… la
poussière retombe tout doucement.
Nous sortons de la plus longue et
certainement l’une des plus intéressantes campagnes électorales canadiennes
depuis fort longtemps. Pourtant on ne nous l’annonçait pas ainsi, la prévoyant
coûteuse, ennuyeuse et ne suscitant que fort peu d’intérêt de la part des
électeurs à la grandeur du pays.
…
et la poussière retomba.
Les spécialistes, des politologues aux
chroniqueurs des différents médias, analystes et sondeurs, tous s’attendaient à
l’élection d’un gouvernement minoritaire – même LE CRAPAUD le prévoyait – parfois
libéral, souvent conservateur avec, soufflant dans le dos, une présence
néo-démocrate pouvant brouiller les cartes.
…
quel sens donner à cette poussière?
Précisons que ladite poussière nous est venue
d’un vent, immense, qui a soufflé d’est en ouest sur le territoire, émanant des
Maritimes, multipliant ses forces dans le centre du pays, s’essoufflant un peu lors
de son passage dans les Prairies pour arriver en Colombie britannique et s’y
stabiliser. Ce vent a emporté avec lui deux éléments importants à qui cherche un sens à la poussière qui en résulta :
a) éconduire le Prime Harper et son
gouvernement conservateur;
b) l’assèchement plutôt brutal d’une vague
orange néo-démocrate.
Je pourrais ajouter l’importante diminution
du vote des Québécois pour le Bloc, parti souverainiste qui de par sa seule
existence et le fait qu’il fasse partie du jeu électoral canadien légitime le
pouvoir fédéral. Également, le début d’une assise pour le Parti Vert au Canada.
Ces deux éléments ne nous sont pas très utiles dans la recherche de sens à
donner aux résultats des élections du 19 octobre 2015.
Éconduire
le Prime Harper
Au-delà de l’usure d’un gouvernement ( ce
dernier régnait depuis près de 10 ans, parfois en minoritaire puis à la fin en
majoritaire ) il faut voir un retour des Canadiens vers les véritables valeurs
de ce pays qui sont à des lieux de ce que le Prime Harper nous a passées dans
la gorge depuis son arrivée au pouvoir :
la militarisation du pays,
une
philosophie de la loi et de l'ordre à tout crin,
la destruction de notre renommée
internationale,
le non-engagement dans la lutte pour sauver la planète,
la
xénophobie,
le musellement des scientifiques,
le favoritisme envers les riches
et les bien nantis,
la judiciarisation de tout et de rien,
la perte de nos
droits de citoyens
et surtout,
surtout,
l’abandon de nos rêves, le
meurtre de nos espoirs et l’expulsion manu militari de tout ce qui pourrait
être source de bonheur individuel et collectif.
Ce gouvernement, le pire de toute l’histoire canadienne, a voulu :
réécrire l’histoire canadienne;
nous remettre à genoux devant la monarchie
britannique;
ramener les femmes à la maison, les y clouer
dans leur rôle de femmes au foyer;
tuer la culture, l’avorter dès son
apparition, couper les sources d’information quelles qu’elles soient;
a détruit le registre des armes à feu
avalisant l’idée qu’une arme à la main de chaque citoyen demeure toujours la
meilleure protection contre nos ennemis, à commencer par son propre voisin;
et la liste peut encore et encore s'étirer.
Pour tout cela ce
gouvernement mérite d’avoir été éconduit.
La vague
orange
Née lors de l’élection fédérale tenue en 2011
et en lien direct avec le niveau de sympathie que l’ancien chef aujourd'hui décédé du NPD, Jack
Layton, inspirait au Canada et principalement au Québec, une vague a déferlé :
on l’a nommée ''vague orange''.
Grand favori en début de campagne, le NPD semblait
se diriger vers le pouvoir, une deuxième première dans son histoire :
2011, l’opposition officielle à la Chambre des communes d’Ottawa et le pouvoir
en 2015. Tout semblait baigner dans l’huile jusqu’au moment où son chef, Thomas
Mulcair qui venait de modifier son prénom en Tom, bifurqua sur sa droite
alléguant sans doute que gauche+droite=centre. Mauvais, fort mauvais calcul. Le
NPD ne devenait plus crédible aux yeux de ceux qui souhaitent le départ à
tout prix du Prime Harper, l’assurance que les Conservateurs ne se retrouvent plus au pouvoir
au lendemain de l’élection.
Cette mathématique, à mon point de vue, s’est
avérée plus dévastatrice sur le score final de son parti que la question du
niqab qui n’intéressait que les Québécois de souche attachés au Parti Conservateur
et au Bloc.
…
demeurons dans la recherche de sens.
Éconduire le Prime Harper, l’assèchement de
la vague orange furent des vecteurs importants qui ont favorisé Justin Trudeau
et le Parti Libéral du Canada. Ajoutons-y le fait que le Bloc qui a reçu moins
de 20% de la faveur populaire s’est tiré dans le pied en ressortant ses vieux
interprètes, ses vieux discours ringards et ses slogans éculés. QUI PREND PAYS
PREND PARTI (thème électoral du Bloc) vu à la lumière des résultats
signifie que le Canada est le choix de pays du Québec. Je ne crois que cela
était l’objectif du message.
Le changement. Facile à dire que
voici le mot le plus fréquemment utilisé lors de nos campagnes électorales.
Vient en deuxième : un plan. Vous reconnaissez ici messieurs Trudeau et Mulcair
qui y ont recouru jusqu’ad nauseam.
Pour ce qui est du ''changement'', tous nous pouvons dire que voilà mission accomplie. Nous avons changé de gouvernement,
du moins le nouveau sera officiellement en poste autour du 4 novembre. Il nous
reste à souhaiter que le verdict populaire transporté par cette volonté de
changement ne reçoive pas que cela pour nourriture, un changement de garde.
Rappelons un vieil adage populaire : plus ça change plus c’est pareil. L’exemple
notoire du président Obama vibre encore à nos oreilles : YES WE CAN et
rien n’a été modifié en profondeur.
Un plan - une idée précise
de ce que l’on veut faire - il me semble que cela ne rime pas avec la politique
qui, souvent, s’avère synonyme de compromis, de ruse, de diplomatie, de
stratégie et régulièrement à la remorque des mouvements de la société plutôt
changeante à notre époque.
Le plan du Prime Harper a pu se mettre en
branle seulement lorsqu’il est devenu majoritaire, pouvant ainsi faire fi de
tout. Il aura réalisé son plan en s’appuyant sur un dogmatisme rigide bien posé
sur l’autel doctrinal de ses croyances rétrogrades. Qu’en sera-t-il du nouveau
Prime, Justin Trudeau?
Le temps nous le dira. Il a quatre ans pour réaliser ce
plan dont il nous a abondamment parlé en période électorale. Il ne faut pas s’attendre
à une révolution dans les prochains jours, celles-ci provenant rarement des pouvoirs en place. Il ne pourra pas, toutefois, accuser
les autres d’avoir miné sa route ou l’avoir empêché par leurs entraves à édifier une nouvelle société post-conservatrice.
Je crois que le meilleur plan pour assurer un
changement qui s’inscrirait dans la permanence doit contenir ce premier
ingrédient : la participation citoyenne. Une véritable contribution, de
celle qui ne se limite pas à voter aux quatre ans mais plutôt dans la reconnaissance
du droit de parole, d’intervention pour chacun des paliers de gouvernement du
municipal au fédéral, chacun des citoyens, de prise de décision non pas à partir de compromis mais d’entente
menant à la concorde, ce vieux mot que l’on utilise trop rarement, mot qui
nous amène à la collaboration à une œuvre commune.
La campagne électorale s’est achevée, son
résultat soulève l’espoir au Canada et dans bien des endroits du monde. Je
souhaite que nous utilisions ce moment de grâce pour devenir ou redevenir le
pays que nous souhaitons à défaut de ne pouvoir, nous Québécois, se décider à faire le nôtre.
À la prochaine
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