luce honorant ainsi un personnage pour sa contribution remarquable au mouvement conservateur. Ronald Reaga, Margaret Thatcher, William F. Buckley l'ont reçu.

Voyons maintenant quelques critiques adressées au sujet du Projet 2025.

Critiques et réactions

Accusations d'autoritarisme

Les critiques du Projet 2025 le qualifient d'autoritaire et nationaliste chrétien et affirment qu'il vise à transformer les États-Unis en une autocratie, dans laquelle une seule personne, le président, détiendrait la majorité du pouvoir des États-Unis d'Amérique. De nombreux experts juridiques ont affirmé que cela porterait atteinte à l'État de droit, la séparation des pouvoirs, la séparation de l'Église et de l'État et aux libertés publiques aux États-Unis.

 

Critiques parmi les républicains

Certains conservateurs et républicains critiquent le plan pour sa position sur le changement climatique et le commerce extérieur. D'autres estiment que le Projet 2025 n'est qu'une « façade » pour cacher quatre années de vengeance personnelle à tout prix et pour défaire « presque tout ce qui a été mis en œuvre » par l'administration Biden. Les auteurs du projet reconnaissent que la plupart des propositions exigent que le Parti républicain contrôle à la fois la Chambre des représentants et le Sénat américains. Certains aspects du plan ont par ailleurs été jugés anticonstitutionnels par la Cour suprême plusieurs mois avant l'élection et pourraient faire l'objet de contestations judiciaires.

 

Autres critiques et remarques

Paul Dans reconnaît qu'il est « contre-intuitif » de recruter autant de personnes pour rejoindre le gouvernement afin de le réduire, mais souligne la nécessité pour le futur président de « reprendre le contrôle » du gouvernement.

De nombreux contributeurs au projet ont des liens étroits avec Donald Trump et sa campagne présidentielle de 2024. Le The Washington Post décrit le projet comme « l'articulation la plus détaillée de ce à quoi ressemblerait un deuxième mandat de Trump ».

Alors qu'initialement la campagne Trump déclare que le projet s'aligne bien avec leurs propositions, le Projet 2025 est de plus en plus source de frictions avec les équipes de campagne, qui évitent généralement les propositions politiques spécifiques pouvant être utilisées pour le critiquer. En juillet 2024, Trump désavoue publiquement le Projet 2025. Dans la foulée, Paul Dans son directeur démissionne sans en préciser la raison. L'équipe de campagne républicaine dit « accueillir favorablement » la disparition du projet et prévient que cela « devrait servir d’avertissement à toute personne essayant de faire croire qu’ils ont une influence sur Donald Trump et sa campagne ». De leur côté, les démocrates citent de nombreux membres du cercle rapproché du magnat républicain qui sont liés ou ont participé à l’élaboration de ce texte. Ils ajoutent que « le fait de cacher ce projet au peuple américain ne le rend pas moins réel - en fait, cela devrait inciter les électeurs à s’inquiéter davantage de ce que Trump et ses alliés cachent d’autre. »


Je suis parfaitement conscient que ces deux (2) derniers billets ne font pas le tour complet de ce Projet 2025, mais ils ont au moins l'intention d'apporter un peu d'éclairage sur un document qui pourrait devenir un plan d'action si le candidat républicain est porté au pouvoir.

Une importante réflexion s'impose et comme le Canada attrape la grippe lorsque les USA éternuent, faut-il dès maintenant se préparer à devoir, nous aussi, réfléchir sérieusement.




mardi 17 septembre 2024

Un peu de politique à saveur batracienne... (Billet 9)



Lors du dernier billet sur la politique américaine, j'annonçais mon intention de m'informer sur LE PROJET 2025. 

* Le texte comprend 900 pages. Je me suis rendu sur Wikipedia afin d’en prendre connaissance. Voici, à mon humble avis, l’essentiel qui se dégage de ce qui peut être considéré comme l’agenda politique du Parti républicain des USA si leur candidat remporte l’élection du 5 novembre prochain.

 *****

Le Projet 2025, également connu sous le nom de projet de transition présidentielle, est un ensemble de propositions politiques conservatrices de droite proposé par la Heritage Foundation visant à transformer le gouvernement fédéral des États-Unis et à consolider le pouvoir exécutif si Donald Trump, ancien président des États-Unis et candidat du Parti républicain, remportait l'élection présidentielle de 20241.

Il propose notamment de remplacer des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux par des personnes nommées pour leurs positions conservatrices, de réformer en profondeur certaines agences fédérales et d'appliquer un programme xénophobe, protectionniste, conservateur et climatodénialiste. Il affirme que le président doit avoir un pouvoir absolu sur le pouvoir exécutif.

Le projet est critiqué pour ses positions décrites comme autoritaires et nationalistes chrétiennes et pour les atteintes 
à l'État de droit et aux libertés fondamentales qu'il pourrait provoquer.
Bien que le Projet 2025 ne puisse légalement promouvoir un candidat, nombre de ses contributeurs sont associés à Trump et à sa campagne.

La Heritage Foundation emploie de nombreuses personnes étroitement liées à Trump, y compris des membres de son administration 2017-2021, et coordonne l'initiative avec des groupes conservateurs dirigés par des alliés de Trump. Les responsables de la campagne Trump ont eu des contacts réguliers avec le Projet 2025 et ont déclaré à Politico en 2023 que le projet s'alignait bien sur leur programme Agenda 47 bien qu'ils aient déclaré que le projet ne parlait pas au nom de Trump ou de sa campagne. Les propositions controversées du projet ont conduit Trump et sa campagne à prendre leurs distances avec le projet en 2024, déclarant qu'il n'en savait « rien » et qualifiant certaines parties du projet de « ridicules et abyssales ».

Dans la foulée, Paul Dans, directeur du projet, démissionne sans en préciser la raison. Des critiques ont rejeté ces distanciations de Trump, soulignant les nombreux contributeurs qui devraient obtenir des rôles de direction dans une future administration Trump et les trois cent fois où Trump avait été mentionné dans les plans en date du 10 juillet 2024.

Le Washington Post révèle le 8 août 2024 que Trump et Roberts ont pris ensemble un vol privé en 2022, avec une photo de Trump et Roberts dans l'avion.


Contexte


La Heritage Foundation publie chaque année son livre Mandate for Leadership depuis 1981, avec des éditions mises à jour publiées à l’occasion des élections présidentiellesHeritage les qualifie de « bible politique ». La fondation affirme que Ronald Reagan a tenté d'appliquer près des deux tiers du programme décrit dans son Mandate de 1981. Elle affirme exactement la même chose pour son Mandate 2015 et le mandat de Donald Trump. Politico a qualifié le Projet 2025 de « bien plus ambitieux » que les éditions précédentes et le New York Times a déclaré qu'il opérait à « une échelle jamais vu auparavant pour une politique conservatrice ».

La Heritage Foundation est étroitement liée à Trump et coordonne l'initiative avec une constellation de groupes conservateurs dirigés par des alliés de Trump. Le président de la fondation, Kevin Roberts, considère le rôle de l'organisation comme une « institutionnalisation du trumpisme ». Le Projet 2025 veut fournir au candidat républicain à la présidence de 2024 une base de données de personnes disponibles et un cadre idéologique. Lors d'un dîner organisé en 2022 par la Heritage Foundation, Trump apporte son soutien à l'organisation, déclarant qu'elle allait « préparer le terrain et détailler les plans pour savoir exactement ce que notre mouvement fera… lorsque le peuple américain nous donnera un mandat colossal ». Le directeur associé du projet, Spencer Chrétien, soutien qu'il est « grand temps de préparer le terrain pour une Maison-Blanche plus favorable à la droite ».

 

Philosophie générale

Le Projet 2025 cherche à promouvoir une politique gouvernementale alignée sur des éléments du christianisme.

Le projet présente quatre (4) objectifs principaux  :

restaurer la famille en tant que pièce centrale de la vie américaine ;

démanteler l'État administratif ;

défendre la souveraineté et les frontières de la nation ;

garantir les droits individuels donnés par Dieu pour vivre librement.

Le président de la Heritage Foundation, Kevin Roberts, écrit dans l'avant-propos du Mandate : « La longue marche du marxisme culturela à travers nos institutions est arrivée à son terme. Le gouvernement fédéral est un mastodonte, utilisé comme arme contre les citoyens américains et les valeurs conservatrices, et la liberté est assiégée comme jamais auparavant. »

Il est inspiré par la théorie de l'exécutif unitaire.


Politiques proposées

Institutions fédérales

Le Projet 2025 envisage des changements généralisés au sein du gouvernement, en particulier en ce qui concerne les politiques économiques et sociales et le rôle du gouvernement fédéral et de ses agences. Le plan propose de prendre le contrôle partisan:

 du département de la Justice (DOJ),

du Federal Bureau of Investigation (FBI),

du département du Commerce,

de la Commission fédérale des communications et de la Federal Trade Commission (FTC), ainsi que de démanteler le département de la Sécurité intérieure en le subdivisant en plusieurs ministères.

Il prévoit aussi de réduire fortement les réglementations environnementales et climatiques pour favoriser la production de combustibles fossiles.

Le projet cherche à instaurer des réductions d'impôts, même si ses auteurs ne sont pas en accord sur le degré de protectionnisme à adopter.

Il recommande de supprimer le ministère de l'Éducation, dont les prérogatives seraient transférées à d'autres agences ou supprimées.

Ce projet conduirait les États-Unis à réduire leur financement des recherches sur le climat, tandis que les National Institutes of Health (NIH) seraient réformés selon des principes conservateurs.


Pornographie et contenus pour adultes

Le Projet 2025 propose de criminaliser la pornographie.

Santé des femmes en matière de reproduction

De manière générale, le projet enjoint le gouvernement à s'opposer au droit à l'avortement, et à éliminer la couverture de la contraception d'urgence en application de l'Obamacare.

Les partisans du Projet 2025 soutiennent que la vie commence dès la fécondation. Le Mandate stipule que le Département de la Santé et des Services Sociaux (Department of Health and Human Services ou HHS) doit « redevenir connu sous le nom de Département de la Vie ».  Le projet 2025 affirme qu'il repositionnerait les politiques du ministère « en rejetant explicitement la notion selon laquelle l'avortement est un soin de santé et en rétablissant son énoncé de mission dans le plan stratégique [du HHS de Trump] et ailleurs pour inclure la promotion de la santé et du bien-être de tous les Américains « de la fécondation à la mort naturelle » ».

En 2022, la Cour suprême statue, dans cas Dobbs v. Jackson Women's Health Organization, que la Constitution ne confère pas de droit à l'avortement, laissant ainsi aux États le soin de créer leur propre législation en la matière, mais le Projet 2025 encourage le prochain président à « promulguer les protections les plus solides pour les enfants à naître que le Congrès pourra soutenir ». Le Projet 2025 déclare également que « la décision dans l'affaire Dobbs n'est qu'un début. Les conservateurs… devraient pousser aussi fort que possible pour protéger les enfants à naître dans toutes les juridictions américaines. »

Diversité

Le projet propose de supprimer les protections contre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre et de mettre fin aux programmes de diversité, équité et inclusion (DEI) ainsi que de discrimination positive.

Immigration

Le projet recommande l'arrestation, la détention et la déportation des migrants sans papiers vivant aux États-Unis.

Justice

Le Projet 2025 promeut la peine de mort et salue le « caractère définitif » et la rapidité de cette peine.


- À suivre, quelques critiques sur ce projet .




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