mardi 27 février 2007

Le cent cinquante-sixième saut de crapaud



Voici trois poèmes qui n'ont que très peu de lien entre eux. Pour ceux et celles qui viennent sur le Crapaud assez régulièrement et qui ont pu lire quelques poèmes, ceux-ci pourraient me dire que l'on retrouve souvent des fantômes, des marionnettes et des silences épinglés dans chacun des poèmes. Vous avez raison. Et bientôt, du moins je me le souhaite, je pourrai vous faire lire un texte (texte-rassembleur) une sorte de synthèse de cette idée multipliée sur je ne sais trop combien d'images, celle que la réalité a beaucoup de difficultés à se détacher de l'irréel et qu'entre les deux, dans une espèce de grande immobilité mouvante, se situe l'entre-réel...







une main ouverte



sanglante de mille taches blanches
d’un million de sillons bleus
se détache une marionnette-fantôme noire
,un petit reliquaire enchâssé sous les ongles

tout se meut
au bout d’une main blanche
ouverte

de l’ouverte main blanche
deux jonquilles se referment



puis s’effritent
quatre
bagues
en jonc













encorbellement



la grande porte se referme
emmurant huit cancers en phase terminale
qui s’attristent à mourir
et guettent la dernière pelletée de terre

la grande porte refermée
devant derrière emmêlés
ne restent plus que les bruits
des grands airbus décollés
grafignant le ciel
y semant des traces diaphanes
que mangent les oiseaux

devant cette porte qui s’est refermée
debout et vivantes se tiennent
les images que le temps a figées
pattes d’oie et ridules
sous des mains croches
telles des ondes doucement exposées

derrière la porte que l’on a refermée
le nord en sud se change
bouleverse le vent sur les feuilles
puis recule
dans une grande poussée en avant

la porte-fantôme
qu’un mur a fait s’éclater
n’a de visible
que cette poignée de terre en cendres
au cimetière des feuilles mortes








la mémoire des choses à venir



oublier



avoir déjà oublié
ce qui s’est passé
il y a une minute
une heure
une journée

cela arrive



découper mieux ce qui vient que ce qui s’en va
avec davantage les pieds sur terre
la tête vers le ciel

cela se fait

tous les sept heures ne sont pas les mêmes
comme les putains de la rue Ontario
qui trottent sous la chaleur
ventilateur essoufflé à la fenêtre d’un alcôve chaud

et
cela défait le lit

une langue noire tatoue
sur le froid du trottoir

un
je t’aime
rouge aux lèvres
noir aux yeux
bleus aux bras
vert espéré

un trou dans la mémoire
cela s’emplit

la mémoire des choses à venir
cela résiste au temps
tout comme le ciment de la rue, aux cœurs



Bonne fin de février...








jeudi 22 février 2007

Le cent cinquante-cinquième saut de crapaud

Il y a de cela plusieurs années, je découvrais cet écrivain belge né le 9 octobre 1939, Pierre Mertens. Sans doute que l'influence de Kafka sur lui fut l'élément déclencheur m'amenant à son oeuvre. Il reçoit en 1987 le Prix Médicis pour Les Éblouissements. Déjà il est un juriste très attentif aux droits de l'homme. En 1989, il entre à l'Académie royale de langue et littérature de Belgique et sera nommé Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres de France.

Reconnu et engagé, Mertens a réfléchi sur la fonction sociale de l'écrivain. Pour lui, vie privée, fiction et Histoire sont indissociables. C'est ainsi qu'il accorde une place centrale à la mémoire: le romancier trouve la matière de son œuvre dans un passé personnel et historique. Lui-même est particulièrement marqué par les activités de ses parents (un père journaliste et mélomane, une mère biologiste et pianiste), par l'occupation allemande, l'exécution des Rosenberg ou encore la tragédie des mineurs de Marcinelle en 1959. Plus tard, l'observateur du droit international dénoncera le génocide au Biafra, la torture en Irlande et les prisons de Pinochet.


Sur fond d'histoire, les personnages de Mertens se reconstruisent après une cassure, une rupture, une tragédie. L'écriture fait entendre ce déchirement par la structure et le style : monologues délirants avec ellipses temporelles pour dire les contradictions de l'individu dans le monde.


Le message de Mertens demeure cependant positif : le doute est fécond, il ne doit jamais être source de résignation et il faut préférer l'homme de terrain aux cyniques.


Quant à la littérature, il perçoit son rôle comme primordial dans la lutte contre l'obscurantisme: « Je m'en remets à la culture pour nous sauver. Le droit à la littérature est un droit de l'homme ». P. Mertens


Voici quelques citations tirées principalement de PERDRE qui commence par ce magnifique extrait: Donne-moi des nouvelles de ta fatigue. (Ainsi disent, paraît-il, les Peuls lorsqu'ils échangent leurs salutations.)


" J'ai peur des hommes, j'ai peur qu'ils me fassent quelque chose à la vie."


" Le drame des natures anxieuses, c'est qu'elles n'accèdent pas à la sérénité pour les meilleures raisons du monde. On est malheureux aussi parce qu'on se trompe de bonheur."


" Peut-être ne passons-nous quelque temps sur terre que pour en apprendre un peu sur la mythologie de ceux que nous aimons. Et pour la partager avec eux. En dehors de cela, pas de salut : rêver avec quelqu'un ou mourir seul, telle est l'alternative."


" Concevrait-on quelqu'un qui connaîtrait tous les tourments de la création sans devenir réellement un artiste mais, à cause du risque qu'il prend, vaudrait mieux que beaucoup qui se prétendent artistes et peut-être même le sont?
Imaginerait-on quelqu'un qui aurait éprouvé toutes les difficultés d'être un homme et ne serait jamais tout à fait parvenu à en devenir un, mais aurait, ce faisant, montré plus d'humanité que la plupart des hommes?
Si l'on pouvait imaginer ceci, concevoir cela, on aura une petite idée de ce que je suis occupé de devenir, de ce que je serai désormais - le temps que cela durera."


" ... il faut surtout que je me rappelle qu'il n'y a plus, aujourd'hui, que deux ou trois choses dont je puisse dire que j'aimerais réellement les penser, et m'en souvenir!"


" En un sens, on ne regagne jamais qui l'on a commencé à perdre. Mais on peut rencontrer l'autre qui se cache derrière."


" La dictature n'est rien d'autre qu'une machine à fabriquer du passé avec de l'avenir."


" Je ne suis assurément pas ce qu’on pourrait appeler « un croyant ». Mais, à proprement parler, je ne suis pas davantage agnostique. Depuis ma plus tendre enfance, et en des circonstances très diverses, exceptionnelles ou indifférentes, à toute heure du jour et de la nuit, au faîte de la joie comme au tréfonds de la misère, quand ce n’est pas au coeur d’un profond ennui, je me surprends quelquefois à balbutier ce mot ineffable : « Seigneur… »."




À bientôt


lundi 19 février 2007

Le cent cinquante-quatrième saut de crapaud

Il me fait plaisir de vous offrir ces deux poèmes figurant parmi ceux qui m'auront donné le plus de fil à retordre. Parfois, d'une image sachant en appeler d'autres, j'arrive à tailler un poème qui puisse répondre à ce qui grouille, gigote ou se trémousse à l'intérieur...
Souvent, comme pour ces deux rebelles, il faut forcer un peu la note, leur imposer ma façon de voir afin d'arriver au produit fini.
Le squelette du poème est ici important. Il m'a permis de les obliger à ne pas partir dans toutes les directions qu'eux-mêmes souhaitaient emprunter... Lorsque je parle du squelette, je fais référence à la charpente, comment les mots se collent les uns auprès des autres afin de se glisser au bout de la syllable dans une espèce de retenue et d'élan à la fois...
J'ose espérer que le résultat vous plaira.




a
daire



écrire avec l’alphabet des inquiets
les mots effrités de ceux qui doutent
qui lisent la peur entre les lignes
la griffent en eux avec la glue
des abécédaires surannés



se livrer
aux souvenances terreuses
dans des îlots perdus en mer inondée



frôler les tornades des continents
s’agripper aux passagers morts
gisant au lit des rivières poussiéreuses
comme des dictionnaires effacés



relire ce qui se livre
biffer la métaphore des feuilles d’automne
celles qui tapissaient les jardins ravagés
jusqu’au cœur
jusqu’à la lie du cœur



se souvenir des moroses lectures
du signet effiloché au coin des taches de café
où elles séchaient
nourrissant les pages carbonisées
des arabicas que les mots ont gouttés



se redire les lectures écrites
à l’encre-stylo
illisible abécédaire noyé dans l’âme
seule comme une syllabe




bitume



l’ombre nocturne sur le bitume
trace des trous d’espaces
nus devant les pas de Satan,
oublié sur les lieux,


son rire obligé
obscurcit le nom des mots
métamorphosés en syllabes monotones


les souffrances enfouies souffrent
mangeuses d’espoir
dévoreuses de temps
capricieuses comme des poissons séchés
au lit d’une rivière écumeuse


savoir le mal à faire
par des silences éclatants
jusqu’au fond de l’enfer
par des paroles sans sons
alcoolisées au fond des gorges


les grands trous de rires candides,
que regardait l’ange noir
observant ceux qui allaient crier
remettant ainsi aux horloges l’heure de la nuit


Satan aux réveils de la veille
encore chaude
dans sa bitumineuse robe de nuit
À bientôt

mardi 13 février 2007

Le cent cinquante-troisième saut de crapaud



Après une enfance passée aux côtés de sa grand-mère dans le New Hampshire, John Irving qui n'a jamais connu son père, comme son personnage de fiction Garp, passe le début de son adolescence dans le logement de fonction de son beau-père qui enseigne le russe. Souffrant de dyslexie et d'une très mauvaise orthographe, il fait des études médiocres. Passionné de lutte gréco-romaine, Irving choisit son université en fonction des cours de sport. Mais il s'intéresse vivement à l'atelier de création littéraire, et ainsi s'affirme progressivement une vocation d'écrivain. En 1963, il obtient une bourse d'étude pour aller passer un an à Vienne. Profondément marqué par ce séjour, c'est dans cette ville qu'il puise la matière de son premier roman, Liberté pour les ours. Il ne pourra vivre de son écriture qu'après la publication de son ouvrage Le Monde selon Garp, livre-culte des années '60 et depuis John Irving se consacre entièrement à l'écriture.



Voici quelques citations de cet auteur américain.



" Elle se sentait détachée de sa famille, et trouvait étrange que, dans son enfance, les siens l'aient gratifiée de tant de soins, pour ensuite, à une date dixée et déterminée à l'avance, paraître lui couper le flot de leur affection et se mettre à attendre des choses en retour - comme si, le temps d'une brève phase, on était en principe destiné à ingurgiter l'amour (et à satiété), pour ensuite, le temps d'une phase beaucoup plus longue et plus sérieuse, être destiné à remplir certaines conditions."



" Dans le monde à l'esprit pourri, pensait-elle, une femme ne saurait être que l'épouse ou la putain d'un homme - du moins ne tarde-t-elle pas à devenir l'une ou l'autre. Si une femme ne correspond à aucune des deux catégories, tout le monde s'efforce alors de lui faire croire qu'elle n'est pas tout à fait normale."



" Jenny Fields découvrit que l'on s'attire davantage de respect en choquant autrui qu'en essayant de vivre sa vie dans une relative intimité."



" Une partie de l'adolescence réside dans ce sentiment qu'il n'existe nulle part personne qui vous ressemble assez pour pouvoir vous comprendre."



" Aux yeux de Garp, le plus révoltant dans le viol, c'était qu'il s'agissait d'un acte qui le dégoûtait de lui-même - de ses propres instincts, très mâles, qui par ailleurs restaient inoffensifs. Il n'avait jamais envie de violer personne; mais le viol, songeait Garp, donne aux hommes le sentiment d'être coupables par association."



" ... Garp s'étonnait de voir qu'à la veille de prendre une décision qui doit les placer sans ambiguïté dans une minorité, et pour toujours, les gens sont capables de se montrer moins tolérants qu'on ne pourrait le croire à l'encontre d'autres minoritaires."



" ... il savait que les débordements de l'imagination peuvent être contagieux lorsqu'on les exprime à haute voix."



" Il ne s'agit pas de dire n'importe quoi devant n'importe qui et de faire de la peine."



" Il savait qu'il est des sacrifices qui sont des gestes envers autrui. Quand on entreprend quelque chose à deux, la priorité des priorités, c'est de partager équitablement les épreuves."



" Nous sommes souvent prêts à tout pour faire accroire que nous n'avons rien qui nous tracasse."



" ... on apprend si peu sur son propre compte; c'est à croire qu'on prend un malin plaisir à se rendre vulnérable, jour après jour."



" Il nous faut souvent perdre nos priorités de vue pour mieux les distinguer."



" Et comment s'améliorer? Il faisait déjà de son mieux..."



" ... à trouver normal que la religion fût rien d'autre que l'accomplissement des gestes de la foi pour faire plaisir à une tierce personne."



À bientôt

vendredi 9 février 2007

Le cent cinquante-deuxième saut de crapaud

Il me fait plaisir d'offrir, aujourd'hui, trois poèmes.





laurier mort



un laurier mort

planté au centre du jardin

assiégé par les bruits de sauvages regrets

inondé de peurs comme des oeillets aseptiques

un laurier mort
de boue
se voit ne plus fleurir
ne pas mourir
souffrir
et

vieillir

à sa boutonnière
débarrassée de l’orbe pourpre des lunes opalescentes

s’accrochent de matinales promesses
semblables à ces ruisseaux aveugles
qui meurent près du fleuve





un laurier mort
en peau
se voit fuir
abolir les frontières
jaillir
et


vieillir




un camelot de cire sacrifié aux rayons du soleil
s’échappe dans les ruelles bouffies
hante le laurier

greffant ses germes gelés

cyclosporines rongées de plathelminthes

aux couleurs glaciales

que les sarcoptes diaphanes maquillent

et s’accrochent à de parallèles clôtures

un stérile potager

abondamment
le reçoit

puis

le dépose au cœur des racines du laurier mort
















le souffle court



automne, la saison des attirances
des feuilles mouillées s'écrasant par l'attraction terrestre




des arbres nerveusement crispés attendant l'eau
en se plaçant très bas, les nuages coruscants cachent le soleil




alors qu’un enfant-camelot apprend par coeur un livre
son livre incarnadin

il y a huit murs au centre de la prison
que l'automne respire comme une volée d’oiseaux libres

l’enfant aux souvenirs inachevés

les mains sous ses pas s’immobilisent soudainement

avec les griffes d’un loup dépiauté

il orchestre mille tempêtes sur les notes d’un piano


il s’essouffle court

voit sa mort

la date de sa mort

revit les événements essentiels de nouveau arrivés

(la date de notre mort est toujours celle du moment où l’on revit d’essentiels événements)



elle s’automnise en prison

s’enrubanne de l’ombre des oiseaux

qui creusent sur les murs des souillures noctiluques

le souffle court


cesse de respirer













et si




et si
en marche rétrograde
reculait
une marionnette
devant ses souvenirs


et si

en chacun d’eux
pour respirer mieux
s’étouffaient les paroles


et si

toutes les marionnettes ne savaient plus écrire
tout à coup, d’un seul coup
devenus d’anachorètes analphabètes




et si nous n’étions plus
ces êtres plastiques
que récupère l’éternité
pour nous fondre



alors
comme de longs cheveux voilés par des mots à trois f
nous nous amusions à mesurer des chiffres
arabes
dans les corridors de plumes
où le cinq le six le sept refusaient d’exister craignant le huit
,serpent enroulé de zéros…


et si les marionnettes encadraient leurs mots pour ne plus nous faire peur

















À bientôt




mardi 6 février 2007

Le cent cinquante et unième saut de crapaud

Marylin Ferguson me ramène directement à la fin des années 1970, période que j'appelerais "ma phase ésotérique". Dans le cadre de mes activités professionnelles, l'occasion me fut offerte de rencontrer Claude Paquette, le père de la pédagogie ouverte au Québec. J'ai participé à plusieurs de ses ateliers qui me permirent de mettre en parallèle l'école alternative et l'école encyclopédique. C'est beaucoup par lui que la pensée de gens comme Marylin Ferguson, Yvan Illich, Albert Jacquard, Shirley MacLaine, Khalil Gibran, Fritjof Capra, Erwin Chargaff et Karl Pribram me fut connue. Claude Paquette qui disait si bien: "L'auto-analyse procède d'une certaine rigueur qu'il convient de ne pas confondre avec la rigidité. La rigueur de la pensée permet de tirer de plus grandes satisfactions de l'analyse. La rigidité de la pensée peut, pour sa part, nous entraîner dans une analyse close, fermée et partielle." À ce moment de ma vie, j'ai eu l'impression d'entrer dans une autre dimension...



Aujourd'hui, c'est avec Marylin Ferguson, journaliste américaine, que nous réfléchirons. Cette conspiratrice du Verseau...



LA RÉVOLUTION DU CERVEAU, livre qu'elle publie en 1973 et dans lequel elle expose ses idées sur les capacités insoupçonnés de la psyché. Trois ans plus tard, elle tire les conséquences inattendues de ses travaux dans un ouvrage intitulé LE MOUVEMENT QUI N'A PAS DE NOM. Son enquête lui a fait découvrir une multitude de personnages et d’organismes rejetant les idées établies tant en matière de science qu’en matière de religion. Ce constat est l’objet d’un deuxième livre, LES ENFANTS DU VERSEAU - POUR UN NOUVEAU PARADIGME, dans lequel l'influence de Theillard de Chardin est tout à fait explicite. Pour elle, les chercheurs et les mystiques rencontrés sont autant de « complices » conscients qu’après avoir connu l’âge obscur des Poissons nous pénétrons dans la lumière du Verseau. L’ouvrage de Ferguson opère ainsi pour des milliers de lecteurs une forme de synthèse. A travers le « mouvement sans nom », c’est l’apparition du new age prophétisé par Bailey qui se concrétise.



Son ambition est de transformer la terre entière en mettant en place une autre organisation sociale, économique et politique par le biais de petits groupes formant une « élite » composée, entre autres, d’ingénieurs, de politiciens, de physiciens nucléaires, d’universitaires, de médecins, de militaires, d’anthropologues, la plupart reliés les uns aux autres par Internet et les moyens de communication et télécommunication modernes.



L’influence de Marylyn Ferguson est allée jusqu’à la création d’un groupe de jeunes rassemblés autour du député Gilles Baril, nommé ministre délégué à la Santé, aux services sociaux, et à la protection de la jeunesse au Québec en 1998 : LES CONSPIRATEURS DE L'AN 2000 . Ces jeunes établirent des contacts avec leur inspiratrice en se rendant en Californie. Bien que ce groupe n’existe plus aujourd’hui, son engagement est révélateur d’un comportement et d’un état d’esprit.




Voici quelques citations retenues de cette époque.



" La transformation, l'innovation et l'évolution sont autant de réponses naturelles à une crise."



" La méfiance est une prophétie qui se réalise toute seule."



" Dans un environnement riche, créatif et plein de sens, il n'y a pas de place pour l'hostilité."



" Tout peut être autrement."



" Notre pathologie est notre occasion de changement."



" Le changement ne consiste pas en un acquis de connaissances, mais en un regard neuf."



" Mettre l'accent sur l'attitude et non le comportement."



" Alors qu'on nous convie à avoir confiance dans les promesses d'une oasis, nous défensons les mérites du désert."



" La découverte la plus subtile est la transformation de la peur."





À ces quelques phrases, à la fois courtes et énergiques, je vous ajoute celles-ci qui sont de la même influence..



" L'avenir est entre les mains de ceux qui peuvent proposer aux générations de demain des raisons valables de vivre et d'espérer." Theillard de Chardin



" Il suffit, pour la vérité, d'apparaître une seule fois, dans un seul esprit, pour que rien ne puisse jamais plus l'empêcher de tout envahir et tout enflammer." Theillard de Chardin



" Une impasse à éviter: l'isolement... Rien sur la planète ne peut croître si ce n'est par convergence." Theillard de Chardin



" C'est un signe de notre époque que les gens supposés experts dans leur secteur d'activité, ne savent plus résoudre les problèmes urgents qui se posent à eux. Les économistes ne comprennent plus l'inflation, les oncologues sont perdus face aux causes du cancer, les psychiatres sont déroutés par la schizophrénie, la police est impuissante devant la vague croissante de crimes." Fritjof Capra



J'achèverai ce saut par une réflexion de la philosophe Béatrice Bruteau qui, après plus de cinquante années de travail sur la science, la philosophie occidentale et orientale, les mathématiques et la théorie de l'évolution, en arrivait à ceci: " Nous ne pouvons pas attendre que le monde tourne, que les temps changent et que nous changions avec eux, que la révolution vienne et nous emporte dans son nouveau cours. C'est nous qui sommes le futur. Nous sommes la révolution."

À bientôt

lundi 5 février 2007

Le cent cinquantième saut de crapaud



Le crapaud arrive à son cent cinquantième saut. En fait, l'avoue-il fort humblement, ceci lui apparaît comme une étape qui aurait très bien pu de jamais advenir. Aux archives, entre le mois de juin 2006 et maintenant, très peu de sauts. En août, septembre, octobre et novembre: rien. Bon, il faut dire que le voyage en France s'est quand même étendu sur plus d'un mois. Autrement rien. Peut-on parler d'inquiétude devant la page blanche quand celle-ci est un clavier? Ou le prodrome du rien à écrire qui risque de faire tache d'huile?


En entreprenant ces sauts, le crapaud s'était fixé deux objectifs. Le premier étant d'écrire et le deuxième, écrire régulièrement. Le contenu allait davantage puiser à l'inspiration du moment. Aussi, l'obliger - car il le faut souvent - à revenir aux poèmes qui dormaient dans ses vieux cahiers, les revoir, les retoucher et surtout - car il le faut finalement - les achever. LE CRAPAUD GÉANT DE FORILLON deviendrait pour eux l'endroit où finirait leur élan, atterrissant sur cette grande toile anonyme qui nous enveloppe.


Le crapaud ne lit presque plus de poésie. C'est faux. Il relit des poèmes d'une autre époque, celle d'avant celle-ci où, lui semble-t-il du moins, les poèmes deviennent des journaux personnels, des florilèges d'émotions, d'impressions, de lieux où se dire voyage entre des vers, des strophes et des prescriptions à l'introspection afin de mieux-être. Il n'y a plus d'images. Ces métaphores qu'un poète lance, les ayant aperçues au détour d'une imaginaire collision entre deux ou trois mots. Chaque mot déposé dans un contexte imagier devient couleur, odeur... voilà du moins ce que recherche le crapaud.




trop de je dans nos poèmes
beaucoup trop
pas assez de ces images
mutant le je en un autre




Voilà ce qu'écrivait le crapaud, il y a un certain temps, résumant bien sa pensée par rapport à la poésie actuelle. C'est rimbaldien, diriez-vous! Sans doute. Il ne le renie pas.


Il serait difficile au crapaud de vous nommer les porte-étendards de la poésie actuelle. Miron est mort. Giguère, aussi. On a oublié Saint-Denys-Garneau et on met Nelligan aux enchères, presque sur eBay... Rimbaud marche ailleurs pendant que Beaudelaire n'est plus à la mode et que Verlaine, c'est de la nostalgie. Les anthologies sont d'une formidable disponibilité dans les bibliothèques...


Mais il n'y a pas que la poésie dans l'élan du crapaud. Quelques histoires, aussi, s'étendant sur quelques jours par lesquelles sont nés des personnages, pour la plupart gaspésiens de l'Anse-au-Griffon où le crapaud a bien failli s'installer à demeure, il y a maintenant plus d'un an. Elles lui auront permis - sans doute souhaite-t-il y revenir bientôt - de fouiller au fond de l'âme humaine, là où se trouve, parfois se cachant, parfois se donnant au grand jour, toutes les motivations essentielles de la vie. Sans motivation, rien ne nous oblige le matin à nous lever, le jour à travailler, le reste du temps à courir après l'amour de soi et des autres. En y jetant un coup d'oeil, c'est ce que le crapaud remarque: cette profonde recherche de soi-même et des autres. Les autres étant des êtres humains, des êtres symboliques aussi, mythiques parfois, ou surnaturels puisque trop de choses encore demeurent fondamentalement inconnues à notre pauvre intelligence si souvent tournée vers l'économie et le progrès.


Ces histoires dans lesquelles le crapaud y a déposé un peu de lui-même ainsi que des bouts de vie de ces autres autour de lui, ont le privilège, au-delà de l'imagination ou de la création, de former de nouveaux êtres qui, il faut bien le constater, ne sont souvent qu'un pastiche de nos illusions ou de nos rêves. Ou de nos déceptions. Étrange de constater à quel point nous sommes inondés de déceptions et parfois, pour des peccadilles, des bourreaux sans merci s'accordant difficilement le pardon ou d'aveugles tortionnaires pour les égarements des autres qui calquent nos propres errements. Certains personnages des histoires du crapaud peuvent aisément répondre à ces critères.


Puis, il y a eu ces quelques mots pour ceux qui vivent ou ont vécu près de lui. Des occasions précieuses pour mesurer leur importance et leur essentielle présence dans la vie d'un crapaud, fussent-t-ils de Forillon ou même géant. Ce mot est important. On le donne à ceux que l'on aime. Il est nom et adjectif. Imaginez si l'on pouvait dire de quelqu'un: ce géant Géant... Ça serait gigantesque, le moins que l'on puisse dire! Nous sommes tous des géants. Certains s'ignorent, d'autres s'imagient que c'est par le reflet de leur ombre qu'ils le deviennent. Absolument pas. Nous sommes "géants" parce que d'autres nous perçoivent ainsi. Le plus grand malheur d'un homme serait que personne ne puisse lui offrir un qualificatif. Sans adjectif - sans ajout à ce qu'il est - sans nom - sans ce mot qui dit ce qu'il est pour l'autre - l'homme est en enfer.


Le cent cinquantième suit les derniers petits nouveaux. Dans ceux-ci, le crapaud s'offre le plaisir de dépoussiérer ses vieux cahiers de lecture, y retrouvant cette phrase, cette citation, cet extrait d'une lecture ancienne - il faudrait toujours, comme on le fait pour la musique, revenir à nos lectures anciennes, on ne devrait lire un livre qu'à la condition d'accepter de le relire par après - qui l'ont fait s'arrêter un instant, plus étiré qu'un autre, et les noter. Y revenir, c'est revivre un plaisir d'une certaine époque ou encore se poser les questions suivantes: pourquoi avoir consigné ces mots? que signifiaient-ils à ce moment-là? et maintenant? C'est tout à fait magique. Non, unique.


Il y en aura d'autres, de ces auteurs qui pendant un certain temps auront influencé le crapaud, et que ce dernier vous offrira en souhaitant qu'ils puissent vous rappeler une de vos propres lectures ou vous arrêter pour étirer un instant, juste un instant, entre ces obligatoires sauts dans chacun de ces jours qui se succèdent trop rapidement. Et qu'ils vous parlent. Du moins, un peu.


Jusqu'où le crapaud se rendra-t-il? Il ne saurait lui-même le dire, mais ce qui est génial dans l'écriture, c'est le droit que l'on se donne de placer une main sur la porte de l'éternité.

À bientôt

Si Nathan avait su (12)

Émile NELLIGAN La grossesse de Jésabelle, débutée en juin, lui permettra de mieux se centrer sur elle-même. Fin août, Daniel conduira Benjam...