mercredi 31 janvier 2007

Un saut particulier...

Un pour tous!
Tous pour une bonne cause!

Le 1 février 2007, participez à la plus grande mobilisation des citoyens
contre le Changement Climatique !

L’Alliance pour la Planète (groupement d’associations environnementales) lance un appel simple à tous les citoyens, 5 minutes de répit pour la planète: tout le monde éteint ses veilles et lumières le 1er février 2007 entre 19h55 et 20h00.

Il ne s’agit pas d’économiser 5 minutes d’électricité uniquement ce jour-là, mais d’attirer l’attention des citoyens, des médias et des décideurs sur le gaspillage d’énergie et l’urgence de passer à l’action !

5 minutes de répit pour la planète : ça ne prend pas longtemps, ça ne coûte rien, et ça montrera aux candidats aux élections législatives de juin 2007 que le changement climatique est un sujet qui doit peser dans le débat politique.

Pourquoi le 1er février ? Ce jour là sortira, à Paris, le nouveau rapport du groupe d’experts climatiques des Nations Unies. Cet événement aura lieu chez nos voisins : il ne faut pas laisser passer cette occasion de braquer les projecteurs sur l’urgence de la situation climatique mondiale.

Si nous y participons tous, cette action aura un réel poids médiatique et politique, quelques mois avant les élections ! (françaises ou québécoises... les 2!)

Faites circuler au maximum cet appel autour de vous et dans tous vos réseaux !

Faites-le aussi apparaître sur votre site Internet et dans vos news letters.

Contact/ information : Cyrielle, Les Amis de la Terre :00 33 1 48 51 18 95.

mardi 30 janvier 2007

Le cent quarante-neuvième saut de crapaud



Le crapaud a reçu, la semaine dernière, un courriel de sa fille Catherine, la mère d'Émile, Léa et Arthur. Je fus extrêmement touché par la qualité du texte réussissant à bien transmettre l'intensité du moment. Par la magie de l'écriture aussi; celle qui permet d'évacuer les peines, les inquiétudes et les petits riens, croit-on, mais qui installent au fond de soi une sorte de couche de non-dit ayant la malencontreuse tendance à durcir ou à devenir réfractaire aux énergies créatrices.

Le voici.

" Il arrive toujours vers la même heure, entre 22h30 et 23h00. Par contre, il s'infiltre doucement car il est sournois. Ça débute par un léger trouble du sommeil de mon grand garçon. Tranquillement, on sent qu'il chasse sans pitié les rêves de l'enfant. La respiration d'Émile devient légèrement plus bruyante.

Un ronflement espère-t-on? …sachant très bien nos espoirs vains dès que la toux creuse et profonde se fait entendre.

Alors une alarme retentit dans ma tête: il faut étouffer cette toux, l'empêcher de continuer. L'enfant commence à pleurer et se soumet aux multiples traitements que je lui administre : sirop, pastilles, tylenol, verre d'eau en succession folle. Je prie pour que cesse la toux.

Moment d'accalmie avant la tempête? La dose de tylenol a-t-elle assommée assez fort pour qu'il s'endorme les bronches ouvertes? Je retiens mon souffle en fixant l'horloge.

Quelques minutes plus tard, c'est lui. Il est bien là, enclenchant la panique dans les yeux d'Émile qui deviennent creux et violacés comme ceux du paternel. Je revêts instantanément mon habit de combat qui se trouve à être ma robe de chambre dans l'empressement. Les pompes déjà armées, je passe au bronchodilatateur, aux stéroïdes, je veux ouvrir les bronches, l'empêcher d'étouffer.

Moment d'accalmie. Ai-je trop attendu? Mon redoutable adversaire se nourrit de la peur d'Émile pour le suffoquer davantage. "Doucement mon homme, on respire doucement". Ma voix se veut la plus basse possible, tentant de forcer l'enfant à cesser de tousser pour m'entendre. Mais le stratagème ne leurre pas l'ennemi. L'air commence à manquer, trop de toussements et pas assez de répits pour reprendre son souffle. Je commence à manquer d'air pour lui.

Je dois sortir ma dernière carte. Si j'attends trop longtemps, elle ne sera plus valide. J'enroule mon trésor dans ma couette de duvet, je nous enfile rapidement des bas de laine roses abandonnés sur le plancher et en une fraction de seconde nous nous retrouvons sur la terrasse enneigée, juste devant le thermomètre extérieur affichant -23 degrés. Le vent me transperce instantanément les os. Je vérifie si tous les membres du paquet sont à l'intérieur de la couette.

L'attente. L'air glacé pénètre dans ses bronches. La panique s'apaise sous l'effet du vent froid s'engouffrant dans les poumons d'Émile. Un léger engourdissement s'installe. L'attente. Plus les minutes filent, plus les bronches s'ouvrent. J'ai froid. Mes mains endurcies par le froid peinent à retenir mon paquet qui s'alourdit de sommeil. Je ne peux crier triomphe, ma bouche est gelée. J'attends. Il est sournois le croup. "


On ressent l'inquiétude devant l'ennemi, l'assurance chez celle qui le combattra, la confiance chez l'enfant (Émile) s'en remettant à sa mère et la douce victoire à vingt-trois degrés sous zéro.

Comme il est rassurant de recevoir par la suite, en réponse au courriel de Catherine, celui de Loïse, celle signera affectueusement b.m., sans doute pour "belle-mère"...


Le voici.


" Très chère b
Je te lis du café internet de Tremblant...tout en respirant difficilement moi-même suite à ton histoire que ne sonne que trop véridique ! Quel ennemi redoutable que ce croup! Ton histoire ravive des souvenirs du père du jeune homme dont il est question.

Qu'est-ce que je te disais avant-hier....quand les hommes sont loin, que nous sommes les gardiennes du foyer patri-matri-familiale, il arrive toujours des péripéties pour nous énerver.

J'espère que ça va mieux aujourd'hui. Je vais t'appeler. Encourage-toi en te disant que le croup passe vers 5 ans....

Je t'embrasse,
Ta b.m."


Tout cela est trop beau que rien d'autre ne s'y ajoute.

Les complicités de mères procèdent de l'enchantement...

À bientôt


dimanche 28 janvier 2007

Le cent quarante-huitième saut de crapaud


28 janvier.


Il y a de ces dates qui ne s'effacent jamais de la mémoire. C'est peut-être cela l'âme... une date rappelant quelqu'un!


Il aurait eu quatre-vingt-sept ans aujourd'hui. Au moment d'écrire ces lignes, il m'est facile de dénombrer ceux et celles qui ont une pensée vers lui. Ce lui, ce mari, ce père et grand-père, Gérard.


Hier, je me disais que j'allais lui offrir ce texte. Ce matin, face au clavier qui pianote sous mes doigts, j'ai son image bien vivante à ma mémoire, au coeur. Je le revois, debout devant la fenêtre, attendant que nous arrivions. Avec Gérard, nous sommes ceux et celles qui arrivent. Toujours impatient, combien son besoin de nos présences était grand!


Manier le passé et le présent m'est diffcile. Je le ressens tellement... fleur de lys au coeur de l'hiver. Celui avec qui tout était perpétuellement nouveau. Même ses habitudes, la plus intense demeurant celle de nous espérer. Il en inventait de ces prétextes pour nous réunir! Et nous marchions là-dedans peu importe le temps, peu importe l'occasion. Tout était motif à réunion, à rassemblement pour cette "phratrie" à laquelle il a donné son nom.


Dire jusqu'où, Gérard, tu as marqué à l'encre indélébile du crayon qui fut ton outil de travail fétiche, marqué chacun et chacune d'entre nous, tes enfants premiers, les petits-enfants par la suite et par contumace les trois petits-petits-enfants que tu n'auras pas connus mais qui, eux, ont déjà tellement entendu parler de toi, l'illustre patriarche au coeur d'or, c'est beaucoup manquer de mots.


Tu es né en hiver et mort en été. À l'automne de ta vie, encore tu faisais jaillir le printemps dans nos espérances, celles d'un avenir à exécuter à force d'amour et de solidité. Ta foi était grande, se situait toujours dans cette profonde certitude que lorsque des gens vont dans le même sens, rien ne saurait les arrêter. Tu nous galvanisais tellement dans ces croyances mille fois répétées et entretenues que rien au monde ne saurait freiner l'immuable force de l'engagement envers une cause qui nous tient à coeur. Quelle qu'elle soit! Tu ne jugeais jamais, tu encourageais. Tu ne doutais jamais des gestes posés, tu les supportais.


Tu fus un père mais d'abord un homme inébranlable dans tes convictions. Comment nous surprendre de ce que nous sommes tous et toutes devenus. À ta ressemblance, les six enfants puis les sept petits-enfants et finalement, pour le moment du moins, les trois arrière-petits-enfants, sommes ta descendance et, s'en souvenant aujourd'hui, affirmons le demeurer à jamais.


Lors de tes funérailles, mon frère Pierre, digne et fier, s'est levé dans cette église de Douville, a marché, touchant au passage ton cercueil, et a lu ce texte que tu m'as inspiré. Je lui en suis reconnaissant d'avoir réussi à dire ces mots avec tout le panache nécessaire pour qu'ils résonnent à ce moment-là, et encore aujourd'hui. Le voici, une nouvelle fois redit.


" Comment écrire sur un homme qui fut notre père, celui qui vécut dans le plus profond silence de ses sentiments personnels, celui qui consacra toute sa vie à faire bleu et blanc autour de lui.


Tous, d'ici et d'ailleurs, de cette assemblée à toutes celles auxquelles il a participé, animées, provoquées et perpétuées, il nous vient à l'esprit un mot, une image, une parole de Gérard. Il nous reste maintenant à conserver dans notre mémoire ce qu'il avait de plus vivant et de plus précieux, ces moments qui nous le rendent aujourd'hui... immortel.


C'était un homme du Québec, ce fut un homme qui arpenta toutes les routes laurentiennes avec au coeur cette rage du pays que nous lui devons maintenant.
Encore je l'entends nous dire en février 1992:"Je ne peux pas partir avant d'avoir vu le pays." Il l'avait sur la peau ce pays bleu et blanc, il le cultivait jour après jour en fouillant l'actualité, en analysant systématiquement chacun des gestes aussi minimes fussent-ils de nos dirigeants, conservant bien en avant l'azimut de sa vie: le Québec libre.


Ce qu'il fut également: un homme libre. Qui aura payé cher cette différence que déjà, à l'âge où nous apprenions à lire et à écrire, lui, couché sous les grands chênes d'Arthabaska, il lisait LE DEVOIR.


Il a toujours lu LE DEVOIR et il nous le faisait lire parce qu'au moins, si nous ne suivions pas les traces de pas qu'il imprimait solidement jusqu'aux limites de l'horizon visible, LE DEVOIR nourrirait notre esprit et notre coeur.


Ce coeur qu'il avait, il était bleu et blanc. Ce coeur, il l'a toujours laissé aux autres, à toutes celles et à tous ceux qu'il aimait, et ils sont légion, que ce soit en terre québécoise ou française. Ce coeur d'où une générosité indicible fusait, aura été le dernier organe à le laisser parce qu'il en avait besoin, il en avait toujours besoin pour les autres.


Gérard, c'est un coeur et une mémoire fantastique. Aucun détail ne lui échappait, aucun événement ne pouvait passer inaperçu et ce fut principalement remarquable pour les affaires familiales auxquelles il est venu si tard... Que ce soit ses petits-enfants, ces sept merveilles du monde comme il se plaisait à le répéter... Que ce soit pour ses enfants que notre mère a réussi à garder autour avec une exceptionnelle persévérance, comblant ainsi l'absence que chacun à notre manière nous avons sentie... Que ce soit pour son père et sa mère qui sont venus le chercher samedi dernier... Que ce soit pour ses frères et ses soeurs qu'il a aimé retrouver dans la cuisine de Gentilly comme il le fit la veille de son ultime entrée à l'Hôtel-Dieu de Montréal... Que ce soit pour tous ses beaux-frères et belles-soeurs. ses innombrables amis et acolytes du mouvement nationaliste...


Un coeur, une mémoire, mais Gérard, pour nous et tous ses voisins de Saint-Hyacinthe, ce sera celui qui tôt, très tôt le matin, partait prendre l'autobus... celui qui le menait à Montréal. Souvent, et il ne le disait pas, cet homme était fatigué, les nuages s'alourdissaient au-dessus de lui et il avait peine à voir le bleu et le blanc au bout de son itinéraire. La maladie le guettait au bout de sa carrière, au début de sa retraite qui n'en fut jamais une, finalement.


Cet homme qui montait, qui descendait de l'autobus ramenait chez lui, avec son cortège de fatigues, des espérances combien nourrissantes sur ce que le Québec souhaitait.


Il aura eu deux familles... en bleu et en blanc.


Mon cher Gérard, c'est à ton tour de te laisser parler d'amour.


Si jamais vous voyez un vieil homme descendre d'un autobus, appelez-nous, c'est peut-être lui qui revient."


Les funérailles de Gérard eurent lieu le mercredi 12 juillet 1995.


Il y aura bientôt douze ans de cela. L'âge de Laurent. Et ce matin, je me demande comment il se fait que nous ne soyons pas à Douville, dans la maison familiale, à te regarder, te rappelant ce que si peu souvent nous t'avons dit: je t'aime.


jeudi 25 janvier 2007

Le cent quarante-septième saut de crapaud



Nous y reviendrons assez souvent. À ce Réjean Ducharme (ou Roch Plante, on ne sait trop...) qui en plus de se cacher semble maintenant se taire. Si nous faisons abstraction de TROPHOUX paru en 2004 et dans lequel livre on retrouve des compositions, des assemblages ou encore des collages d'objets héréroclites que Ducharme-Plante ramasse dans les rues de Montréal et sans doute ailleurs aussi, des rebuts de notre société de consommation, peu d'écriture depuis les GROS MOTS de 1999.



Né à Saint-Félix-de-Valois en 1941, Ducharme-Plante, après des études à Joliette et Montréal, part pour le Grand Nord avec l'aviation canadienne en 1962. Par la suite, il voyage au Canada, aux USA et au Mexique. Correcteur d'épreuves pour deux journaux de Montréal (Matin et Québec-Presse), il nous prépare L'AVALÉE DES AVALÉS, Prix du Gouverneur Général du Canada (1966) et mis en nomination pour le Goncourt. Suivront par la suite LE NEZ QUI VOQUE (Prix Littéraire de la Province de Québec en 1968), L'OCÉANTUME, LA FILLE DE CHRISTOPHE COLOMB, L'HIVER DE FORCE (Prix Canada-Belgique en 1974), LES ENFANTÔMES (Prix Québec-Paris en 1976), HA HA!... (Prix du Gouverneur Général en 1982 et en 1983, le Grand Prix Littéraire du Journal de Montréal), DÉVADÉ (Prix Alexandre-Vialatte en 1991), VA SAVOIR, GROS MOTS.



En 1990, il obtiendra le prix Gilles-Corbeil pour l'ensemble de son oeuvre. Comme si ce n'était pas assez, en 1991 le gouvernement du Québec lui remet le Prix Athanase-David pour l'ensemble de l'oeuvre. Finalement, en 1999, le Grand Prix national des lettres du ministère français de la Culture lui revient.



S'ajoutent aux romans, de nombreux textes de chansons écrites pour Robert Charlebois (1976), des pièces de théâtre de même que des scénarios de films. Nous nous souviendrons du film LÉOLO de Jean-Claude Lauzon fortement inspiré par L'Avalée des avalés.



Ce personnage secret n'aura jamais donné d'entrevues, ne se sera jamais présenté aux médias et qui sait ce qu'il advient de lui aujourd'hui.



" Je suis seule. Je n'ai qu'à me fermer les yeux pour m'en apercevoir. Quand on veut savoir où on est, on se ferme les yeux. On est là où on est quand on a les yeux fermés: on est dans le noir et dans le vide."



" Quand on n'a rien de fertile à dire, on devrait se la tenir fermée."



" Mais on regrette toujours pour rien, étant donné qu'on ne peut regretter qu'après."



" Quand je suis assise ailleurs que dans ma solitude, je suis assise en exil, je suis assise en pays trompeur."



" Quand je ne suis pas seule, je me sens malade, en danger. J'ai ma peur à vaincre. Pour vaincre la peur, il faut la voir, l'entendre, la sentir. Pour voir la peur, il faut être seul avec elle. Quand je perds ma peur de vue, c'est comme si je perdais connaissance."



" J'imagine toutes sortes de choses et je les crois, je les fais agir sur moi comme si elles étaient vraies. Il n'y a de vrai que ce que je crois vrai, que ce que j'ose croire vrai."



" Il faut trouver les choses et les personnes différentes de ce qu'elles sont pour ne pas être avalé. Pour ne pas souffrir, il ne faut voir dans ce qu'on regarde que ce qui pourrait nous en affranchir. Il n'y a de vrai que ce qu'il faut que je crois vrai, que ce qu'il m'est utile de croire vrai, que ce que j'ai besoin de croire vrai pour ne pas souffrir."



" Si presque tous les mots de cette nuit ont passé sur mes yeux comme l'eau de la mer sur les flancs d'un navire, les rares mots que j'ai retenus ont gravé dans mon esprit une marque indélébile."



" Je ne me sens en parfaite sécurité que dans une âme où il n'y a que moi, dans la mienne par exemple."



" Plus une illusion est clairement perçue, plus elle a l'air d'une réalité."



" Si je ne suis pas heureuse, c'est que je n'ai pas cherché à l'être."



" Il y a toujours, où qu'on soit, quelque chose de grand à entreprendre, quelque chose d'impossible à faire."



" Lire un livre prêté lie. Lisons et lions-nous."



"... la vie il n'y a pas d'avenir là-dedans, il faut investir ailleurs."



" ... en réalisant l'impossible on sort de sa situation impossible, on se hisse au-dessus des possibilités de sa condition."



Voilà pour aujourd'hui mais je vous promets que nous y reviendrons.



À bientôt




mardi 23 janvier 2007

Le cent quarante-sixième saut de crapaud

Traînent sur le lit de ta chambre une liasse de billets de vingt dollars. Cinq. Ça fait tout de même cent dollars. Assez pour qu'ils soient une invitation, si je me permets de regarder la situation avec les yeux d'un passé encore proche, à t'évader vers des paradis artificiels. Ceux qui ont garni ta vie depuis si longtemps. L'ont gâchée également.

Jamais, depuis le temps que je te connais, tu as laissé ainsi ce passeport vers la galère attendre bêtement sur un lit. Il t'amenait, après avoir réveillé des obsessions compulsives vers la poudre blanche. Et tu t'y lançais à corps perdu. À te perdre. Cela pouvait durer des heures mais plus souvent qu'autrement des jours... des semaines. Tu te plongeais tête première dans cette engelure du corps et de l'esprit qui n'avait pour mérite que de te faire oublier qui tu étais et que tu souhaitais détruire.

Pendant plus de six mois, dans une maison de thérapie où on t'a obligé à suivre un programme de réhabilitation, chaque instant que tu y as passé t'aura permis de mettre des mots sur cette vie dont il est bien simpliste de dire qu'elle ne te fût pas facile. Elle n'est pas facile pour personne, cette vie à laquelle on s'attache souvent malgré soi ou encore par manque d'espérance de la laisser, mais la tienne que je connais pour l'avoir vue passer et repasser tant de fois, cette vie tu t'es donné l'occasion de la dévisager, de l'affronter et de la remettre en action selon un nouvel ordre.

Rien n'est acquis pour toute personne présentant des problèmes de dépendance. Imaginons pour ceux dont la dépendance représente la seule présence réelle qui les accompagne! Rien n'est acquis sauf ce qui l'est. Et l'on acquiert bien ce que l'on veut en autant que des choix puissent se présenter, qui, une fois jaugés s'installent en soi et nous redéfinissent.

Six mois. Certains diront que cela représente bien peu de temps lorsque mis en perspective avec toutes ces années au cours desquelles consommer quotidiennement était le lot. On ajoutera qu'il est difficile de modifier des comportements, de bousculer des habitudes ou plus encore de changer carrément sa façon d'agir. Sans doute qu'il y a du vrai dans cela, mais lorsque c'est sa façon d'être que l'on transforme, revoir une liasse de vingt dollars sur un lit, le matin, vers la fin du mois, si la métamorphose n'est que superficielle ou artificielle, résister tient du prodige.

La dépendance aux drogues ou à tout autre substance de quelque nature que ce soit, c'est accepter que cela nous contrôle et que l'on échappe à notre propre contrôle. Il y a tellement de théories qui s'esquintent en hypothèses ou en vérités ex cathedra qu'à la fin, le plus important demeure encore "le dépendant", celui qui tente d'y voir là sa raison de plaisir, sa raison de vivre. Sauf, comme dans toute réalité humaine, le plaisir et la vie appellent leur contraire: la souffrance et la mort. La drogue ne serait-elle pas une manière d'affronter à petite dose l'angoisse de la souffrance de même que celle de la mort? Je ne le sais pas mais pour t'avoir vu et souvent accompagné sur ces routes poussièreuses, je serais porté à croire qu'elle n'est pas totalement innocente.

Lors de mon dernier voyage en France, je me suis donné l'occasion d'aller à l'Hôpital Marmottan situé dans le 17ième arrondissement de Paris, juste derrière l'Arc de Triomphe, là où le docteur Claude Olivenstein recevait des toxicomanes. Il n'y est plus maintenant. Usé et fatigué, il a pris sa retraite mais l'oeuvre lui survit et selon les mêmes paramètres qu'il y a installés voilà plus de trente ans. J'y fus reçu par les deux intervenants à l'accueil avec la même empathie et la même chaleur humaine que si j'y étais venu pour un traitement. Un homme et une femme, d'anciens patients qui connaissent bien la problématique et surtout cette espèce d'effarouchement qu'ils savent lire dans les yeux de celui ou celle qui arrive en quête d'aide. La rencontre fut chaleureuse alors qu'à l'extérieur une pluie d'automne tombait abondamment. Tu devais y être avec moi. Une solide rechute t'a plutôt dirigé vers ce centre en lieu et place de ce que j'appelle le centre du monde. Nous avons discuté durant au moins une heure. De toxicomanie oui, mais de misère humaine surtout. Celle que tout dépendant s'accroche sur le dos comme une peau de chagrin. J'en retiens un message. Fondamental. Celui du doc: le drogué ne peut pas être heureux. Il ne peut pas croire au bonheur parce qu'au fond de lui-même il alimente la certitude qu'il n'y a pas droit ou qu'il ne le mérite pas. Je pensais à toi tout au long de cet entretien yeux dans les yeux. Le câlin que nous nous sommes donné à mon départ, je l'ai reçu comme une injection d'espérance. Pendant ce temps-là, tu forais ton âme et tes angoisses. Là où la dépendance s'installe véritablement.

Réussir une thérapie, pour certains il faudra que l'opération se répète à quelques occasions, c'est être en mesure d'affronter sa gueule devant un miroir. Y découvrir sa valeur cachée sous des couches de faiblesses, sous des refoulements mille fois piétinés et principalement, je crois, sous cette croyance combien installée que l'on ne vaut pas la peine de se situer dans la communauté des hommes. Voilà peut-être pourquoi les centres de réhabilation insistent tellement sur la solidarité et l'importance de s'installer dans un réseau de fraternité humaine.

Je ne veux pas me prononcer sur le fait que la toxicomanie puisse se définir comme une maladie ou un penchant. Ce que je sais autant pour l'avoir vu se vivre devant moi que de l'avoir étudié dans le cadre du certificat en toxicomanie que nous avons suivi ensemble à l'Université de Sherbrooke, c'est que trois éléments cruciaux en font partie: la personnalité intrinsèque de l'individu, l'environnement et la substance. Les Américains dans leurs sempiternelles luttes qui ont des allures de guerres à la drogue se sont toujours attaqué à la substance afin d'enrayer ce qu'ils nomment "un fléau". Les échecs sont lamentables. Il vaut peut-être mieux prendre le parti que propose Olivenstein à savoir celui du "drogué", cet être humain aux ailes fêlées qui cherche à s'envoler et n'arrive bien souvent qu'à s'écraser aux pieds de ses rêves. De cet être déçu qui ne voit comme solution à son mal-être que de se détruire soi-même. Pas besoin d'en rajouter, il réussit parfaitement bien à se tuer autant physiquement que moralement.

Tes six mois sont maintenant terminés. Tu es rentré à la maison. Replacé ta chambre et tes affaires. Et pour une des rares fois dans ta vie, tu t'es souri à toi-même avec toute la candeur de celui qui est en convalescence... Tu parles maintenant de toi comme de quelqu'un que tu connais et, je crois, que tu aimes. Le passé est derrière toi et l'avenir repose dans tes mains, fragile et requerrant beaucoup de soins. Tu veux faire de toi celui que tu as découvert et ce que tu as trouvé après combien de déchirements, de pardon et d'espoir m'apparaît beau.

Tu es fier de toi. Tu as raison. Je ne suis pas celui qui te dira où tu dois aller parce que le chemin qui s'ouvre à toi, tu veux le suivre à la trace, gps à la main, dans l'autre un coffre à outils bien rempli.

À bientôt.


jeudi 18 janvier 2007

Le cent quarante-cinquième saut de crapaud

Les citations que je vous propose aujourd'hui sont d'un tout autre registre. Elles proviennent de l'oeuvre troublante de l'auteur russe Fedor Dostoïevsky. Né à Moscou le 30 octobre 1821, il mourra le 28 janvier 1881. Son père, médecin, était un être autoritaire qui fut assassiné par ses propres paysans. Sa mère mourut lorsqu'il était très jeune. En 1838, il entre à l'école d'ingénieurs de Saint-Petersbourg. Dès 1844, il se consacre à la littérature et écrit son premier roman qui portera le titre de Les Pauvres Gens. En 1847, il apprend qu'il souffre d'épilepsie au moment où il fréquente un cercle révolutionnaire. Emprisonné en 1849 pour ses engagements révolutionnaires, sa peine de mort fut commuée en exil dans un camp de travail en Sibérie. Suite à quatre années de réclusion, il revient à Saint-Petersbourg où, sur surveillance étroite, il abandonne le chemin révolutionnaire pour devenir extrêmement religieux et conservateur. La critique le considère comme un génie de la littérature russe surtout à cause de sa maîtrise incontestable du dialogue ainsi que que sa grande qualité d'analyse psychologique. CRIME ET CHÂTIMENT, L'IDIOT, L'ADOLESCENT, et LES FRÈRES KARAMAZOV figurent certainement parmi ses titres les plus réputés.

"La véritable sécurité se trouve dans la solidarité sociale plutôt que dans les efforts solitaires de l'individu."


"À présent, je prévois la suite, songea-t-il. Je me connais: je suis énervé, je vais discuter, m'échauffer, je m'abaisserai et j'abaisserai l'idée que je représente."


"Ne vous mentez pas à vous-même, voilà l'essentiel. Celui qui se ment à soi-même et qui écoute son propre mensonge en arrive à ne plus distinguer la vérité, ni en soi, ni autour de soi; il perd tout respect de soi-même et des autres. Ne respectant personne, il cesse d'aimer et, n'ayant plus d'amour en soi, pour s'occuper et se distraire il s'adonne aux passions et aux plaisirs grossiers, et dans ses vices devient bestial; tout cela parce qu'il ment sans arrêt, et aux autres et à soi-même. Celui qui se ment à soi-même est toujours le premier à s'offenser. Parce qu'il est doux quelquefois de s'offenser, n'est-ce pas? Voilà un homme qui sait parfaitement que personne ne l'a touché, qu'il s'est forgé lui-même de toutes pièces cette offense pour faire beau, qu'il a lui-même enjolivé pour créer tout un tableau, qu'il s'est à dessein accroché à un mot et d'un petit pois a fait une montagne, voilà un homme qui sait lui-même tout cela, et qui est cependant le premier à s'offenser, au point de jouir de ce sentiment, d'y trouver du plaisir, et ainsi il en arrive à la haine véritable..."


"... ayez moins honte de vous-même, car tout vient de là."


"Ah! si seulement j'étais sûr, en entrant dans une maison, qu'on m'y tient pour le plus charmant et le plus intelligent des hommes... Seigneur! quel brave homme je serais alors!"


"Pourquoi croire à tout prix ce que nous imaginons nous-même et comme nous avons décidé de l'imaginer?"


"Si ma vie avait dû s'arrêter à cet instant, je serais mort avec joie."


"... la douleur n'est pas le lieu de notre désir mais de notre certitude."


"... on ne peut aimer ce qu'on ne connaît pas..."


"Chacun ne peut juger que d'après soi-même. [...] La liberté sera entière quand il sera indifférent de vivre ou de ne pas vivre. Voilà le but de tout."


"Trouver n'est rien, c'est le plan qui est difficile [...]"


"Il y a des choses [...] dont non seulement on ne peut pas parler intelligemment, mais dont il n'est même pas intelligent de commencer à parler."


"Mon ami, la vérité vraie est toujours invraisemblable, le savez-vous ? Pour rendre la vérité plus vraisemblable, il faut absolument y mêler du mensonge."


"La meilleure solution serait de ne jouer aucun rôle, de montrer son propre visage, n'est-ce pas ? Il n'y a rien de plus astucieux que son propre visage parce que personne n'y croit."


"L'homme est malheureux parce qu'il ne sait pas qu'il est heureux ; uniquement à cause de cela."


"[Il] brûlait de se précipiter à l'incendie."


"[...] le vieux proverbe russe qui dit : " Tel qui creuse un fossé pour autrui, y tombe... lui-même."


"Je crois même que la meilleure définition de l'homme serait : créature à deux pieds et ingrate."


"[...] plus la tête d'un homme est vide et moins elle éprouve le besoin de se remplir."


"Oui, parfois la pensée la plus folle, la plus impossible en apparence, s'implante si fortement dans votre esprit qu'on finit par la croire réalisable... Bien plus : si cette idée est liée à un désir violent, passionné, on l'accueille finalement comme quelque chose de fatal, de nécessaire, de prédestiné, comme quelque chose qui ne peut pas ne pas arriver !"

Et l'on pourrait ainsi continuer durant des heures...


À bientôt




mercredi 17 janvier 2007

Le cent quarante-quatrième saut de crapaud

La maison est froide ce matin. Sans doute que la nuit le fut plus encore pour qu'un peu partout, de la cuisinette au bureau, on sente qu'une attaque a eu lieu. Au réveil, j'ai ressenti le besoin d'écrire. Tout de suite après avoir lu LE DEVOIR qui exhibait en première page le nombre impressionnant de morts chez les civils en Irak.

Les enfants emmitouflés du mieux qu'ils le peuvent s'en vont à l'école. Dans mon quartier, Hochelaga-Maisonneuve à Montréal, les enfants se rendent à pied apprendre à devenir des adultes. Les voyant marcher, collés les uns près des autres, dans des habits qui me semblent très peu appropriés pour la saison, je me demandais combien d'entre eux songent aux guerres qui sévissent dans le monde actuellement. Désirent-ils s'engager dans les forces armées? Prendront-ils, plutôt, l'étendard de la paix qu'ils brandiront à bout de bras afin de réclamer que cessent ces inutiles conflits? Sont-ils racistes? Je ne saurais le dire en remarquant que leur bouche servait plutôt à souffler dans leurs mains pour combattre les engelures.

Dans leurs classes au moment où j'écris ces mots, leurs enseignants/enseignantes abordent-ils avec eux les conflits qui empêchent d'autres enfants de leur âge de se rendre à pied à l'école? Nos jeunes sont plus intéressés, dit-on, aux jeux virtuels qui bien souvent consistent à faire la guerre, à tuer d'horribles bestioles ou des ennemis que d'entrée de jeu on identifie tout en leur rappelant que s'ils ne les abattent pas le risque que ce soit eux qui crèvent est très grand?

Leurs cache-oreilles sont des IPod desquels une musique "heavy metal" abrutissanteest crachée, risquant de les assourdir. Quelques fois, des fils les relient entre eux et leurs hanches bougent au même diapason. Comment peuvent-ils entendre autre chose alors qu'ils donnent l'impression d'offrir à leur cerveau toute la place à des mots puisés dans un réservoir où la violence règne en maîtresse absolue? Qu'est le monde pour eux? S'achève-t-il au bout du chemin refait mille fois matin/midi/soir, là où l'école se situe?

Ils ont froid, ce matin. Ne peuvent échapper à ce refroidissement éolien qui, tel un facteur pressé, les pousse dans le dos et allonge leurs pas. C'est par grappes inégales, de garçons et de filles que parfois on ne résussit pas à distinguer qu'ils avancent. Si, les filles me semblent beaucoup plus résistantes aux griffes de l'hiver. Elles sont vêtues plus courtement. Je vois une partie de leurs hanches s'offrant aux regards des gars et à la rougeur du vent. Souffrent-elles ou sont-elles purement insensibles au froid? Je me le demande. Leur poser la question serait une infamie. C'est ainsi semble-t-il et aucune mode ne peut changer la situation.

Et ils fument. Sans doute afin de pouvoir tester plus tard leur aptitude à arrêter. Je ne le sais pas. Les campagnes anti-tabac sont si nombreuses, si bien documentées que c'est à se demander s'il n'y a pas là une forme de bravade. Car il leur est interdit de se procurer des produits du tabac. Faut-il songer à une espèce de complicité parentale? Ils fument en marchant rapidement. Ça prend tout un système respiratoire pour réussir cela et en même temps goûter le picotement de la nicotine dans la gorge. Mais ils sont solides ou veulent le devenir.

Qu'y a-t-il de différent entre ces enfants/adolescents qui passent devant la fenêtre de mon bureau, sans jamais se retourner, et ceux qui en ce moment sont en Irak? En Afghanistan? Au Darfour? En Somalie? Ils ont le même âge? Ont-ils les mêmes rêves, les mêmes espoirs? Moins la froidure. Dans tous ces cas, l'école est-elle au bout de la rue? Du chemin? Ou bien, à la place du bruit cacophonique de la charrue qui pousse la neige afin que des gros camions la récupèrent, certains entendent-ils, les épaules remontées jusqu'au cou, la déflagration d'explosifs qui ne les pas empêchés, malgré tout, de partir vers l'école? Je ne le sais pas, mais je me dis que cela ne peut d'aucune manière les unir ou les souder. Ils sont trop loin et leurs préoccupations, aux antipodes. Je ne devrai pas me surprendre que le monde de demain puisse ressembler encore à celui d'aujourd'hui...

Mais il y a le soleil... Lorsqu'on le regarde sans tenir compte de l'endroit où sont posés nos pieds, les yeux dans les yeux, il est le même, ici et ailleurs. Là-bas où il n'y a pas de neige et de froid. Où je ne sais pas si les écoles sont au bout du chemin. Que des enfants qui vieillissent trop vite et nous rejoignent, nous ces adultes de janvier 2007 qui, maladroitement peut-être, tentons d'espérer que les chemins vers l'école ne soient pas semés de mines antipersonnel...

À bientôt

lundi 15 janvier 2007

Le cent quarante-troisième saut de crapaud

La voici, finalement ou enfin, cette neige qui s'est fait attendre jusqu'à la mi-janvier. Reste à voir si elle demeurera avec nous ou si un redoux ou une pluie viendront nous la reprendre comme si on rapportait un cadeau de Noël au "boxing day".


Avez-vous apprécié les citations du cent quarante-deuxième? En voici une autre pelletée... Elles sont toutes de l'écrivain allemand Hermann Hesse né le 2 juillet 1877 et décédé le 9 août 1962. Il reçoit le Prix Nobel de littérature en 1946. Ses oeuvres principales sont: Peter Camenzind, Rosshalde, Demian, Siddhartha, Le loup des steppes, Le Jeu des perles de verre. Étrangement, il aura influencé un groupe de rock (Steppen Wolf) qui lui emprunta le titre d'un de ses romans pour s'identifier.




" Lorsqu'on a observé un homme avec assez d'attention, l'on en sait sur lui plus que lui-même."

" La vie de chaque homme est un chemin vers soi-même, l'essai d'un chemin, l'esquisse d'un sentier."

"C'était là une première atteinte à la sainteté du père, un premier coup porté au pilier auquel mon enfance s'était appuyée, pilier que tout homme doit détruire, s'il veut devenir lui-même. C'est d'événements semblalbes, d'événements invisibles qu'est faite la ligne intérieure, la ligne véritable de notre destinée. On se remet d'un tel déchirement; on l'oublie, mais, au plus secret de nous-mêmes, la blessure continue à vivre et à saigner."

"L'adulte, qui a appris à transformer en pensées une partie de ses sentiments, déduit, du manque de ces pensées chez l'enfant, l'absence d'impressions de ce genre."

"Ah! je le sais aujourd'hui, rien ne coûte plus à l'homme que de suivre le chemin qui mène à lui-même."

"Lorsqu'un animal ou un homme tend toute son attention, toute sa volonté sur un but défini, alors il ne peut manquer de l'atteindre."

"Mais il n'est point de hasard. Lorsque un homme trouve une chose qui lui est nécessaire, ce n'est pas au hasard qu'il le doit, mais à lui-même. C'est son propre besoin, son propre désir qui la lui procure."

"Toute l'histoire du monde ne me paraît souvent rien d'autre qu'un livre d'images reflétant le désir le plus violent et le plus aveugle des hommes: le désir d'oublier."

"Si quelque chose de précieux et d'irremplaçable disparaît, nous avons l'impression de nous éveiller d'un rêve."

"C'est la loi de la servitude. Ce qui veut vivre longtemps doit servir. Mais ce qui veut dominer ne vit pas longtemps."

"Peut-être qu'après sa soif d'événements, l'homme n'en a pas de plus violente que d'oublier."

"Vous demandez si je vous connais? Mais, quel homme connaît-il les autres hommes, ou simplement lui-même?"

"Elle est justement cela, la vie, quand elle est belle et heureuse: un jeu. Naturellement, on peut faire d'elle tout autre chose, un devoir, ou une lutte, ou une prison, mais elle n'en devient pas plus belle."

"... les plaintes contre les autres et moi-même sortaient de moi comme l'eau d'une cruche brisée, sans espoir de réponse, par unique besoin de me libérer."

"... le désespoir est le résultat de toute tentative sérieuse pour comprendre et justifier la vie humaine. Le désespoir est le résultat de tout effort sérieux pour mettre sa vie en harmonie avec la vertu, avec la justice, avec la raison, tout en répondant à ses exigences. Les enfants vivent en deça de ce désespoir, les adultes au delà."

Voilà quelques magnifiques phrases de Hermann Hesse qui, à la lecture de Carl Gustav Jung, fit du chemin vers soi-même un de ses thèmes de prédilection.

À bientôt






samedi 13 janvier 2007

Le cent quarante-deuxième saut de crapaud

Puisque nous sommes maintenant dans une nouvelle version de Blogger, il ne m'est pas possible de corriger le dernier saut de crapaud que j'aurais dû numéroter cent quarante et unième et non quarante et unième.


Voilà pour la correction.

Passons maintenant à celui-ci qui détonnera un peu sur les autres car il contiendra - et plusieurs autres à venir lui ressembleront - des citations que je recueille depuis des années au fil de mes lectures. Malheureusement, je ne pourrai pas toujours vous donner l'oeuvre à partir de laquelle je les ai puisées.

Aujourd'hui...

"L'homme moderne ne se conçoit pas lui-même comme partie intégrante de la nature mais comme une force extérieure à dominer et conquérir celle-ci."


"Parler du futur est utile, à la seule condition que cela aboutisse à une action concrète dans le présent."


"La vraie vie est faite des tensions nées de l'incompatibilité des contraires, chacun d'eux étant nécessaire."


"Mais, alors que tout fanatisme trahit une faiblesse intellectuelle, un fanatisme portant sur les moyens à employer pour atteindre des objectifs parfaitement incertains est pure infirmité de l'esprit."


"Si l'on cultive systématiquement les vices humains, comme la cupidité et l'envie, on obtient inévitablement une régression de l'intelligence, pas moins. Quiconque est poussé par la cupidité ou l'envie perd la faculté de voir les choses comme elles sont réellement, de voir les choses dans leur intégrité et leur ensemble. Ses succès mêmes se transforment en échecs."


"Cultiver et multiplier ses besoins est l'antithèse de la sagesse. C'est aussi l'antithèse de la liberté et de la paix. Toute multiplication des besoins tend à augmenter la dépendance à l'égard de forces extérieures qui échappent à notre contrôle, et alimente par conséquent la peur existentielle. Ce n'est qu'en réduisant ses besoins que l'on peut encourager une authentique réduction des tensions fondamentalement responsables des luttes et des guerres."



Ces citations sont de E. F. Schumaker à partir de son livre "SMALL IS BEAUTIFUL" auxquelles j'ajoute celles-ci.




"Pour l'homme de la brousse qui ne sait pas compter au-delà de ses dix doigts, onze est un nombre inaccessible." Bernard Shaw


"L'expression propre et particulière à la pensée consciente est de pouvoir résoudre des problèmes." William James


"Placés devant le choix entre avoir à changer nos conceptions ou prouver qu'il n'est nul besoin de le faire, la plupart d'entre nous s'emploient à fournir des preuves." John Kennett Galbraith


"La meilleure façon de protéger une idée c'est encore d'inviter le monde entier à prouver sans cesse qu'elle n'est pas fondée." John Stuart Mill


"Si vous êtes quelque part à l'avant-garde, vous ne pouvez pas tout expliquer. Si vous saviez tout là-dessus, ce ne serait pas l'avant-garde." Karl Pribram


À très bientôt...

Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

  Trudeau et Freeland Le CRAPAUD ne pouvait absolument pas laisser passer une telle occasion de crapahuter en pleine politique fédérale cana...