samedi 31 mars 2007

Le cent soixante et unième saut de crapaud


Je tiens parole. D'autres citations de Réjean Ducharme devaient venir, eh! bien les voici. Les premières furent principalement tirées de L'AVALÉÉE DES AVALÉS, celles d'aujourd'hui de LE NEZ QUI VOQUE.


" Quel est celui de ces deux pronoms démonstratifs qui est le meilleur: cela, ça? Si c'est "ça", ne n'est pas "cela" et si c'est "cela" ce n'est pas "ça". "


" J'ai besoin des hommes. Je rédige cette chronique pour les hommes comme ils écrivent des lettres à leur fiancée. Je leur écris parce que je ne peux pas leur parler, parce que j'ai peur de m'approcher d'eux pour leur parler. Près d'eux je suffoque, j'ai le vertige des gouffres. Si j'ai peur de leur adresser directement la parole, ce n'est pas parce que je suis timide, mais parce que je ne veux pas rester embourbé dans leurs glaisières profondes, dans leurs abîmes marécageux. J'écris mal et je suis assez vulgaire.Je m'en réjouis. Mes paroles mal tournées et outrageantes éloigneront de cette table, où des personnes imaginaires sont réunies pour entendre, les amateurs et les amatrices de fleurs de rhétorique."


" Le mépris de soi-même justifié est une maladie dont personne ne se relève."


" Mais, hier, avant de m'endormir, j'ai eu de graves pensées sur les idées, ou (au choix) de graves idées sur les pensées. Les voici! L'idée n'est aussi immobile, impuissante et docile qu'on le croit; elle agit, engendre et ordonne; elle travaille et comporte son propre dynamisme; elle marche et marche toute seule. De plus, à l'instant de sa conception, l'idée se dédouble; c'est-à-dire qu'aussitôt née, elle s'emploie à sa matérialisation et à la matérialisation de l'idée opposée. Elle tend à la fois vers les deux pôles; et si nous ne la jugeons pas, ne la freinons pas, elle nous emporte avec elle dans les deux sens. Mais, chez la plupart des civilisés, il s'opère automatiquement, à la prise de conscience de l'idée, un choix, une violente révolte contre l'une ou l'autre des deux impulsions qu'elle provoque; ils pensent qu'il est fou de se donner à la fois au nord et au sud, à la droite et à la gauche, à la lenteur et à la rapidité. Chez les autres, d'esprit plus jeune, plus pur, moins sclérosé, la possibilité d'une double action en sens contraire est parfaitement claire, saisissable, logique et comprise. Pourquoi, en plus de se mouvoir et d'émouvoir dans son sens, l'idée se meut-elle et émeut-elle aussi dans le sens contraire? Parce qu'il est de la nature de l'âme, volonté créatrice avide, de se représenter spontanément sous forme d'idées toutes les possibilités qu'offre un objet à son action et de les vouloir toutes réaliser par le fait même. L'âme ne peut pas ne pas vouloir ce qu'elle se représente: il n'y a pas d'involonté. Quand on ne veut pas, on ne fait que ne pas faire ce qu'on veut faire. Cette explication n'élucide rien. Par exemple, j'éprouve à la fois le besoin de voir Chateaugué et celui de lui dire d'aller se faire pendre ailleurs. Mais, ce sont choses subtiles pour des civilisés. Mais, on comprendra peut-être se je dis qu'on éprouve, sous l'effet de deux impulsions simultanées nées d'une même idée, le besoin de faire le bien et le besoin de faire le mal. Mes pensées sont tellement graves et subtiles! Il a tellement peur de n'être pas compris et apprécié! Suffit!"


" Il croit qu'aimer est un verbe d'action: il ne sait pas que c'est un verbe d'état."


" Il n'y a pas d'injustice sur terre. Tout ce que s'attire un un être bon et innocent, c'est le dégoût et, conséquemment, le désespoir. Tout ce qu'elle s'attire, ce sont des tentations de corruption et des tentations."


" La plupart de ceux qui lisent ont entre neuf et seize ans. Les autres, ceux qui lisent entre vingt et soixante ans, lisent parce qu'ils n'ont pas pu franchir le mur de la maturité; ils sont assis à l'ombre du mur de la maturité avec un livre sur les genoux et ils lisent."


" Connaît-on l'histoire des pommes pourries dans le panier des pommes pures? Les pommes pourries finirent par pourrifier toutes les pommes pures. Il n'y a que les maladies qui soient contagieuses. Les pommes pures ne purifissent jamais les pommes pourries. Bientôt, vous serez tous pourris. Allez dire aux architectes de bâtir moins de places des arts et plus d'hôpitaux pour pourris mentaux."


" Mais attendre n'est pas vivre."


" Quand on est sorti de l'enfance, il n'y a pas moyen d'aller quelque part sans s'écoeurer."


" Est-ce que tu as vu les oignons dans "additionnions"? As-tu vu les lions dans "appelions"? As-tu vu la pomme dans "appelons"?"


" L'amour, ce n'est pas quelque chose, c'est quelque part..."


" C'est ça, être adulte. Tout ce qui était plat se met à creuser des abîmes sous tes pas. Tout ce qui était léger se met à t'écraser. De l'ère des rires et des chagrins, tu passes à l'ère des délires et des désespoirs. Ta vie devient vaste comme toute la vie. C'est tout. C'est ça."


" Les larmes des uns sont sans effet sur les larmes des autres."


" On tend l'oreille et on entend les astres marcher. Ils ne font pas plus de bruit que les plus petits poissons du monde en nageant. C'est la joie."


" Je ne comprends rien. Ne rien comprendre, c'est décourageant, exaspérant, très exaspérant. Il n'y a rien de plus infranchissable que la confusion qui règne dans ma tête. C'est comme ne rien comprednre à l'école. C'est comme lire un poème hermétique."


" Souvent, on sent qu'on comprendrait, qu'on frôle, mais que la lumière qu'il y a en nous n'est pas tout à fait assez forte pour bien éclairer tout. On n'est pas tout à fait assez fort pour comprendre, et on le sent."


" Pour comprendre tout à fait une seule chose, il faut tout comprendre."


" Tout est pris ensemble dans la vie."


 


Comment ne pas aimer ce Ducharme, dont le silence inquiète...


À bientôt.

mercredi 28 mars 2007

Le cent soixantième saut de crapaud



Au surlendemain des élections, voici que le crapaud reçoit les résultats qui méritent, avouons-le, un instant d'attention.
J'avais demandé de voter majoritairement pour un gouvernement minoritaire. C'est fait.

J'avais prévu un gouvernement minoritaire dirigé par le parti libéral. C'est également fait.

Je prévoyais une opposition dirigée par le parti québécois et la balance du pouvoir entre les mains de l'action démocratique du Québec, ici c'est l'inverse qui arrive.

Mes deux/trois chefs qui formaient le centre gauche de mon indécision hésitante ne sont pas dans le décor: tout va.

Et maintenant? Une fois le peuple refermant sa bouche, se frottant les mains comme après une besogne bien faite, le diésel des autobus/autocars transformé en gaz à effet de serre, les bureaux de votation redevenus des écoles ou des salles de bingo, les gagnants ayant achevé leurs mercis, les perdants de décortiquer ce qui n'a pas fonctionné, les journalistes se préparant pour la prochaine - fédérale cette fois-ci - , ne reste qu'une seule question: et maintenant?

Le crapaud ne peut pas ne pas se la poser. Et dans mon langage, la meilleure façon d'y répondre est ce poème. Caché, recroquevillé dans le fond d'un cahier, il attendait l'instant propice pour apparaître. Peut-être est-ce le moment!


Le voici.




serons-nous encore?


- des -

constructeurs de déconstructions
transformateurs d’inachevé
finisseurs de commencements
écouteurs de silences
lanceurs de vides


ou encore?

-des-
sons écrits de la même manière
écoutés de la même façon
des âmes débusquées par le hurlement d’immenses cris muets


ou encore?


-ces-

oiseaux-cerfs-volants accrochés aux glissements d’une corde à linge
notes de musique sur une portée chantant roque comme des poulies
oiseaux en volée fonçant à travers les moutons de la mer


ou encore?

-les-

mères
sachant lire entre les mots
que des chiffres ressassés
qu’elles répètent à ces enfants qui les firent mamans
n’exprimant plus la qualité que la quantité



ou encore?

-une-

maison fraîche

que le vent emplit d’ombres dessinées sur les feuilles fouinant aux fenêtres


… nous ne serons peut-être

ou encore
que des espaces disconvenus
incompatibles
pliés sous vide


… l’amour n’est que de la nostalgie remise à jour…


À bientôt.

mercredi 21 mars 2007

Le cent cinquante-neuvième saut de crapaud




Il m'est arrivé souvent, au cours de mes lectures, de noter une idée, une phrase, parfois même un paragraphe de quelqu'un qui m'était illustrement inconnu. Dans ma paresse de crapaud, je ne suis pas allé plus loin que le nom et pas recherché qui se cachait derrière la citation. Ce matin, je vous en offre une petite quantité. Faites-moi savoir si vous connaissez ces personnages et je vous serai fort reconnaissant.

" Celui qui ne sait pas se fâcher est un sot, mais celui qui ne veut pas se fâcher est un sage." William Scarborough

" Qui n'a pas le contrôle de lui-même n'a pas la sagesse et qui n'a pas le contrôle de lui-même n'a pas le pouvoir de se concentrer; et s'il ne peut se concentrer il n'aura pas la paix. Et celui qui n'a pas la paix, comment parviendra-t-il au bonheur?" Bhagawadgita

" Les grandes découvertes sont dues à la réflexion personnelle s'exerçant sur un fonds de connaissances." Armand Danjoy

" Si vous ne savez pas où aller, vous arriverez probablement ailleurs." R.F. Mager

" Il est plus facile d'acheter un livre que de le lire, et plus facile de le lire que de le comprendre." William Osler

" Lorsque tout va bien dans ta vie, ne crains pas de dire: ... grâce à moi... Mais n'hésite pas à dire: ...mea culpa... lorsque tout va mal." Jean-Paul Carle

" L'Homme ne peut pas vivre sans feu, et l'on ne fait pas de feu sans brûler quelque chose." René Daumal

" Tant que nous n'avons pris conscience de ce qui est véritablement notre réalité, nos idéaux et nos finalités ne sont que la projection de nos insuffisances et de nos incapacités. On ne peut avancer qu'en ramenant l'idéal sur terre, qu'en remettant sur ses pieds le système des rapports humains: réalité d'abord, l'idéal ensuite." Michel Crozier

" Après le non final vient un oui. Et de ce oui dépend l'avenir du monde." Wallace Stevens

" Si on traite un individu comme il est, il restera comme il est. Mais si on le traite comme s'il était déjà ce qu'il devrait être ou pourrait être, alors il a des chances de le devenir." Mildred Newman / Bernard Berkowitz

" Les personnes humaines ne sont pas comme des fruits dont on jette le coeur après s'en être nourri." Guy Durand

" La nature nous a donné deux oreilles et seulement une langue afin de pouvoir écouter davantage et parler moins." Zénon d'Élie

" Le doute est le remède qu'enseigne la sagesse." Publiluis Syrus

" Si tu rencontres Dieu, tue-le. Ce n'est pas lui." Boddhidharma



Et cette dernière d'un certain Eric Hoffer pourrait s'avérer intéressante en période électorale:

" Quand les gens ont la possibilité d'agir à leur guise, ils choisissent généralement d'imiter les autres."

Bonne lecture

lundi 19 mars 2007

Un saut inhabituel!

Le crapaud saute rarement dans la mare politique. Puisque le Québec se retrouve à une semaine du rendez-vous électoral, que chaque citoyen est convié à exercer son droit de vote suite à une longue et profonde réflexion sur les enjeux en présence, le crapaud s'y aventure...
Je suis un indécis hésitant. Indécis car il reste encore deux formations qui se disputent mon suffrage; hésitant car il reste encore deux formations qui pourraient recevoir ledit vote et qu'un jour je penche pour un, le lendemain l'autre...
Le Parti Vert et Québec Solidaire. Je peux donc me définir comme étant un vert solidaire...
Deux jours après la Saint-Patrick, journée verte par excellence et en cette journée de la Saint-Joseph, exista-t-il un homme plus solidaire que lui dans toute l'histoire des personnages célèbres qui vécurent sur cette terre? nous voici donc à une semaine de l'ouverture des bureaux de votation. Déjà, certains de nos concitoyens se sont prévalus de la possibilité d'anticiper ce jour et de voter, soit hier ou aujourd'hui.
Parlons d'abord de la campagne électorale. Avouons qu'elle fut longue à démarrer, les autocars/autobus roulant sans doute au diésel ont pris le chemin qui allait les mener aux quatre coins du Québec. Certains coins se voyant davantage favorisés par rapport à d'autres, sans doute que c'est par là que des choses peuvent arriver. Je pense ici à la grande région de Québec, la Captiale Nationale, là où à la dernière élection fédérale, le bât blessa. On n'allait pas se faire prendre deux fois! D'un commun accord des trois chefs officiels (mes deux/trois chefs qui forment mon indécision hésitante n'étant pas invités) le grand débat s'y déroula...
Avant celui-ci, je dois avouer que nous nagions dans des eaux connues où les attaques mutuelles avaient une odeur de déjà vu. Avant celui-ci, les sondages ne nous surprenaient pas outre mesure. Il est normal que chez le bon peuple on veuille faire sentir aux forces en présence qu'une forme de mécontentement règne et que ces forces doivent s'aiguiller sur ce qui intéresse vraiment les gens, sinon... les urnes parleraient, et fortement d'ailleurs. Sans doute ce qui explique le montée de l'ADQ, la stagnation du PQ et une espèce de dégringolade du PLQ.
Au Québec, il est presque de tradition de donner la chance au coureur, c'est-à-dire un deuxième mandat au gouvernement. Voilà que l'on risque de s'éloigner de cette coutume. Ce qui m'amène à regarder les partis en présence. Le Parti Libéral du Québec qui formait le gouvernement sortant a à sa tête Jean Charest, un ex-chef du Parti Conservateur du Canada. Il est Premier Ministre du Québec depuis avril 2003 et solicite le fameux deuxième mandat. Davantage conservateur que libéral, il a réussi à mener son gouvernement au plus profond taux de mécontentement de l'histoire moderne du Québec. Ses législations ont soulevé des tollés - comme tout tollé, une fois soulevé il retombe aussi vite - parmi plusieurs couches sociales de la population, au point qu'il est difficile de cibler ceux qui n'ont pas été atteints par sa gestion néo-libérale (c'est de l'ancien conservatisme revu et corrigé) des finances publiques.
Mario Dumont, chef de l'Action Démocratique du Québec - un autre parti issu d'un schisme à l'intérieur du Parti Libéral du Québec, l'autre étant le Parti Québécois - malgré son jeune âge, est celui des trois chefs (on peut ajouter les autres, ça fonctionne tout de même) qui a le plus d'expérience à l'Assemblée Nationale. Dumont démontre parfaitement bien que jeunesse ne rime pas avec avant-garde. Populiste, de droite, réactionnaire, Mario Dumont survole les dossiers en leur apportant des réponses ou des solutions qui défient l'intelligence. Il nous prouve que pour diriger les affaires publiques, ça prend tout ce qu'il ne possède pas, c'est-à-dire de la perspective. Ce qui le caractérise, en fait c'est plus simple: j'écoute le mécontentement et je le répète, en brandissant des solutions réductrices tout en affirmant être le digne représentant de la classe moyenne. Pas beaucoup d'avenir, mais de fortes chances de mêler les cartes.
André Boisclair, le chef du Parti Québécois, se voulait le porte-drapeau de la jeunesse, d'idées jeunes et modernes. En fait, nous découvrons une coquille vide qui, lorsque ça va moins bien, retrouve un discours, avouons-le plutôt ambigu, passéiste auquel peu de gens semblent encore attachés. On attendait au PQ du renouveau en élisant Boisclair. Ils ont récolté une image qui malheureusement n'aura pas tenue la route. Un programme de plus en plus emmêlé qui a comme seul mérite de se situer moins à droite que les deux autres.
Ne restent que mes deux/trois chefs. D'entrée de jeu, j'avoue qu'ici ce ne sont pas les chefs qui intéressent, ce sont les horizons qu'ils exploitent. D'un côté, la voie de l'environnement; de l'autre, la voie citoyenne. Comme une élection a pour objectif ultime l'élection d'un gouvernement qui saura nous organiser durant les quatre prochaines années, mes deux/trois chefs et leur Parti Vert et/ou Québec Solidaire, d'autre part, n'ont aucune chance (les sondages le démontrent également) d'aller aussi loin que leurs amibitions le souhaitent.

Voilà pourquoi, aujourd'hui, le crapaud qui s'amuse dans cette mare politico-électorale lance une grande invitation à tous les Québécois et à toutes les Québécoises qui n'ont pas encore voté: d'abord, de le faire... et ensuite de voter de manière à ce qu'un gouvernement minoritaire en ressorte.



VOTONS MAJORITAIREMENT POUR UN GOUVERNEMENT MINORITAIRE.



Comment fait-on cela, me demandera-t-on? Très simple. Voici la recette:
1) vous devez vous rendre voter;
2) vous devez bien connaître tous les candidats en présence;
3) vous devez savoir lequel est l'ancien député de la circonscription;
4) vous devez savoir lequel des candidats a le plus de chance d'être élu;
5) vous devez NE PAS VOTER POUR LUI/ELLE;
6) vous devez ne pas voter pour celui qui risque de passer si vous ne votez pas pour celui qui a le plus de chance d'être élu;
7) vous devez alors voter pour le troisième.
Voici un exemple plus ou moins concret.
Dans mon comté de Hochelaga-Maisonneuve, celui où actuellement madame Louise Harel en est la députée sortante (elle entre et sort depuis 25 ans, faut le faire...). Elle a bien des chances d'être réélue. Donc, si nous appliquons le modèle du "VOTONS MAJORITAIREMENT POUR UN GOUVERNEMENT MINORITAIRE" vous ne devez pas voter pour elle. Ni pour le candidat de l'ADQ (désolé, je ne connais pas son nom, mais c'est un disciple de Mario Dumont...) car il serait celui qui a le plus de chance d'être élu si ce n'était pas madame Harel. Donc, votre vote devrait s'acheminer vers le troisième candidat, à savoir le Libéral (désolé, je ne connais pas son nom, mais c'est un monsieur qui se tient le menton - Mentons!, le solgan libéral - ).
Ainsi, si ma méthode est bonne, nous élirions dans Hochelaga-Maisonneuve un député libéral et dans les autres comtés du Québec, ça basculerait tellement que nous en arriverions à un gouvernement minoritaire.
Ici, je vous entends me dire que moi-même j'aurais de la difficulté à bien respecter la démarche. En effet. Étant un indécis hésitant vert solidaire, ne connaissant pas parfaitement bien le nom de tous les candidats de mon comté, je suis bien mal placé pour élaborer ma théorie et l'appliquer. Ceci n'est pas grave, seuls les résultats comptent.
Je termine donc en me lançant dans des prédictions:
1) Le Québec élira un gouvernement minoritaire;
2) ce gouvernement minoritaire sera libéral;
3) l'opposition sera dirigée par le PQ;
4) l'ADQ se verra confier la balance du pouvoir;
et 5) mes deux/trois chefs ne seront pas de la partie...
Mais je dois avouer que j'hésite encore dans mon indécision...
Bon vote!

mardi 13 mars 2007

Le cent cinquante-huitième saut de crapaud



Je vous offre aujourd’hui quelques proverbes/adages… voyez les définitions qu’en donne le cher Robert... qu’avec le temps j’ai recueillis à gauche et à droite. Il est des temps dans la vie où ils sonnent davantage. Peut-être qu’en cette journée de débat des chefs (c’est campagne électorale au Québec jusqu’au 26 prochain) certains énoncés vous ou leur parleront-ils?


Adage : Maxime pratique ou juridique, ancienne et populaire.

Maxime : Règle de conduite, règle de morale.

Proverbe : Formule présentant des caractères formels stables, souvent métaphorique ou figurée et exprimant une vérité d’expérience ou un conseil de sagesse pratique et populaire, commun à tout un groupe social.

Se retrouvent dans la même catégorie sémantique, les mots suivants : aphorisme, apophtegme, dicton, formule, parémiologie, pensée, précepte, sentence…


Lorsque deux personnes font la même chose, en fin de compte, ce n’est pas la même chose.
Adage romain

Il est difficile à un homme rassasié de croire qu’un autre a faim.
Proverbe africain

Le mouvement est naturel, il s’élève spontanément. Aussi la transformation de l’ancien devient simple. L’ancien est abandonné et le nouveau introduit. Ces deux mesures interviennent en accord avec l’époque; ainsi, il n’en résulte pas de mal.
le Yi Ching chinois (ou) Livre des changements

Ne limitez pas vos enfants à ce que vous avez appris, car ils sont nés à une autre époque.
Proverbe hébreu

En parlant peu, tu entends davantage.
Proverbe russe

On apprend peu par la victoire, mais beaucoup par la défaite.
Proverbe japonais

Nous marchons trop vite sans voir les paysages de notre vie et sans regarder sur la route des hommes qui nous tendent la main.
Auteur inconnu

Il y a deux sortes d’hommes, ceux qui subissent le destin, et ceux qui choisissent de le subir.
Le Coran

L’obscurité s’attache à ce qui est lumineux et en parachève ainsi la clarté.
Yi-King

Si tu n’es pas capable de purger ta peine, ne commets pas le crime.
Dicton de la pègre

… les sages ne s’apitoient ni sur les morts ni sur les vivants.
Krishna

Un jour j’ai rêvé que j’étais un papillon, et à présent je ne sais plus si je suis Tchouang-tseu qui a rêvé qu’il était un papillon ou bien si je suis un papillon qui rêve que je suis Tchouang-tseu.
Tchouang-tseu (350 ans av.J.-C.)

Je me sens parfois comme une feuille sur un torrent. Elle peut tournoyer, tourbillonner et se retourner, mais, elle va toujours vers l’avant.
Daniel Boone

À bientôt

vendredi 9 mars 2007

Le cent cinquante-septième saut de crapaud


L'automne dernier, à Paris, je me suis offert le plaisir d'aller prendre un café au Deux Magots. À quelques mètres d'où nous étions assis, mon frère et moi, tout au fond en dessous du miroir, la table de Sartre et de Beauvoir. Je les imaginais, cigarette au bec, discutant sans trop se regarder, côte à côte et peut-être, la même tasse dans laquelle le garçon venait de nous servir le nôtre... quelques années plus tard. À ce moment, un texte de La Nausée me trottait en tête. Que j'ai retrouvé et qui fera le cent cinquante-septième saut du crapaud.



- " Monsieur Achille est heureux comme il n'a pas dû l'être depuis longtemps. Il bée d'admiration; il boit son Kyrr à petites gorgées en gonflant ses joues. Eh bien! Le docteur a su le prendre! Ce n'est pas le docteur qui se laisserait fasciner par un vieux toqué sur le point d'avoir sa crise; une bonne bourrade, quelques mots brusques et qui fouettent, voilà ce qu'il leur faut. Le docteur a de l'expérience. C'est un professionnel de l'expérience: les médecins, les prêtres, les magistrats et les officiers connaissent l'homme comme s'ils l'avaient fait.


J'ai honte pour M. Achille. Nous sommes du même bord, nous devrions faire bloc contre eux. Mais il m'a lâché, il est passé de leur côté: il y croit honnêtement, lui, à l'Expérience. Pas à la sienne, ni à la mienne. À celle du docteur Rogé. Tout à l'heure M. Achille se sentait drôle, il avait l'impression d'être tout seul; à présent, il sait qu'il y en a d'autres dans son genre, beaucoup d'autres: le docteur Rogé les a rencontrés, il pourrait raconter à M. Achille l'histoire de chacun d'eux et lui dire comment elle a fini. M. Achille est un cas, tout simplement, et qui se laisse aisément ramener à quelques notions communes.


Comme je voudrais lui dire qu'on le trompe, qu'il fait le jeu des importants. Des professionnels de l'Expérience? Ils ont traîné leur vie dans l'engourdissement et dans le demi-sommeil, ils se sont mariés précipitamment, par impatience, et ils ont fait des enfants au hasard. Ils ont rencontré les autres hommes dans les cafés, aux mariages, aux enterrements. De temps en temps, pris dans un remous, ils se sont débattus sans comprendre ce qui leur arrivait. Tout ce qui s'est passé autour d'eux a commencé et s'est achevé hors de leur vue; de longues formes obscures, des événements qui venaient de loin les ont frôlés rapidement et, quand ils ont voulu regarder, tout était déjà fini. Et puis, vers les quarante ans, ils baptisent leurs petites obstinations et quelques proverbes du nom d'expérience, ils commencent à faire les distributeurs automatiques: deux sous dans la fente de gauche et voilà des anecdotes enveloppées de papier d'argent; deux sous dans la fente de droite et l'on reçoit de précieux conseils qui collent aux dents comme des caramels mous. Moi aussi, à ce compte, je pourrais me faire inviter chez les gens et ils se diraient entre eux que je suis un grand voyageur devant l'Éternel.


...


Seulement voilà, on m'a trop embêté avec ça dans ma jeunesse. Je n'étais pourtant pas d'une famille de professionnels. Mais il y a aussi des amateurs. Ce sont les secrétaires, les employés, les commerçants, ceux qui écoutent les autres au café: ils se sentent gonflés, aux approches de la quarantaine, d'une expérience qu'ils ne peuvent pas écouler au dehors. Heureusement ils ont fait des enfants et ils les obligent à la consommer sur place. Ils voudraient nous faire croire que leur passé n'est pas perdu, que leurs souvenirs se sont condensés, moelleusement convertis en Sagesse. Commode passé! Passé de poche, petit livre doré plein de belles maximes. "Croyez-moi, je vous parle d'expérience, tout ce que je sais, je le tiens de la vie." Est-ce-que la Vie se serait chargée de penser pour eux? Ils expliquent le neuf par l'ancien - et l'ancien, ils l'ont expliqué par des événements plus anciens encore...: au bout du compte, ils n'ont jamais rien compris du tout... Derrière leur importance, on devine une paresse morose: ils voient défiler des apparences, ils baîllent, ils pensent qu'il n'y a rien de nouveau sous les cieux. "Un vieux toqué" - et le docteur Rogé songeait vaguement à d'autres vieux toqués dont il ne se rappelle aucun en particulier. À présent, rien de ce que fera M. Achille ne saurait nous surprendre: puisque c'est un vieux toqué!


Ce n'est pas un vieux toqué: il a peur. De quoi a-t-il peur? Quand on veut comprendre une chose, on se place en face d'elle, tout seul, sans secours; tout le passé du monde ne pourrait servir de rien. Et puis elle disparaît et ce qu'on a compris disparaît avec elle.


Les idées générales, c'est plus flatteur. Et puis les professionnels et même lesa amateurs finissent toujours par avoir raison. Leur sagesse recommande de faire le moins de bruit possible, de vivre le moins possible, de se laisser oublier. Leurs meilleures histoires sont celles d'imprudents, d'originaux qui ont été châtiés. Eh bien oui: c'est ainsi que ça se passe et personne ne dira le contraire. Peut-être M. Achille n'a-t-il pas la conscience très tranquille. Il se dit peut-être qu'il n'en serait pas là s'il avait écouté les conseils de son père, de sa soeur aînée. Le docteur a le droit de parler: il n'a pas manqué sa vie: il a su se rendre utile. Il se dresse, calme et puissant, au-dessus de cette petite épave; c'est un roc.


Le docteur Rogé a bu son calvados. Son grand corps se tasse et ses paupières tombent lourdement. Pour la première fois, je vois son visage sans les yeux: on dirait un masque de carton, comme ceux qu'on vend aujourd'hui dans les boutiques. Ses joues ont une affreuse couleur rose... La vérité m'apparaît brusquement: cet homme va bientôt mourir. Il le sait sûrement; il suffit qu'il se soit regardé dans une glace: il ressemble chaque jour un peu plus au cadavre qu'il sera. Voilà ce que c'est que leur expérience, voilà pourquoi je me suis dit, si souvent, qu'elle sent la mort: c'est leur dernière défense. Le docteur voudrait bien y croire, il voudrait se masquer l'insoutenable réalité: qu'il est seul, sans acquis, sans passé, avec une intelligence qui s'empâte, un corps qui se défait. Alors il a bien construit, bien aménagé, bien capitonné son petit délire de compensation: il se dit qu'il progresse. Il a des trous de pensée, des moments où ça tourne à vide dans sa tête? C'est que son jugement n'a plus la précipitation de la jeunesse. Il ne comprend plus ce qu'il lit dans les livres? C'est qu'il est si loin des livres à présent. Il ne peut plus faire l'amour? Mais il l'a fait. Avoir fait l'amour, c'est beaucoup mieux que de le faire encore: avec le recul on juge, on compare et réfléchit. Et ce terrible visage de cadavre, pour en pouvoir supporter la vue dans les miroirs, il s'efforce de croire que les leçons de l'expérience s'y sont gravés."



À bientôt

Un peu de politique à saveur batracienne... (19)

  Trudeau et Freeland Le CRAPAUD ne pouvait absolument pas laisser passer une telle occasion de crapahuter en pleine politique fédérale cana...