dimanche 28 octobre 2018

humeur vietnamienne


Facebook ne se gêne jamais pour me rappeler que depuis quelques jours LE CRAPAUD n’a rien publié. Encore maintenant il m’invite à ne pas oublier ceux qui s’intéressent aux billets que j’envoie à l’occasion sous différentes formes. Alors je m’y mets.

Les amis et la famille québécoise m’annoncent, certains avec un enthousiasme non dissimulé, d’autres comme si la fatalité venait de frapper de plein fouet, que l’automne est à vos portes. Quelques brins de neige par ici, par là assez pour que la saison de ski soit lancée. Sachez que j’envie ni les uns ni les autres. Ici, nous n’espérons que la fin de la mousson, attendons que les libellules voltigent en groupes serrés. Je me demande toujours à quel endroit, dans quel sud du sud, vont-elles attendre la saison sèche. En anglais, c’est dragonfly, il ne pas s’étonner qu’au pays du Dragon (le Vietnam) cet insecte qui a la particularité de ne jamais reculer, soit important dans la vie. Huu Ngoc, mon maître à penser vietnamien, n’en fait que très peu mention dans ses écrits sur la culture vietnamienne. Toutefois, la libellule serait à l’image de ce pays qui jamais n’a reculé devant qui que ce fut. Symbole de la transformation, elle qui naît dans l’eau et vit dans les airs. On dit ... Entrer dans la lumière comme cet insecte fou...

Saïgon connaît deux saisons: celle des pluies et la saison sèche. Au Nord, Hanoï et plus haut, on vit les quatre saisons, je dirais, parfois de manière extrême. Cela doit certainement jouer sur le caractère des gens tout comme la température fut dans l’histoire des invasions subies par ce peuple résilient, une donnée que les stratèges ont su ajouter à leur arsenal offensif et défensif.


Ceci m’amène à ce que je voulais partager avec vous, un merveilleux poème écrit en 1923 par Dô Thi Dam, née à Lam Son dans les montagnes du nord.

Larmes d’automne

Tu es parti au seuil de l’automne, cette année-là
L’automne est revenu, et toi, point ne reviens
Tu es parti, parti, et point n’est revenu
Et l’automne me trouve, transie de ma tristesse
Ton coeur s’est en allé avec eaux et nuages
À qui puis-je désormais confier ma peine
L’immensité du ciel et de la terre
Garde à tout jamais notre regret d’amour
La douleur a, pour toi, déchiré mes entrailles
Par toi, au fil des jours et des mois,
Le chagrin noue un écheveau sans fin
L’automne passé, j’ai pleuré
Je pleure cet automne encore
Au long des automnes perdus
En mes larmes, je vieillirai
Amie des jours enfuis, derrière les monts tu es parti
O’u sont les images d’antan?
Tristes monts, eaux glacées
Herbes et fleurs se meurent
Douleur poignante des adieux,
Nuages du soir, vent du matin
L’amour languit dans le désert des nuits sans fin
Vents, pluie, coeur en détresse
Quelle aiguille et quel fil pourront jamais
Redonner vie au coeur brisé.
La tristesse s’accroît quand l’automne revient
La pluie tombe - larmes des amants séparés
Les pleurs glissent
Les flancs verts des forêts, à perte de vue
Se mêlent d’or
Sous la bise d’automne qui plie les roseaux
Lacs et monts désolés, arbres, herbes s’éteignent
La brume sur la terre s’étend à l’horizon
À l’infini, glisse sur mille lieues, les routes de la vie
Celui qui sur les pas d’une vie se retourne
A le coeur étreint de douleur.


Je vous souhaite un bel automne.

À bientôt

lundi 15 octobre 2018

humeur vietnamienne

D E P


L’interruption que vient de connaître la publication de billets sur LE CRAPAUD est due en grande partie au fait que mon laptop a suibi une avarie : de l'eau s'est répandue à l'intérieur. Deux semaines d’attente puis le verdict: incurable. Je m’en suis procuré un nouveau et je reviens.

Il m’a donc été impossible de vous fournir mes dernières prédictions pour les élections québécoises du 2 octobre dernier. Elles se seraient, de toute manière, avérées erronées sauf celle qui avait trait à la défaite de Jean-François Lisée dans le comté de Rosemont. Je prévoyais un gouvernement minoritaire sans être en mesure de dire s’il eut été formé par le Parti Libéral ou la CAQ. Là aussi, dans le fond du champ droit.

Je ne vais pas y aller de mes commentaires, tout a été dit. Toutefois, l’élection de 9 députés de Québec Solidaire me réjouit ainsi que la mise à mort de cette tradition bipartiste installée depuis trop longtemps.

Passons à autre chose.

Deux semaines sans cette machine qui m’est essentielle quasi vitale, je me suis retrouvé dans une forme de solitude qui parfois avait l’air de l’isolement. Ne pas être en mesure de communiquer par Internet, ne pas pouvoir écrire m’aura obligé à revenir au stylo. Cela ne m’enchantait aucunement au départ, alors qu’à la pratique j’ai y pris goût.

Deux semaines au cours desquelles j’ai lu à m’en briser les yeux. Principalement des oeuvres vietnamiennes. L’histoire du pays vue par un ardent communiste... la chronologie des événements depuis 2000 ans avant JC jusqu’à nos jours... des essais fort intéressants sur la culture et l’évolution de la langue vietnamienne... des articles de fond publiés dans la revue ÉTUDES VIETNAMIENNES... et bizarrement, relire le poète allemand Holderlin, celui qui disait...
Du ciel où retentissent encore des roulements paisibles, qui errent
Dans le silence, toujours emplie, et éventée... la salle !

... comme s’il savait que la mousson ne nous laisse aucun répit.

Car la mousson s’éternise, au point que le calme et la résignation des Vietnamiens sont rudement mis à l’épreuve. J’écrivais et je lisais... la pluie battait à ma fenêtre tel un blizzard québécois... les rues se remplissaient d’eau, inondant le premier plancher des maisons et faisait la queue devant les canivaux n’arrivant pas à tout absorber.

Depuis quelques jours, ça semble vouloir ralentir. Mes fleurs n’ont plus besoin de mon secours quotidien pour les arroser. Elles étouffent littéralement et espèrent le soleil.

J’ai également profité de ces moments qui me claquemuraient, me séquestrant même, pour achever une longue lettre de soixante-dix pages, lettre qui n’arrivera pas au port vers lequel elle devait accoster. On écrit souvent pour soi-même, rédigeant des mots qui, par la magie de l’orthographe, tentent d’illustrer notre pensée ou du moins la clarifier.

L’événement que j’attendais depuis fort longtemps, en fait près de deux années de tergiversations, de discussions, s’est pointé à moi alors que les Éditions Thé Gioi (célèbre maison vietnamienne) ont accepté de publier mon roman, DEP. Le tout devrait devenir réalité d’ici deux mois. Édité en français, j’entreprends maintenant les démarches afin qu’il soit traduit en vietnamien. Un professeur de traduction français/vietnamien qui enseigne à l’Université de Hanoi est à y songer, mais surtout voir si ce projet peut entrer dans son agenda fort rempli.

Voici donc  j’en suis.

À bientôt

Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

  Trudeau et Freeland Le CRAPAUD ne pouvait absolument pas laisser passer une telle occasion de crapahuter en pleine politique fédérale cana...