lundi 30 mai 2016

QUATRE (4) CENT-QUATRE-VINGT-QUATRE (84)





sans guerre,
sans  paix





sans armes ni prières, ni frontières








faire la paix à la guerre
ni la transporter ni  l'imposer

serions-nous sans armes, sans prières
dans l'étroit enclos de nos frontières?

tantôt, elle se dit sainte
la guerre... parfois citoyenne...
saignant ceux qui en souffrent
ces innocents cloués à leurs galères

hier encore, près d'un mausolée,
des militaires médaillés
exposaient leurs blessures
sous des insignes d'acier



sans armes ni prières, ni frontières


n'abhorrent la guerre 
que mille ruines innocentes

en marche sur des routes pavées de dollars
rides aux mains comme des araignées

les déserts thésaurisant des sécheresses
ces printemps qui s'accumulent sur les océans
les ciels évaporés en leurs nuages
toujours frémissant aux heures plastiques 

les enfants des camps sans fortune
jouent à talonner leurs parents
derrière la déliquescence des sols
que ratissent des monstres d'acier



sans armes ni prières, ni frontières

on aura amputé les âmes de leur foi
pour y glisser une implacable haine 

elle ronge jusqu'à la moelle
les naïves images des icônes

naguère, à l'heure des glaives, des épées
les chevaux pilonnaient l'histoire
à coups de sabots tels des bottes
leurs secousses résonnent encore  

couronnes et tiares dont se coiffent
les faux artisans de la paix
jamais n'abdiqueront leurs droits
acquis au fil de croisades millénaires



sans armes, ni prières, ni frontières


de la guerre, la paix n'est pas l'opposite
elle en tranche la nuit pour faire le jour  

s'appuyant sur des coeurs éternels
un bâton de pélerin la soutient

revêtue de sa tunique opalescente
la paix n'a ni armes, ni prières
ignore les frontières postiches
que protègent des vents infects

elle va, boiteuse et chancelante
traverse les siècles millénaires
qui lui arrache à coup de griffes
les espoirs dont elle est porteuse


sans armes, ni prières, ni frontières

la paix et la guerre à la même table festoient
féminines, tout à la fois yin et yang 

tatouées aux seins des femmes qui les portent
leur nomment le temps et l'espace sidéral

les hommes auront beaucoup parlé d'elles
avec des balbutiements inaudibles
ne sachant trop pour laquelle exactement
éructaient les mots de leurs gueules 

la paix et la guerre, ôpiniatres soeurs jumelles
depuis des lustres ne repéreront les lieux irrécusables
pour y déposer armes, prières et frontières
trop subjuguées encore à tenter d'exister

sans armes, ni prières, ni frontières



À la prochaine

jeudi 19 mai 2016

Humeur vietnamienne

deux mois déjà...






Que se passe-t-il Frère Jacques? Je devrais plutôt écrire, qu'arrive-t-il avec moi, ton grand frère qui ne réussit pas à lâcher prise! Je ne peux, ne veux pas oublier, juste comprendre comment il se fait que jour après jour, soleil et chaleur inclus, ici à Saïgon, je te ressens si proche. Ton rire. Ta présence.

Tu sais, lorsque relisant le texte écrit pour toi lors des funérailles le 19 mars dernier - deux mois déjà - c'est fou l'impression ressentie à ce moment-là: tu étais présent à côté de moi. Quasi concrètement.

Je réussis difficilement à lire en public. Tu le sais, ayant vécu toi aussi cette oppression qui égorge, tord le ventre, celle qui ne lâche pas... mais que tu as magnifiquement vaincu rendant si bien les mots que j'avais mis dans ta bouche lors des 60 ans de Pierre.

Lors de ce samedi si beau, si ensoleillé, presque vietnamien, je m'étais promis de passer outre à ces embarras. Pour me rassurer, notre frère m'accompagnait, me soutenait devant les gens présents pour te saluer une dernière fois. Sa présence m'a rasséréné. Je le respirais tout près, essentiel oxygène, prêt à bondir pour prendre la relève au cas où je n'aurais pas été en mesure de continuer.

Des forces en présence me confortaient, s'ajoutant à celle de Pierre: la chaleur de l'assistance... le regard de SylvieD, merveilleuse de noblesse d'âme et de coeur... Antoine et Roxanne, attentifs, leurs yeux portés vers cette urne magnifique qui te contient mais que chacun n'arrivait pas encore à croire que l'on t'y ait enchâssé... Des moments que jamais je n'oublierai.

J'écrivais pour l'occasion: ''Toujours un message arrive.'' Je me rends compte, deux mois après ton départ trop rapide, combien ces mots furent justes. Tu es si présent, si là, à Saïgon: présence physique. Nous marchons sous le soleil ardent; je te parle. 

Je te dis comment la vie et la mort (notre alpha et notre omega) s'inscrivent dans des moments arrimés au temps, mais combien l'entre-deux s'avère plus important encore. Nous ne sommes pas façonnés pour la mort; on ne peut ramentevoir notre naissance. La vie bouge entre les deux, et nous, cherchant vainement à l'immortaliser.

Je te dis combien je les regrette ces heures que l'on aurait pu encore vivre ensemble; je me console toutefois en songeant à toutes celles passées en Douce France lors de ce voyage inoubliable au cours duquel tu me disais tout ton amour pour SylvieD, ta fierté à l'endroit d'Antoine et de Roxanne.

Je te dis mes regrets, je te dis aussi les souvenirs inaltérables qui foisonnent dans mon esprit; souvenirs qui remontent souvent à des temps éloignés, à des lieux différents. Nul besoin de te les rappeler, je te les dis tout en marchant.

Je te dis à quel point tu manques aux gens. Impossible de les dénombrer, ils sont légion. De la famille, proche et éloignée, des amis, proches et éloignés, unanimes à regretter ta disparition. Et moi qui ne m'en console pas.

Je te dis que je continuerai à te faire vivre en nous, parmi nous, que ce soit par une musique, une photo, une date; Frère Jacques, mon petit frère, je prends cette responsabilité de mémoire très à coeur.

Ici, la mousson s'annonce. Saison de pluie qui, je le pense pour le moment, n'en sera pas une de pleurs mais de lessive. L'eau purificatrice nettoyant la terre et les âmes.

Tu sais, frérot, j'écoute tous les jours de la musique que tu n'aimerais pas, genre musique tzigane roumaine interprétée par un orchestre de Barcelone. Elle me parle beaucoup. Ainsi que plusieurs chansons de Daran, ce chanteur français que j'aime. La musique me ramène à toi autant par son atmosphère que par des paroles inspirantes. 

Comme je souhaite te voir assis sur mon balcon au vingt-neuvième étage de mon appartement dans le District 8 de Saïgon. J'ai une belle chaise longue. Je la placerais un peu hors du soleil, là où ce vent léger et rafraîchissant donne envie de se reposer, ne rien faire d'autre qu'écouter les bruissements de l'âme. 

-  Tu dirais: ''C'est beau ta musique, mais pas mon genre.'' 
-  Je répondrais: '' Pas de problème. Veux-tu un autre verre de rouge?''
-  Tu répliquerais: ''Jamais non à un rouge.''
-  J'ajouterais: ''Relaxe, il n'y a ni gazon à tondre ni rénovations à entreprendre.''

Frère Jacques, avant d'achever ces quelques mots, je tiens à te dire que souvent, avec Pierre, avec Louise, Carole, ma belle oreille, Johane qui vit le deuil de son papa Georges, nous parlons de toi, nous souvenant.

Dernière chose. J'aurais pu ajouter au texte des funérailles, que tu allais rejoindre d'importantes gens là où tu es parti: Gérard et Fleurette, monsieur et madame Durocher, Philippe, Lucienne. J'aurais pu mais ne l'ai pas fait. Alors je te l'écris ici: tu salues tout ce beau monde pour nous.

À tout de suite Frère Jacques car nous partons pour notre marche quotidienne.



À la prochaine





mercredi 11 mai 2016

QUATRE (4) CENT-QUATRE-VINGT-TROIS (83)


L'île des paradis fiscaux



Cette île existe. Petite en étendue sans doute mais combien grande en richesses inouïes. Découverte il y a de ça maintenant quinze ou vingt ans. Certains avancent que bien qu'elle ne soit connue que depuis ce temps on la fréquente, on y vit même et cela depuis quelques siècles. Ça reste à documenter.

Ce dont on peut être certain, c'est l'impossibilité pour tout quidam de s'y rendre sans être invité par quelques initiés. On y fait des ''affaires'' par personnes interposées: quelques dollars remis à une entreprise agissant sous le couvert d'un ONG (organisme non gouvernemental) mais ayant noué des liens directs avec certaines banques qui opèrent un peu partout dans le monde. Les dons sont ainsi recueillis dans la plus stricte confidentialité puis investis dans cette île.

Je souhaiterais pouvoir vous la décrire, l'île des paradis fiscaux, mais le mystère l'entourant est digne des plus grandes sociétés secrètes, des sectes les plus inimaginables qui puissent exister. Je laisse donc à votre imagination le soin d'en faire un portrait séduisant mais sachez que la réalité dépasse encore tout ce que l'on pourrait inventer.

Un petit hic! toutefois perdure sur l'île des paradis fiscaux, telle une verrue dont on peut difficilement se défaire et qui en agacerait plusieurs. Au nord-ouest de l'île, une zone serait habitée par une bourgade d'autochtones, territoire qui, selon les dires, correspondrait à quelques archaïques mesures tirées d'un ancien système fort compliqué à décrypter. Du genre: hectares et kilomètres seraient confondus. Finalement, rien de trop précis quant à l'étendue dudit secteur occupé depuis des lunes par ces habitants sans noms, sans papiers et selon la légende, ancêtres de Robinson Crusoë.  
        


- Je tiens à préciser ici, ça me semble majeur, que ledit Robinson connu à titre de personnage fictif, échoué il y a plus de trois siècles sur une île déserte puis rencontrant un dénommé Vendredi, c'est du roman car la vérité loge ailleurs. En fait, celui-ci, complètement dévasté à l'idée de se retrouver seul sur une île déserte, marchait, dos courbé, sur la plage lorsqu'il croisa une fort jolie insulaire. C'était un vendredi 13. Voilà pour le lien, lien essentiel car il se trouve à être le début de ce que nous allons apprendre au sujet de l'île des paradis fiscaux. Nous savons que la métaphore de l'île déserte n'est en réalité qu'une mise en scène d'un auteur ( monsieur De Foe en est un fort connu) afin de  lui permettre de recréer le monde, de créer un nouveau monde -


Il n'y aurait eu aucun contact entre ces autochtones et les nouveaux propriétaires... du moins ceux qui affirment l'être...  de l'île des paradis fiscaux. Aucun contact ni officiel ni officieux. Les nouveaux, de par leur manière rapide et fort moderne de coloniser, n'ont jamais cru nécessaire de rencontrer les autochtones et... ils se le redisent entre eux... s'il fallait, un jour, obligatoirement nettoyer la zone infestée vers le nord-ouest, on le ferait promptement, sans que personne en dehors de l'île ne le sache. D'ailleurs, savoir que cette île existe est déjà un exploit alors imaginez, être informé qu'une bourgade de gens sans noms et sans papiers en revendique la propriété relève de la révélation. Science-fiction à l'état pur.

Ainsi un secret hermétique entoure cette île, ses habitants anciens et nouveaux. Tout est nébuleux, occulte et appelé à le demeurer. Tout repose dans la plus pure clandestinité. Mais...

Dans toute histoire, tout conte, il y a un ''mais''... Ce ''mais'' qui fait basculer certaines choses, ébranle certains acquis, choque les certitudes, permet également un rebondissement dans celle-ci. Vous voyez bien que le ''mais'' de l'île des paradis fiscaux frétille entre le sibyllin et le cryptique; une sorte de tempête qui la rejoint pour la frapper de plein fouet, tout cela sous l'impulsion de l'effet papillon; des vagues, autrefois douces et calmes, devenues ressac foudroyant.

Avant d'aborder cet aspect qui, vous le remarquerez, s'avérera troublant pour le maintenant et la suite de l'île, il m'apparaît important de préciser deux trois petits détails qui n'en sont sans doute pas.

Le premier

l'île des paradis fiscaux ce n'est pas pour tout le monde, ça on l'a déjà dit. Une certaine galerie de gens connaissent l'existence de cette île, y participent financièrement et s'attendent à y finir leurs jours de manière incommensurablement détendue. Ces êtres possédant de grands avoirs se recrutent dans une foule de domaines d'activités humaines mais principalement dans les secteurs de l'économie et de la politique. L'économie à grande échelle (multinationale) et la politique définie comme l'exercice unilatéral du pouvoir peu importe des idéologies qui la soutiennent.

Le deuxième

l'île des paradis fiscaux loge en dehors de l'habituel. Aucune loi, aucun règlement, rien pour empêcher le capital de fructifier en progression géométrique. Les objectifs étant que l'investissement doit rapporter beaucoup; 
n'être sujet à aucune taxe ou prise d'impôts; 
toujours demeurer secret. 
Le mot secret dans ses plus belles lettres de noblesse.

La troisième

sur l'île des paradis fiscaux, lorsque se croiseront habit blanc et habit noir, habit rouge ou violet, le même sourire reluira sur les visages: celui de la satisfaction mêlée à l'innocence. Sans doute se seront-ils (ces habits multicolores) embarqués sur le Panama Papers ou encore le Monaco à moins que ce ne soit sur le célèbre Caïman qui, jusqu'à ce jour, demeurent les seuls moyens de transport à très haute vitesse (vulgairement et par raccourci on les surnomme ''l'exil fiscal'') pour s'y rendre ou encore, utilisant le service cargo, y envoyer des avoirs? Il va sans dire que le poids excédentaire n'existe pas.

À ce stade de l'histoire, vous voyez à peu près ce que peut signifier l'île des paradis fiscaux. Je pourrais m'arrêter ici, vous laisser sur votre faim de savoir mais je ne suis pas du genre à lancer des canulars, pire, des rumeurs. LE CRAPAUD nage dans le vrai. 

Il est évident que certains incrédules nieront tout ce que je viens d'écrire, avançant que tout relève de l'anticipation. Réfuter sans apporter aucun argument autre que celui qui veut (et on l'entend beaucoup par les temps qui courent) : aucune preuve légale n'ayant été établie, c'est donc faux.

Je ne m'arrêterai donc pas ici. Pour la simple raison que les services de renseignements du CRAPAUD (la NASA aurait piraté le logiciel que j'utilise afin de détecter le vrai du vrai, le plus vrai que vrai) ont découvert que tout n'est pas paradisiaque sur l'île des paradis fiscaux

En effet, les GPS d'une marine marchande battant pavillon jamaïcain malgré le fait que ses navires soient d'origine britannique, peut-être argentine, ont enregistré récemment des mouvements inhabituels dans les parages du fameux Triangle des Bermudes.  
               
Exact. Oui, cela n'a pas fait la une des journaux ou les machettes à CNN, mais le capitaine d'un bâtiment de ladite marine aurait perçu des mouvements, des agitations en provenance du centre dudit Triangle. Bon. Je vous vois venir: encore une nouvelle théorie sur ce mystère. Eh bien pas du tout.

Un jour, je vous raconterai le vrai du vrai de ce Triangle des Bermudes dont les diverses explications s'appuient continuellement sur les mêmes données. Celles que je possède ne relèvent pas du tout de ce modèle. Vous verrez bien... si je m'y mets sérieusement. Mais tel n'est pas mon propos. Revenons aux faits.

Des mouvements inhabituels localisés au centre du T des B par des GPS. 

Voici ce qui en est: en fait, c'est l'exégèse qu'en font les services de renseignements du CRAPAUD qui me dicte ces propos pour le moins ahurissants. Ces effervescences seraient directement associées à la rébellion des sans noms et sans papiers, ces autochtones ayant pour ancêtre l'illustre Robinson C. En effet, outrés par l'invasion brutale et sauvage des membres cotisants et affiliés aux diverses institutions patronnant l'expansion de l'île des paradis fiscaux, ces autochtones révoltés auraient trouvé le moyen (cherchez comment) de communiquer directement (sans doute par télépathie) avec un dénommé Assange. Celui-ci serait actuellement en résidence dans une ambassade (celle de l'Équateur, je crois) à Londres.

Il m'apparaît futile de connaître l'intrigue ayant menée à ce contact mais attardons-nous sur comment cette rencontre a bouleversé l'existence même de l'île des paradis fiscaux


- . Un point essentiel à soulever peut nous ''pister'' sur l'intérêt porté par Assange à cette cause. En fait, il a accepté de participer à cette affaire en raison du fait que lui-même serait né sur une île (Magestic Island) en Australie que bien des interdits nous empêchent de divulguer ce qui aurait pu s'y passer il y a de cela maintenant près de quarante ans.  Ça permet au CRAPAUD de dire à quel point d'île en île... les plus grandes vérités de ce monde peuvent s'entrechoquer. J'ajouterai afin de rendre plus crédible encore cette histoire que le jeune Assange a vécu dans son jeune âge dans les rets d'une secte fort célèbre à l'époque, ''la secte d’Anne Hamilton-Byrne (Association du parc Santiniketan)''. Répondre à la requête des autochtones sans noms et sans papiers de l'île des paradis fiscaux ne fut certainement pas pour lui un grand sacrifice. -


WikiLeaks      ske al kiwi... voilà! 

Quelques syllabes mais tout un contenu. 

Les autochtones sans noms et sans papiers ont toujours, et cela depuis Rob. Cru. appelé leur île ske al kiwi en souvenir du grand déportement qu'ils vécurent, péniblement d'ailleurs, de l'île Masatierra, celle de R.B., située au large du Chili. Et Masatierra se traduit dans leur dialecte par ske al kiwi

On en apprend des choses en lisant LE CRAPAUD. Mais vous n'êtes pas encore au bout de l'histoire et moi, de mes peines... On établira bien un jour le lien entre WikiLeaks et ske al kiwi, mais tel n'est pas mon propos pour aujourd'hui.

Donc

a) communication Assange et autochtones; 
b) échange d'informations, de tactiques stratégiques; 
c) bouleversement sur l'île des paradis fiscaux

Sans se retrouver à l'aube d'une xième guerre mondiale ou informatique ou quoi que ce soit d'autres, nous voici tout de même devant l'inéluctable fait que je vous résume en trois mots.

Les autochtones sans noms et sans papiers se révoltent -ici il pourrait être pertinent de nommer le chef rebelle, mais bizarrement, ils n'en ont pas, pas besoin de sauveur qui peut quand on peut en groupe- . 

Se révoltent, envahissent le secteur des nouveaux occupants et à partir d'une tactique tout à fait inédite (trop longue à expliquer mais je crois qu'elle fera école) chassent manu militari les imposteurs (lire: ceux qui ne paient pas d'impôts) les disposant sans ordre aucun dans des bateaux sans rames: des boat peoples nouveau genre.

Et ils voguent, divaguant à la recherche d'une terre d'accueil.

Ne reste que ces questions à débattre: 

a) Ces nouveaux errants, comment les nommer?
Fugitifs, exilés, bannis, expulsés, déplacés...

b) Quels pays leur ouvriront les bras?

c) Qu'adviendra-t-il de l'île des paradis fiscaux? A-t- elle un avenir, un devenir?

d) La vie sur cette île expurgée, nettoyée d'une certaine racaille, comment se réorganisera-t-elle?

e) La presque dévotion que les autochtones sans noms et sans papiers vouent à Robinson Crusoë modifiera-t-elle leur mode de vie? N'est-ce-pas déjà fait, car, selon certaines informations, un groupe d'intégristes ''crusoëistes'' durs serait en voie de prendre forme, peut-être les armes. Il se ferait connaître sous le nom: LES VENDREDI 13 DE CRUSOË.












À toute question, réponse. LE CRAPAUD se charge de mettre ses services de renseignements sur le dossier. Lorsque j'ai de plus amples informations, je vous fais signe.

À la prochaine

dimanche 1 mai 2016

LES CHRONIQUES VIETNAMIENNES - Saïgon (7)

La gare centrale de Hanoï
Et la vie reprend son cours. Quasi normal. Lever tôt le matin, en même temps que le soleil. Profiter des derniers moments de fraîcheur que la nuit  garde pour elle. Entendre, du haut de ce vingt-neuvième étage, la douceur du réveil tout en bas, tout autour; les bus qui repartent, les motos qui crachent ou éternuent; les marchés qui s'installent; les portes qui s'ouvrent dans des bruits de cisailles rouillées... 

Saïgon renaît. Belle de nuit revêtant son ao daï*laiteux, celui de jour.

Tout comme hier et certainement demain aussi, il fera chaud. Avril aura été chaud. Plus qu'à l'habitude dit-on dans les conversations matinales des femmes qui ont déjà étalé fruits et légumes sur le trottoir. Fugitives comme le vent, les odeurs de cuisson se répandent avec une désinvolture frisant l'indécence.

J'étais à Hanoï il y a quelques jours déjà. Une semaine durant laquelle je n'aurai vu que quelques gouttes de soleil, beaucoup de grisaille et une humidité tellement différente de celle qui enveloppe Saïgon. 

Hanoï. 
La cousine de Saïgon. - Tellement différente l'une et l'autre, nous pourrions croire qu'il s'agit de lointaines cousines germaines. 
Hanoï, 
dans sa jupe de mousseline grise que le brouillard lui jette aux épaules. 

Légère et enjouée, 
Saïgon, 
celle qui s'adonne à la tragédie du soleil, à la comédie des couleurs; celle qui se fout complètement de tout et de rien...

Hanoï, 
belle ville austère. Pudique. Capitale incertaine à la recherche d'un monde qui a changé, et change encore. 
Hanoï, 
prude parfois, souvent hésitante, celle qui, encore, a besoin du soutien ancestrale, de béquilles, de micros à propagande dans les rues, du sifflet strident à la bouche du policier, pour lui remémorer que la prudence est toujours la meilleure des vertus.

Hanoï, 
ta folle cousine n'est plus dans ce registre. Elle a fauché bien des tabous, culbuté une série de périphrases et de lieux communs, ta folle Saïgon a choisi de vivre à la cadence de rythmes nouveaux .

Hanoï, 
belle dans ta réserve, si délicate dans ton regard que tu portes vers l'autre, on te croirait inquiète, à la limite sceptique. Ta discipline, autrefois elle faisait ta renommée, aujourd'hui, sans être un fardeau, devient un poids ou serait-ce un tourment... Comme l'enfant qui a appris à marcher rêve de courir, titube à vouloir avancer trop vite .

Saïgon file à toute allure; 
bouscule à peu près tout dans ses folles pirouettes par en avant. Pas le temps de s'interroger ou ne le prend-t-elle pas? 
Saïgon court alors que Hanoï hésite. 
Elle fait, cette Hanoï grise, le tour du lac Hoan Kiem, et le jour et le soir. Comme à l'époque du bréviaire quotidien des prêtres, elle arpente le lac recherchant la meilleure façon de cesser de tourner en rond.

Ta cousine Saïgon, 
ma toute grise Hanoï, 
ne t'est d'aucun secours. Cette ville extravagante du sud ensoleillé, frivole, ne te rejoindra jamais sur ton nord humide. Tu reçois d'elle des mots légers qui te semblent provenir d'un vocabulaire singulier. Il m'est permis de croire qu'en toi, tapie sous toutes ces couches d'interdits, tu rumines comme une confuse envie... Mais tu es frileuse alors qu'elle est fougueuse.

Hanoï et Saïgon, 
vous laissez derrière vous, pour une le delta du Tonkin, pour l'autre celui du Mékong - alluvions provenant d'ailleurs si différents - et plus loin vers le nord, les montagnes de la chaîne annamitique, le mont FanSiPan, plus bas vers le sud, une route pour l'île de Phu Quoc... puis le Cambodge.

Tout semble vous séparer, vous éloigner, mais une même soif effrénée gravée aux pages de votre histoire, imprimée dans vos gènes, fortifiée par vos luttes millénaires, vous êtes réunies, 
toi Hanoï qui a tant souffert, 
toi Saïgon qui a tant dansé, 
réunies malgré les kilomètres de distance, les lieux dissemblables, réunies sous la même étoile jaune sur fond rouge.



À Hanoï, 
j'ai fait puis refait le tour du lac; vu, revu ses habitants me voir et me revoir avec, présent dans le regard, une incertitude quasi atavique, ce petit rien qui ferait tout basculer vers la peur de l'étranger malgré la foule innombrable de touristes. Tu restes sur ton quant-à-soi, ta réserve contenue. Ça rend plus précieux ce sourire que l'on réussit à t'arracher de peine et de misère.

Ceux et celles qui ont marché dans Hanoï vous diront qu'ils l'ont principalement fait dans le vieux quartier français et autour du lac Hoan Kiem. Je me suis permis une escapade - près de deux heures - afin de comparer le ''un peu plus loin'' des deux villes cousines. Parti de ce que j'appellerais le ''centre-ville'' pour me rendre à la résidence des étudiants de l'Université où va mon petit-fils vietnamien, Lém.

Triste. 
Ennuyeux. 
Certainement que la grisaille ambiante y jouait pour beaucoup; 
que les gens interrogés pour me rassurer sur la route à suivre me sont apparus peu intéressés à partager quelques instants avec ce marcheur étranger; 
que les couleurs s'amusaient à se copier le plus fidèlement possible d'un immeuble à l'autre; 
que loin du vieux quartier l'architecture perd beaucoup de son cachet se drapant dans un conformisme presque monastique. 

Je suis revenu de cette marche avec très peu de photos. Très très peu en effet.

Et reparti pour Saïgon.


Voici ces photos de Hanoï prises surtout dans le vieux quartier là où l'architecture y est magnifique.























Lém à l'entrée de la Citadelle










Bureau qu'occupait Lé Duan, personnage importante de la révolution vietnamienne




Vendeuse de poissons



Il ne s'agit pas de la croix gammée fasciste mais bien la croix du Bouddha


Important hôpital de Hanoï

Autre hôpital tout à côté

Interdiction de klaxonner, mais...

Spectateur d'une partie d'échecs


Restaurant 

Très belle pagode que celle de Quand Su






* ao daï  (vêtement traditionnel que portent surtout les femmes vietnamiennes.)

À LA PROCHAINE



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