samedi 1 novembre 2008

SAUT: 240




Nous entrons dans novembre. Un mois charnière. Un mois-saison à lui seul. Qui s'amuse (le matin) entre l'automne et le printemps, (l'après-midi) nous plonge l'été pour finalement se lancer en plein hiver, (la nuit). Un mois-scorpion. D'Armistice. De feuilles mortes nous regardant sous une légère couche de glace mouillée. Un mois valétudinaire. Porteur de grippe, de noirceur matinale et de fin d'après-midi gris. De vents. De nuages lourds et frileux. Qui clignent des yeux lorsque le soleil les offusque.

Nous entrons dans novembre par la porte de l'été des Indiens. Y glissons sur des pavés verglacés. Les arbres, figés dans leurs dernières grimaces, nous craquent leurs derniers saluts; déshabités, ils regardent mourir à leurs pieds les derniers vestiges d'une saison intermédiaire. Novembre de froid, de neige hésitante. De terre immobilisée se cherchant une dernière posture. Fantôme immobile. Novembre, de mort.

En y entrant, le souvenir de ce texte d'André Fortin mis en musique par Jimmy Bourgoing, le souvenir des Colocs me revient. «Dehors novembre» ouvrira ce mois de trente jours, de huit lettres, le onzième de l'année, celui qui vient du mot «novem» signifiant «neuf», celui qui débute par la Toussaint et la Fête des Morts, les élections américaines, Thanksgiving et l'Armistice, le 11...

Puis:
De la Journée Internationale de la tolérance, le 16, au lendemain d'un certain 15 novembre, celui de 1976...
De la Journée Internationale des Droits de l'enfant, le 20, deux jours avant l'assassinat de JFK, en 1963...
De la Journée Internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, le 25...

Novembre et ses bizarres de proverbes:
. Quand en novembre il a tonné, l'hiver est avorté;
. En novembre fou engendre, en août gît sa femme;
. Le mois de novembre est malsain, il faut tousser dès la Toussaint;
. À la Saint-Séverin (27 novembre), la neige est en chemin.





DEHORS NOVEMBRE



Dehors novembre, je suis couché sur mon grand lit
Du coin de mon oeil par la fenêtre j'voé l'hôpital
Chu pas capable de croire qu'y faut qu'm'arrête ici
Mais chu tout seul, pis de toute façon ça m'fait trop mal
Mon corps c'est un pays en guerre sur l'point d'finir
Le général de l'armée de terre s'attend au pire
J'ai faim, j'ai frette, je suis trop faible pour me lever d'boute
On va hisser le drapeau blanc un point c'est toute
J'entends le téléphone qui hurle, j'ai des amis
J'voudrais tellement pouvoir me l'ver pour leur parler
Leur dire: « Allô! C'est moi j'correct, j'toujours en vie »
La planète tourne, est pas supposée tourner sans moi
Mon ennemi est arrogant et silencieux
Y s'câlisse ben d'savoir si chu jeune ou si chu vieux
Y'est sûr de lui, y'est méthodique, y prend son temps
Y'est au service d'la mort, y connaît pas les sentiments
Ces derniers jours j'ai dû vieillir de quatre mille ans
En visitant de vieux souvenirs dont chu pas fier

Pour la paix avec ses regrets, ça prend du temps
Je me retrouve cent fois plus fatigué, trop fatigué mais moins amer
L'histoire du monde pis mon histoire sont mélangées
J'viens juste de r'vivre cent mille autres vies en une seconde
Toutes mes conneries pis l'ambition d'l'humanité
Ça r'vient au même, y'a pas d'coupable, y'a pas de honte
Mais chu heureux parce qu'au moins j'meurs l'esprit tranquille
J'vais commencer mon autre vie d'la même façon
J'vas avoir d'l'instinct, j'vas rester fidèle à mon style
L'entente parfaite entre mon coeur et ma raison
L'harmonica c'est pas un violon, c'est pas éternel
Et pis ça pleure comme si c'était conscient d'son sort
D'ailleurs à soir j'me permets d'pleurer avec elle (sic)
J'attends un peu, chu pas pressé, j'attends la mort




Au prochain saut

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