En plein coeur de la campagne électorale LE CRAPAUD s'intéresse davantage au sort du club de hockey les Canadiens de Montréal, à ses surprenants succès, lui qu'on éliminait dès le début de la saison, aux résultats apparaissant selon certains, précoces, pour d'autres, inattendus, sachant tous pertinemment qu'au final ça se joue dans l'action, durant le temps de jeu et que les gestes surpassent les paroles.
Ce qui est intéressant avec nos Canadiens, en plus de toute l'histoire qu'ils charrient avec eux et qu'ils assument, les gloires aussi, ce sont les attitudes autant individuelles que collectives de ce groupe d'athlètes soudé comme une équipe doit l'être, c'est-à-dire appliquant tous les jours l'expression UNUS PRO OMNIBUS, OMNES PRO UNO - Tous pour un, un pour tous. Un groupe hétéroclite comme jamais dans son passé il le fut.
Tout aussi intéressant, cet appui quasi inconditionnel des partisans qui depuis avant Maurice Richard jusqu'à Nick Suzuki maintenant n'aura cessé de se conglomérer ; lui, assis près de l'autre, s'exprimant dans une même ou une autre langue ; ce partisan, cette partisane portant fièrement le jersey de Cole Caufield, ce jeune américian dont l'amour du public n'a jamais cessé malgré l'arrivée du jeune magicien sur glace, ce «virevolteur» américain à l'allure juvénile, qui impressionne en alimentant de passes savantes ce grand Finlandais qui semble devenir de plus en plus un Canadien pure laine...
Je pourrais continuer ce billet devant porter sur la politique pendant mille mots encore, mais je voulais tout simplement établir une sorte de parallèle entre le hockey et la campagne électorale fédérale qui s'achèvera le 28 avril prochain. Amusez-vous à choisir une équipe, qu'importe la couleur, faites des prédictions, monter une cédule, choisissez vos joueurs, intervertissez-les, faites des échanges s'il le faut, mais veillez surtout à protéger votre culture, votre structure et vos valeurs pour entrer dans la «game».
Le 16 avril, mon choix est déjà fait : entre le dernier match des Canadiens au Centre Bell les opposant aux Hurricanes et le débat des chefs en français, ça sera le match de hockey. Sans hésitation aucune. Je ne dis que le lendemain, curieux comme je suis, un regard rétrospectif sur les grands moments du débat ne m'y conduira pas. Sans rien prédire, il ne faut pas posséder la «tête à Papineau» pour s'attendre à une attaque à 4 contre 1 - le 1 étant monsieur Carney qui trône en haut des sondages d'opinion - la cible parfaite, la statue à déboulonner pour espérer que les choses bougent dans une autre direction. Tirer à boulets rouges sur le candidat libéral ne servira à rien puisque plus de 60% des électeurs ont déjà fait un choix et semble-t-il, irrévocable.
À ce moment-ci je tiens à revoir ma prédiction faite en début de campagne à l'effet que le prochain gouvernement sera minoritaire et dirigé par le Parti libéral du Canada.
En ce 10 avril, à moins de trois semaines du jour du vote, je corrige le tir :
le prochain gouvernement canadien
sera MAJORITAIRE et dirigé
par le PARTI LIBÉRAL DU CANADA.
J'annonçais, fort subtilement d'ailleurs, ne ressentant pas la fibre canadienne gargouiller dans mon intérieur, j'allais inévitablement voter pour le candidat du Bloc québécois dans ma circonscription. Je disais aussi ne pas être en mesure d'avoir une opinion sur le NPD et le Parti vert, raison invoquée, ignorance.
Je me suis amendé. Pour se faire, écouté la rencontre entre 3 journalistes de Radio-Canada et les 5 chefs des partis ayant au minimum un député élu au parlement fédéral, n'en déplaise à monsieur Bernier.
Langue de bois... lieux communs... lignes écrites à l'avance, surlignées et répétées jusqu'à épuisement des stocks... attaques dissimulées ou ouvertes... la liste s'allonge, mon intérêt s'amenuise. Jusqu'à l'arrivée du dernier, le chef du Parti Vert du Canada, Jonathan Pedneault. Rafraîchissant le type. Réaliste aussi. Il a remis en selle l'environnement qui dégringole de manière vertigineuse dans l'intérêt des électeurs ayant plus le nez collé sur le «here and now» que sur ce qui devrait, à mon point de vue, nous rassembler, l'avenir de la planète... notre avenir à venir.
Le 28 avril, ni le Bloc québécois ni le NPD ni le Parti vert, aucun de ces trois partis pourtant légèrement situés à gauche sur l'échiquier politique, aucun ne sera appelé à former le gouvernement, encore moins l'opposition officielle. Ils seront des miettes éparpillées ici et là dans l'ad mare usque ad mare, leur sera ainsi difficile d'agir peut-être... parfois... si l'occasion se présentera... réagir, mais ils continueront pour le premier à porter la voix du Québec dans le parlement sourd d'Ottawa, pour le deuxième possiblement devenu exsangue à promouvoir des mesures sociales qui ne se réaliseront jamais et le troisième, si par chance il pouvait s'en réchapper un - et je souhaiterais qu'il soit ce monsieur Pedneault - à nous rappeler que la planète chauffe et peut-être davantage maintenant que la situation étatsunienne se précise, que les forces revendicatrices seront de plus en plus étouffées par la fumée du charbon et les polluants atmosphériques... et notre apathique inaction.
Je vais voter Vert. Oui.
Par conviction ? Oui.
Surtout pour me rappeler encore et encore que c'est aujourd'hui que demain se construit.
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Jonathan PEDNEAULT |