jeudi 27 décembre 2007

Le cent quatre-vingt-dixième saut de crapaud



Pour ce dernier saut de l'année 2007, le numéro 190, je vous offre un texte magnifique de France Théôret. Cette poétesse québécoise née à Montréal en 1942, membre du comité de direction de LA BARRE DU JOUR, est également cofondatrice du journal féministe LES TÊTES DE PIOCHE de même que du magazine culturel SPIRALE.

Avant de se consacrer uniquement à l'écriture, elle fut enseignante au Collège Ahuntsic.

Ce texte, intitulé LA MARCHE, est tiré de NÉCESSAIREMENT PUTAIN publié en 1980.



« Elle est là peut-être lorsqu'elle déploie vive toute sa richesse dehors. Elle est là comme, toujours comme, en tant que, voulant dire, s'arrêtant sur qui est là et s'ouvre extérieure d'un rêve retourné, elle se prête généreuse, elle s'offre globale, elle dépasse, elle émerge, elle signifie sans alourdir, elle présente, elle ne se raréfie d'aucune substance, elle éclaire, elle entraîne et réunit, elle voulant que ça soit et ça se fait, elle inclut, elle transparaît, elle par ce qu'elle allume sans contraindre, elle fardée ou non, elle au départ et à l'arrivée des choses, elle marche et ça se voit. Elle est d'une beauté sans régularité. Elle nuance toutes les gammes, elle prête à confusion, elle se prête en quelques minutes et fait tressaillir la honte comme si cette honte pouvait avoir honte. Et ce n'est pas la honte qui a honte, ce n'est jamais sur qui devrait rejaillir que ça rejaillit. La vie passée à éviter les éclaboussures. Elle n'est pas atteinte non plus. Elle marche légère et délestée de tout son poids. Elle sait sans avoir appris à marcher. Elle s'y prend d'un long pas à longueur de longues jambes. Les bras longs aussi. Elle démarche et déroule sur les trottoirs la cadence d'une qui a appris ailleurs où dont elle saurait qu'on ne demandera pas et qu'elle ne dira pas non plus. Elle prospecte constamment l'écho des choses, le plus souvent d'une pomme ou de quelques petits fruits parfois, elle demande un lait chaud. Elle ne s'empêtre pas des failles, elle a une haute stature sûre d'être un elfe et jamais sûre d'être rassurée, elle n'a nulle envie d'être assurée de quoi que ce soit, elle marche et autour ça passe dans la rue pleine des quatre heures de l'après-midi rue Saint-Laurent. Elle est la marche même d'une femme enfant haute et délestée de toute épaisseur. Elle repousserait plutôt que d'attirer, elle est pur vecteur, signe vivant que les mensonges existent. Les mensonges et même le meurtre sont là, ils grouillent et ils marchent en même temps qu'elle. On tue chaque jour quelqu'un, quelque chose en soi de l'autre. Elle est le détecteur du mensonge et du crime. Ça brûle de se révéler au fur et à mesure qu'elle passe. Elle porte des vêtements doux à chaque pas de plier sous son bras, sa jambe. Elle a l'honnêteté des morts qui se sont tus et la beauté des profils égyptiens. Elle garde la totalité pour la totalité. Elle ne peut morceler le corps et ne donne aucune envie au voyeur, elle fait corps avec les vêtements et c'est d'une telle richesse que sa minceur s'incorpore et fait tissu d'une robe, d'un manteau. Elle est nue même vêtue, il n'y a de surplus et d'empêtrements qu'ailleurs. Il n'y a pas de calcul non plus. Elle part d'un fruit, elle bouge d'un pas, elle grandit à chaque mouvement, elle ne se sépare pas, elle ne juge pas, elle voit dans ce qui ne se voit pas, elle se reflète sans doute dans la pupille des passants qui se referment aussitôt. Elle n'a d'autre raison d'exister que sa propre existence. Elle est faite de tout le calme et de tout le silence des meilleurs jours. Elle est le vêtement et la nudité, le maquillage et le visage constamment le mouvement. Elle est allant vers dont on ne connaîtra pas la destitnation, elle marche pour marcher, elle existe pour exister, elle informe sous chaque pression et prendrait racine partout et n'en prend aucune. Elle est doucement et fièvreusement mortelle. Sa délicatesse n'a rien d'un délice qu'on appelle ainsi, elle s'offre en mille éclats sans s'offrir et elle n'a jamais l'air de souffrir de tant s'ouvrir sans intérieur et sans extérieur. La ligne seulement et encore davantage faite pour l'oreille. Haute, elle est miniaturiste, elle a la délicatesse d'un jardin japonais cependant elle ne prend aucun service. Sauf d'exister et d'agir sans le savoir comme un révélateur de la violence humaine. On ne sait pas ce qu'elle peut manger de fruits ou boire de lait chaud encore qu'elle n'ait pas envie de faire l'éloge de l'anorexique. Elle est vêtue, elle porte un maquillage et dans l'amalgame dont on ne reconnaît jamais avec certitude les modes ou les provenances, elle échappe aux vêtements et au maquillage. Pareillement, elle est vêtement et maquillage d'un ordre sans ordre qu'on ne la voit jamais si irrésistible et qui amène en même temps toutes les résistances. Elle aménage sans aménager, incorpore sans incorporer, elle ne livre que le souffle. Pourtant, elle est profondément impudique et ouverte. Elle est l'impure même car sur elle résonnent les signes ambiants. Elle fait pour l'oeil caméra des coupures et n'a d'incidence autre que son unique déplacement. Elle inverse les signes. Elle chahute les impressions. Ni sauvage, ni apprise, trouée à même la ville. Tissu aussi. Elle est la place vive, le noeud et le heurt. Elle déplace des pensées, comme. D'une ligne faite de points. Les détails, les brûlures et les blessures. Sa solidité est bien réelle pourtant. Elle fait se produire ce qui se produit autour ça agite seulement et passe et fait tache comme le point lumineux signal de vibrations. Elle est le petit animal du rêve, la proie qu'on croirait fragile et friable. Elle ouvre les autres dimensions: grande, elle est lilliputienne et elle circule au dedans de l'oreille. Secrète et il n'y a pas plus offerte et impure. Elle est le rêve de lourdes mémoires incrustées sur le corps des passants. Toute violence et toute superstition disent leur nom devant elle. Proie elle n'a pas d'ombre. Globale. Elle est l'objet des rites et n'assiste jamais aux rituels. Elle est l'envers du monde mis au monde qui embrouille ainsi d'exister car à son tour, elle est grosse des mises au monde, de ce qui ne s'avoue pas, n'apparaît pas. Elle croit voir les failles et les brisures et s'en accommoderait si autour on avait du respect pour chacun ses blessures. Au point saillant, elle se vit profondément sur toutes surfaces. Elle privilégie la modulation et le dehors. Les couleurs ont partie liée avec la vie des plis. Elle s'en arrange de toutes qui informent et laissent place à la matière comme à la souplesse. La décoration, la substance et l'infini glissement du grand et du petit insufflent à chaque instant l'envie de résister et l'émotion qui regénère induit la séduction pour simplement continuer. Elle a des ventouses partout et partout elle poursuit une marche unique de vivante. Elle coïncide avec sa ligne, les quelques points téméraires et tenaces qui la rivent éphémère dans la ville. Elle, là, tout à fait superficielle. Poreuse et dangereusement opaque aussi. Inessentielle pour tout dire. Reflets. Elle arrive à point nommé. Elle s'offre gravement dans la certitude d'être mortelle à chaque pas. Elle porte les passants dans l'oreille.»

lundi 17 décembre 2007

Le cent quatre-vingt-neuvième saut de crapaud



















Le crapaud est revenu du sable, de la chaleur... revenu d'une semaine où ciel bleu et mer turquoise remplacèrent la grisaille montréalaise qui se préparait à ce que nous recevons depuis deux jours maintenant: vents, neige et froid.

Le choc, toujours brutal, entre 30 degrés et - 20 se prend une pelle à la main et une double paire de cache-oreilles...

Le temps de se retourner... et on se reparle!

J'oubliais, vous verrez que j'étais accompagné à Varadero de la plus belle femme qui se promenait sur l'île à ce moment-là: ma fille Catherine.

À bientôt et bonne neige!!!







lundi 3 décembre 2007

Le cent quatre-vingt-huitième saut de crapaud


Il neige ce matin. Si le dicton s'avère exact, celui qui dit que le «3» fait le mois... eh! bien il faut s'attendre à un décembre enneigé...

La porte d'entrée de la maison, sous déjà quelques centimètres de flocons accumulés, devra être déblayée. J'y verrai cet après-mdi, alors que l'on prévoit une accalmie. Je suis davantage attiré par ce programme installé sur le bureau de mon ordinateur et qui indique, en temps réel, le temps qu'il fait à... Varadero. Oui. Varadero, Cuba. Catherine et son papa qui répond parfois au patronyme de grand-père ou celui du crapaud, tous les deux partent vers le soleil et la mer, dans deux dodos et demi... Il fait, pour votre information, 22 degrés Celsius et le ciel est traversé de quelques nuages.

J'espère, enfin je me souhaite, qu'au retour de cette semaine de vacances, l'inspiration reviendra. En effet, depuis quelques mois, on peut vraiment dire que tout est à plat. Je travaille actuellement - je crois en avoir parlé déjà - sur un texte qui me donne du fil à retordre; en fait, c'est un peu comme si à chacune des fois que je m'y rends, je le complexifiais... Déjà qu'il n'est pas évident. De plus, j'ai découvert sur la magique grande toile un site où la poésie règne en absolue maîtresse. L'intéressant c'est qu'il s'agit là d'un lieu de rencontre pour poètes et poétesses, en fait pour des gens qui s'amusent à écrire des poèmes et se plaisent à recevoir une fois ceux-ci lus, des commentaires en provenance des autres membres. C'est tout à fait éclectique et de belles découvertes sont possibles. Il est préférable d'écrire des poèmes que de brandir des armes. Je me rends compte que j'y suis régulièrement - au point de laisser un peu ce blogue - et encore plus le site... Peut-être une transition menant vers on ne sait quoi!

Je vous laisse donc ce petit saut et vous promets qu'au retour de Varadero, nous devrions nous rencontrer plus souvent. Oh! oui, le fameux texte qui me donne à suer et dont je vous parlais, il finira bien par s'achever un jour et atterrir ici.

Bonne tempête de neige et à bientôt.

Si Nathan avait su (12)

Émile NELLIGAN La grossesse de Jésabelle, débutée en juin, lui permettra de mieux se centrer sur elle-même. Fin août, Daniel conduira Benjam...