une main ouverte
sanglante de mille taches blanches
d’un million de sillons bleus
se détache une marionnette-fantôme noire
,un petit reliquaire enchâssé sous les ongles
tout se meut
au bout d’une main blanche
ouverte
de l’ouverte main blanche
deux jonquilles se referment
puis s’effritent
quatre
bagues
en jonc
encorbellement
la grande porte se referme
emmurant huit cancers en phase terminale
qui s’attristent à mourir
et guettent la dernière pelletée de terre
la grande porte refermée
devant derrière emmêlés
ne restent plus que les bruits
des grands airbus décollés
grafignant le ciel
y semant des traces diaphanes
que mangent les oiseaux
devant cette porte qui s’est refermée
debout et vivantes se tiennent
les images que le temps a figées
pattes d’oie et ridules
sous des mains croches
telles des ondes doucement exposées
derrière la porte que l’on a refermée
le nord en sud se change
bouleverse le vent sur les feuilles
puis recule
dans une grande poussée en avant
la porte-fantôme
qu’un mur a fait s’éclater
n’a de visible
que cette poignée de terre en cendres
au cimetière des feuilles mortes
la mémoire des choses à venir
oublier
avoir déjà oublié
ce qui s’est passé
il y a une minute
une heure
une journée
cela arrive
découper mieux ce qui vient que ce qui s’en va
avec davantage les pieds sur terre
la tête vers le ciel
cela se fait
tous les sept heures ne sont pas les mêmes
comme les putains de la rue Ontario
qui trottent sous la chaleur
ventilateur essoufflé à la fenêtre d’un alcôve chaud
et
cela défait le lit
une langue noire tatoue
sur le froid du trottoir
un
je t’aime
rouge aux lèvres
noir aux yeux
bleus aux bras
vert espéré
un trou dans la mémoire
cela s’emplit
la mémoire des choses à venir
cela résiste au temps
tout comme le ciment de la rue, aux cœurs
Bonne fin de février...