En vrac
Et
Échevelé
Il y a quand même un bon moment que LE
CRAPAUD ne s’est pas arrêté sur les
questions d’actualité qui font ou ont fait la manchette dans mon beau Québec
(Montréal particulièrement), questions dont assurément on jase un peu partout dans le monde. Non seulement la tenue de
l’événement numéro 1 en terme de pollution atmosphérique (Le Grand Prix de
Montréal) au début du mois de juin; non seulement la vingt-cinquième édition des
Francofolies qui a fait vibrer la métropole de
tous ses airs il y a quelques jours déjà; non seulement en raison du Festival international
de Jazz (événement majeur dans ce domaine et salué un peu partout sur la
planète) qui a lieu actuellement.
- Et je passe sous silence le jeu de chaise
musicale à la mairie de la ville (trois maires en peu de temps). –
Ces manifestations
estivales (si jamais l’été pouvait s’installer) représentent la marque de commerce de la première ville du
Québec. Mais on parle aussi d’autres choses, des embarras qui s’avèrent préoccupants dont ceci, auquel LE CRAPAUD ajoute son grain de sel, à savoir la question du :
turban
au soccer
Vous connaissez les faits de même que le
dénouement de cette affaire - interdiction de jouer au soccer pour tout
participant portant un turban, expulsion de Fédération de soccer du Québec par
l’Association canadienne et interdiction levée suite à une clarification de la
règle par la FIFA - qui pointe son nez alors qu’un grand débat sur les valeurs
québécoises doit s’enclencher l’automne prochain. Il semble toutefois que le
turban se soit hissé assez haut dans l’actualité pour ne plus être qu’un simple
fait divers mais une manchette, davantage même, la «une» des conversations
publiques et des interventions de nos politiques.
Peut-on
jouer en toute sécurité au soccer si l’on porte un turban et si on en est
affublé, devient-on un danger public sur le terrain?
En soit, le fait de porter ou non un
couvre-chef ne semblait pas être le véritable enjeu de la controverse. La
question nous ramenait tout de go à la symbolique religieuse de cette coiffure.
Suite à la Commission Bouchard-Taylor sur les accomodements raisonnables, la
situation semblait claire, n’attendant plus que des gestes politiques pour
archiver la question. Il paraît que non. Alors que cache vraiment ce débat?
Demeurons sur le terrain de soccer.
Ma première question est la suivante :
le sport est une activité physique souvent
pratiquée en plein air, régi par des règles, des conventions, des valeurs, et
pour illustrer mon point de vue, je prendrai un sport au hasard, disons... le
soccer.
Doit-on obligatoirement le pratiquer en suivant à la lettre les conditions spécifiées par un organisme
officiel ( une fédération provinviale, nationale ou internationale)?
Si oui, on
ne peut accepter que des personnes jouent au soccer de manière ouverte,
c’est-à-dire ne respectant pas les directives desdites fédérations.
Si oui, on
ne peut accepter que Jonas, ce grand ado qui se promène le jour et dort
la nuit avec, sur la tête, sa tuque de laine grise, douze mois par année puisse
s’adonner audit sport.
Si oui, on
ne peut accepter que le terrain de jeu soit différent de celui prescrit :
finis les terrains vagues sur lesquels on jouait entre amis.
Si oui, on
ne peut accepter que l’on joue torse nu à 30 degrés Celcius (évidemment
vous comprendrez que cet exemple s’applique aux mâles).
Si non, le problème se vide de tout son sens.
Interdire le port du turban pose une deuxième
question, aussi pertinente que la première :
est-ce
que le turban porté par un joueur contrevient à une règle du soccer?
D’abord et avant tout il faut savoir que la
FIFA (Fédération Internationale de
Football Association) n’a pas de règles de jeu mais des lois. Oups! On entre
dans une autre dialectique. À la limite on peut enfreindre une règle mais une
loi… c’est plus délicat.
Dans les lois édictées par la FIFA (au chapitre de l'équipement du joueur) rien n'est mentionné au sujet du port d'un turban. On n'aborde même pas la situation d'un joueur ayant un pansement à la tête en raison d'une blessure subie dans un mach précédent. Toutefois une notice précisant qu’«un joueur ne doit pas porter d’équipement
potentiellement dangereux pour lui ou tout autre joueur (y compris tout type de
bijou)». Pas autre chose. On parle de maillot, de short, de chaussettes, de
protège-tibias, de chaussures, aucunement de turban. Il faut se rendre un peu
plus loin dans le livre des lois pour y retrouver ceci (ceci étant une décision
de la FIFA) : «Les joueurs ne sont pas autorisés à exhiber des slogans ou
de la publicité figurant sur leurs sous-vêtements. L’équipement de base
obligatoire ne doit présenter aucune inscription politique, religieuse ou
personnelle. Un joueur ôtant son maillot pour dévoiler tout type de slogan ou
de publicité sera sanctionné par l’organisateur de la compétition. L’équipe
d’un joueur dont l’équipement de base présente une inscription ou un slogan
politique, religieux ou personnel sera sanctionné par l’organisateur de la
compétition ou par la FIFA.»
Et plus loin encore, ce que la FIFA inscrit
devient fort intéressant pour la question qui nous intéresse :
«En plus de l’équipement de base, un joueur
peut en utiliser un supplémentaire si toutefois son objectif est de protéger
son intégrité physique et si cet équipement ne comporte aucun danger ni pour
lui ni pour aucun autre joueur.
Tout type de vêtement ou d’équipement
supplémentaire doit être inspecté par l’arbitre et confirmé comme non
dangereux.
Compte tenu des matériaux souples, légers
et rembourés dont elles sont composées, les protections modernes telles que
casques, masques faciaux, genouillères et coudières ne sont pas considérées
comme dangereuses et donc autorisées.
Grâce aux nouvelles technologies, les
sports sont plus sûrs – pour le joueur possédant l’équipement et pour les autre
joueurs – et les arbitres devront se montrer tolérants quant à l’utilisation
des protections, tout particulièrement chez les jeunes joueurs.»
Ouf! Avant de poursuivre ma brillante
démonstration, je me demande si tout joueur ou entraîneur de soccer ou
spectateur, si tout ce beau monde a véritablement pris le temps de lire toutes
ces lois, se les approprier pour mieux les respecter? Mais c’est une autre question.
Revevons donc à la question 2. Vous
constatez comme moi que la position de la FIFA pourrait être qualifiée d’élastique.
En effet, un porteur (ou une porteuse) de turban pourrait évoquer que celui-ci
protège son intégrité, ou encore qu’il s’agit d’un équipement supplémentaire
ou, à la limite, exiger une certaine tolérance de la part de l’arbitre, maître
après Dieu sur le terrain règlementaire de jeu. D’ailleurs, une sous-question
explose ici dans toute son évidence : peut-on jouer au soccer avec pas d’arbitre?
Vous constatez avec moi la vastitude du problème!
Si l'organisme suprême (la FIFA) semble dire entre les lignes que le
turban ne pose pas une si grande difficulté alors que la manchette québécoise l’a
épinglée tout en haut de la carte de pointage d’un match de soccer, où est donc
l'énigme?
LE CRAPAUD possède la réponse. Vous verrez
comme il fallait posséder toute la sagacité de son sixième sens pour bien saisir l’enjeu
fondamental de cette histoire. Préparez-vous à lire quelque chose qui risque de
vous sidérer.
L’histoire de l'interdiction de jouer au soccer en sol québécois à tout individu portant un turban est un vaste complot fourbi, allumé et alimenté par deux fédérations rivales.
Et que je nommerai illico : celle du baseball en collusion avec cette du
boulingrin. Pourquoi? La raison en est
fort simple : le soccer supplante ses deux rivales en nombre de joueurs et
en investissements de la part des divers niveaux de gouvernement. On souhait jeter un discrédit sur ce sport en réveillant le spectre
cauchemardesque des méchants étrangers qui veulent y jouer à leur manière, vêtus
à leur manière et ainsi dénaturer le jeu comme on le pratique et comme
on doit continuer à le pratiquer dans la belle province. Par ricochet, les
parents n’inscriront plus leurs enfants au soccer et reviendront au baseball et
au boulingrin pour les plus âgés.
Vous n’aviez pas vu cela venir?
LE CRAPAUD est très heureux de rectifier
les faits et vous interpeler sur ce genre de manigance qui cache toujours dans
son fond quelque chose pouvant s’attaquer à nos bases ancestrales.
Au prochain saut
Aucun commentaire:
Publier un commentaire